Archives de catégorie : dîners ou repas privés

Dîner dans le sud mercredi, 27 août 2014

Des amis viennent dîner dans notre maison du sud. Le Champagne Dom Pérignon 1998 est une heureuse retrouvaille. D’emblée, il met à l’aise. Il est large, fleuri, avec aussi quelques accents confiturés. J’aime qu’il virevolte et nous offre de multiples facettes. Il n’a pas la pénétration de champagnes plus typés, mais il est confortable. Avec des tranches fumées de viande des alpages, avec un saucisson viril ou avec un foie gras à prendre sur des gressins, il s’adapte à chaque fois avec bonheur.

A table, nous avons des langoustines juste poêlées, cuites à la seconde près pour avoir un moelleux incommensurable puis deux loups de ligne goûteux. Le Meursault Clos de la Barre Domaine des Comtes Lafon 2000 est quasiment insaisissable. Il va dans quatre directions : le minéral, pierre à fusil, le citronné, avec une jolie acidité maîtrisée, les agrumes confits et les impressions lactées ou de noisette. Et ce qui est curieux, c’est qu’à chaque gorgée, la pondération de ces quatre pistes change. Il est assez facile d’être désarçonné par ces changements de facettes. Je suis plus à l’aise que d’autres, mais je n’ai pas trouvé la plénitude sereine que ce vin peut avoir, avec une longueur moins présente que d’habitude.

Au dessert, plus question de boire du vin car nous goûtons les délicieuses glaces de madame Ré, qui a quitté Hyères pour la Moutonne et qui fait des glaces qui boxent dans la catégories du regretté Berthillon. C’est bientôt la fin août. Nous avons profité d’une bien belle soirée.

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Le riz à l’encre de seiche accompagnait le loup non photographié

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Beau dîner dans le sud avec des vins originaux samedi, 23 août 2014

Gerhard est un compositeur et chef d’orchestre grand amateur de vins. Son épouse concertiste et ses deux fils partagent la même passion, enrichie par de nombreuses visites qu’ils font ensemble chez des vignerons devenus au fil du temps leurs amis. C’est ainsi, entre autres, que Gerhard a pu organiser chez lui en Autriche une verticale de la Romanée Liger Belair de 41 millésimes. Leurs périples changent chaque année mais une halte est presque toujours prévue dans ma maison du sud. C’est l’occasion d’un dîner de vins.

J’ai invité d’autres personnes pour former une table sympathique et pouvoir partager de nombreux vins. Les journées étant plus courtes, j’ai demandé que les convives arrivent à 19h30 pour profiter d’un apéritif face à la mer.

Gerhard arrive à 17 heures avec ses vins et j’ouvre les vins du dîner, les siens et les miens, car nous serons les deux seuls apporteurs de vins pour le dîner. Mes vins seront marqués d’une « * ». L’ami Cédric, traiteur, arrive à 18h15 pour préparer avec son collaborateur Denis l’apéritif et le dîner. Cédric sera à table à nos côtés.

A 19h30 nous attendons un vigneron et un couple de vignerons. A 20h personne. La pluie menace et le jour tombe. Nous devions commencer par un champagne ancien, mais tout le monde a soif. Pour tromper notre attente, j’ouvre un champagne non prévu, un *Champagne Delamotte 2004. Il accompagne des petites sardines délicieuses. Le Delamotte est toujours aussi précis, rassurant blanc de blancs qui fait un sans faute, très fluide et de belle soif. A 20h15, je commence à être agacé et je sers le *Champagne Salon magnum 1997. Il sera rejoint par de fines tranches de Cecina de Leon, de Pata Negra découpé devant nous et de poutargue. Dès la première gorgée on ressent le saut qualitatif que représente Salon. Il est plus vineux, plus complexe, de très grande longueur et l’effet magnum joue à plein pour lui, donnant plus d’ampleur et de coffre à son message. A 20h30 le vigneron arrive. Ma fille qui devait ne participer qu’à l’apéritif fera-t-elle venir ses amis pour remplacer le couple de vignerons absents ? Le nombre de places à table oscille entre 10, originellement prévu, 11, si ma fille vient avec ses deux amis qui remplaceraient le couple qui entretemps m’avait envoyé un message expliquant leur absence, puis 9 quand j’apprends que les amis de ma fille avaient déjà dîné. Rester zen.

