Ma fille cadette atteint quarante ans, ce qui est une étape pour elle, mais aussi pour ses parents qui mesurent la marche inéluctable du temps. Alors que j’ai ce soir un dîner de wine-dinners, il faut honorer comme il convient cet événement important.
Le Champagne Dom Ruinart 1981 est d’une sérénité absolue. Alors que le millésime n’est pas cité parmi les plus grands, ce champagne a tout d’un grand. Sa bulle est active, le jaune de sa couleur est très jeune, le nez est subtil et précis et en bouche, c’est un régal. Toutes les composantes du goût sont d’une exactitude parfaite. C’est la belle acidité qui me séduit. Sur des lamelles de rougets séchées, sur des bulots et surtout sur des petits fours secs, c’est un bonheur. Ce 1981 est un grand champagne à la longueur sensible.
La Côte Rôtie La Turque Guigal 1996 claque avec bonheur sur le langue. Le nez est profond, de fruits noirs, et ce vin est le jour et la nuit avec La Turque 1999 fade bue à Reims. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai choisi ce vin dont je sais qu’il plait à mes deux filles. Ce vin me fait toujours penser à Federer au sommet de sa gloire. Chaque geste paraît facile, aérien, mais se montre percutant et gagnant. On a de ça avec cette Turque, très lisible, facile, mais diablement efficace.
Ma femme a prévu deux viandes aussi délicieuses l’une que l’autre et c’est avec un pressé de pommes de terre que je préfère la chaude générosité de cette grande Côte Rôtie.
La reine de Saba portant les bougies est une institution familiale. Parents, enfants et petits-enfants la partagent en évoquant de beaux souvenirs de famille.