Archives de catégorie : dîners ou repas privés

Un chef à suivre : Hervé Rodriguez mercredi, 21 mars 2012

Ça commence par un message sibyllin de Jean-Philippe : « Une table secrète, Un dîner privé, Un chef et son second, Nos vins, Hidden hôtel ». Un indice est donné dans le titre « MAnipulateur de SAveurs », ce qui suggère MASA, le nom d’un restaurant. Je ne fais aucune recherche, préférant me faire surprendre et j’annonce mes vins. Le matin du jour dit, je remplis ma musette de quelques flacons que je ne peux pas ajuster à ceux des autres, car je n’ai pas de réponse à ma proposition de vins.

A l’heure prévue je constate à l’adresse indiquée que le Hidden hôtel est bien un hôtel qui ne se cache pas. Sa façade est recouverte de bois de pin. Nous descendons au sous-sol où nous sommes accueillis par Sophie et par Hervé Rodriguez, le chef du MASA, qui a quitté son restaurant sur un différend avec ses commensaux. Il squatte depuis un mois la salle en sous-sol de l’hôtel et la cuisine attenante. C’est ce soir son dernier dîner de squatter, car il va très prochainement s’installer dans un restaurant à Boulogne.

J’ouvre toutes les bouteilles présentes, Jean-Philippe règle avec Hervé les derniers détails du repas. Voici ce que cela donne : Queso manchego et pata negra / Ormeaux beurre noisette, radis daikon, topinambour, racine de capucine, réduction citron-bergamote / Asperges nouvelles, réduction de langues d’oursin, crevettes grises grillées, brunoise chermoula / Fera du lac Léman, poêlée de févettes, poutargue, caramel de réglisse / Risotto d’épeautre à la truffe de Tricastin, pigeonneau, copeaux de gouda millésimé / Abats, émulsion de cardamone noire, cacao / Caille des Dombes, bruccio, framboises / Fraises gariguettes, coulis pomme-persil, sorbet fromage blanc / Déclinaison caramel beurre salé : sponge cake, mousse, fudge, crème glacée réglisse, éclats de noisette.

Nous passons à table. Le Champagne Jacques Selosse dégorgé en décembre 2010 est beaucoup plus avenant que celui dégorgé en 2008 que j’ai bu il y a peu de jours. Il n’y a pas le caractère fumé prononcé du précédent. Celui est clair, fluide, à la bulle altière et à l’amertume bien contrôlée. C’est un bon champagne, qui réagit bien sur le Pata Negra viril et sur le fromage de brebis coupé en fines tranches, mais ne crée pas l’émotion que j’ai déjà ressentie avec ce grand champagne.

Pour se faire la bouche et effacer la lourde trace du Selosse, Jean-Philippe nous fait servir un Bourgogne Blanc Bernard Boisson-Vadot 2009. Simple, sans chichi, ce vin joue le rôle qui lui est confié.

Je n’ai jamais mangé des ormeaux aussi bons que ceux-ci. Ils ont dû être battus et rebattus, car ils sont d’une tendreté exceptionnelle. Accompagnés de topinambours avec leur lourde peau, de racines de capucine et de radis noir, ils forment un plat délicieux. Le Puligny-Montrachet 1er cru Les Perrières Louis Carillon & Fils 2008 est un très joli vin sans histoire et juteux à souhait. Il accompagne de croquantes asperges vertes avec des crevettes grises craquantes et salées. La crème est à se damner.

Le saint-pierre aux févettes est le plat que je classerai premier. Il accompagne un Château Grillet Neyret-Gachet 1990. Que c’est agréable de trouver enfin un Château Grillet au sommet de son art ! Car de précédentes expériences n’ont pas été concluantes, sur des millésimes plus anciens. Ici, ce 1990 est superbe, énigmatique comme il se doit, mais d’un charme rare. On comprend pourquoi Curnonski l’a classé parmi les cinq plus grands vins blancs de France, car il a une personnalité rare, avec une facette citronnée et une immense fluidité. Ce que j’aime, c’est la constance de son parcours en bouche.

Le vin suivant est le Clos Joliette sec Jurançon 1971. Il y a quelques mois, j’avais raté le rendez-vous avec le Clos Joliette car le 1974 ne m’avait pas plu. Celui-ci est impérial. On sent qu’il a été touché par le botrytis, un peu comme le Clos Windsbuhl de ce midi et il est absolument confondant de bonheur, car il est sec mais aussi doucereux, tout en légèreté. Il y a un petit fumé, des fruits jaunes en salade de fruits, et une longueur impressionnante. C’est un très grand vin, solide, carré.

Le risotto à la truffe noire et au copeau de Gouda est remarquable. Le Château Lafleur Pomerol 1964 que j’ai apporté à un nez de truffe. Le vin est truffe, avec un velouté exceptionnel. Cette bouteille au niveau à la base du goulot est une grande bouteille. Le vin est majestueux, n’a pas de signe de vieillissement comme le montre la couleur noire et vivace du vin. C’est un vin impressionnant qui sera plébiscité par tous à la première place. Il dépasse les autres de la tête et des épaules. Son équilibre velouté est une merveille.

Le Chateauneuf-du-Pape Château de Beaucastel 1998 est très solide, en pleine possession de ses moyens, très rassurant. J’ai toujours aimé ce millésime de Beaucastel qui est maintenant au sommet de son art. Les abats lui vont bien.

L’Hermitage rouge Chave 2001 est superbe. La caille servie avec des petits fruits rouges l’excite fort à propos. Ce vin est une bombe d’émotions. Sa personnalité est très forte, son fruit est lourd et vivace. C’est un superbe vin à la trace très droite et pure, dont le message est sensiblement plus percutant que celui du Beaucastel.

Dans ma besace, j’avais logé un vin que je n’avais pas annoncé, mais prêt à être utilisé « pour le cas où ». Même si nous sommes déjà repus, le Champagne Salon 1988 est insolent de charme, de conviction, de grandeur. Quel beau champagne ! C’est probablement le meilleur 1988 que j’aie bu de Salon. Il a tout pour lui. Il est terriblement convaincant, avec de multiples facettes mais surtout une évidence : en le buvant, on boit de la grandeur amplifiée par la précision du vin.

Nous finissons le repas sur un Château Mazarin Loupiac 1955 à la couleur d’un or clair splendide. Là aussi ce vin de ma cave a un niveau dans le goulot. Splendide de grâce et de légèreté, il convient au dessert à base de caramel, par son équilibre délicat où le sucré est aérien et par sa trace profonde et élégante. Un Loupiac de ce niveau, c’est un véritable cadeau.

La cuisine d’Hervé Rodriguez est remarquable. Mes préférences vont vers le poisson, l’ormeau et le risotto. Pour les vins, mon classement est : 1 – Château Lafleur Pomerol 1964, 2 – Champagne Salon 1988, 3 – Château Grillet Neyret-Gachet 1990, 4 – Hermitage rouge Chave 2001, 5 – Clos Joliette sec Jurançon 1971.

Nous avons été les derniers à profiter du squat d’Hervé au Hidden hôtel. Nous nous précipiterons dès le début avril à sa nouvelle adresse à Boulogne, car ce chef de grand talent mérite qu’on le suive. Comme dans la chanson : « où tu iras, j’irai ».

déjeuner à l’Astrance mercredi, 21 mars 2012

Nous commençons par un Champagne Philipponnat Clos des Goisses 1997, à la couleur déjà légèrement ambrée. Le champagne est distingué, presque fumé. C’est son élégance qui domine. Il est un peu strict et manque un peu d’ampleur, mais c’est un grand champagne vibrant. Sur le foie gras, il est à son aise et le champignon de Paris lui sert de tremplin. Sa longueur est belle, sa trace fumée est agréable, mais j’attendais un peu plus.