Cédric nous sert des tranches de truffes d’été posées sur des morceaux de pain blanc recouverts de gouttes d’huile d’olive et d’une pincée de gros sel. L’effet avec le Salon 1997 est miraculeux, car le champagne est enhardi par le caractère terrien de la truffe. Un accord de rêve. Salon a une complexité dynamique que j’apprécie.

Nous passons à table. Les camerones, immenses crevettes juste poêlées sont associées à deux vins. Le Riesling Weingut Brundlmayer Vieilles Vignes Autriche 1997 est d’un joli jaune citronné. Le vin est clair, précis, net comme les rieslings savent le faire. Il est très agréable, un peu perlant et manque un peu de longueur. Mais nous constaterons que dans le verre il restera tout au long de ce repas d’une solidité à toute épreuve. A côté de lui le *Chateauneuf-du-Pape Château La Nerthe Clos de Beauvenir blanc 1999 a une couleur déjà très ambrée. S’il est oxydé, il est quand même agréable à boire avec de petites notes fumées. Le Riesling est le plus pertinent sur les camerones et le Châteauneuf est divin avec la poêlée de cèpes qui suit. Cédric n’a sélectionné que des cèpes de petite taille et le plat est intensément goûteux. Et le blanc du Rhône est magiquement ragaillardi. Original et hors norme, il est très accompli sur les cèpes.

Lorsque j’avais ouvert la Côte Rôtie Côte Blonde A. Dervieux-Thaize 1979 j’avais constaté que la moitié supérieure du bouchon était complètement noire. Une étiquette indiquant que la bouteille a été importée par un marchand de vins de San Francisco et achetée par Gerhard en Allemagne, on peut supposer que des différences de températures dans les divers transports a créé la torréfaction que montre ce vin. On devine ce qu’il aurait pu être mais il est trop « cuit » pour être plaisant. Il met sans le vouloir encore plus en valeur le *Chateauneuf-du-Pape rouge Jean et Jean-Paul Versino 1989 qui est une merveille de fluidité et de précision. Ce vin est enthousiasmant tant il glisse bien en bouche, équilibré, généreux et gracieux. C’est un achat de hasard et je ne m’attendais pas à trouver le vin à ce niveau. Le ris de veau juste poêlé se comporte bien avec les deux vins, donnant un coup de main à la Côte Rôtie pour la rendre plus sociable. La selle d’agneau avec un pressé de pommes de terre est brillante, fondante, et avantage encore plus les deux vins.

N’ayant peur de rien, j’avais programmé une deuxième viande pour les deux « costauds » qui arrivent. Nous étions déjà rassasiés mais le cœur de romsteak est tellement fondant que l’on ne peut résister. L’aubergine confite est, elle aussi, fondante à souhait. Le Chateauneuf-du-Pape rouge Domaine du Vieux Télégraphe 1971 est un seigneur. Il a la sérénité d’un millésime réussi. C’est un bonheur de boire un tel vin. A côté de lui, le *Château Rayas Chateauneuf-du-Pape 2005 est un trésor de complexité envoûtante. Au premier contact, je ressens une trace saline qui est celle des vins du domaine de la Romanée Conti. Mais peu de temps après, c’est une impression sucrée et de douceur qu’offre ce vin. Enfin, viril, puissant, il laisse une trace en bouche de chaude complexité.

Les deux vins cohabitent très bien. On serait bien en peine de désigner un vainqueur, tant ils sont différents. Le 1971 est plus dans la logique de l’appellation, le 2005 est plus énigmatique, mais les deux sont au sommet de leur art, même si le 2005 va s’accomplir encore et encore.

