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Le Monde 2 du 24 juin samedi, 24 juin 2006

Dans le supplément du Monde du 24 juin, un suplément vin (poupée russe !).

A l’avant dernière page, un article de Nicolas de Rabaudy, avec un titre délicieux :

L’homme qui parlait à l’épaule des bouteilles

"Ah, la funeste manipulation! En extrayant avec une prudence de Sioux des nobles crus le bouchon flétri d’une bouteille de chateau Margaux 1900,un chef d’oeuvre de l’appellation,François Audouze, collectionneur de vins ancien, 5000 références dans sa cave,la laisse tomber et le vin si precieux , agé de 102 ans,se repand sur le sol, et voilà notre oenophile effondre, à quatre patte sur le carrelage, lapant le Margaux comme le chien de Lalou Bize-Leroy,la langue active, dans le cellier de la Romanée Conti ( l’histoire est authentique): le flacon brisé de Margaux 1900 figure en couverture des "carnets d’un collectionneur de vins anciens" (Michalon éditeur, 2004 ).
C’est l’une des aventures tragi-comiques vécues par François Audouze, polytechnicien à 20 ans, devenu un industriel de l’acier, aujourd’hui à la retraite occupée par l’approche, la connaissance, la sauvegarde des vins anciens, ces bouteilles perdues dans nos caves, agonisantes, coulantes, aux etiquette abimées, quelquefois sublimes en bouche, que le collectionneur-dégustateur entend faire vivre dans le verre pour le plaisisr des papilles, simplement.
Car, parmi ces vins porteurs d’un age respectable, souvent plus vieux que ceux qui les boivent, dont la plupart finissent dans l’évier, il y a des joyaux, des incunables de la viticulture française, porteurs de surprises, d’émotions, d’émerveillement . Audouze, probablement le citoyen français qui savoure le plus de flacons de jadis, cite ses plus fascinantes trouvailles : Riesling 1945, Montrachet 1864, Meursault 1846, Yquem 1900, Haut Brion 1926 (dégusté au moins 20 fois, un véritable miracle pour le premier cru de Graves).
Afin de faire sortir des caves ces vins aux niveaux bas, de couleurs souvent étranges, Audouze vient de créer l’Académie des Vins Anciens dont les 4 sessions annuelles à l’Hôtel de Crillon réunissent, telle une société secrète, une cinquantaine d’amoureux des rouges ou blancs d’autrefois, des dégustateurs au fin palais, wine enthousiastes de la viticulture du passé. Chacun apporte son flacon, offert aux académiciens, le don est une valeur sacrée de l’oenophilie.
Ainsi,lors de la dernière réunion, en janvier 2006, les flacons les plus appréciés furent : le Riesling Hugel 1915, le chateau Latour 1955, le Grand Echézeaux du Domaine de la Romanée Conti 1942, le chateau Suduiraut 1945, le domaine de Chevalier rouge 1924, le chateau Gilette sec 1958, le chateau Fiçgeac 1925, le chateau d’Yquem 1937, le Bouzy de Delamotte 1933 et le chateau La Mission Haut-brion 1955, entre autres nectars de rêve.
La dégustation ne s’est pas déroulée à l’aveugle et l’on n’a servi que du pain, des fromages et de l’eau. Pour le repas de gala, voir les diners de François Audouze : 10 convives seulement, rassemblés dans un grand restaurant.
Assis à côté de Jean Hugel, le patriarche de la légendaire maidon alsacienne de Riquewihr, Aubert de Villaine co propriétaire du domaine de la Romanée-Conti, découvre, bouleversé, le Grand Echézeaux 1942, élaboré pendant la guerre par des femmes, les hommes sont au front." Je suis stupéfait de la bonne tenue de ce vin, élévé dans des conditions quasi héroïques, sans moyens, sans barriques de qualité , confie le Bourguignon de sa voix douce, évoquant la pureté, la plénitude, l’élégance du beau pinot noir qui a traversé le temps. Les grands terroirs parlent toujours: ils dépassent les hommes."
Réflexion similaire pour le Tokay pinot gris 1865 dont Jean Hugel dit qu’il a vécu 3 guerres indemne. Ces 2 viticulteurs qui font honneur à la Francede la civilisation de vin sont des militants de l’Académie, ou l’on offre une nouvelle chance à ces bouteilles tombées dans l’oubli qui racontent l’histoire de nos vignobles."Les vins anciens, si on sait les ouvrir avec d’infinies précautions, sont toujours plus jeunes qu’on l’imagine, souligne François Audouze qui met 2 heures pour extraire un bouchon récalcitrant. Le vin a besoin d’oxygène pour s’éveiller au monde." Et se livrer aux hommes.