Le Riesling Clos Windsbuhl Zind Umbrecht 1994 est d’une couleur très ambrée. D’une année à botrytis, il combine le caractère sec du riesling avec l’esquisse d’un vin doux. Ce n’est qu’un esquisse, car à aucun moment, même sur la coquille Saint-Jacques presque sucrée, on ne ressent du doucereux. Ce qui me fascine, c’est la précision du riesling. Il a de l’orange amère, du fruit confit, du fumé, mais aussi l’acidité et la fluidité du riesling sec. Sa flexibilité est admirable aussi bien avec l’huître où l’iode excite le vin qu’avec la coquille qui le caresse. Mais c’est avec la crème de l’algue Kombu que le vin frétille. Comme l’occasion se présentait, je suis passé du champagne au vin blanc et j’ai fait le chemin inverse, et c’est fou comme les deux se renforcent. C’est assez saisissant. Et ce qui apparait, c’est la précision du riesling, comme taillée dans le marbre le plus blanc.

Nous risquions de manquer de vin blanc, aussi Alexandre nous ajoute un verre de vin de son invention, qu’il ne nomme pas. La couleur est aussi ambrée, le vin est noble, riche, puissant. C’est un Pouilly-Fuissé Clos de Monsieur Noly Domaine Valette 2000. Sur le tourteau et le coulis d’étrille l’accord est saisissant. Je félicite Alexandre pour ce choix pertinent. Ce vin « cause ». Il s’exprime, vibre sur le plat. S’il n’a pas le caractère ciselé du riesling, il a un coffre, une assise et une présence qui sont adaptées au plat. Fruits jaunes, fruits bruns, salade de fruits bruns, fumé, tout concourt à une impression d’élégante gourmandise.

Pour le Chateauneuf-du-Pape Cuvée des Célestins Henri Bonneau 2001, j’ai à peu près autant d’objectivité qu’avec la cuisine de Pascal Barbot. Je n’irais pas jusqu’à déchirer mon tee-shirt et pousser des cris hystériques, mais ce n’est pas loin. Car ce vin, ce n’est pas un Chateauneuf-du-Pape, c’est un monument. Quand on boit ce vin, on boit un désir de vin. C’est exactement ce que l’on souhaite d’un vin de dix ans. Je suis tellement heureux de boire un vin aussi parfait sans être doctrinal que j’en offre un verre à la table voisine. Je saurai plus tard qu’il s’agit de la mère et de l’oncle du pâtissier du restaurant.

Ce vin est pour moi un miracle, subtil, vibrant. Bien malin serait celui qui devine sa région. Je remercie Alexandre de son service du vin en lui donnant mon classement : 1 – Henri Bonneau, 2 – Zind Humbrecht, 3 – Puilly-Fuissé Valette, 4 – Philipponnat. Le mot « Fin » s’écrira avec un Whisky Macallan 1992 percutant de conviction.

La cuisine de Pascal Barbot est un bouquet de création. Son sourire est désarmant. Cette table est un bonheur.

magnifique repas à La Tour d’Argent samedi, 17 mars 2012

On ne peut pas imaginer le nombre d’américains qui connaissent plus de grandes tables européennes que les français. Murray profite de réunions professionnelles en Europe pour ajouter à son tableau de chasse tous les nouveaux trois étoiles. Si le guide Michelin ajoute un chef au firmament, Murray doit s’y rendre avec son groupe de collègues et amis in petto.

Cette semaine, ils ont « fait » deux restaurants phares en Allemagne, puis quatre ou cinq grandes tables de Paris. Hier ils avaient déjeuné à la Tour d’Argent et ce midi, avec mon épouse, nous les retrouvons à déjeuner au restaurant de la Tour d’Argent. S’ils doublent la mise, c’est parce qu’ils estiment que le choix de la carte des vins est unique.

Arrivant en avance, j’ai le temps de regarder la carte des vins et je suis horrifié par les prix. Si l’on est fou à Hong-Kong, faut-il être fou à Paris ? Un vin que j’aime, qui est grand, mais qui n’est pas dans mon Panthéon, peut être trouvé autour de 1.500 €. Il faudrait ajouter un billet de 10.000 € (comptez le nombre de zéros) pour que je puisse le boire ici alors que je l’ai chez moi. Pour les champagnes, c’est de la folie, rendant quasi impossible de goûter des cuvées que je bois habituellement.

Alors bien sûr, il reste de bonnes pioches, mais de plus en plus rares. Les vins que nous allons boire sont loin d’être des seconds couteaux, car à un moment, on décide de se lancer. Les amis arrivent, je discute avec Murray des choix possibles. Notre table, par un hasard que j’apprécie, est celle que gérait un maître d’hôtel historique, Monsieur Aimé. C’était un patient de mon père qui était oto-rhino. Ce détail a encore plus d’importance pour moi, car aujourd’hui, c’est l’anniversaire de mon père, qui aurait fêté ses 103 ans. La table est magnifique et je peux voir bien sûr Notre-Dame, mais aussi la Tour Saint-Jacques, les toits de la mairie de Paris, au loin le Sacré Cœur, et l’île Saint-Louis où j’ai habité avec celle qui allait devenir ma femme il y a 46 ans.

Les serveurs sont en habit, le service est attentif, tout annonce un grand moment. Nous commençons par un Champagne Substance Jacques Selosse dégorgé en 2008. C’est un champagne d’initié. J’ai souvent écrit que c’est un champagne d’ayatollah. Car il faut un palais exercé pour apprécier ce champagne acide, fumé, à l’oxydation forte, sans concession. Mais si l’on entre dans sa sphère, on en découvre toutes les subtilités. Gagnera-t-il en vieillissant, je serais bien incapable de le dire. Mais sur l’instant, j’adore son caractère énigmatique, interrogeant, et ne gratifiant que ceux qui s’ouvrent à lui. Par un hasard extraordinaire, un petit amuse-bouche au haddock avec une sauce crémée a créé un accord magique avec le « Substance ».

Nos menus sont différents. Le mien est : terrine de foie gras aux deux gelées, la quenelle de brochet, le travers de porc, fromages et dessert à la mangue. Pour les deux premiers plats, j’ai fait servir ensemble le Riesling Clos Sainte-Hune Trimbach 1983 et le Bâtard Montrachet Domaine Leflaive 1992. Car la logique voudrait que le Bâtard vienne après le riesling, mais certains ont pris comme deuxième plat des asperges qui iront mieux avec le riesling.

Quoi de plus différent que ces deux grands blancs ? Le Sainte-Hune est une merveille de précision. Il est droit dans ses bottes, monolithique, mais d’une invraisemblable précision. Alors qu’il est un parfait gentleman, le Bâtard est beaucoup plus canaille jouant sur la séduction. Il a un fruit superbe, une mâche énorme, et si le Sainte Hune joue en longueur ou plutôt en verticalité, le Bâtard joue en largeur. Il est à noter que les deux vins semblent au sommet de ce qu’ils pourraient être, avec un épanouissement certain. Pour la quenelle, c’est le Bâtard qui s’impose, alors que pour l’asperge, c’est le riesling. Avec le foie gras aucun accord n’est parfait, mais le riesling est plus naturel.

