Archives de l’auteur : François Audouze

Sublime Krug jeudi, 13 juillet 2023

Mon fils va partir demain aussi j’ai décidé d’ouvrir un champagne que j’adore au plus haut point. C’est un Champagne Krug Grande Cuvée à l’étiquette olive, qui est la première apparition de la Grande Cuvée qui remplaçait la Private Cuvée. Il a été mis sur le marché au début des années 80 et comporte des vins des années 70.

Le bouchon vient entier ce qui est très appréciable, et la grande surprise, c’est que le pschitt est d’une belle énergie. A cet âge, c’est rare.

L’apéritif consiste en des chips à la truffe d’été, des olives superbes, et d’autres gourmandises. Le premier contact avec le champagne est fascinant. Il offre la douceur, le fruit, l’élégance et ce qui s’impose, c’est le raffinement. On est au sommet de ce qu’un champagne peut offrir pour nous éblouir. Un champagne au sommet de sa maturité. Quel bonheur.

Pour des bars cuits divinement, c’est-à-dire peu, et un écrasé de pommes de terre, je sers le Blanc Fumé de Pouilly Silex Domaine Dagueneau 2012 fait par Louis-Benjamin Dagueneau. A l’ouverture, le parfum de ce vin est apparu doucereux et rond, ce qui n’est pas ce que nous attendions.

Au service, le vin est rond et agréable, juteux, mais on n’a pas du tout la tension et l’énergie que l’on attendrait de ce vin. Il est devenu plus banal que grandiose, comme nous l’aimions. On le boira bien sûr, mais il a changé d’orientation.

Nous avons fini vin et champagne sur d’originaux gâteaux d’un pâtissier nouvellement installé qui semble très doué mais peut-être un peu complexe. Le séjour de mon fils se finit sur un Krug exceptionnel. Il le méritait.

Dîner au restaurant Tom Cariano jeudi, 13 juillet 2023

Nous allons au restaurant Tom Cariano à deux pas de l’aéroport de Hyères. L’accueil est sympathique. On dîne dehors et l’espace est large et agréable. Nous sommes quatre, ma femme, mon fils et ma fille cadette. Je commande un Champagne Dom Pérignon 2010 pour fêter la présence de nos deux enfants.

Je prendrai des huîtres Marennes Oléron fines de claires n° 3 qui me semblent un compagnon idéal du champagne.

Il me semble qu’un carré d’agneau au romarin pourra accompagner un vin qui me fait envie, un Clos Vougeot Grand Cru Domaine Louis Latour 2015.

L’apéritif commence, on nous sert le Champagne Dom Pérignon 2010 à la belle bulle et au parfum engageant. Ce champagne est la définition de ce que Dom Pérignon doit être, charmant, bien construit et de belle ampleur en bouche. Les huîtres l’excitent avec bonheur. Je pense que ce champagne vieillira avec bonheur, sans limite de vie. Il n’a pas le prestige du 2008 mais il est dans la ligne historique de Dom Pérignon.

Le chef, heureux de voir que des amateurs choisissent de grands vins nous offre des toasts au carpaccio de thon rouge de Méditerranée. Un régal pour le Dom Pérignon.

Le Clos Vougeot Grand Cru Domaine Louis Latour 2015 est d’une vivacité puissante et d’une forte personnalité bourguignonne. Il est fait pour la gastronomie. Nous nous régalons avec ce vin vif et intense, mais je ne peux m’empêcher de penser au Volnay Caillerets 1999 que nous avons bu deux fois au restaurant d’Alexandre Mazzia, qui, bien que Premier Cru, surpasse en émotion ce beau Grand Cru.

Le chef Tom Cariano fait une cuisine simple sur des produits de qualité. Le service a été excellent. Nous avons passé un excellent dîner.


Au déjeuner, un anniversaire

Au restaurant

Escargots et Tokaji Dry lundi, 10 juillet 2023

Dans le sud, nous profitons de la visite de notre fils. Il a apporté des truffes d’été que ma femme va utiliser pour faire des œufs brouillés aux truffes. En se promenant dans la région, notre fils a trouvé un éleveur d’escargots et a acheté deux pots où les escargots ont deux présentations différentes.

Il me semble qu’un Dom Pérignon conviendrait à ce programme. Je vais chercher un 1978. Le bouchon se cisaille et j’extirpe difficilement la lunule inférieure. Le nez du champagne est de belle expression.

Au moment de l’apéritif, je sers le Champagne Dom Pérignon 1978 qui n’offre aucune bulle. Sa couleur est d’un or orangé. En bouche, ce sont des évocations d’abricot et de mangue. C’est un peu comme un sauternes pétillant. Nous sommes donc en face d’un champagne dont l’expression est celle d’un champagne ancien. On a perdu la vivacité des champagnes jeunes, mais cette version du champagne offre d’autres plaisirs. Les escargots à l’ail et au pesto sont délicieux et forts. Le champagne s’accommode mieux des œufs brouillés à la truffe d’été.

J’ai l’idée de servir le Tokaji Szamorodni Dry Hongrie 1947 qui avait été ouvert il y a cinq mois et sommeillait dans le réfrigérateur. Il est vraiment sec mais avec des accents doucereux, ce qui est idéal pour les escargots dans leur présentation.

Le Tokaji accompagnera aussi des petits gâteaux secs.