Nicolas de Rabaudy

Le Montrachet samedi, 3 juin 2006

sur un forum, un sujet concerne le Montrachet. Je suis allé voir dans mes statistiques ce que j’ai bu depuis 6 ans. Voici ce que j’ai écrit sur le forum : la passion du vin

Voyant le sujet, j’ai voulu chercher quels sont les Montrachet que j’ai bus.
Si je les cite, on le sait maintenant, ce n’est pas pour la ramener, mais pour voir de quoi je peux être un témoin.
Voici la liste (sur les 6 dernières années seulement) :

****Montrachet Bouchard Père & Fils – 1864
****Montrachet Bouchard Père & Fils – 1865
Montrachet ? – 1906
***Montrachet Bouchard – 1923
Montrachet Chauvenet – 1928
Montrachet Maxim’s – 1929
Montrachet Albert Bichot – 1935
Montrachet Beuvrand de Poligny – 1935
Montrachet Roland Thévenin – 1945
Montrachet Roland Thévenin – 1945
Montrachet Roland Thévenin – 1947
Montrachet Diard – 1949
Montrachet Vincent Girard – 1949
**Montrachet Bouchard Père & Fils – 1953
Montrachet Comte de Moucheron Nicolas – 1955
**Montrachet Bouchard Père & Fils – 1961
**Montrachet Bouchard Père & Fils – 1961
**Montrachet Domaine de la Romanée Conti – 1967
****Montrachet Domaine de la Romanée Conti – 1970
Montrachet Moillard – 1974
Montrachet du Domaine de la Romanée Conti – 1976
Montrachet Baron Thénard Remoissenet – 1978
Montrachet du Domaine de la Romanée Conti – 1979
Montrachet Louis Latour – 1981
Montrachet Bouchard Père & Fils 1983
Montrachet Domaine René Fleurot – 1985
Montrachet Jacques Prieur 1986
Montrachet Grand cru Guichart Potheret en magnum – 1988
Montrachet Grand cru Guichart Potheret en magnum – 1988
Montrachet Guichard Potheret en magnum – 1988
Montrachet Bouchard Père & Fils 1990
***Montrachet Comtes Lafon 1990
Montrachet Guy Amiot 1992
Montrachet Robert Gibourg – 1992
Montrachet Marquis de Laguiche Joseph Drouhin – 1993
Montrachet Louis Jadot – 1995
Montrachet Louis Jadot – 1995
Montrachet Comtes Lafon – 1997
Montrachet Marquis de Laguiche – 1997
Montrachet Bouchard Père & Fils – 1999
Montrachet du Domaine de la Romanée Conti – 1999
Montrachet du Domaine de la Romanée Conti – 1999
Montrachet Bouchard Père & Fils – 2002
Montrachet Bouchard Père & fils – 2003
Montrachet Bouchard Père & Fils – 2004
Montrachet Bouchard Père & Fils 2004
Montrachet Domaine Jacques Prieur – 2004

Les points forts sont précédés d’étoiles.
Avant de goûter les deux plus vieux, qui sont irréellement bons (et je ne voulais pas y croire avant de les avoir bus tant leur âge est incroyable), mon meilleur Montrachet était celui de DRC de 1970.
Les deux : 1864 et 1865 sont de loin les plus grands.
Mais le Comtes Lafon 1990, en vin actuel, est un vin absolument immense.
J’ai bien aimé le Marquis de Laguiche 1997 en vin récent.

Le Montrachet, celui qui n’a que ce nom là, est un monde de saveurs rares.
L’ennui, c’est évidemment le prix, car la demande est forte.
Mais il faut au moins une fois se rendre compte de la perfection de ces vins.
Et ceux du 19ème siècle, quand on dit que c’est fabuleux, personne ne peut le croire, tant c’est invraisemblable.

