Archives de catégorie : dîners ou repas privés

Un Vega Sicilia Unico parfait samedi, 2 août 2014

La famille est au complet dans notre maison qui grouille de monde. Il arrive que certains décident d’aller dîner en ville aussi, les seuls qui boiront ce soir sont ma fille cadette et moi. Il y a un agneau au programme du dîner ce qui est une invitation à ouvrir un grand vin. Dès la première gorgée du Vega Sicilia Unico 1996, nous nous regardons, ma fille et moi, en faisant un signe qui ne trompe pas : nous sommes face à une bouteille totalement exceptionnelle. Ma fille est surprise et je le suis tout autant. Ce vin est d’une totale perfection. Le nez est tonitruant, riche de fruits noirs. La bouche est étonnamment fluide. On y trouve menthe, fenouil, feuille de cassis et fruits de cassis, avec des myriades d’évocations d’une totale pertinence. Le vin glisse en bouche, fruité, riche, frais et léger. Quel bonheur que ce vin.

Chaque gorgée nous confirme que nous sommes en présence d’un vin parfait. Je l’avais sorti de l’armoire à vins au moment de le boire, et dans sa fraîcheur, il est d’une gourmandise raffinée. Très convenable sur l’agneau, nous l’avons essayé sur un camembert Gillot peu fait. Ce camembert n’a pas la forte personnalité du Jort mais il est plus orthodoxe. Il est excellent et l’accord s’est trouvé pour notre plus grand plaisir. Il est rare que Vega Sicilia Unico, vin que j’adore, m’ait autant donné une image de perfection.

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Vins de vacances dimanche, 27 juillet 2014

Les enfants sont tous présents ainsi que les petits enfants. Nous ouvrons des vins au fil de nos humeurs. Un Château de Pibarnon rouge 2000 est plaisant car il est carré. Il a de la puissance et une belle harmonie. Il se boit bien.

Nous en ouvrons un autre lors d’un autre dîner. Le Château de Pibarnon rouge 2000 est un peu moins vibrant mais toujours aussi équilibré et carré. L’occasion est belle de le comparer avec le Château de Pibarnon rouge 2001. Le précédent m’avait déçu parce que l’alcool dominait et bridait le discours. Celui-ci, à l’inverse, est d’une grande délicatesse. Sur un agneau provençal, il brille par son élégance. L’honneur est sauf, le 2001 qui m’avait déplu n’était pas ce qu’il devait être. Ce 2001 confirme sa belle stature de Bandol de charme et d’élégance.

Nous décidons, sur une proposition de mon fils, d’organiser l’apéritif sur la terrasse de toit du cabanon qui surplombe la mer. Mer et soleil en fin de journée nous offrent des couleurs de mer et de ciel qui sont un véritable spectacle, rose, bleu argenté, gris argenté puis noir d’encre. Le Champagne Delamotte 2004 est un vrai grand champagne, rassurant, complet, agréable au palais.

Le Champagne Salon 1997, dès la première gorgée, montre que l’on change de dimension. Il y a une complexité d’une autre échelle. Ce Salon est complexe, suggéré plus qu’affirmé, tout en délicatesse. Je pense qu’il conviendrait de l’attendre encore quelques années pour qu’il révèle ce qu’il a dans le cœur.

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Déjeuner avec des vins inattendus dont une Roussette et un Royal Kebir dimanche, 20 juillet 2014

Le propriétaire de l’une des plus importantes maisons de ventes aux enchères américaines m’annonce qu’il passe dans la région ce qui me conduit tout naturellement à l’inviter à déjeuner. Il viendra avec son épouse, son agent français pour l’Europe accompagné lui aussi de son épouse. Ce commissaire priseur que je connais depuis des années organise des dîners de folie où les vins les plus rares coulent à flot avec des excès dignes des paulées bourguignonnes et reçoit des invitations de tous les plus grands collectionneurs de la planète.

Je prends cette invitation comme un challenge : comment lui montrer, ainsi qu’à ceux qui l’accompagnent, la spécificité de mon amour du vin. Je prépare les vins du repas que l’on découvrira le plus souvent à l’aveugle, pour ajouter du piment à la découverte. Le menu mis au point avec mon épouse est : coquilles Saint-Jacques saupoudrées de poutargue / gigot d’agneau à l’ail confit et purée de pomme de terre à l’huile d’olive / camembert Jort / petits desserts variés et macarons de la maison Matyasy à Hyères.