Je fais voter la table sur le meilleur des deux, et c’est un vote partagé. Mon sentiment est que le vin de Trimbach est le plus pur, le plus précis, le plus dans une forme de perfection, alors que le plus chaleureux est le Leflaive, avec un épanouissement hors du commun. Mais avec le Bâtard, on peut imaginer qu’il existerait mieux, alors qu’avec le riesling, c’est impossible. Ce riesling est au sommet de son art, sans rival imaginable.

Le plat de porc est un éblouissement. La Tour d’Argent ressuscite la cuisine d’il y a un siècle, et c’est un succès. Lorsqu’on nous a servi le foie gras, c’est à la cuiller. Et les deux gelées, l’une au sauternes et l’autre au porto sont aussi servies à la cuiller. On est au sommet de la cuisine d’antan. Le travers de porc, laqué, fumé est une vraie merveille de gourmandise.

Le Bonnes-Mares Domaine Roumier 1988 qui n’a pas été carafé contrairement aux blancs est à la fois épanoui et timide. Il est follement bourguignon et ce qui me plait le plus, c’est qu’il n’essaie pas de plaire. Il est authentique, naturel, et tout en lui est finesse et discrétion. Murray trouve qu’il a beaucoup de fruit alors que je trouve son fruit discret, sans que cela nuise au message. C’est un beau vin de Côte de Nuits, avec déjà des signes de maturité, des évocations de cendres, un beau caractère vineux, et une longueur au final raffiné. C’est un grand vin plein de distinction.

Comme le bourgogne a été rapidement fini sur la viande gouteuse, que va-ton boire sur le fromage ? Je suggère un Château-Chalon Jean Macle 1991, de l’année la plus vieille sur la carte de ce beau domaine. Ce qui est fou avec ce vin, c’est qu’il est intemporel. Et il est d’une facilité de message extraordinaire. On sait qu’il est Château-Chalon, mais il est accueillant, facile à boire, lisible. Pour un peu, à l’aveugle, on se tromperait de région, tant il est fluide comme un vin de Loire. C’est presque le contraire du Selosse, même si les messages ont des points communs. Et c’est le Comté et lui seul qui fait apparaître de fortes notes de noix. Ce vin est splendide.

Sur la carte des vins, au chapitre de Clos Sainte-Hune, il y a deux vins pour 1989. L’un est un vendanges tardives que j’ai déjà goûté et qui est une réussite invraisemblable, et pour deux fois plus cher, il y a le Clos Sainte-Hune Vendanges Tardives Hors Choix 1989. Tout est dans le « hors choix », qui signe une crème de tête. Ce vin est fou. N’allez pas dire qu’il est d’Henri Maire ! Il est fou parce qu’il est à la fois doux, du fait de la vendange tardive, mais extrêmement sec, les sucres ayant été dissous du fait de ses 23 ans. On retrouve la précision du 1983. Un message délié révèle la cohérence d’un vin à la fois sec et doux. Est-ce cohérent ? quand on est en face de lui, on le comprend. Il y a des notes de mangue, d’orange amère, une belle acidité citronnée mais mesurée et une rondeur folle. Ce vin est diabolique car il est inclassable. Il est hors de tout.

Nous avons voté de façon informelle, et s’il y a une diversité des votes, il y a aussi beaucoup de cohérence. Mon vote est : 1 – Clos Sainte-Hune Vendanges Tardives Hors Choix 1989, 2 – Riesling Clos Sainte-Hune Trimbach 1983, 3 – Bonnes-Mares Domaine Roumier 1988. Murray a les mêmes deux premiers et a mis en troisième le Château Chalon, ce que je comprends volontiers.

Nous nous sommes promis de nous revoir à San Francisco pour rejoindre un groupe de solides collectionneurs et faire de nouvelles folies. Que dire de ce repas ? En ressuscitant une cuisine ancestrale, La Tour d’Argent a réussi son coup. Tout était délicieux. Bien sûr, rien ne dit que ce sera aussi parfait un autre jour, mais ce qui est pris est pris. La vue est féerique, le service du vin est très attentionné et notre sommelière a géré intelligemment les vins. Le service des plats est parfait. Comme ma marotte est le prix des vins au restaurant, il faut que La Tour d’Argent revienne à une politique tarifaire raisonnable, car c’est le seul point, mais c’est le bât qui blesse.

Le célèbre canard au sang et Notre-Dame

déjeuner au Yacht Club de France mercredi, 14 mars 2012

Les déjeuners de conscrits se répètent à un rythme un peu trop soutenu. L’un des amis nous ayant offert un déjeuner normand, c’est aujourd’hui un déjeuner breton que nous partagerons au restaurant du Yacht Club de France. Etant en avance, je me fais offrir une coupe de Champagne Billecart Salmon sans année que je trouve fort civil, avec une belle mâche bien ensoleillée.

Le menu conçu par l’équipe dynamique de ce club est : andouille de Guéméné et bouchées de saucisse bretonne / ormeaux à la purée de coco Paimpolais / Saint-Jacques de la baie de Saint-Brieuc, beurre blanc aux algues de chez Bornier / Homard bleu du Guilvinec en aumônière de blé noir, artichauts de Bretagne glacés, sauce armoricaine / fromages bretons affinés de la maison Bornier à Saint-Malo /far breton, petites crêpes au caramel salé, gâteau breton de tradition pur beurre.

Autant dire que l’on chausse ses sabots fourrés de paillons, que l’on porte le chapeau à ruban noir, et que l’on fume la pipe longue et noire qui est capable de résister aux embruns de la Pointe du Raz. Ça bretonne à pleins poumons. L’andouille est parfaite sur le champagne. La saucisse faite par la grand-mère de Thierry Le Luc, directeur de la restauration du lieu est virile et typée. Ça arrache !

Le Muscadet Michel Brégeon 2005 est absolument superbe. Son acidité est belle, son fruit jaune est présent, et ce qui frappe, c’est sa belle cohérence. Il est fruité, gouleyant, et s’adapte parfaitement aux ormeaux et Saint-Jacques. Lorsque Thierry me sert le Cos d’Estournel 1996, le nez est d’un parfum envoûtant. Ce vin respire la noblesse, la délicatesse et l’équilibre. Et le vin est délicieux, joyeusement tannique, avec un beau fruit, une mâche abondante, et un final entraînant. C’est un très grand vin qui cohabite bien avec le homard d’une qualité idéale. Présenté fourré dans sa crêpe, il est gourmand.

Le trou breton se fait à l’Hydromel de Cornouaille Chouchen de A. Lozachmeur qui titre 13° et arrose un sorbet. Ses notes de miel sont délicieuses. Le repas se finit sur un Château Suduiraut 1998 charmant mais aussi bien charpenté, et d’un équilibre remarquable. Les gâteaux bretons sont superbes et nous donnent des semelles de plomb. Le restaurant du yacht Club de France, par sa motivation, par la recherche de produits de qualité et par l’inventivité de son équipe, nous offre des repas particulièrement raffinés.