A la surprise de mes convives, le Rayas a bien voulu se prêter à l’exercice de la cohabitation avec un camembert Jort. Il l’a réussi.

Cédric est le prince du moelleux au chocolat. Face à ce moelleux divin et satanique de séduction, deux vins dissemblables. Le *Maury Mas Amiel 15 ans d’âge mis en bouteille en 1998 après 14 ans de fût et une première année en bonbonne de verre est un bonbon tant il est doux et sensuel. C’est lui qui crée le plus bel accord avec le chocolat. Le Pedro Ximenez 1927 Alvear est trop lourd de sucre. Il a des intonations de noix, de café, de caramel et écrase le dessert de sa lourdeur. Il mériterait un dessert comme une tarte aux pommes acides ou une glace au café.

Cédric a appliqué à la lettre la recommandation que je lui avais faite : « le produit, le produit, le produit, sans fioriture ». Ce fut un succès d’autant plus grand que ses fournitures sont de première qualité. Le plat le plus saisissant est la poêlée de cèpes, la sensation la plus forte est la truffe d’été avec le Salon 1997. Les viandes étaient fondantes. La plus belle surprise parmi les vins est le Chateauneuf-du-Pape rouge Jean et Jean-Paul Versino 1989. Les plus grands vins sont Rayas 2005, le Vieux Télégraphe 1971 et le Salon 1997 en magnum.

C’est fort tard que nous avons salué nos convives, heureux d’avoir partagé un grand moment de plats superbes et de grands vins.

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Un bel Henriot lundi, 18 août 2014

Apéritif grignotage chez ma fille. Elle ouvre un Champagne Henriot magnum 1996. Ce vin a de la grâce. Il est élégant, raffiné, expressif. Une petite merveille. Je me demande ce que donnerait la confrontation avec la Cuvée des Enchanteleurs de la même année. Je ne suis pas sûr que l’Enchanteleurs gagnerait, tant ce champagne Henriot me semble dans une forme éblouissante.

Déjeuner au Castellet lundi, 18 août 2014

Le lendemain du dîner de vins du 15 août, nous allons avec nos amis au restaurant San Felice de l’hôtel du Castellet. L’endroit est toujours aussi beau, incitant au calme et à la sérénité. L’apéritif se prend avec un Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1988. Le vin est aussi ambré que le Mumm René Lalou 1979 et le Substance de Selosse de la veille. Serions-nous abonnés à cette jolie couleur dorée ? Le vin a un parfum intense. La bulle est active et ce qui frappe, c’est la personnalité affirmée du champagne.

Chacun choisit ses plats. Mon menu comprend de délicieuses grosses crevettes puis une araignée de porc avec du chorizo et des blettes. La cuisine est bien exécutée. Le Corton Bonneau du Martray rouge 1996 est d’une grande subtilité. C’est un vin qui caresse le palais, avec une petite acidité qui émoustille. J’ai toujours eu un penchant pour ce vin affable, courtois et raffiné. La pêche Melba est un péché, je le confesse, mais que c’est bon.

Le lendemain au déjeuner, nous avons confronté les fins de bouteilles du Corton Bonneau du Martray 1996 qui a juste 24 heures après l’ouverture, avec La Turque 2000 qui a été ouverte il y a trente-six heures, comme le Vega Sicilia Unico 2000. Le Corton a perdu de la fraîcheur, prenant une acidité qui dévie le goût. La Turque est encore meilleure que ce que nous avions bu et le Vega Sicilia Unico s’il est encore très bon, montre un peu les effets des 36 heures. C’est donc La Turque qui a les plus belles aptitudes à résister au temps. Bravo pour ce vin racé et solide.

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Dîner du 15 août samedi, 16 août 2014

Le dîner du 15 août, c’est une institution, occasion d’ouvrir de belles bouteilles entre amis. Nous serons six, dont cinq buveurs. J’ouvre tous les vins vers 17 heures, sauf les deux 2000 rouges dont je souhaite une ouverture de dernière minute pour bénéficier de l’éclosion du fruit de ces deux champions.