Le lendemain ma femme prépare la truffe d’été avec des pommes de terre à la crème. C’est de loin la meilleure association pour une truffe beaucoup plus discrète que la melanosporum.

Déjeuner au restaurant A.M. d’Alexandre Mazzia dimanche, 9 juillet 2023

Pour déjeuner avec notre fils, nous revenons au restaurant A.M. d’Alexandre Mazzia. L’accueil est toujours aussi chaleureux. Nous avions trouvé le plus grand menu très riche mais presque trop, aussi nous commandons le menu avec un plat de moins. Mais comme il y a une option caviar, nous ne voulons pas la rater.

J’avais tellement aimé les vins du récent repas que je les commande à nouveau. Le Champagne Billecart-Salmon Cuvée Nicolas François 2002 dégorgé en avril 2019 est absolument superbe, équilibré, généreux et très gastronomique. On est très à l’aise avec un champagne aussi franc. Lors de notre récent repas nous avions bu deux bouteilles de ce vin, l’une absolument exceptionnelle et l’autre paraissant moins vibrante. Celle d’aujourd’hui est entre les deux, mais proche de la meilleure. Ce champagne est un grand bonheur.

Plus qu’en d’autres occasions, j’ai été enthousiasmé par l’apparition des goûts en saveurs successives, composant des progressions gustatives passionnantes. Il n’y a jamais un goût synthétique mais des successions de variations. C’est un vrai enchantement et ce qui me fascine, c’est la créativité du chef.

Pour les plats qui mettent en valeur un caviar Pétrossian Daurenki je souhaite un champagne 100% pinot noir, pour avoir une vivacité tranchante. Dans la carte des vins, je choisis le Champagne Verzenay Grand Cru Marguet 2016 dégorgé en mai 2021. Ce champagne correspond exactement à ce que je souhaitais. Il est vif, tranchant, imposant. Et l’accord se trouve idéalement. C’est un champagne de grande personnalité et grand. La langoustine ‘plancton’ est un des plats les plus merveilleux du repas. Je suis content d’avoir découvert ce champagne.

Pour la suite du repas qui appelle des vins rouges, le Volnay les Caillerets, ancienne Cuvée Carnot, Bouchard Père & Fils 1999 apparaît. Il est aussi brillant que la dernière fois et a tout d’un Grand Cru, alors qu’il est Premier Cru. Nous avions bu il y a deux jours un Chambertin Clos de Bèze Domaine Armand Rousseau 2001. Nous convenons volontiers que ce Volnay est au niveau du chambertin. Quel régal. Son acidité est charmante et son élégance est impressionnante. J’ai bu une trentaine de millésimes de ce vin que j’adore, le plus vieux étant de 1929, dont j’ai signalé sa ‘pétulance endiablée’. Celui-ci pourra vieillir cent ans sans problème.

Nous sommes revenus vers les deux champagnes avec les desserts, le 2002 apportant son charme et sa joie toute en douceur et le 2016 apportant son tranchant et son énergie.

Une fois de plus le service a été parfait, le sommelier Kevin faisant un service parfait. Margot souriait discrètement de nos plaisanteries, Jean-Philippe nous fournissait des explications pertinentes. Tout en ce lieu ne fut que bonheur.

Avant de reprendre l’autoroute pour aller vers Toulon, nous sommes passés par le Prado, la Corniche, le port, constatant que Marseille est beau et mériterait une vie paisible.

Quel beau repas !

Dîner avec mon fils dans le sud jeudi, 6 juillet 2023

Il y a quelques semaines, j’ai acheté quelques bouteilles d’un champagne que je n’ai jamais bu, le Champagne Réserve Grand Trianon A. Rothschild & Cie Brut Spécial 1964. La bouteille est d’une rare beauté, avec une présentation riche et qui se veut noble. Je voudrais ouvrir ce champagne avec mon fils. Vers 16 heures j’ouvre la bouteille. Le bouchon se cisaille et le bas du bouchon reste collé au goulot. Il sort avec un tirebouchon. Surprise, la capsule est très banale, avec le mot champagne en relief, comme pour des champagnes ordinaires. Le nez est engageant.

J’ouvre aussi un Chambertin Clos de Bèze Domaine Armand Rousseau 2001 au niveau absolument impeccable, au bouchon parfait, qui libère un parfum d’une richesse prometteuse.

Comme il restait du Salon 1997 nous commençons l’apéritif avec ce champagne qui est devenu plus large et plus calme que la veille. Nous voulons vérifier si la fraise ou la cerise conviennent mieux au Salon. La fraise Mara des bois, si gourmande, est de loin la gagnante, car la cerise, acceptable, ne fait pas vibrer le Salon.

Nous continuons avec une rillette fondante et exquise qui est divine pour le grandiose Salon.

Il est temps de servir le Champagne Réserve Grand Trianon A. Rothschild & Cie Brut Spécial 1964. Sa couleur est d’un or orangé et le parfum est doux et charmant. En bouche, on sent immédiatement que l’on a changé de monde. On est dans les monde des champagnes anciens, qui n’a rien à voir avec le monde des champagnes jeunes. Certains pourraient dire que le champagne est madérisé, vocable utilisé le plus souvent à mauvais escient et ce serait une erreur. Le champagne est rond, doucereux, offrant des goûts de fruits chauds et exotiques. Le champagne est assez lourd mais attrayant.