To buy a cellar is not a job for me ! samedi, 3 juin 2006

To buy a cellar is a job for professionals. Not for amateurs.

I have had some nice tries, with magnificent bottles that I found. But this time, I am not so proud.

Having seen me on TV, a man found my number and phoned me with a very “low profile” presentation : “I have some bottles, my children are not interested. Are you ?”

Me : “what is in your cellar ?”

He : “I have a few Beaucastel 1982, some la Gardine of old years. My cellar consists mainly in Chateauneuf du Pape and Rhone wines”.

I made the mistake to propose a price. I should never have given a price without seeing the wines.

I had in mind to get these bottles for my cellar in the South : some easy bottles for barbecue.

I went there, near Orange, and I met the man, retired after having an auto repair location.

185 bottles were waiting for me. Only two Beaucastel 1982, and one of the two has a low fill.

Many small wines, many cheap Rhone wines, and, now and then a nice wine. All being of the 60ies, 70ies and a few from the 80ies.

I was ready to say : I quit. I said : your wines are not worth the price I said.

The man proposed to reduce the price. I made the mistake to say yes.

My car full of wines, I phoned Jean-Pierre Perrin, owner of Beaucastel, wanting to visit him as I was very near his place. But he was in Spain for a week with friends that I know very well. So as I have a cousin living in the vicinity, I announced my visit.

My cousin had prepared a Bourgogne, Hautes Cotes de Nuits A-F Gros 2002.

I had in hand one of the bottles that I had bought, a Chateauneuf du Pape La Gardiniole 1965 (name completely unknown to me).

My cousin smiled and said : open your ruined wine, you will see how you wasted your money.

He was mocking me.

The wine of  Anne-Françoise Gros is simple, but agreeable and nicely drinkable. My cousin is surprised that my tired wine shows signs of life. The more the lunch lasts, the more my CdP shows improvement. My cousin says : it is not bad, your small Chateauneuf.

I leave the bottle on the table and ask my cousin : tell me how the wine will be for the dinner.

He wrote me an email, saying : your wine was very nice by the dinner.

So, I will not do such a bargain again, as it is too much hazard.

But, if the wines are drinkable as this one, I have probably not made too big a mistake.

wines of the François Audouze category mercredi, 17 mai 2006

Le site www.wine-journal.com donne de jolies histoires sur le vin.

Un ami m’envoie un compte-rendu fait sur ce site dont il extrait cette phrase : "

The next two wines belong to the François Audouze category: i.e. impossibly rare. The first was a Van der Meulen bottling of Chateau Pavie-Macquin 1928. A Burgundian nose laced with a little peppermint, unbelievably fresh on the palate, this was more than just a curiosity, but a wine that was only to willing to satiate the palate after 78-years. It seemed so natural and elegant, a one-off wine, an unforgettable brief encounter.

Next, a wine so rare that even Michael Broadbent is bereft of a note: Chateau Lynch Bages 1899. Was it coincidence that as the wine was being uncorked, Jean-Charles Cazes appeared like the shopkeeper in Mr. Benn. Maybe he sniffed Lynch Bages 1899 in the ether over at the chateau and tracked the scent like a bloodhound to the restaurant. Or perhaps, given that the chateau’s stock of older vintages were pillaged by its previous owners, he was aware of its presence and popped over for a quick sip? Whatever, he took a look at the antique and even suggested that this may have been bottled at the chateau? "

Le fait que mon nom soit associé à une catégorie de vins a toujours quelque chose de plaisant.

Avez-vous 500.000 dollars ? vendredi, 5 mai 2006

A Beverley Hills, tout respire l’argent. Jeff Leve, l’organisateur du dîner, me fait entrer au magasin "The Wine Merchant", où se déroule avec Alfred Tesseron une déhustation de Pontet Canet.

 Mon oeil est attiré par une bouteille impressionnante : Mouton 1929 en double magnum.

Elle est proposée à 500.000 dollars, ce qui met le prix de la bouteille à environ 100 fois le prix que j’ai payé Mouton 1929 en bouteille. Mais quand on aime, on ne compte pas.

Ce qui n’empêche pas d’exposer la bouteille à la lumière et au chaud !