Le premier acte de l’apéritif met en présence des petites sardines avec le Champagne Mumm Cuvée René Lalou 1979. La bouteille est toujours aussi belle, avec ses rondeurs biseautées et le vin est d’un or glorieux. Le nez est très expressif. Le vin est grand, opulent, majestueux, avec de jolis fruits jaunes. Le champagne est confortable avec une acidité citronnée très légère. Alors que le champagne Henriot avait eu du mal avec les petites sardines, l’accord se trouve avec ce vin de presque 35 ans. Sa maturité s’accompagne d’une jeunesse exaltante. On dirait que ce champagne est au sommet de sa forme.

Le Champagne Substance Jacques Selosse dégorgé en 2006 lance le deuxième acte de l’apéritif avec du jambon Pata Negra. Le jambon est assez sec, a relativement peu de gras et n’a pas cette sensation de noisette. Mais il va bien avec le champagne qui présente un saut gustatif par rapport au précédent qui est considérable. J’ai toujours peur avec les dégorgements très anciens de Substance, mais là, force est de constater que celui-ci est exemplaire. Sa couleur est aussi foncée que celle du Mumm, son parfum est intense, et en bouche, il a une longueur infinie par rapport à celle du Mumm. Le vin est puissant, solide sur ses bases, et emporte le palais dans une danse de plaisir. C’est un très grand champagne terriblement vineux.

Nous passons à table et le vin blanc va accompagner une friture de petits rougets relativement peu convaincante, car la panure est trop présente, et des grosses crevettes d’un goût exquis, jointes à d’originales lamelles de courgettes. Le Vina Tondonia Gran Reserva Lopez de Heredia Rioja blanc 1991 est une découverte. Je n’ai aucun repère. Si le vin boude la friture, il s’approprie les crevettes pour offrir une palette aromatique étendue. Ce vin de soleil, chaud et généreux est confortable, mais il n’offre pas énormément de complexité. Il est très correct, évoque quelques chardonnays américains. Il est probable qu’on l’oubliera dans peu de temps.

Le Château Latour 1974 est d’une bouteille rhabillée au château en 2003, ce qui veut dire qu’elle a toujours son bouchon d’origine. Le nez à l’ouverture montrait une grande délicatesse. Maintenant, je ressens un peu de poussière qui n’est pas loin d’évoquer un goût de bouchon mais cette impression fugace ne durera pas. Ce vin est de belle race et il est apprécié de mes amis, mais je suis gêné par le côté poussiéreux qui vient masquer le potentiel du vin. De petite année, il a la discrétion polie. Le voile qui le masque m’enlève le plaisir.

L’agneau cuit à basse température est fondant. Le pressé de pommes de terre est enthousiasmant. Il faut bien cela pour deux seigneurs. La Côte Rôtie La Turque Guigal 2000 est toute en fruit. Elle est généreuse, mais elle offre une belle subtilité gracieuse. Ce n’est pas un vin qui passe en force. Malgré ses muscles saillants, elle fait gant de velours.

A côté, Vega-Sicilia Unico 2000 se distingue par cette caractéristique qui me comble d’aise : la fraîcheur est mentholée avec de petites traces de fenouil.

Les deux rouges sont magnifiques et fondamentalement différents. Les départager serait difficile. Je dirais qu’en début de dégustation, c’est la fraîcheur mentholée de l’espagnol qui le met en tête. Et en fin de soirée, c’est la grâce subtile de La Turque qui lui donne la palme.

Bien évidemment les trois rouges ont accompagné un camembert Jort dont nous sommes friands, et fort agréablement le Latour a, pour un instant, oublié son voile de poussière. Il est devenu charmant et distingué.