L’apéritif est constitué de Cecina de Léon, superbe viande de bœuf fumée onctueuse et douce en fines tranches, tapenade, anchoïade, chorizo et graissins. Le Champagne Delamotte 2002 que j’ai ouvert – pour une fois – deux heures avant, est parfaitement adapté à toutes les composantes de cet apéritif, la vibration la plus forte étant obtenue avec le bœuf fumé. Le champagne est bon, mais je n’ai pas la même étincelle qu’avec le même champagne bu hier, qui m’avait enthousiasmé. Il est grand, joue dans la cour des grands, mais n’a pas le même instant de grâce pure que celui d’hier. Il est vineux, carré, moins complexe qu’hier, mais de bel accomplissement. L’américain trouve le millésime.

J’avais envie d’ouvrir les champagnes deux heures avant et quand j’ai voulu ouvrir le suivant, ce fut impossible de l’ouvrir à la main. Le bouchon est collé et rien ne le fait bouger. Lorsque le couple de français arrive, je demande que l’on m’aide et la même impossibilité apparaît. Alors, je déchire autant que je peux la partie émergente du bouchon, je plante un limonadier et malgré l’effet de levier puissant, je n’arrive pas à décoller le bouchon et j’ai peur de casser mon tirebouchon.

Arrive l’américain et nous essayons à nouveau de lever le bouchon sans casser le tirebouchon. Au bout de nombreux efforts le bouchon se décolle. Il se trouve que l’étiquette de la bouteille est recouverte du papier d’emballage resté collé aussi le millésime n’est pas visible alors que le nom du champagne est évident. Le challenge sera de trouver l’année.

La couleur du Champagne Salon 1982 est dorée comme le soleil. Le champagne est d’une folle complexité et ce qui est fascinant, c’est le final qui ne finit pas. Il y a du pomelos dans ce final de belle acidité qui n’arrête pas d’envahir la bouche. Ce champagne est miraculeux. Je dis à mon ami que ce champagne mériterait 100 points car je lis ses commentaires fondés sur le système Parker, mais il me dit qu’il ne donne jamais 100 points. Alors, contentons-nous d’un 99 points, ce qui n’a pas d’importance, car seul compte le fait que ce champagne a un final fascinant qui envoie ses saveurs en ondes successives porteuses comme un tapis volant. Quel immense champagne ! Les deux amis ont placé ce Salon dans la décennie 70, mais c’est le sublime 1982.

Pour les deux vins qui vont suivre, je promets, si l’un d’entre eux trouve le vin, d’acheter le porte-avions Charles de Gaulle et de le lui donner, car je pense que ce serait impossible qu’ils trouvent. Les vins ouverts il y a plus de quatre heures ont été gardés à température de service et mis en carafe juste avant de passer à table.

Le vin servi sur les coquilles est d’un or citronné de belle jeunesse. Ce qui fascine dans ce vin, c’est sa précision et c’est de loin cette caractéristique qui me comble d’aise. Il est bien structuré, avec une jolie trace citronnée, évoque les fruits jaunes, et rebondit bien sur la poutargue en copeaux. Mon ami américain a éliminé les pistes de Bordeaux ou Bourgogne et serait volontiers allé vers le Jura. Cette piste pouvait être envisagée, mais la fluidité et la limpidité de ce vin se trouvent peu en Jura où les vins sont plus marqués. Ce vin est une merveille, c’est une Roussette de Savoie le Marestel Altesse Dupasquier 1990 qui a atteint un accomplissement admirable que n’auraient pas des versions récentes de ce vin.

La carafe qui suit contient un vin très foncé, qui est un peu tuilé sur le pourtour du verre, ce qui annonce un âge certain. Le vin a un fort café, un sensible moka mais il a une vivacité qui empêche de le trouver fatigué. Bien au contraire, il est envahissant. Il en impose par sa profondeur, sa structure large. C’est un vin de plaisir qui aurait probablement été meilleur quelques années auparavant car le café eût été moins insistant. Il avait un niveau dans le goulot, ce qui est exceptionnel. C’est Royal Kébir Frédéric Lung rouge vin d’Algérie 1945.