Les côtelettes d’agneau arrivant plus vite que prévu, nous mettons le champagne de côté pour accueillir le Chambertin Clos de Bèze Domaine Armand Rousseau 2001. Quel grand vin, quelle joie de vivre. Il est authentiquement bourguignon. C’est un vin de vigneron, qui exprime son terroir sans fioriture, tout en générosité. Quel bonheur. Il est noble, subtil et souriant. La viande et des pommes de terre le mettent en valeur. Je ressens la personnalité d’Éric Rousseau dans son message, comme il m’arrive parfois de sentir la personnalité du vigneron dans des vins bourguignons.

Il arrive alors quelque chose de totalement inattendu. Il restait du Clos de Tart 2003 de la veille et il était temps de le finir. Je le sers et je ressens comme un choc. C’est comme si Louis XIV arrivait auprès de nous, on se lève et on se courbe en signe de respect.

Le Clos de Tart montre sa grandeur et sa gloire, avec une dimension qui le porte au-dessus du Chambertin, qui est plaisir et générosité. Le Clos de Tart m’impressionne dix fois plus que la veille.

J’adore quand se produisent des surprises de ce niveau, que je n’aurais pas imaginées.

Nous avons fini le Grand Trianon 1964 le lendemain. Sa couleur est devenue plus foncée mais cela pourrait venir de la couleur du ciel plus nuageux. Le vin est beaucoup plus accompli et cohérent que la veille, offrant un plaisir plus accompli. Décidément, les lendemains sourient aux vins.

Premier dîner dans le sud mardi, 4 juillet 2023

Mon fils vient nous rendre visite dans le sud. C’est le premier invité de notre été. J’ai ouvert deux vins vers 15 heures pour le dîner. Le bouchon du champagne Salon 1997 en magnum vient facilement avec un joli pschitt, ce qui m’étonne car avec des bouteilles de Salon 1997 j’ai souvent dû lutter contre des bouchons trop serrés.

Le bouchon du Clos de Tart 2003 est tellement serré qu’après avoir utilisé le limonadier classique j’ai voulu utiliser une mèche que je n’ai pas réussi à enfoncer dans le liège anormalement comprimé. Je suis quand même arrivé à sortir le bouchon et le parfum du vin m’est apparu fermé, trop discret.

Pour l’apéritif je sers le Champagne Salon magnum 1997 au parfum intense et à la jolie couleur d’un or citronné. Ce champagne impose le respect. Il est noble, large, d’une grande intensité. Nous le buvons en goûtant des rillettes et du pâté de canard. C’est avec les rillettes que l’accord est magistral. Je savais déjà que ce Salon se marie avec les fraises aussi des Mara des bois créent un accord divin. Ce champagne est d’une longueur impressionnante.

Le Clos de Tart 2003 a maintenant un parfum aimable mais que l’on sent encore contraint. Le vin est impressionnant, d’une incroyable énergie. Mon fils l’adore. L’intensité conquérante de ce vin évoque pour mon fils un grand bordeaux alors que je compare plutôt à un Vega Sicilia Unico. Nous le buvons sur un saint-nectaire et l’accord est idéal. Il se trouve que Vega Sicilia Unico est un partenaire idéal pour le camembert Jort. Je décide d’essayer le vin bourguignon avec ce camembert et je ressens le même comportement du vin avec le fromage. Le cousinage entre le vin espagnol et le vin bourguignon est étonnant.

Mon fils est enthousiaste pour ce Clos de Tart. Je le suis un peu moins, même si je suis très satisfait de ce beau vin.

Au mois de janvier j’avais reçu dans le sud un américain qui voulait partager avec moi une Petite Liqueur Pétillante de Moët & Chandon. Le reste était gardé dans le réfrigérateur et il est servi pour accompagner un Kouign Amann. L’accord est magique. La liqueur a perdu son pétillant mais elle a gardé la douceur de son élégant goût liquoreux. Je pense que Moët devrait produire à nouveau cette petite liqueur, d’autant que la jolie petite bouteille est d’un charme tentant.

Rencontre improbable mardi, 27 juin 2023

Nous sommes dans le sud et près du port, le long de la plage, il y a un restaurant fort sympathique aux plats très simples et à la carte des vins microscopique. Quand on s’assied face à la mer sous les canisses, on est vraiment en vacances.

Je commande un Champagne Billecart-Salmon Brut sans année agréable et sans histoire, qui se boit avec plaisir. Nous avons commandé des moules et des couteaux qui sont beaucoup trop cuits et déplaisants. Les couteaux sont caoutchouteux. Par précaution, nous demandons que le loup soit très peu cuit pour ne pas subir une trop forte cuisson, trop souvent pratiquée dans beaucoup de restaurants.

Le loup est cuit idéalement et sa chair est bonne, mais la rouille est fade et les pommes de terre mal cuites. J’ai pu bavarder de tout cela avec le sympathique directeur qui va remédier à tout cela. Nous étions à deux doigts de décider de ne plus revenir, mais nous donnerons une chance à ce sympathique restaurant.