Des tranches de mangue légèrement caramélisées ont fait tourne et retourne sur la plancha. C’est un Château d’Yquem 1990 qui va en profiter. Ce qui est fascinant avec Yquem c’est que la question de sa qualité ne se pose pas, il est parfait. Pourquoi le comparer avec d’autres millésimes dont on a la mémoire, quand on profite d’un tel moment de luxure pure. Ce 1990 est très équilibré, très jeune encore comme en atteste la couleur. Il est tout simplement une « sex bomb » de sauternes.

Les discussions animées nous ont portés jusqu’à deux heures du matin. Nous nous sommes endormis heureux d’avoir vécu un moment d’amitié ponctué de bonne chère et de grands vins. Yquem sera toujours Yquem, les deux 2000 sont fascinants et le Substance est un champagne incontournable. Quel bonheur !

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Début des festivités à l’occasion du week-end du 15 août vendredi, 15 août 2014

Le 15 août est traditionnellement l’occasion de repas de bonne chère et de grands vins. Les amis arrivent par l’avion du matin. Pour donner le coup d’envoi des festivités, l’apéritif est dédié au Champagne Krug Grande Cuvée. Il est accompagné d’anchoïade et de tapenade sur des gressins. Le champagne est noble, généreux, construit, et s’il satisfait le palais, je lui reprocherais d’être un peu trop consensuel. Le repas qui suit, à base de poulet grillé, est à l’eau pour ménager nos montures.

Le soir, l’apéritif est au Champagne Delamotte 2004. Ce blanc de blancs est fort agréable, facile à vivre. Le saucisson d’ Auvergne lui va comme un gant. Le champagne est clair, fluide, et lorsqu’il se réchauffe dans le verre, on sent que la matière vineuse est de grande qualité.

Les chipolatas cuites à la plancha accompagnent un Château de Pibarnon rouge Bandol 2000. Le nez est entraînant. L’attaque est franche, puissante, de belle garrigue. Les chipolatas souvent poivrées mettent en valeur le vin qui se distingue par un velours extrême. Ce vin est tout en charme. Il n’a pas une grande longueur, mais il compense par une séduction qui ne laisse pas insensible. C’est manifestement un grand vin. Les pommes de terre en quartiers cuites avec des citrons du jardin sont superbes et il faut éviter de boire le vin juste à la suite. Quelques fromages font retrouver le beau Bandol ou le Delamotte lorsqu’il s’agit du Brie. La salade de pêches se déguste avec de l’eau pour seule compagne. C’est demain que les choses sérieuses vont commencer.

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Beaux vins et belle expérience lors d’un dîner souriant mercredi, 13 août 2014

Avec quelques amis ma fille cadette vient dîner à la maison. Nous sommes six. L’apéritif nous donne l’occasion d’ouvrir un Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1998 qui est différent des précédents que nous avons bus en ce qu’il est nettement plus évolué. On dirait qu’il a dix ans de plus et cela lui va bien. Le bouchon ne fournit aucune indication sur ce vieillissement. Avec des tranches de saucisson fumé d’Auvergne de grande qualité, le mariage se fait et le saucisson élargit le champagne bien rond, affirmé, aux fruits dorés généreux. C’est un champagne très expressif et très rassurant, car le message est limpide. Pas de complication excessive. Nous l’essayons avec des sardines « 16/20″ très petites puisqu’il y en a seize par boîte métallique. Les sardines sont délicieuses, mais l’accord ne se trouve pas avec le champagne soudainement rétréci.

Nous passons à table. Nous voulons montrer à nos invités la qualité exceptionnelle des œufs de nos poules qui vivent à l’air libre et sont nourries d’aliments bio. Que faire boire avec une omelette ? Près du boucher traiteur dont nous sommes fidèles, le marchand de journaux a été remplacé par un caviste en vins. Par curiosité je m’y étais rendu et il m’avait fait goûter un rosé qui m’avait impressionné. Nous buvons donc un Clos Cibonne Tibouren Côtes de Provence Cuvée Prestige Caroline 2013. Le rose saumoné est intense, le nez n’est pas significatif. Ce qui frappe, c’est la richesse de construction de ce rosé. Il est puissant, pénétrant, de grande longueur en bouche. C’est un grand rosé gastronomique. L’accord se trouve avec l’omelette onctueuse qui est un régal. Aucun œuf du commerce ne pourrait donner cette délicatesse et ce plaisir.

