Au rythme où se range ma cave, la solution la plus évidente sera que nous l’assécherons pendant nos casse-croûtes. Nous sommes trois, et pour le déjeuner sushi en cave, j’ai choisi un Bourgogne Aligoté Lionel J. Bruck 1959. La couleur est belle, le jaune dominant l’ambre. Le nez à l’ouverture est prometteur. Une heure et demie après l’ouverture, le vin a eu le temps de s’épanouir. Et c’est un bien joli vin que nous buvons. C’est un de mes plaisirs de montrer que des vins à qui de vilains prêtres auraient donné l’extrême-onction depuis des décennies puissent encore exprimer une âme très pure.
Ah, bien sûr, ne lui demandons pas d’avoir des complexités de grand cru. Mais en termes de plaisir, de joie de vivre, ce vin est rassurant par une spontanéité de bon aloi et une longueur qui n’a rien à envier à d’autres 1959. Les sushis s’accordent très bien avec ce vin qui nous a rendus heureux.
Voulant donner du cœur à l’ouvrage aux travailleurs je remarque une bouteille de Picardan, Vin de Liqueur de la distillerie Couzi à Saint-Céré, qui titre 17°. La bouteille a été ouverte il y a plusieurs années. Il en reste un tiers. Aura-t-elle de quoi doper mes gaillards ? Le vin a un nez faible lié à l’évaporation dans la bouteille. En bouche, le vin ranciote, avec des accents de pruneau d’Agen. Mais à mon grand étonnement, il est resté très pur. Fait de grains de raisins passerillés, selon une recette développée à Béziers, ce vin agréable et sans prétention a remis l’équipe à la manœuvre. Nul ne sait quand le rangement se terminera, ce qui n’empêche pas d’avoir l’envie d’y arriver. Hisse et ho, Santiano !