Vers la fin du repas, un monsieur assis à la table voisine me parle et me dit qu’il a bu un vin exceptionnel qu’il trouve extraordinaire. C’est un Côtes de Provence blanc 2020 et il veut absolument que je le goûte. Je le bois et effectivement il a un joli corps et le monsieur me dit alors : « dites-donc, vous avez pris du champagne pour accompagner du loup, ce n’est pas terrible au plan gastronomique ». Intérieurement je m’amuse et je ne vais pas lui dire que si je prends un champagne, c’est parce que les vins blancs trop jeunes ont du mal à me tenter. C’est quand même amusant et il me dit ensuite qu’il a une merveilleuse maison tout à côté du restaurant et qu’il n’y a rien de mieux aux alentours. Je lui montre une photo de notre maison ce qui ne l’empêche pas de nous montrer une photo d’un joli laurier rose de sa maison.

Et, comme il était en veine, je ne sais pas comment est venue la question de nos âges. Il voulait les comparer et je lui dis qu’il est un gamin ce dont il doute. Il me dit : quel âge me donnez-vous ? Comme il s’imaginait proche de mon âge j’ai dit 72 ans. Aïe, il a 68 ans, ce qui est quand même assez loin de mon âge.

Ce qui m’a amusé dans cette anecdote, c’est l’aplomb du monsieur qui veut me convaincre que son vin est une merveille, qui me donne des leçons de gastronomie et qui fait une joute puérile sur nos âges. Il m’a promis qu’on se reverrait. J’adore.

Bulletins du 1er semestre 2023, du numéro 974 à 998 mardi, 27 juin 2023

Bulletins du 1er semestre 2023, du numéro 974 à 998

Pour lire le bulletin de votre choix, on clique sur le lien pour ouvrir le pdf de ce bulletin / to read a bulletin, click on the link of this bulletin.

(bulletin WD N° 998 230629)    Le bulletin n° 998 raconte : dégustation d’un Krug Private Cuvée années 60 avec Arnaud Lallement, déjeuner de vins italiens avec un sublime 1908 au restaurant l’Assiette Champenoise, déjeuner chez ma sœur et présentation des vins de la 38ème séance de l’Académie des Vins Anciens.

(bulletin WD N° 997 260621)    Le bulletin n° 997 raconte : déjeuner ‘Enigma’ au restaurant Pages avec les gagnants d’une énigme posée sur Instagram, dîner au restaurant Poppy, arrivée à l’Assiette Champenoise et visite de la maison de champagne Coutier à Ambonnay.

(bulletin WD N° 996 230615)    Le bulletin n° 996 raconte : visite au domaine de la Romanée Conti avec remise d’un parchemin, dégustation en cave des vins sur fûts et déjeuner d’amis avec des bouteilles historiques et splendides.

(bulletin WD N° 995 230608)    Le bulletin n° 995 raconte : dîner au restaurant Paul Bocuse avec de grands vins de 1983, compté comme 276ème et visite de ma cave puis dîner à la maison avec un aventurier globe-trotter.

(bulletin WD N° 994 230531)    Le bulletin n° 994 raconte : déjeuner avec mon fils et son fils, visite de ma cave suivie d’un déjeuner à mon domicile et dîner au restaurant Paul Bocuse pour préparer un grand dîner d’anniversaire en ce restaurant.

(bulletin WD N° 993 230523)    Le bulletin n° 993 raconte : 275ème repas de wine-dinners au restaurant Plénitude Arnaud Donckele de l’hôtel Cheval Blanc à Paris.

(bulletin WD N° 992 230517)   Le bulletin n° 992 raconte : déjeuner au restaurant l’Ecu de France pour mes quatre-vingts ans, apéritif dînatoire, déjeuner de famille et déjeuner dans ma cave avec une journaliste.

(bulletin WD N° 991 230510)    Le bulletin n° 991 raconte : dîner à l’Auberge Nicolas Flamel avec des normaliens, déjeuner au restaurant Le Sergent Recruteur et préparation des vins la veille d’un déjeuner de 55 personnes.

(bulletin WD N° 990 230503)    Le bulletin n° 990 raconte : déjeuner au restaurant Le Sergent Recruteur avec deux amateurs de vins, déjeuner de famille et déjeuner au restaurant Pages avec un ami de longue date.

(bulletin WD N° 989 230427)    Le bulletin n° 989 raconte : déjeuner au restaurant de l’hôtel Les Crayères à Reims, déjeuner à l’Automobile Club de France, préparation d’un prochain repas avec Arnaud Donckele, déjeuner au restaurant Langosteria et déjeuner en famille.

(bulletin WD N° 988 230419)    Le bulletin n° 988 raconte : déjeuner de conscrits au Yacht Club de France, déjeuner fraternel au restaurant Procope, déjeuner de famille à la maison, 274ème dîner au restaurant Pages.

(bulletin WD N° 987 230413)    Le bulletin n° 987 raconte : dans le sud déjeuner aux pieds de porc, présentation des 2020 des domaines familiaux de Bourgogne, dîner au château de Louvois de Laurent-Perrier et dégustation de sept itérations du Laurent-Perrier Grand Siècle au siège de Laurent-Perrier.

(bulletin WD N° 986 230405)    Le bulletin n° 986 raconte : le 273ème dîner de wine-dinners au restaurant Maison Rostang Nicolas Beaumann et apéritif impromptu dans le sud.

(bulletin WD N° 985 230328)    Le bulletin n° 985 raconte : le 272ème dîner de wine-dinners au restaurant Garance et un déjeuner au restaurant Les Confidences de l’hôtel San Régis.

