Le lendemain matin à 10 heures, je demande au concierge de l’hôtel si mon guide est arrivé. Il me montre une jolie chinoise d’une trentaine d’années, aux cheveux très longs dont je ne saurai jamais s’il s’agit d’une perruque ou de cheveux naturels et, pendant un instant fugace, je me demande si elle sera la Nathalie de Gilbert Bécaud. Las, elle est chaperonnée par un chauffeur, ce qui clôt instantanément la séquence bécaldienne. Nous partons vers la Grande Muraille de Chine, à la section Mutianyu. Je suis incommodé par les tenaces odeurs de tabac froid qui imprègnent l’habitacle. Rebecca, la guide, m’explique pendant le trajet beaucoup de symboles. La valeur des nombres, le pourquoi du carré de la Cité Impériale, la calligraphie du nom Chine, avec un point qui est le jade, synonyme de fertilité impériale, la signification de l’empire du milieu, l’usage du yin et du yang dans l’architecture, l’importance des dragons et des phénix, etc. Ces explications sont passionnantes et je me fais ensuite tester sur le côté mercantile, car le tourisme doit rapporter. Nous allons dans une fabrique de vases dont j’apprends que le nom français est « cloisonnés ». Un entrelacs en cuivre est fixé sur le vase et l’on y incruste les couleurs. Cela ressemble à des émaux. Il serait de bon ton d’acheter l’un de ces vases multicolores, mais je ne suis pas d’humeur.
La fabrique de cloisonnés
Voulez-vous acheter ?
Nous arrivons au pied de la Grande Muraille et nous prenons un télésiège ouvert (nous faisons siège à part) pour accéder au sommet. J’arpente quelques centaines de mètres de ce mur d’une construction titanesque et je redescends sur une sorte de bobsleigh sur une piste en acier inoxydable. Ce n’est pas demain que je pourrai prétendre aux Jeux Olympiques d’hiver, mais j’ai fait un bon temps compte tenu du matériel disponible.
Les marchands de souvenirs impérissables se collent quasiment à moi tant leur envie de vendre est grande.
Le bâtiment de la télévision et un immeuble incendié, vus sur le chemin du retour
Nous retournons en ville pour la visite de la Cité Interdite. Une foule grouillante envahit cet espace et je constate que 95% sont des chinois. Rébecca m’explique l’importance que revêt cette visite pour les chinois. Je dois dire que je n’ai jamais été autant impressionné par une telle visite. C’est tellement colossal tout en étant d’une finesse sensible que je ne cesse de m’émerveiller. Chaque seconde, je pense que rien que cette visite justifie le voyage. Fasciné, je profite de chaque recoin, de chaque détail d’architecture ou de sculpture en bénissant le génie humain et en ignorant que le faste pouvait cacher sans doute de la cruauté et des drames humains.
Cette visite est un instant intense de ma vie.