Un repas breton, ça se voit aussi dans les détails !

déjeuner aux Caves Legrand lundi, 12 mars 2012

Je vais déjeuner aux Caves Legrand avec le sémillant propriétaire de cette grande maison. Lorsque j’arrive, je rencontre Olivier Krug qui est un ami de la maison, en pleine réunion de travail. Le déjeuner est simple mais bon, sardines Chica-Pica de Rödel absolument délicieuses et une pièce de bœuf très tendre aux pommes de terre. Le Burg Bergheim Domaine Marcel Deiss 2005 est très original. Il a des notes fumées, légèrement oxydatives et une palette aromatique très riche. Comme un Fregoli, il change de facette à chaque gorgée. Le Vin de pays de l’Hérault Domaine de la Grange des Pères 2008 est un vin qui est encensé par les aficionados du vin. J’ai souhaité goûter ce vin qui m’était inconnu, lorsque Gérard m’a demandé quel serait mon désir. Riche, puissant, avec des évocations végétales variées, ce vin a de quoi plaire aux palais actuels. J’attends de voir si la magie opère. Mais si je reconnais que le vin est bien fait, le déclic ne se fait pas. Il manque de cette émotion que crée un grand vin. J’ai eu plus de vibration avec le vin alsacien. C’est une expérience à recommencer, car je ne dois pas passer à côté de ce vin encensé par beaucoup.

Dîner au Blue Elephant à Paris dimanche, 11 mars 2012

Dîner au Blue Elephant, table thaïlandaise à la belle cuisine conventionnelle mais goûteuse. Un Dom Pérignon 2000 est agréable à boire mais ne me remue pas comme il l’a souvent fait. Lorsque je fais doubler la mise, je suis surpris du saut qualitatif de la deuxième bouteille. C’est au moment de faire la photo que je comprends pourquoi : c’est un Dom Pérignon 2002, qui ne figure pas sur la carte des vins, qui l’a remplacé. Bonne pioche et quel beau champagne romantique. Fleurs blanches et romantisme, c’est sa signature.

dîner au « Bouchon » Beverly Hills mardi, 6 mars 2012

Un ami américain que j’ai connu sur le forum de Robert Parker m’avait annoncé son passage à Paris début avril et m’avait demandé si nous pourrions nous rencontrer. Prenant la balle au bond, sachant qu’il habite Berverly Hills, je lui ai dit : « rencontrons-nous d’abord lors de ma visite ». Il m’a répondu : « rejoignez un dîner que je fais, rendez-vous au restaurant ». Rien d’autre, pas d’indication sauf celle de ne pas apporter de vin car il y en aura. Le lieu et la date changèrent, mais au bout du compte, nous nous retrouvons au restaurant « Bouchon » Beverly Hills, qui fait partie du groupe de Thomas Keller propriétaire du fameux « French Laundry » dans la Napa Valley. Surprise, je me retrouve avec des jeunes vignerons de Saint-Emilion qui étalent sur un étagère les 2009 que nous allons boire : Clos des Jacobins, Château la Commanderie, Clos de la Vieille Eglise qui est un pomerol, Clos du Breuil, Château Fleur Cardinale, Secret de Cardinale, Rol Valentin qui a ajouté un 2005 au 2009. Voilà un programme sympathique. Alors qu’on nous avait réservé une belle table sur un balcon de l’immeuble où se situe le restaurant, mon ami Jeff nous fait préparer une table deux fois plus petite où nous sommes serrés comme des sardines.

Alex, le sommelier qui avait travaillé dans le passé pour les dîners de Bipin Desai nous sert un Marcassin Chardonnay 2005. Ce vin est étrange car il semble d’une jeunesse extrême. Dire que c’est un 2010 serait logique. Il est typé californien, avec une puissance très prégnante. On sent qu’il a un beau potentiel de développement. Mais je trouve que le final est trop court et l’amertume trop grande. Le Kongsgaard 2006, lui aussi chardonnay est très oxydé. Il déplait à tous, malgré un gros fruit et un fort caramel.

Nous passons aux rouges avec un Cain Concept 2002 à dominante cabernet sauvignon, doucereux et fort poivré. C’est le second vin du Cain Five 2003 où le cabernet sauvignon ne fait que 45% contre 84% pour le précédent, avec un pourcentage significatif de petit verdot (20%). Le nez est plein de charme. Il est très doux, avec un final de cassis. Il titre 14,7°, ce qui doit être d’une grande modestie. Il est vert, fort, avec du fenouil et des tannins durs. Il ne manque pas de charme.

Le Arrowood 1997 cabernet sauvignon est très bon, délicat vivant et vibrant. Il a une belle fraîcheur. Les vignerons et moi-même, nous commençons à trouver que l’introduction américaine est bien longue et nous commençons à penser que les vins français ne seront pas bus. La Rota Vineyard 1994 cabernet sauvignon a un nez très élégant. Le vin est bon, joli, charmant. Mais il manque vraiment de longueur et assèche la bouche. La Conn Valley Right Bank 2007, petit clin d’œil aux vignerons qui sont de la rive droite de Bordeaux, est majoritairement merlot. C’est un joli vin très boisé et un peu râpeux.

Vient enfin un vin français mais qui ne provient pas des présents, Château La Croix Saint-Georges 2001, vin beaucoup plus frais et léger que les précédents, d’une belle élégance. Jeff, du fait de ma présence, a apporté un Château Cheval Blanc 1970. Comment faire quand le vin a été ouvert à mon intention, et quand il est bouchonné, si celui qui l’a offert prétend que non ? Une des vigneronnes avait déjà sans crier gare vidé son verre dans un crachoir. Le vin, malgré une belle attaque, est envahi par le goût de bouchon. L’intention était amicale.

Le Spottswoode cabernet sauvignon 2007 est un vin très riche qui a obtenu 100 points Parker. Il est surpuissant. C’est du copeau de bois, riche bien sûr, mais sans véritable émotion.

Le « Bouchon » est un bistrot à la cuisine d’une belle précision. Le jarret de veau fourré au ris de veau est d’une tendreté remarquable. Ce dîner fut curieux, puisque les vignerons avaient apporté leurs vins pour qu’on les boive. Ils vont les présenter à la presse demain. Ces vignerons sont sympathiques, motivés à promouvoir leurs vins auxquels ils consacrent toute leur énergie. Leurs avis sur les vins américains ont été contrastés, parfois opposés. J’avais à côté de moi un sommelier qui est inscrit aux plus prestigieux concours de sommellerie. Cette soirée dont je ne savais rien, fut fort sympathique, avec des vins américains qui ne m’ont pas franchement convaincu et la défaillance d’un vin emblématique. On conservera surtout la chaleur de l’amitié.

au restaurant du Yacht Club de France mercredi, 29 février 2012

Les déjeuners de conscrits prennent un rythme plus rapproché. Nous nous rendons une fois de plus au restaurant du Yacht Club de France. L’ami qui nous invite a conçu avec Thierry Le Luc directeur de la restauration et avec le chef un menu normand. J’espère pour les normands qu’ils ne s’imposent pas de tels traitements, car ce fut pantagruélique. Ce qu’il faut signaler, c’est l’élégance de la recherche. Le premier champagne d’apéritif est assez peu accueillant. Ne sachant pas ce qu’il est, je suis allé lire l’étiquette à la fin de l’apéritif et quelle ne fut pas ma stupeur de constater que c’est un Champagne Joseph Perrier sans année. J’ai appris à aimer les champagnes de cette sympathique maison et celui-ci ne correspond pas à ce qu’il devrait être. Celui qui suit est le Champagne rosé Mignon sans année. Il est nettement plus civilisé. Nous passons à table et l’assiette normande façon « Café Gourmand » est faite de plusieurs réalisations vraiment gourmandes telles que maquereau à la moutarde, feuilleté de tripes, feuilleté camembert et andouille de Vire, quiche huîtres et moules, Saint-Jacques sur une andouille de Vire. Le Champagne Billecart Salmon sans année est un aimable compagnon. Mais l’andouille réclame un rouge et le Château Talbot 1988 joue très bien son rôle d’accompagnateur. Le vin est fortement tannique, et l’on sent qu’il a une belle charpente. Il se boit avec plaisir sur un tournedos de veau aux pommes, purée et champignons, et une sauce crème au calvados qui fort heureusement n’est pas dominant. Les normands gagneraient toutes les guerres s’ils infligeaient à leurs ennemis un trou normand fait d’un sorbet à la pomme et du calvados, fruit de la distillation des parents de Marine, notre jolie serveuse normande. On comprend pourquoi le champion olympique du cent mètres n’est pas normand.