J’ouvre à la dernière minute et il n’y aura pas d’aveugle, la Côte Rôtie La Turque Guigal 1995. De plus en plus j’aime ouvrir ces vins au moment de les boire, sans les carafer. Le vin est une bombe de cassis, juteux, séducteur, diabolique, et nous le goûtons sur un camembert Jort coulant à souhait, ce qui conduit à un de ces plaisirs rares que j’adore parce qu’ils sont inattendus. Cet accord est captivant.

La cuisine de ma femme, sobre, lisible, était idéale pour les vins. Je suis content car j’ai emmené ces grands spécialistes du vin sur des pistes qui leur sont inconnues. Les vins rares et chers sont leur quotidien. Ce voyage éclectique leur a plu, ce qui est mon plus grand plaisir.

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le papier d’emballage collait à l’étiquette du Salon 1982

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on remarque le niveau dans le goulot du Royal Kebir 1945

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voici le bouchon du Salon 1982 qu’il a fallu déchirer pour introduire un tirebouchon qui a eu bien du mal à lever le bouchon collé

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bouchon du Lung et du Marestel

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photo du bouchon de La Turque prise 15 jours plus tard ce qui explique le resserrement

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photo de groupe

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Quelques vins bus dans le sud samedi, 19 juillet 2014

En plusieurs occasions avec des amis, j’ai eu l’occasion d’ouvrir un Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1998. Ce qui apparaît immédiatement, c’est son équilibre, sa sérénité, sa facilité de message. Il est confortable mais il manque peut-être un peu de l’inspiration que j’ai trouvée dans d’autres millésimes. Il faut sans doute lui laisser le temps de s’épanouir encore. Ses facultés d’adaptation gastronomique sont remarquables.

Une autre fois, j’ai ouvert un Château de Pibarnon Bandol rosé 2004. Vin magnifique. Quelle autorité, quelle présence ! Sa couleur est d’un rose orangé proche de la mangue. Sa densité est prégnante. Il tient bien sa place dans un repas et se montre un rosé de grande tenue.

Le Champagne Delamotte 2002 joue dans la cour des grands. Ce blanc de blancs est romantique, évoquant les fleurs blanches, il est délicat, raffiné, féminin, tout de grâce et de belle complexité. J’avais déjà plusieurs fois goûté ce vin que je trouve de plus en plus brillant.

A la suite, j’ouvre un Château de Pibarnon Bandol rouge 2001. Par une journée orageuse de forte chaleur, il est servi à 15° donc suffisamment frais. Dès la première gorgée, j’ai une vraie déception, car ce vin contraste avec les Pibarnon que j’ai bus récemment. L’alcool domine, le vin est lourd, parkérisé comme je les déteste. Est-ce un problème de bouteille ? Cela m’étonne que ce Pibarnon ait perdu les accents de garrigue, de fenouil et d’olive que j’aime tant. Je vérifierai prochainement, pour ne pas rester sur une déception.

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Quelques champagnes en bord de mer samedi, 12 juillet 2014

Nous passons des jours heureux dans le sud, avec plusieurs de nos petits-enfants. Mon fils nous rejoint, ce qui se fête. Nous grignotons diverses préparations qui accompagnent un Champagne Krug Grande Cuvée non millésimé. Le bouchon bien chevillé indique que la bouteille a plus d’une dizaine d’années. Cela se confirme en bouche, car le champagne a une rondeur fort agréable. Le champagne est grand, complexe, solide. Sur du saucisson et du jambon Pata Negra, on est en terre amicale. Sur des crevettes ou du fromage de tête, le champagne est aussi flexible.

Le Krug est si gourmand qu’il est vite épuisé aussi est-ce le tour d’un Champagne Salon 1999. Les deux champagnes sont très différents, presque opposés. Servis dans cet ordre, on ressent que le Krug est masculin et le Salon féminin. Dans d’autres circonstances, le caractère féminin du Salon n’apparaîtrait pas mais ici, le clivage se fait sur le genre ce qui n’est pas, de nos jours, très politiquement correct. Et dans ce contexte et dans cet ordre, c’est le Salon qui gagne en succédant au Krug. Il a moins de force, autant de complexité, et c’est du côté du charme enjôleur que le Salon excite nos cœurs. Sur un camembert Jort parfaitement affiné, la jouissance est suprême.

Même si la résonance n’est pas explosive, la juxtaposition du Salon avec des fraises Mara des bois est rafraîchissante et joyeuse.