(bulletin WD N° 984 230317)    Le bulletin n° 984 raconte : déjeuner de conscrits au Yacht Club de France, déjeuner avec les responsables d’un grand Institut, dîner au restaurant Kei, déjeuner à l’hôtel Saint-James et dîner au restaurant Jean Imbert du Plaza Athénée.

(bulletin WD N° 983 230307)    Le bulletin n° 983 raconte : déjeuner dans ma cave avec mon fils et 271ème repas, déjeuner à l’Appartement de Moët Hennessy, avec trois vins du domaine de la Romanée Conti.

(bulletin WD N° 982 230228)    Le bulletin n° 982 raconte : Champagne impromptu, déjeuner avec un américain du Minnesota et une liqueur inconnue, déjeuner au restaurant Place Royale et déjeuner au restaurant l’Astrance.

(bulletin WD N° 981 230222)    Le bulletin n° 981 raconte : le réveillon de la Saint-Sylvestre dans le sud, deux repas de famille donnant la place belle aux champagnes.

(bulletin WD N° 980 230215)    Le bulletin n° 980 raconte : deuxième réveillon de Noël, déjeuners et dîners impromptus dans le sud précédant la Saint Sylvestre.

(bulletin WD N° 979 230208)    Le bulletin n° 979 raconte : dîner lors de la finale du championnat du monde de football, premier réveillon de Noël anticipé et déjeuner de famille.

(bulletin WD N° 978 230131)    Le bulletin n° 978 raconte : dîner au restaurant Plénitude Arnaud Donckele de l’hôtel Cheval Blanc Paris, déjeuner au restaurant Pages avec des vins inattendus.

(bulletin WD N° 977 230124)    Le bulletin n° 977 raconte : présentation par Aubert de Villaine des vins du millésime exceptionnel 2019 du domaine de la Romanée Conti, suivie d’un dîner au siège de la société Grains Nobles et dîner au Plaza Athénée de Jean Imbert.

(bulletin WD N° 976 230117)    Le bulletin n° 976 raconte : la 37ème séance de l’Académie des Vins Anciens au restaurant Macéo avec 37 inscrits et plus de 50 vins.

(bulletin WD N° 975 230110)    Le bulletin n° 975 raconte : deuxième journée du Grand Tasting de Bettane & Desseauve avec notamment un atelier Chambertin et un atelier Sauternes et déjeuner de dimanche à la maison.

(bulletin WD N° 974 230103)    Le bulletin n° 974 raconte : le Grand Tasting de Bettane et Desseauve avec de nombreuses Master Class de Laurent Perrier, Henriot, Charles Heidsieck, Dom Pérignon et la fameuse Master Class, « Le Génie du Vin ».

déjeuner au restaurant A.M. d’Alexandre Mazzia vendredi, 23 juin 2023

Un ami du sud, qui n’avait pas pu venir fêter mon anniversaire invite ma femme et moi à déjeuner au restaurant A.M. d’Alexandre Mazzia qui est l’un des grands restaurants trois étoiles du sud de la France, situé à Marseille.

La salle est toute petite et c’est très agréable pour moi d’être accueilli par mon nom alors que la table est réservée au nom de notre ami. Le menu est unique mais peut être servi en un nombre variable de plats. Je suggère de prendre le menu le plus complet mais l’expérience montrera que le menu un peu moins copieux serait suffisant.

Chaque séquence est un festival de saveurs d’une créativité unique. Il y a des plats sur chaque parcelle disponible de la table. Je demanderai en fin de repas combien d’éléments différents nous ont été servis sur des assiettes ou des coupelles de différentes formes et tailles et l’excellent sommelier Kevin me dira qu’il y en a quarante-cinq. On peut imaginer le prodige que réalisent les serveurs qui savent où chaque pièce du puzzle doit se poser et qui récitent la composition de chaque élément avec une intelligence certaine.