C’est sur ma suggestion que le cidre offert par le vice-président du Yacht Club de France est associé à un beau camembert. Le cidre n’est pas parfait, un peu amer, mais on sent bien la pertinence de l’accord. S’il fallait achever les survivants de notre table, c’est la crêpe flambée selon la recette de la mère Poulard qui donne l’estocade. Mais les hommes de 1943 sont indestructibles, et nous avons fait honneur au calvados de Marine, frais car il fut l’objet d’une distillation courte. Notre club de conscrits s’appelle Club 2043 car nous avons l’intention de devenir centenaires. Ce n’est pas avec ce délicieux repas que nous en prenons le chemin !

Dégustations de folie à Bochum – jour 2 avec un vin de 1727 dimanche, 19 février 2012

Ma sainte mère me disait : « trop parler nuit ». Je n’aurais jamais dû dire que j’adore ouvrir les vins car Uwe vient me prendre à mon hôtel à 15h30 et me conduit dans une petite maison assez sinistre où l’on peut imaginer qu’un célibataire endurci, au lieu de la peupler de chats, l’a laissée s’envahir de vins. Le lieu est sombre, bizarre et Uwe me dit : « comme tu aimes ouvrir les vins, à toi de jouer. De plus, j’ai oublié mes tirebouchons au restaurant hier soir ». Je regarde l’énorme quantité de vins et je cherche des yeux la 1727. Stupeur, la bouteille a une étiquette et une capsule toutes neuves. Je me prends à imaginer qu’il s’agit d’une méprise grossière. Uwe aurait-il commis l’erreur de confondre la date de création de l’entreprise, comme 1664 pour Kronenbourg, avec la date du vin ? Mon effroi sera passager car Uwe m’explique que cette bouteille provient de douze fûts de vin de Rheingau, de vins de 1683, 1717 et 1727, conservés dans la Bremen Rathskeller, non détruits sous Napoléon car il ignorait les vins allemands, et qui, par ouillages successifs, ont donné lieu à un dernier fût, mis en bouteilles dans les années 60 du vingtième siècle. Il me montre le certificat d’authenticité délivré par la Bremen Rathskeller.

Pour me donner du cœur à l’ouvrage, car j’ai 23 vins à ouvrir, Uwe me demande d’ouvrir un Urziger Würzgarten Auslese Robert Eymael 1971, vin de Moselle que nous buvons pendant que j’officie. Il est époustouflant. Riche, rond, coloré, évoquant les fruits jaunes, il est gouleyant et gourmand. Il faut bien cela, car la tâche est rude. Je n’ai jamais rencontré autant de bouchons à problèmes, trahissant des conservations hasardeuses dans de mauvaises caves. Dans cet ensemble, il y a des parfums impériaux, des parfums incertains, et des promesses d’actes de décès. Ce travail est tellement harassant que j’ai failli plus d’une fois abandonner. Mais je n’allais pas laisser Uwe dans l’embarras. Lorsque tout est ouvert, Uwe met des bouchons neutres sur les bouteilles qui sont transportées debout jusqu’au restaurant. Au moment de partir, Uwe retrouve ses tirebouchons qu’il croyait oubliés au restaurant. Je ne pense pas que c’est un coup monté. Il m’aurait volontiers aidé.

Pendant que je me change à mon hôtel, Uwe fait une double décantation pour chaque vin pour éliminer les lies. Je suis bien heureux de ne pas avoir vu ce micmac que je réprouve.

A18h30 nous sommes quatorze autour de la table, ce qui donnera des services de 13 verres, car deux personnes se partageront un verre. J’ai demandé à Uwe d’être assis à côté de Marcus Del Monego, meilleur sommelier du monde, avec qui nous allons nous régaler et bavarder de mille souvenirs de grands vins.

Le premier vin bu debout est un Riesling Spätlese trocken J.B.Becker Wallufer Walkenberg 1990, plutôt amer et très sec. Il est suivi d’un Monziger Frühlings Plätzchen Riesling Trocken Spätlese Emrich Schönleber magnum 1989. Le vin est plus chaleureux. Les deux vins sont très secs. Au fur et à mesure, ils prennent de l’ampleur et deviennent plus ronds. Mais l’astringence et le poivre fort dominent. La couleur du 1990 est plus dorée que celle du 1989. Si mon enthousiasme est limité, c’est que j’ai encore la mémoire du somptueux 1971 bu chez Uwe, au charme infini.

Nous passons à table avec trois vins. Le Schloss Reinharthausen Hettenheimer Wisselbrunn 1934 a une petite fatigue à l’attaque, mais on sent toute la grandeur. Il y a du fumé, de l’abricot et un beau final. La minuscule fatigue n’empêche pas le vin d’être très beau. Il est très chaleureux, même si l’on sent quelques relents de gibier.

Le Deidesheimer Hergottsacker Riesling Spätlese Würzburg Rheinpfalz 1949 a un nez délicat, plus léger et aérien. La couleur est très jolie. Le vin est un peu perlant. C’est un très grand vin évoquant le caramel. Mais il se replie sur lui-même puis se renforce à nouveau, devenant meilleur que le vin suivant.

Le Erdener Treppchen feine AusleseWachstum Schönmann 1949 a un nez très intense. C’est le meilleur. Des traces de poussière dans le vin à la couleur à peine grise sur l’ambre ne l’empêchent pas d’être beau, avec des accents de madère, à l’alcool présent. Au fil du temps, l’alcool devient trop prégnant.

Le Niersteiner Riesling 1870 # dont la date est estimée autour de 1870 a un nez dix fois meilleur que lorsque je l’avais ouvert. Il est un peu fatigué, mais c’est un témoignage intéressant. Il est un peu monolithique, dans les pommes cuites et la pâtisserie, mais je le trouve hautement intéressant.

Le Assmannshauser Spätburgunder 1872 est le plus vieux vin rouge allemand qui existe encore. Uwe nous dit qu’il n’en reste plus que 19 bouteilles, toutes dans sa cave. Le vin est très grand. J’écris : « génial ». Il est vivant et c’est le type de vin pour lequel on est prêt à excuser tous les défauts, car ce qu’il raconte et totalement vibrant. Son petit côté vieille armoire, on l’écarte, car il parle, et on l’écoute. C’est un vin merveilleux, de grande fraîcheur. Je n’aurais pas parié sur ces deux ancêtres à l’ouverture. Leur retour à la vie est impressionnant.

Je reviens un instant sur le 1934 qui montre un joli fruit incroyable.