Le lendemain, c’est au tour de ma fille cadette de venir rejoindre ses enfants et ses parents. Il reste du Champagne Salon 1999 qui, bu seul, ne fait plus ressortir sa féminité. Il est toujours complexe de fruits et fleurs blanches, et de grand plaisir. Un Champagne Delamotte 2004 lui succède. Même si le champagne est moins complexe que Salon, il est extrêmement plaisant, franc, joyeux, de solide construction avec des accents de noix et de pâte de fruit. Et il accompagne agréablement les petits grignotages qui tiennent lieu de dîner face à la mer.

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curieuse disparité des bouchons

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ces deux photos sont importantes pour moi car il y a mes trois enfants réunis chez ma femme et moi. La probabilité de les avoir tous ensemble est très faible.

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Merveilleux déjeuner au restaurant Pic à Valence samedi, 5 juillet 2014

Nous nous rendons avec des amis au restaurant Pic à Valence. La gare de Valence TGV montre que les architectes ont de l’imagination et illustre l’adage : « pourquoi faire simple lorsque l’on peut faire compliqué ? ». Notre chauffeur de taxi est volubile, pèse 135 kilos ce qui en impose. Plus efficace qu’une agence de tourisme pour vanter la région il nous en a tout dit. Pas tout, car il nous reprendra en course au retour et aura encore des choses à nous dire.

Nous prenons l’apéritif dans le délicieux petit jardin luxuriant du restaurant. Denis Bertrand, fidèle et légendaire sommelier du lieu depuis 41 ans nous suggère un Champagne Le Cran Bérêche & Fils 2006. Ce champagne de la montagne de Reims fait de chardonnay et de pinot noir, dégorgé au début 2013, est un excellent choix. Complexe, un peu âpre au début, il accompagne à merveille les trois petits amuse-bouche. Le cromesquis d’escargot est tellement gourmand qu’il apporte de la rondeur au champagne qui gagne en fruit. Nous nous félicitons de boire ce beau champagne.

Pour choisir le menu, il y a une grille de lecture assez facile à comprendre et, ce qui ne gâte rien, Anne-Sophie a rédigé pour chaque plat une page d’explications et de commentaires personnels de sa recette. Une plaquette sera d’ailleurs donnée en fin de repas, liée par un ruban rose comme le menu. Nous prenons tous des plats différents. Mon menu sera : la carotte et la fleur d’oranger, fine gelée et mousseux à la carotte, yaourt brassé à la fleur d’oranger et Voatsiperifery / les anchois de Méditerranée, les poireaux crayons et le caviar Alverta, bouillon au thé vert matcha / le turbot côtier et le petit pois, turbot cuit meunière, crémeux de petits pois à l’oseille, cardamome verte, bouillon des cosses au café vert / le pigeonneau de la Drôme, légèrement fumé au géranium rosat, pickles de radis, croquant de fenouil et céleri, consommé cristallin / le millefeuille blanc, crème légère à la vanille de Tahiti, fine gelée au jasmin, émulsion au poivre Voatsiperifery.

On dit souvent que le vin ressemble au vigneron qui le fait et j’ai pu maintes fois le vérifier. On pourrait dire la même chose de la cuisine. Anne-Sophie Pic, petit bout de femme si réservée mais si volontaire, fait une cuisine d’une subtilité inégalable. Tout est délicat, réfléchi, mille fois pensé et repensé, avec une cohérence diabolique. On se demande combien de centaines d’essais ont été nécessaires pour arriver à des dosages aussi parfaits. J’avoue être en admiration absolue devant la subtilité et la délicatesse de tous les plats. A l’apéritif, le foie gras fondant en bouche est sensuel, le cromesquis d’escargot est pénétrant mais savamment contrôlé.

Au repas, la carotte est interprétée avec une imagination débordante. Comment arriver à transcender la carotte et aboutir à l’entremêler de fleur d’oranger. Le plat le plus merveilleux est l’anchois. Car la fusion avec le caviar amplifie les deux goûts et sublime le caviar californien. Le turbot est probablement le plat le plus classique de ce repas et le pigeon est remarquablement exécuté avec mille petites variations gustatives originales. Le millefeuille revisité en blanc est enthousiasmant.

Denis Bertrand nous a accompagnés pas-à-pas pendant le repas. Il faut savoir godiller dans la carte des vins car certains prix sont à couper le souffle. Conseillés par Denis nous avons réussi à éviter les récifs tarifaires.