Le plat suivant est un agneau cuit quatre heures en papillotes, essai de ma femme, avec un pressé de pommes de terre et des aulx. Les trois composantes du plat sont fondantes en bouche. Le plat est réussi. Le Mas de Daumas Gassac rouge Vin de Pays de l’Hérault 2000 a un nez raffiné qui plante de décor. Nous sommes face à un grand vin. Il a des accents de vin bordelais et je pense qu’à l’aveugle, je serais parti dans la direction de Bordeaux. Le vin est beaucoup plus noble que ce que j’attendais, même si j’attendais un grand vin. Il est rond, avec une complexité charmante et équilibrée et son final truffé se prolonge avec bonheur. L’accord est naturel sur les goût simples et francs du plat.

Je demande alors aux invités de se concentrer car nous allons réaliser une expérience avec le plus grand sérieux. Il y a un plateau de fromages qui nous attend, mais le centre de nos recherches sera le camembert Jort. Il sera accompagné d’un champagne et d’un vin rouge. Nous devrons dire avec lequel nous préférons le Jort.

Le Champagne Salon 1999 est fort, vineux, percutant. Avec le camembert, il donne des impressions de noisettes. Il est fouetté par le Jort de façon très convaincante.

La Côte Rôtie La Mouline Guigal 1997 est appréciée par tous. Je la trouve un peu stricte et un peu moins fruitée que d’autres Côtes Rôties de Guigal, mais le fromage excite le vin qui prolonge l’accord d’une grande plénitude.

Pour beaucoup l’accord camembert et champagne est une première et ils sont étonnés que ça se passe aussi bien. Au moment de voter, j’aurais tendance à mettre les deux accords ex aequo, même s’ils sont très différents, mais je choisis l’un des deux.

Le résultat est : trois votes pour l’accord avec La Mouline et deux votes pour l’accord avec le Salon. Si j’avais gardé l’ex aequo, le vote final aurait donné les deux ex aequo car mon choix a été pour La Mouline. L’accord avec le Salon, avec ces goûts de noisette, satisfait l’esprit, alors que l’accord avec La Mouline est beaucoup plus sur la jouissance. La bouche est remplie d’un vin juteux quand le Jort l’accompagne.

Voilà deux accords non conventionnels que nous avons plébiscités. Nous avons continué avec de délicieux fromages dont un original Bellota Bellota qui se présente comme une boule très dure dont on mange l’intérieur crémeux à la cuiller. C’est fort et riche en calories.

Le Salon s’est terminé sur une tarte aux mirabelles du jardin. L’un des amis avait apporté une demi-bouteille sans étiquette dont il nous explique le contenu. C’est un limoncello qui ne vient pas de Sorrente mais de Grasse, avec les cinq sortes de citrons de Grasse ou de Menton, je ne sais plus. Ce digestif est d’une traîtrise absolue, car on ne sent pas du tout l’alcool. On a un jus de citron d’une pureté exceptionnelle au point que l’on en ressent la pulpe. Et il se boit si bien que la demi-bouteille s’est asséchée en un temps record.

L’ambiance s’en est ressentie au point que sur un sujet futile, un fou-rire nous a tenus hors d’haleine pendant un bon quart d’heure. Ce fut une belle soirée d’été.

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Apéritif impromptu samedi, 9 août 2014

Ma fille cadette a loué une villa à portée de fusil de notre maison. Arrivant chez elle à l’heure de l’apéritif, elle nous ouvre un Pouilly-Fuissé Le Clos de Monsieur Noly Domaine Valette 2002. La couleur est d’un or prononcé, superbe. Ce qui est passionnant, c’est le final de ce vin. L’attaque est aimable et tout se joue dans le final. C’est une explosion de fraîcheur citronnée intense. Il y a même un léger poivre qui rend le vin encore plus insistant. Sur des chipolatas elles-mêmes poivrées, c’est un régal. Voilà un vin de grand plaisir.