Voici le menu qui est l’un des plus complexes que j’aie pu rencontrer : poisson de nos côtes, levure de bière torréfie, eau de poisson vinaigrée à la criste marine / Cristalline safran, poutargue de caviar, condiment gingembre et têtes de maquereaux brûlées / langoustines, fruits rouges, bouillon de légumes racine et sumac / courgette aigre doux, feuille d’amidon, pommade courgette au cidre / algie, pommade de patate douce, réglisse, poutargue / Crousti-galanga, bœuf en juxtaposition de cuisso, campari et mignonette / parmesan, pistache, grenade et aloe vera / crevette grise, katsuobushi de têtes, huile de piment vert / œufs de saumon et truites sauvages marinées au saké, lait fumé / biscotte végétale, pommade herbacée-iodée, fleur de l’instant / anguille fumée et chocolat / pain viennois fumé au charbon, beurre demi-sel au Combawa / chair d’araignée au jus animal, voile de loup mariné saké-betterave et garum / semoule aux agrumes et fleur d’oranger, raifort et jus de carapaces à la peau d’orange brûlée / moules, maquereaux, harengs, noix de coco, condiment mojito estragon et jus vert / Focaccia au beurre noisette, piment d’Espelette-réglisse, beurre Nigelle et épices / brioche façon tropézienne, sardine, lard de colonnata, gingembre et pamplemousse / langoustine, algue vernie, beurre blanc-plancton, jus dragon, vierge marine, poutargue, lait de poule / langoustine avec les doigts, popcorn d’algues, sésame à la bonite, condiment citron géranium / consommé de volaille infusé aux coquilles s’huîtres, dulce et écorces d’agrumes brûlées / Chénopode en tempura-vodka, œufs de brochet fumés, piment, poussière de carapace / merlu de ligne, cerise pimentée, gel aigre-doux, jus vert satay / pastèque marinée et brûlée, jus de queue de bœuf, popcorn d’algues, peau de piment / fleur de courgette, noix de cajou, épices, fruit de la passion / girolles, tapioca akaisaki / petits pois frais, pamplemousse, vierge marine, grenade, lait de poule / glace wasabi-raifort et diplotaxie/glace confiture de lait et thé vert matcha / sorbet orange sanguine, condiment orange-bergamote / chocolat fumé, piment d’Espelette, riz soufflé, navets, poussière de bacon / texture pudding au jus d’animal, tamarin-hibiscus, banane caramélisée, feuillantine / texture de banane fermentée, riz soufflé, cacahuète sucrée, kumquat, gel d’Espelette / maïs givré, vinaigre balsamique 25 ans d’âge, meringue maïs fumé grillé / avocat, perle de gingembre, fenouil, graines de moutarde / pastèque, gin, voile basilic, condiment pastèque Get27 / palet glacé pomme, eau de pomme au curry vert, spray de gin aux agrumes / texture sablé-cigarette, pommade de patate douce aux épices, framboise, citron basilic.

Ce qui me fascine, c’est d’abord l’immense inventivité du chef qui crée non seulement des goûts, mais des registres de goûts, car dans certains plats, le goût se présente en vagues successives, d’un charme raffiné. Mais ce qui me subjugue aussi, c’est la présentation des plats par toute l’équipe, qui ne fait pas que réciter mais explique de façon pertinente. On peut dire chapeau au chef et chapeau à l’équipe.

La carte des champagnes est intelligente car pour chaque champagne on indique la date de dégorgement. Je choisis un Champagne Billecart-Salmon Cuvée Nicolas François 2002 dégorgé en avril 2019. Dès la première gorgée je ressens une émotion immense. Le vin à la belle couleur est vif, cinglant, avec un message très complexe. De plus sa sérénité est évidente. Il est long. C’est un champagne parfait et émouvant. Il est tellement grand que l’on va commander une deuxième bouteille, car le raffinement de ce champagne colle parfaitement aux plats d’Alexandre Mazzia. Les œufs de saumon et truites sauvages marinées au saké vont idéalement avec le champagne.

Le deuxième Champagne Billecart-Salmon Cuvée Nicolas François 2002 dégorgé en avril 2019 n’a pas la finesse et l’émotion du premier, même s’il est bon. On est redescendu sur terre alors que l’on était sur l’Olympe.

J’avais demandé à Kevin quel type de vin rouge conviendrait à la suite du repas et il me suggère un vin subtil et élégant. Je choisi le Volnay les Caillerets, ancienne Cuvée Carnot, Bouchard Père & Fils 1999. C’est exactement ce qu’il fallait. Ce vin qui respire à pleins poumons la Bourgogne est d’un raffinement parfait et dégage une émotion encore plus grande que le champagne, ce qui n’est pas peu dire. C’est sur un bouillon qui accompagnait des poissons que j’ai eu envie de ce vin d’une élégance extrême.

L’expérience des repas d’Alexandre Mazzia c’est entrer au Panthéon de la Gastronomie où les Dieux sont peu nombreux. Il en est un.

 

38ème séance de l’académie des vins anciens dimanche, 11 juin 2023

La 38ème séance de l’académie des vins anciens se tient une nouvelle fois au restaurant Macéo. Nous serons 32 répartis en trois tables, deux de onze et une de dix, la table 2. La gestation a été difficile car normalement je demande que les livraisons de vins et les paiements soient faits avec un mois d’avance. Or jusqu’au dernier jour j’ai dû attendre des vins et des paiements, ce qui est difficile à gérer.

Par ailleurs il y a une extrême diversité dans la qualité des apports et le niveau général pour cette session est inférieur à celui des séances précédentes où nous avions réussi à hausser le niveau grâce à quelques amis, empêchés de venir. Face à cela, j’ai décidé de faire un apport plus important en volume que d’habitude, pour être sûr que tout le monde soit content de cette réunion. Sur les 32 participants, onze viennent sans vin aussi mon apport devrait normalement êtres de onze en plus du mien, soit douze bouteilles. Or j’ai apporté l’équivalent de 26 bouteilles de 75 cl, Ce qui permet que chaque table puisse goûter 17 vins différents, au lieu de dix ou onze dans la logique habituelle de l’académie.

Tout le monde devrait pouvoir trouver son bonheur. Généralement, les plus généreux participants sont à ma table mais pas tous, car rien n’est rigide, et pour motiver tous les académiciens à être plus généreux, j’ai ajouté à ma table un vin du domaine de la Romanée Conti.

Il y a donc de quoi faire plaisir à tout le monde et j’ai pu le vérifier par les sourires épanouis de toutes les tables.

Il y a par ailleurs une grande nouveauté, c’est le nombre significatif d’étrangers qui se sont inscrits après avoir lu mes messages sur Instagram. Des hollandais, plusieurs newyorkais, un Hongkongais et sans doute d’autres, se sont joints à nous.