Le Champagne Krug Grande Cuvée non millésimé marque un saut qualitatif majeur par rapport au Bérêche. Il y a une profondeur dans ce champagne de plomb, élixir qui propulse l’anchois au caviar au firmament de la gastronomie. Quel beau champagne !

L’Hermitage Chave blanc 1999 est mon choix car je voulais absolument faire connaître cette merveille à mes amis et Denis est allé chercher sa plus vieille bouteille. Dès la première gorgée, le miracle est là. Il y a une complexité dans ce blanc et une richesse chromatique invraisemblable. C’est un tourbillon de saveurs lactées, fruitées, avec un fumé délicat et non invasif. Plein en bouche il n’est que bonheur. Sa longueur est parfaite. Quoi de plus beau que ce blanc ? Il accompagne bien le turbot mais il n’y a pas de réelle multiplication de l’un par l’autre.

Le vin rouge a été suggéré par Denis, car les vins de Guigal sont inaccessibles à la carte. La Côte Rôtie Domaine Jamet 2000 est joyeusement juteuse. Mon ami qui a pris le chevreau en profite pleinement car la chair gourmande, grasse et sensuelle capte toute la fraîcheur du vin. Alors qu’avec le pigeon, le vin montre un certain manque de matière et de profondeur en fin de bouche. Le pigeon aimerait un vin plus lourd. Mais je me suis régalé avec cette très belle Côte Rôtie précise, magnifiquement fruitée et délicate.

Mon ami a le même classement des vins que moi : 1 – Hermitage Chave blanc 1999, 2 – Krug Grande Cuvée, 3 – Côte Rôtie Domaine Jamet 2000, 4 – Champagne Le Cran Bérêche & Fils 2006.

Le service est absolument parfait, mais je suis peut-être mauvais juge, car étant accueilli en ami de toujours, ma table a droit à des attentions toutes particulières. Anne-Sophie est venue saluer toutes les tables et a eu des mots très aimables à notre égard. Nous l’avons abondamment félicitée pour l’intelligence créatrice et artistique de sa cuisine.

Anne-Sophie est très probablement l’une des plus talentueuses cuisinières de tout le paysage culinaire français. Bravo et longue vie à cette cuisine qui mérite le plus grand respect.

dans la gare de Toulon, un cheminot mesure la longueur des voies. De Paris à Nice, il en verra des paysages !

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l’apéritif au jardin du restaurant

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la présentation du menu et les fiches des plats que j’ai choisis

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Une décoration qui sait mêler l’ancien et le moderne

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Dîner avec des amis le jour le plus long samedi, 21 juin 2014

Les ouvriers rassemblés pour un barbecue de fin de chantier ont été six fois plus attirés par le Pibarnon rosé que par le rouge. Il restait deux rouges ouverts. J’appelle des amis proches pour les inviter à dîner le lendemain.

L’apéritif se prend avec le Champagne Salon 1999. Cela fait un an que je n’avais pas goûté ce millésime de Salon et je constate avec plaisir que le champagne s’est épanoui et offre une belle personnalité. Vineux, fort, il m’impressionne par sa profondeur. Il passe en force dans le palais et laisse une trace profonde et persistante. Confronté à la viande de bœuf Cecina de Léone, il se place bien devant cette viande forte. Il devient romantique lorsqu’il est associé à de l’andouille.

J’ouvre des pots d’anchois au goût intense et très salé. Le champagne s’adapte merveilleusement bien. Asséché assez vite, il est doublé.

La chair des pintades est très marquée et le Château de Pibarnon Bandol rouge 2000 virevolte de son charme méditerranéen. Garrigue, romarin, poivre intense, concentration, force pénétrante, tout est là pour convaincre. C’est un vin charpenté et de plaisir.

Sur un camembert Jort de compétition affiné idéalement, le vin nous entraîne dans une ronde folle.

Le Crumble aux abricots assez acides nous fait quitter le territoire des vins. Le jour le plus long de l’année n’a pas été pour nous la fête de la musique mais celle de grands vins.

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Barbecue avec Pibarnon rosé et rouge vendredi, 20 juin 2014

Il y a eu de grands travaux d’aménagement et de décoration dans ma maison du sud. La fin est proche aussi nous décidons d’inviter les ouvriers qui ont participé à ce chantier pour un déjeuner barbecue préparé par notre boucher-traiteur. Il y a des saucisses avec divers parfums et épices, des brochettes de poulet au citron et un agneau fort tendre.