C’est maintenant le moment de boire le Rüdesheim Apostolwein Rathskeller Bremen 1727. Uwe m’avait dit qu’il tenait à ouvrir ce vin. Il me laisse l’ouvrir. La couleur est d’un or très franc, brillant et non ambré. Le nez est pur comme celui d’un liquoreux de 1920. C’est fou. Il évoque les liquoreux de type Maury. En bouche, il est très sec. Il a pour moi un goût de déjà vu, car il allume des tonnes de réminiscences, et je pense aux très vieux sauternes devenus secs. Ce qui est fou, c’est sa pureté. Je suis sans voix, car le vin est parfait. Comme lundi dernier avec l’Hermitage La Chapelle 1961 je veux m’isoler du monde pour analyser dans le moindre détail ce plaisir. Il y a des fruits secs, du mendiant, un peu de café en trace dans le final. Il évoque aussi de vieux Xérès ou des Alicante très anciens. Par moments, on a des traces de ce qui fait le charme des vins de Chypre. On sent aussi l’amertume de l’ananas. C’est assez phénoménal au point que l’on se demande si c’est possible. Uwe et Marcus sont catégoriques, et garantissent que ce vin est authentique. Alors, c’est fou. Mes vins de Chypre de 1845 sont d’une éternelle jeunesse. Un vin qui a 118 ans de plus est aussi d’une éternelle jeunesse. Nous buvons un morceau d’éternité.

Marcus nous dit que ce vin de la Rheingau n’est pas un riesling mais très probablement un Orléans blanc. Le nez est d’une race unique. L’âge de ce vin nous chavire, car il y a plus de distance entre lui et le 1872 que nous venons de boire qu’entre 1872 et aujourd’hui. C’est tout simplement fou. Comme il y a dans ce vin un peu de 1683, je repousse encore les limites de ce que j’ai bu de plus vieux.

Nous passons maintenant à des vins plus actuels, avec une série de trois vins. Les couleurs sont très jeunes, surtout celle du 1929. Le Château Gruaud-Larose Faure-Bethmann 1928 est très solide. Il est assis, à l’énorme équilibre. Il est très fort. Le Pétrus 1929 est plus profond, plus riche, plus séducteur. On sent la truffe. C’est un vin puissant. Le final est d’une rare richesse. C’est un grand vin très impressionnant. Le Château Troplong-Mondot 1934 a un nez un peu imprécis. Sa structure est plus faible. Il n’a pas assez d’équilibre. Il est un peu aqueux.

Le 1928 me plaît par son côté carré, solide. Le Pétrus est chantant et c’est sa jeunesse qui impressionne. Il a une grande finesse de trame. Il n’est pas éblouissant, mais il est très grand, vin de charme et de finesse. Le 1934 n’est pas mal, mais pas du niveau des autres, un peu amer en finale. Le fruit rouge du Pétrus est impressionnant et Marcus souligne son côté tannique.

C’est le tour du Château Pontet-Canet magnum 1955. La couleur est un peu foncée. Le vin est d’une fraîcheur extrême. Il est beaucoup plus frais que les trois vins précédents. Il est moins complexe mais plus franc. C’est un vin de soif, de plaisir. Il prend un velouté extrême et évoque la confiture de framboise. C’est un vin de très grand plaisir. Je dirais volontiers que si l’on cherche l’ADN du vin de Bordeaux, c’est-à-dire un vin qui pourrait résumer par un savant compromis ce qu’est un bordeaux, ce serait ce vin-là. Et si on cherchait une maturité archétypale, ce serait celle-ci. Ce vin est un repère central.

Je reprends une goutte de Pétrus, la dernière, et ce vin est une pure folie.

Vient une nouvelle série de trois. Le Château La Conseillante 1949 a un très joli nez, alors qu’il était moyen à l’ouverture. Il est très doux, presque sucré, et cette sucrosité empêche de l’aimer vraiment.

Le Château La Mission Haut-Brion 1955 a un nez de ventre de lièvre. Inutile d’insister, il est mort. Et comme hier, je m’étonne que personne ne le condamne vraiment.

Le Château Haut-Brion 1955 a un nez de feu de cheminée, de graphite, de camphre. Ce nez empêche de goûter le vin, moins pire que son parfum. Cette série est de loin la plus faible.

Sur le chevreuil délicieux, le Chateauneuf-du-Pape Clos des Papes magnum 1990 a un nez fantastique et de grande noblesse. En bouche il est puissant, poivré, majestueux. Il une belle amertume, un beau poivre et une grande puissance. Il affirme son caractère de Chateauneuf-du-Pape. C’est un superbe vin jeune.

Encore une série de trois vins. Le Vega Sicilia Unico 1947 a une couleur très claire. Le Château Cheval Blanc 1947 a une couleur très dense et très belle.. Le Château L’Angélus 1947 a une couleur fatiguée.

Au nez, l’Angélus est fatigué comme les 1955. Pour moi il est mort. Le Vega a un nez fabuleux, de compote de fruits rouges et je l’adore, car c’est la signature des vieux Vega. Alors, je ne vais pas du tout être objectif. C’est un vin fantastique, énorme, et je suis prêt à ignorer d’éventuels défauts. Il n’en a pas, sauf peut-être une présence alcoolique forte.

Le Cheval Blanc a un nez de Cheval Blanc. La présence de porto dans les suggestions du vin indique que c’est un vrai. Il est parfait, grand, mais pas assez canaille pour un 1947. Il est plus fruité que celui que j’ai bu ce lundi. C’est un grand Cheval Blanc 1947, mais j’avoue que je ne monte pas au ciel.

A cette série, Uwe rajoute un vin qui n’est pas sur la liste, à goûter à l’aveugle. Il est très grand, porteur d’émotion, mais il est très difficile à situer. Je risque Châteauneuf, Marcus risque bourgogne, et c’est un Château La Perrière, Lussac Saint-Emilion 1947. Lorsque Uwe donne la réponse, nous éclatons de rire Marcus et moi, et comme des footballeurs qui viennent de marquer un but, nous nous tapons dans les mains, souriant de nos communes confusions. Le vin m’apporte plus d’émotion que le Cheval Blanc 1947, ce qui est un compliment pour ce vibrant bordeaux, à la tension extrême.

La prochaine série de trois comporte des vins de Van der Meullen, un marchand de vins belge à qui l’on colle la réputation d’avoir vendu le meilleur, mais aussi le pire, puisqu’on lui prête beaucoup de faux, notamment sur des 1947. J’ai entendu ce soir une version particulièrement originale, puisque Uwe prétend que les faux que l’on trouve sont faits par des gens qui ont fabriqué de faux Van der Meullen et non pas Van der Meullen qui a fabriqué des faux. C’est assez original car je vois mal un faussaire qui copierait des mises de négoce. Bref. La couleur du Nuits-Saint-Georges Van der Meullen 1926 est assez tuilée. Les deux autres vins sont bien rouges,. Le Chambertin Van der Meullen 1947 est rubis et le Vosne Romanée Van der Meullen 1947 est plus clairet.

La 1926 pue. Inutile d’insister. Le chambertin a un nez superbement bourguignon, et le Vosne-Romanée a un joli nez, un peu moins tonitruant que le Chambertin.

Le 1926 a un goût de gibier, on l’oublie. Le chambertin est superbe, d’un joli velours, mais le final est trop rêche. C’est dommage, car à l’attaque je l’aurais placé très haut. Le final est trop amer, de chicotin. Le Vosne-Romanée est hélas bouchonné, sensible maintenant au nez et en bouche, et je le condamne peut-être trop vite, car il perd cette sensation de bouchon. Il devient presque aimable.

La partie vins est finie et l’on nous sert un Porto Vintage Graham’s 1924 très plaisant sur la première gorgée, mais qui explose d’alcool. Il est pour moi beaucoup trop fort, ce qui empêche d’en jouir.