Voici la répartition des vins par table.

Les Vins de la table 1 : Champagne Laurent Perrier Brut ss A magnum (apéritif), Champagne Paul Gobillard 1983, Champagne Pol Roger 1964, Champagne Dom Pérignon année illisible 1961, Sancerre Sauvignon G.Leschemelle & Cie 1949, Quincy 1946, Corton Charlemagne Maison Rouget 1990, Montrachet Caves Nicolas 1969, Montrachet Marquis de Laguiche Joseph Drouhin 1971, Cos d’Estournel 1973, Château Branaire 1945 vidange, Clos de Tart 1947 (grande vidange), Beaune Barton & Guestier 1969, Corton Bichot négociant 1947, Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1984, Bordeaux Supérieur domaine Dubourdieu Crème de Tête 1947, Vouvray Le Paradis René Bouco mœlleux 1953.

Les vins de la table 2 : Champagne Laurent Perrier Brut ss A magnum (apéritif), Champagne Paul Gobillard 1983, Champagne Charles Ellner 1976, Champagne Charles Ellner 1967, Sancerre Blanc Domaine Robineau 1979, Tokay Pinot Gris Grand Cru Hartmann Gérard & Fils Cuvée Ste Catherine 1985, Château Bouscaut blanc 1966, Château de Lamarque Haut Médoc 1975, Château Croizet-Bages Pauillac 1964, Vin d’Arbois rouge En Chemenot cave Edgar Faure 1964, Château Calon-Ségur Saint-Estéphe 1955, Barolo Franco Tirina 1968, Barolo Borgogno Giacomo et Figli 1968, Barolo Filli Seris et Battista Borgogno 1968, Fontanafredda Barolo 1967, Domaine de Malendure Loupiac Crème de tête 1964, Sauternes Yves Bourgès 1964.

Les vins de la table 3 : Champagne Laurent Perrier Brut ss A magnum (apéritif), Champagne Paul Gobillard 1983, Sancerre Sauvignon G.Leschemelle & Cie 1949, Ladoucette Pouilly-Fumé 1972, Vin d’Alsace Clos Zisser 1976, Chassagne Montrachet Poulet Père & Fils 1988, Hermitage Chante Alouette Chapoutier années 80, Château de Lamarque Haut Médoc 1975, Château Cantemerle 1950, Brane Cantenac 1982, Cos d’Estournel 1964, Château Ducru Beaucaillou 1943 vidange, Vin d’Arbois rouge En Chemenot cave Edgar Faure 1964, Chambertin Bichot négociant 1947, Coteaux du Layon domaine inconnu années 70, Vouvray demi-sec Jean Bardet 1966, Rivesaltes Aimé Cazes 1978.

A 15 heures j’attends que le premier étage du restaurant Macéo soit libre pour pouvoir ouvrir les bouteilles. Il y a 51 vins ce qui représente un important travail. Il fait tellement chaud qu’il faut veiller à la température des vins. Béatrice, qui m’aide à chaque séance pour organiser la gestion et sans laquelle je ne pourrais rien faire, a des astuces pour rafraîchir les vins rouges sans tremper les bouteilles dans l’eau.

A côté de moi l’équipe du restaurant dresse les tables avec des gestes précis. Des académiciens vont venir m’aider ce qui aura permis une ouverture dans des temps records. Du fait des conditions atmosphériques les bouchons sont plutôt secs et résistent. Les parfums des vins sont assez engageants. Des académiciens offriront un champagne et un Vouvray pour donner du cœur à l’ouvrage aux ouvreurs. Nous bavardons aimablement jusqu’à l’arrivée des participants.

Nous sommes 32 répartis en trois tables. Chaque table aura accès à 17 vins ce qui est – je crois – un record. Comme il fait très chaud nous prendrons l’apéritif à table car l’espace libre entre les tables est limité.

Nous commençons par deux bouteilles de Champagne Laurent Perrier Brut sans année en magnum. De la couleur et de la forme du bouchon on peut estimer qu’il s’agit de vins des années 90. Celui que je bois est très agréable, de couleur légèrement dorée, bien rond et confortable.

Pour l’apéritif j’ai aussi ajouté trois bouteilles de Champagne Paul Gobillard 1983 dont une des bouteilles a fait un joli pschitt à l’ouverture. Le champagne est agréable mais manque peut-être d’un peu d’émotion.

Nous commençons à boire les vins du repas mais la cuisine n’est pas encore prête à nous servir.

Le Champagne Pol Roger 1964 a une attaque magnifique et une belle complexité mais curieusement il s’arrête en cours de route et son finale est très court. Malgré cela on l’aime beaucoup.

A l’inverse le Champagne Dom Pérignon 1961 dont l’année est illisible sur l’étiquette abîmée a une attaque plutôt discrète et un finale tonitruant. Cette opposition de style entre les deux est amusante. Les deux champagnes sont grands et j’aurai un faible pour le Pol Rogerun peu plus expressif.

Le Sancerre Sauvignon G.Leschemelle & Cie 1949 est une merveilleuse surprise. Comment est-ce possible qu’un sancerre de 74 ans soit aussi rond, équilibré, abouti et porteur d’une telle joie de vivre ? C’est un grand sancerre au fruit généreux.