Nous sommes une trentaine et le Château de Pibarnon Bandol rosé 2011 se boit avec une joyeuse soif. Ce rosé vineux est plus gastronomique que désaltérant. Tout le monde l’apprécie. Il a une belle longueur et a plus de structure que beaucoup de rosés de la région.

Quelques personnes, dont moi, privilégient le Château de Pibarnon Bandol rouge 2000 qui est spectaculaire. Il sent la garrigue, il est d’un poivre fort, et c’est du soleil en bouche. Je l’adore.

Les deux vins sont à l’aise avec les plats et aussi avec un fromage des Pyrénées qui convient bien au rosé et plus encore au rouge. Il fait chaud, tout le monde est heureux que j’aie tenu à perpétuer une tradition de fin de chantier dont on me dit qu’elle se fait rare. J’ai félicité les ouvriers, leurs chefs et l’architecte, ce qui leur a fait plaisir.

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Dans le sud, dîner chez des amis jeudi, 29 mai 2014

Dans le Sud, à peine sorti de l’avion, ma femme qui était déjà sur place, me dit que nous sommes invités chez des amis. Ce sera une paella-party. Le Champagne Mumm Cordon Rouge est simple, agréable, mais sans grande complexité. A côté de lui, le Champagne Laurent Perrier Brut a plus de fraîcheur et de discours.

A table, le Côtes de Provence Domaine Bouisse-Matteri 2012 passe facilement avec la paella, mais il n’a pas grand-chose à raconter, manquant de complexité.

Un Klein Constantia South Africa 2005 a des douceurs bien construites. Il ne titre que 12,5° et donne l’impression de plus. Délicieux comme une pâte de fruit, c’est un plaisir simple qui se bonifiera avec l’âge. Et il lui faudra un siècle pour valoir le légendaire Constantia.

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Un incroyable dîner à quatre mains au restaurant David Toutain mardi, 27 mai 2014

David Toutain, le talentueux chef du restaurant David Toutain a décidé de faire des dîners à quatre mains avec des chefs qui ont un style de cuisine qui ressemble au sien. Ce soir, il est associé avec Christophe Aribert le chef doublement étoilé du Grand Hôtel restaurant Les Terrasses à Uriage. Lorsque j’arrive, ils sont tous les deux affairés en cuisine et l’ambiance est joyeuse.

Quelle surprise de voir arriver le célèbre chef Sang-Hoon Degeimbre du restaurant l’Air du Temps à Eghezée près de Namur. Il est venu avec son équipe car, m’explique-t-il, c’est lui qui sera à quatre mains avec David Toutain ici dans une semaine. Et il ajoute que quelque temps plus tard, c’est David Toutain qui viendra à Eghezée. A la fin du repas, j’apercevrai Christopher Hache le talentueux chef avec lequel j’ai fait de brillants dîners aux Ambassadeurs du Crillon.

La fête commence. Plutôt que de présenter le menu en une seule fois, je vais donner mes commentaires plat par plat, non pas au plan technique mais au niveau de l’émotion ressentie.

Bœuf, framboise noisette. Le carpaccio de bœuf se présente comme une petite bourse en forme de fraise, et on saisit cet amuse-bouche comme on saisirait une fraise, que l’on croque en une bouchée. Superbe combinaison qui met en valeur la viande de bœuf.

Rhubarbe et cacahuète. Présentation très originale. La cacahuète est très forte mais la rhubarbe se défend bien.

Radis beurre. Petite touche rose pâle, mais il est difficile de donner du goût à un radis même trituré.

Huître concombre. Magnifique, car le concombre est très présent mais n’enlève rien au caractère iodé et fort de l’huître. C’est d’une grande pertinence.

Le menu démarre. La truite, benoîte urbaine est un plat qui nous annonce que nous sommes sur un planète de la plus haute gastronomie. Tout est tellement judicieux, que je suis au septième ciel. Les fines tranches de champignons de Paris se marient bien avec le poisson goûteux à souhait. Quel plaisir !

Seiche, feuille de citronnier. C’est un plat tout en blanc barré du vert de la feuille et de pétales de fleurs violettes. C’est excellent, mais beaucoup moins gourmand que le plat précédent.