Le Tokaji Eszencia 1945 est très racé assez lourd, et plus alcoolisé que ce qu’un Eszencia devrait être. Il n’est pas désagréable, mais ne crée pas de réelle émotion.

Uwe, dans sa générosité, ne sait pas conclure un repas. Car il nous apporte un Wehlener Sonnenuhr Spätlese Joh. Jos. Prüm 2007 qui est immense de fraîcheur et corrige bien la lourdeur des deux vins précédents. Il est velouté, délicat et très agréable. Et ce n’est pas fini, car notre groupe se retrouve au bar de mon hôtel pour trinquer sur une bière Fiege Pils Moritz bu dans un verre dont le dessin et le design a été fait par Marcus avec qui je trinque à notre amitié.

Que dire de tout cela ? Je me suis inscrit à ce dîner pour le 1727, et je viens de boire un miracle. Uwe est un passionné généreux, qui déniche des vins rares. Il est un peu brouillon, et l’atmosphère du repas était assez triste car chacun prenait des notes dans son coin, sans communiquer. J’ai essayé de créer des échanges, mais ce n’est qu’à la fin que ce fut chaleureux. Heureusement, j’avais Marcus à mes côtés. Les vins se sont comportés nettement mieux que ce que je redoutais car beaucoup provenaient de mauvaises caves. Il y a eu beaucoup de déchets, mais quelle importance ! Quand on aime les vins anciens, il faut accepter les accidents.

Mon classement final est : 1 – Rüdesheim Apostolwein Rathskeller Bremen 1727, 2 – Pétrus 1929, 3 – Assmannshauser Spätburgunder 1872, 4 – Vega Sicilia Unico, 5 – Château Pontet Canet 1955, 6 – Chateauneuf-du-Pape Clos des Papes magnum 1990, 7 – Niersteiner Riesling 1870 #, 8 – Château La Perrière 1947, 9 – Château Cheval Blanc 1947, 10 – Château Gruaud-Larose Faure-Bethmann 1928.

Les trois premiers sont nettement détachés des autres. Je n’ai pas classé les vins allemands car c’est difficile, mais si je le faisais, je mettrais le Urziger Würzgarten Auslese Robert Eymael 1971 bu en dehors du repas en numéro 4.

Deux jours de folie, mais des souvenirs qui s’ajoutent pour toujours.

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Chez Uwe, les vins m’attendent pour que je les ouvre

Il ouvre un Urziger Würzgarten Auslese Robert Eymael 1971 à boire pendant ce travail

Riesling Spätlese trocken J.B.Becker Wallufer Walkenberg 1990

Monziger Frühlings Plätzchen Riesling Trocken Spätlese Emrich Schönleber magnum 1989

Schloss Reinharthausen Hettenheimer Wisselbrunn 1934

Deidesheimer Hergottsacker Riesling Spätlese Würzburg Rheinpfalz 1949

Erdener Treppchen feine AusleseWachstum Schönmann 1949

Niersteiner Riesling 1870 #

Assmannshauser Spätburgunder 1872

Rüdesheim Apostolwein Rathskeller Bremen 1727

je suis heureux d’ouvrir cette bouteille de 1727 même si l’embouteillage est récent

Château Gruaud-Larose Faure-Bethmann 1928

Pétrus 1929

Château Troplong-Mondot 1934

Château Pontet-Canet magnum 1955

Château La Conseillante 1949

Château La Mission Haut-Brion 1955

Château Haut-Brion 1955

Chateauneuf-du-Pape Clos des Papes magnum 1990

Vega Sicilia Unico 1947

Château Cheval Blanc 1947

Château L’Angélus 1947

Château La Perrière, Lussac Saint-Emilion 1947 (pas de photo hélas – rajouté en cours de repas)

Nuits-Saint-Georges Van der Meullen 1926

Chambertin Van der Meullen 1947

Vosne Romanée Van der Meullen 1947

Porto Vintage Graham’s 1924

Tokaji Eszencia 1945

Wehlener Sonnenuhr Spätlese Joh. Jos. Prüm 2007

la bière finale de camaraderie après le repas mémorable

Dégustations de folie à Bochum – jour 1 dimanche, 19 février 2012

A 19h30 Uwe se présente à mon hôtel à Bochum et m’emmène à quelques hectomètres dans une grande bâtisse qui dépend de la ville et pourrait servir de centre de congrès de Bochum, mais à taille humaine. Dans l’immense salle à manger au plafond dans les étoiles, la table pour le dîner de demain avec la bouteille de 1727 est déjà dressée pour une quinzaine de personnes. Sur une tables, des rangées de verres alignées, et deux ou trois sacs à vins sont ouverts et contiennent un grand nombre de bouteilles que l’on sent anciennes.

Uwe me montre sa méthode d’ouverture des vins et il est rapidement convenu que j’ouvrirai les vins, ma méthode apparaissant plus appropriée que la sienne. Je commence donc à ouvrir des bouteilles quand Uwe me tend un verre. Le nez est prodigieusement fruité. Il n’est pas compliqué d’imaginer qu’il s’agit d’un riesling allemand. Au nez, le vin riche pourrait avoir dans les quinze ans, mais en bouche, on sent qu’il est beaucoup plus jeune. C’est un Monzinger Frühlingsplätzchen Emrich-Scönleber 2004. Vraiment très plaisant et juteux.

Je me rends compte alors que nous sommes quatre, Uwe, Stephan, Daniel et moi, alors que les sacs regorgent de bouteilles. Daniel est un amateur allemand et Stephan vend des verres de vins spécialisés dans le haut de gamme et il nous a montré les différences de parfum mais aussi de saveurs qui apparaissent lorsque l’on prend des verres adaptés. Allons-nous ouvrir tout ?

Le vin suivant est un Riesling Auslese Trocken Pfalz Koehler Ruprecht « R » 2001. Il titre 13°. Ce vin est élégant et d’une extrême précision. Le savoir-faire est immense. J’ouvre bouteille après bouteille, mais je m’arrête, car cela me semble indécent. Avant de passer à table, on me tend un verre de Zeltinger Sonnenuhr Spätlese Joh. Jos Prüm 2007 qui titre 8,5°. Ce vin de Moselle inspire le respect. C’est le vin allemand par excellence, que l’on devrait beaucoup plus souvent explorer.

Nous passons à table et Uwe a déjà épuisé toute sa provision de vins blancs, tant il est généreux et sert à profusion. Dans cette immense salle, vide depuis le départ des deux seuls autres clients, nous allons passer cinq heures de folie. J’imagine volontiers les aimables serveuses se demandant : « mais quand vont-ils finir ? ». Nous commençons le repas très correctement exécuté, nettement mieux que ce que j’aurais imaginé dans ce lieu imposant et impersonnel. Saumon délicatement fumé, soupe roborative, coquilles Saint-Jacques et gambas bien cuites, poitrine de canard au gratin de pomme de terre de belle réalisation, fromages variés, tout cela fut simple mais bon.

Il restait un blanc, anecdotique, un Vin de Bordeaux blanc, appellation Bordeaux contrôlée, domaine du Bourdieu à Soulignac sans année. Sur l’étiquette, sur un fond de carte routière, une assiette d’huîtres ouvertes et une assiette de homard sont d’une grande naïveté. Le vin est mort, ce qui me permet de remarquer que personne n’ose le dire, et plusieurs fois je serai celui qui ose appeler par son nom l’état d’un vin.