Lorsque j’avais fait les photos des bouteilles du repas je suis tombé amoureux du Quincy 1946 à la jolie bouteille, au beau niveau et à la couleur prometteuse. Ce devait être mon chouchou car, qui a en cave aujourd’hui un Quincy de 1946 année difficilement trouvable car se trouvant entre deux légendes, 1945 et 1947. Il était assez prévisible que tous les vins de ce millésime aient été bus. J’étais donc devenu amoureux de ce beau Quincy qui ne m’a pas trahi. De jolie couleur, au nez charmant il montre une belle personnalité et nous offre un beau plaisir. J’en suis heureux.

Le Corton Charlemagne Maison Rouget 1990 est un grand vin, mais il paraît trop jeune dans un tel dîner, malgré ses 33 ans. Il est riche mais il aurait fallu un millésime plus ancien.

Le Montrachet Caves Nicolas 1969 est une très heureuse surprise car il est riche, structuré et noble. Et sa belle prestation sera confirmée par le Montrachet Marquis de Laguiche Joseph Drouhin 1971 qui dans mon esprit, devait être plus grand que le vin de Nicolas, mais en fait c’est le 1969 qui s’est montré le plus large et gourmand devant un 1971 un peu timide.

Le Cos d’Estournel 1973 est une belle surprise. D’un grain truffé sensible, il offre une solidité de charpente qu’on n’attendrait pas d’un 1973. Et j’aime bien quand ces années dites petites sont capables de telles vivacités.

Dans les dîners de l’académie, j’accepte les bouteilles de niveau bas, si l’on apporte aussi un vin de belle qualité. En l’occurrence je suis l’apporteur du Château Branaire 1945 de niveau dit ‘vidange’ c’est-à-dire plus bas que le début du resserrement de la bouteille. C’était un essai. Il n’est pas concluant car le vin est trop fatigué. Il pourrait avoir des intonations intéressantes, mais nous avons beaucoup de vins, ce qui ne pousse pas à les analyser.

Le Clos de Tart 1947 est l’apport d’un académicien généreux, dont le niveau vidange est encore plus prononcé. Plusieurs amis autour de la table l’aiment, car c’est un témoignage rare, mais la fatigue me gêne, et limite l’émotion qu’il pourrait susciter.

Le Beaune Barton & Guestier 1969 est un solide Bourgogne très cohérent et agréable à boire, même s’il n’attire pas vraiment l’attention. La suite allait être d’un niveau enthousiasmant.

Le Corton Bichot négociant 1947 est un vin absolument splendide de raffinement et d’expression subtile. Quel beau vin. Il fait partie des vins que j’avais achetés de la cave de l’Institut, comme le Chambertin Bichot 1947 de la table 3 qui a été aussi très apprécié. Son élégance est un plaisir.

Le Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1984 est le vin que j’ai ajouté, parmi tous mes apports, pour inciter les participants à plus de générosité. A l’ouverture, j’avais eu peur, car le bouchon sentait le bouchon. Mais lorsqu’il fut enlevé, le vin ne montrait aucun signe de bouchon, ce qui se confirme maintenant. On a, de façon discrète, les marqueurs habituels des vins du domaine, la rose et le sel et le vin montre un raffinement certain. J’aime les vins du domaine des années calmes car leurs subtilités sont encore plus expressives. Certains à notre table goûtent pour la première fois un vin de la Romanée Conti. Leur satisfaction fait plaisir à voir.

Le Bordeaux Supérieur domaine du Bourdieu Crème de Tête 1947 est riche. Si le vin était servi à l’aveugle, tout le monde dirait sauternes, tant ce vin a de la puissance et de l’épaisseur. Il est très long et généreux.

Le Vouvray Le Paradis mœlleux 1953 est agréable, plus doux et calme que le vin bordelais.

Mon classement des vins de notre table est : 1 – Grands Echézeaux 1984, 2 – Corton Bichot 1947, 3 – Montrachet Nicolas 1969, 4 – Pol Roger 1964, 5 – Sancerre 1949, 6 – Quincy 1946, 7 – Bordeaux Supérieur 1947, 8 – Vouvray 1953.

Le menu a été plus un accompagnement qu’une recherche d’accords puisqu’il était impossible de concevoir un menu pour 51 vins. Je n’ai pas beaucoup bu de vins des autres tables, sauf l’un des deux Vins d’Arbois En Chemenot rouge 1964 de la cave d’Edgar Faure que j’avais apportés, auquel un académicien trouvait des intonations de vin d’Algérie tant il était torréfié, inattendu mais agréable.

Cette séance a été globalement très intéressante et la participation d’étrangers qui ont connu l’académie par Instagram permet des discussions nouvelles. J’accueille normalement des élèves des grandes écoles mais les plus fidèles faisaient en Champagne un concours européen de dégustation. Les trois fidèles de l’académie sont arrivés premiers en groupe et en individuel. Nous fêterons leur succès dans quelques mois.

Malgré la charge très lourde de gérer l’académie, je suis motivé à continuer d’animer les prochaines séances quand je constate à quel point les participants sont heureux de partager des vins anciens. L’amitié est un puissant stimulant.


Les vins tous reçus dans ma cave ce qui a permis de former les trois groupes de vins.

par un hasard comme il en arrive à l’académie, Izabella est à ma droite à la table 1

je n’ai pas photographié tous les plats

les vins de l’apéritif bus à table