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Quelques champagnes par de belles soirées d’été jeudi, 7 août 2014

Des amis viennent prendre l’apéritif à la maison. Le Champagne Delamotte 2004 est fort plaisant, de bonne et large soif, pour paraphraser le vocabulaire rabelaisien des confréries viniques. Il est suivi par un Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1998 qui n’est pas un service à rendre au Delamotte. Car le blanc de blancs est tout en suggestion, en gracilité, alors que le Henriot est en puissance, conquérant, et l’emporte grâce à son charme convainquant. Les deux sont de grands champagnes, très différents, mais il ne faut pas les servir ensemble ni dans cet ordre.

Ma fille aînée et ses filles sont parties, mon fils, son épouse et ses deux enfants viennent juste de partir. L’impression de vide se ressent. Aussi, avec ma fille cadette, nous décidons de ne pas nous laisser abattre. Le Champagne Krug Grande Cuvée a une belle force de caractère. Sur de la poutargue, il est un accompagnateur poli. Il a la même gentillesse avec de mini sardines, mais aucune percussion n’est atteinte. Le champagne commence à s’ébrouer sur une terrine aux abats. L’apothéose vient avec un camembert Jort bien fait qui sent presque l’écurie tant il est typé. Là, le Krug s’émeut, vibre, et nous ravit. Il a besoin d’une confrontation musclée. Globalement, le Krug Grande Cuvée qui mériterait un peu plus de temps en cave, s’il est racé et de belle complexité, manque un peu de vibration. Il lui faudrait au moins cinq ans de plus.

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Beau déjeuner au San Felice de l’hôtel du Castelet mardi, 5 août 2014

Par une belle journée d’été, nous allons déjeuner en famille à l’hôtel du Castellet. Le restaurant gastronomique deux étoiles, le Monte Cristo, n’est ouvert que le soir aussi allons-nous à la brasserie
San Felice, installée au bord de la piscine le long du parcours de golf.

Avant cela, sur la terrasse du bar de l’hôtel, nous prenons l’apéritif avec un Champagne Dom Pérignon 2004. L’immédiate impression est celle d’un champagne confortable. Il a une jolie complexité, une belle race, c’est un champagne de plaisir. Il n’a ni la typicité ni la complexité des plus grandes cuvées mais il est rassurant et confortable. C’est un très bon champagne que l’on boit avec gourmandise.

J’ai choisi les vins avant la commande des plats. Nos désirs sont variés, je prendrai une tartelette à la sardine et aux tomates confites, puis la pièce de bœuf. Mon entrée pourrait convenir au blanc et au rouge, aussi les deux vins sont servis.

Le Riesling Clos Sainte Hune Trimbach 1998 est opulent et rond, mais surtout il a un fort botrytis. De ce fait, il s’installe en conquérant dans le palais et perd un peu du ciselé si caractéristique de ce Clos légendaire. C’est un beau vin, gras, opulent, de belle race.

Le Corton rouge Bonneau du Martray 1996 est d’une élégance joyeuse. C’est son final qui entraîne dans les saveurs follement bourguignonnes. Il est beaucoup plus adapté à la sardine qu’il caresse que le Sainte Hune qui domine le plat. Le Corton expose des complexités subtiles, toutes en distinction. C’est un régal de boire ce vin puissant et délicat.

Après le repas, sous un gazébo, une belote acharnée nous a permis de reposer nos corps avant de reprendre la route. Ce lieu porte au calme et à la sérénité. La brasserie ne vise pas la grande cuisine mais une honnête prestation. Ce contraste avec l’ambiance marine de notre maison plait à mon épouse. Comme de plus on trouve des prix acceptables pour de grands vins, c’est une étape obligée de nos vacances.

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