Le premier des rouges est celui que j’ai apporté, un Vieux Château Certan 1955 dont le niveau est dans le goulot. La présentation de la bouteille est parfaite, le bouchon est remarquable, et je casserai le suspense en disant qu’il fut « la » vedette de ce dîner. Uwe, qui a déjà fait des dégustations verticales de Vieux Château Certan n’en revient pas tant il est parfait. Daniel lui donnerait volontiers 100 sur 100 dans la notation parkérienne. Et c’est vrai que ce pomerol est tout simplement parfait. Il a tout pour lui, le charme, l’équilibre, la force et la longueur; Au long du repas nous y sommes revenus souvent.

Daniel ouvre de son sac un Château La Mission Haut-Brion 1983. Il est très fermé. On sent qu’il est plus noble que le pomerol, mais il est beaucoup trop strict. Il évoque la terre où il est né. C’est un grand vin, mais beaucoup trop jeune, malgré ses 28 ans !

Arrive alors une de ces curiosités dont Uwe a le secret. C’est un Château Clinet 1943 mise en bouteilles par un négociant belge Daniel Sanders dans une bouteille bourguignonne. Ce vin est authentiquement pomerol et évoque intensément la truffe. Il est très vif et agréable à boire. C’est une belle curiosité.

Le Clos-Vougeot Château de La Tour Morin 1935 se présente dans une bouteille sans cul dont l’assise arrondie est plus large que le cylindre de la bouteille. Encore une curiosité de plus. Le vin est délicieux, très vivant, aux beaux fruits rouges.

Le Nuits-Saint-Georges Moillard-Grivot 1945 a un nez fatigué. Il se présente en deux parties : l’attaque est très fruitée, plaisante, et le final est torréfié, comme si le vin était brûlé.

Le Nuits-Saint-Georges François Gilles 1945 est bouchonné, mais le vin en bouche est plaisant, comme si le bouchon n’existait pas. Le fruit est joli et le vin est puissant. Mais le goût de bouchon au démarrage lent s’impose de plus en plus. Uwe essaiera de verser le vin en carafe sur un film plastique. Une demi-heure plus tard, si le goût de bouchon a disparu pour nos narines, il laisse en bouche l’impression désagréable d’un vin déstructuré.

Pour s’extraire de ces vins approximatifs, Daniel va ouvrir un vin en cachette et nous le verse. J’annonce 1986 et Stéphane 1985. Il s’agit de Château Montrose 1970 qui est très joli, vivant et expressif. C’est un très joli vin.

Uwe me demande d’ouvrir un vin que nos deux autres compères vont découvrir à l’aveugle. Ils disent tous les deux des millésimes comme 1945 ou alentour. Il s’agit du Clos des Grandes Murailles (ancien Clos des Moines) Saint-émilion Commandant Malen propriétaire 1928. Cette bouteille carafée sur l’instant car le bouchon est tombé sans que je puisse l’empêcher est fantastique.Le fruit rouge est de folie. Je trouve le vin absolument merveilleux. Si le Vieux Château Certan 1955 est la perfection, ce 1928 est un cri d’amour.

Le Château Pavie 1952 a une couleur très foncée. Le vin est d’une attaque charmeuse et élégante. Le vin est légèrement imprécis mais très agréable.

Le Vosne-Romanée Les Malconsorts Domaines Grivelet 1952 dont je venais de voir le petit enfant de 2009 au siège de la maison Albert Bichot puisque cette parcelle est maintenant leur propriété est trop fatigué pour capter mon intérêt, avec son nez de gibier et sa bouche trop doucereuse. Mes amis sont moins catégoriques.

A ce stade, nous alignons les bouteilles de la soirée, quatorze en tout pour la photo, et Uwe ne cesse de nous proposer d’aller jusqu’à sa salle de dégustation à quelques minutes d’ici pour continuer de déguster. Il est tellement généreux. Nous résistons, car c’est demain le grand jour, mais Uwe ne veut pas s’avouer vaincu.

Il apporte des verres que nous goûtons à l’aveugle. Pour moi la Bourgogne ne fait pas de doute, et je cite 1955. Car la robe d’un très beau rouge est vivante, le nez est beau et le vin est magnifique. Il s’agit d’un Moulin-à-Vent Piat et Cie 1949. Après coup, je prends conscience de toutes les notes qui signent un beaujolais, mais le caractère bourguignon semblait si évident. Il s’agit d’un très grand vin. Curieusement le bouchon porte comme inscription « Desprat Vins Aurillac ».

Uwe qui est têtu apporte un nouveau vin mystère. Le nez est de fenouil, d’anis et de menthe. La bouche est très végétale avec un peu de café, signe de torréfaction mais qui n’est pas négative. C’est aussi un très grand vin. Vu l’étrangeté j’ai suggéré un beaujolais, pourquoi pas, et mes autres compères ont aussi faux que moi. C’est un Chateauneuf-du-Pape A. R. Barrière Frères 1959, étrange, original, que je n’aurais jamais mis en Chateauneuf-du-Pape, finalement très plaisant.

Il a fallu presque forcer Uwe pour que nous levions le camp. J’ai contemplé de grands vins dont il reste beaucoup. Uwe m’a promis qu’il va garder les restes dans des flacons de tailles adaptées, pour que ces nectars ne soient pas perdus.

Dans une telle folie, comment classer les vins ? Je m’y risque : 1 – Vieux Château Certan 1955, 2 – Clos des Grandes Murailles (ancien Clos des Moines) Saint-émilion Commandant Malen propriétaire 1928, 3 – Château Montrose 1970, 4 – Moulin-à-Vent Piat et Cie 1949, 5 – Zeltinger Sonnenuhr Spätlese Joh. Jos Prüm 2007, 6 – Château Clinet 1943, 7 – Chateauneuf-du-Pape A. R. Barrière Frères 1959.

Pour beaucoup de vins, il doit s’agir d’achats en vrac, où toutes les surprises sont possibles. Il y a eu quelques déchets ce soir, mais les « bonnes pioches » valaient le détour. Ce qui m’a plu, c’est la générosité d’Uwe et l’ouverture au vin de ces trois amateurs, qui ne condamnent pas un vin de façon péremptoire. Ce dîner est un belle entrée en matières pour l’événement que j’attends avec impatience.

Monzinger Frühlingsplätzchen Emrich-Scönleber 2004

Riesling Auslese Trocken Pfalz Koehler Ruprecht « R » 2001

Zeltinger Sonnenuhr Spätlese Joh. Jos Prüm 2007

Vin de Bordeaux blanc, appellation Bordeaux contrôlée, domaine du Bourdieu à Soulignac sans année

Vieux Château Certan 1955 qui est mon apport. On voit le niveau très beau et le bouchon d’une élasticité exemplaire.

Château La Mission Haut-Brion 1983

Château Clinet 1943

Clos-Vougeot Château de La Tour Morin 1935 (on note le renforcement du verre au pied de la bouteille)

Nuits-Saint-Georges François Gilles 1945 (essai de film plastique pour enlever le goût de bouchon)

Nuits-Saint-Georges Moillard-Grivot 1945

Château Montrose 1970

Clos des Grandes Murailles (ancien Clos des Moines) Saint-émilion Commandant Malen propriétaire 1928

Château Pavie 1952

Vosne-Romanée Les Malconsorts Domaines Grivelet 1952

Moulin-à-Vent Piat et Cie 1949

Chateauneuf-du-Pape A. R. Barrière Frères 1959 (très beau bouchon avec une inscription sans rapport)

les bouchons

les plats