Tomate, livèche. Je tombe en pâmoison. Ce plat est irréel de créativité. Comment peut-on faire quelque chose d’aussi exquis avec de simples tomates ? Je bouge sur mon siège, tout excité, tant je jouis de ce plat d’une inventivité extraordinaire. C’est ce plat qui aura pour moi la palme de la création.

Homard, asperge, curry. On est dans la gourmandise absolue. L’asperge est divinement préparée, le homard est gourmand. On mange, on croque, on jouit de plaisir. C’est de la grande cuisine, car les cuissons sont d’une exactitude absolue et les épices sont pesées au trébuchet du talent. Là aussi, chapeau.

Féra, bergamote. Que dire d’autre que ce plat mérite des applaudissements. On prend conscience que ce qui se passe n’est pas l’effet du hasard. Pour offrir des plats aussi bien dosés, aux cuissons idéales, cela demande un talent exceptionnel. Et tout, dans ces plats, est d’une intelligence exceptionnelle.

Anguille, sésame noir. J’adore l’anguille de Christian Le Squer. Celle-ci, différente, est aussi monumentalement gourmande. Ce poisson est tellement expressif. Encore un plat de rêve.

Bœuf, nectar d’oignon, fèves. La viande est très goûteuse, les fèves apportent de la fraîcheur. C’est cuisiné avec une justesse de ton totalement pertinente. Il n’y a aucune recherche d’effet, c’est sobre mais exécuté avec un sens de la mesure qui me ravit.

Comté. Il se grignote, mais je ne m’en souviens plus.

Chou-fleur, chocolat blanc, coco. Premier dessert d’une grande subtilité.

Ravioles passion. Dessert gourmand dont je n’ai pas gardé le souvenir, car il était déjà bien tard dans la nuit.

Epluchures de pommes. Une bien jolie façon de terminer le repas. Enfin presque car arrivent ensuite les mignardises et ce clin d’œil adorable : la dernière bouchée sucrée est exactement la reproduction du bœuf du début qui avait, lui aussi, une forme de fraise.

Inutile de dire que j’ai été tout au long du repas sous le charme. L’addition des talents de Christophe et de David a donné un repas dont, dans mon enthousiasme, je dirais volontiers qu’il figure dans les vingt plus grands repas de ma vie. Est-ce que j’exagère ? Je ne sais pas, mais c’est pour marquer mon adhésion totale à ce dîner à quatre mains. Ce qui me fascine c’est que le talent de ces deux chefs est tout dans l’intelligence. Il y a bien sûr les produits superbes, les cuissons idéales, et le talent des constructions. Mais tout est dominé par l’intelligence. Chaque plat est cohérent.

Le plat le plus étonnant est la tomate qui m’a enthousiasmé. Le carpaccio du début m’a frappé. Quel plat serait le meilleur ? J’ai beaucoup de mal à choisir entre le homard, la truite et le bœuf. Laissons les choses sans classement.

Les deux chefs sont facétieux, car ils n’ont jamais indiqué de qui est tel ou tel plat. Je soupçonne qu’ils ont dû échanger des recettes. Nous ne saurons rien car lorsque j’ai dit à Christophe que le homard était de lui, il m’a dit que je m’étais trompé. Restons dans ce flou et souvenons-nous que ce repas est un repas d’anthologie.

Et le vin dans tout cela ? J’ai voulu dans ce compte-rendu faire la part belle au travail des deux chefs car ils le méritent. Mais nous avons eu la chance de boire un Champagne Version Originale Selosse dégorgé en octobre 2013 qui est probablement l’un des plus beaux vins de Selosse que j’aie jamais bu. Dès la première gorgée, chacun de nous quatre a regardé les autres avec un signe qui ne trompe pas : nous étions devant une merveille. Ce champagne vineux, ambré, fort, puissant, envahissant, à la trace sans limite est une merveille de grandeur et de bonheur.

Nous avons la confirmation que nous venions de boire un vin grandiose quand je fais ouvrir un deuxième Champagne Version Originale Selosse dégorgé en octobre 2013 qui est bon, qui a tout pour plaire, mais qui est à cent coudées du champagne irréel que nous venions de boire.

Quand la salle s’est clairsemée, les deux chefs se sont assis à la table où Sang-Hoon Degeimbre et ses convives dînaient. Nous avons bavardé un peu avec eux. Il était deux heures du matin quand j’ai pris le chemin du retour, encore émerveillé par le talent de ces deux grands chefs.

Vive les dîners à quatre mains.

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