Archives de catégorie : dîners ou repas privés

celebration of Lise mardi, 3 juillet 2007

I am grandfather for the fourth time, and Lise, daughter of my daughter Agathe appeared on June 28.

My wife was still in Paris to help Agathe and after Vinexpo I had driven directly to the South.

So I flew back to Paris when Agathe left the clinic and arrived at her home nearly at the same minute as she arrived.

Guillaume, the father, opened a Chateau Laville Haut-Brion 1979 which we had enjoyed already, but we could check with evidence how Laville reacts to the temperature. The wine, being too warm (even if it was cold), was flat, did not talk, and had no interest. I asked Guillaume to serve it very cold, and then, we had a real Laville, full of charm, and really talking this time.

As we were dissatisfied by the beginning of the Laville, Guillaume opened a half Riesling Domaine Weinbach, Faller frères 1979. When this one was cold enough it was an exciting Alsatian Riesling, with no real trace of age. Very enjoyable on a delicious chicken. Guillaume had the idea to cut some slices of “poutargue” (pressed eggs of a white fish), and the combination was nice too.

I came back today to spend the day with Agathe and my wife and Lise, and this time, I had ammunitions.

It should be stressed how the corkscrews are important. Because having the corkscrew of the house, I had an extreme difficulty to lift the cork of Chateau d’Yquem 1976 which broke.

And I saw like in an horror film the last part of the cork play as a submarine, answering to the appeal of the abysses and falling in the liquid. It made me mad.

I found another corkscrew in a drawer to try to lift the cork of Romanée Conti DRC 1980.

When the capsule was away, as usual I found some earth on the top of the cork, with a typical smell of the earth of the cellars of Romanée Conti. I tried to lift, and the cork resisted strongly. It took me nearly 30 minutes to lift the cork entire. It is a very sound cork. The level in the bottle is at the maximum possible level nearly reaching the capsule.

I smelt the wine and : wow ! This is a perfect Burgundian smell.

As I write these words, I will have to wait for 5 hours between smelling and serving the wine to check if this wine is as good as this smell suggests.

Of course I will comment the tastes, but to celebrate Lise, an Yquem and a Romanée Conti had to be opened. I hope it will be a good sign for her life.

More news to come.

——

While my daughter is feeding her baby, I have some minutes between Romanée Conti and Yquem.
We began with Dom Pérignon 1998. But my son in law has them too warm. The pleasure was divided by two.
On a lamb "gigot" with traces of garlic and potatoes perfectly cooked in their skin, the Romanée Conti is "the" wine.

My son in law and I, we have enjoyed every drop as a gift of God.
The wine behaves exactly as the meat. What is bitter in the meat is bitter in the wine. What is salty in the meat is salty in the wine.
This is the type of Burgundy that I love absolutely.
Is it my taste : yes.
Am I influenced by the label : probably yes, but who cares.
We have enjoyed every drop as a pure gift.
And I recognise in this wine what I adore in Burgundy : a wildness that is understandable only by conquered people.
I am on a cloud.
I have had the last drops with sediment, and it was as if I had liquorice in small pieces.Yquem is waiting for me !

Then we had Yquem 1976 with mangoes served in two ways : the crude fruit, and the mango just cooked for some seconds.

Yquem 1976 (this bottle) drunk alone is a pure apricot.
We begin with a Stilton which is already advanced, and it works very well.
Then, we have the mango, prepared in two ways.
With the natural fruit, it is fantastic, and the combination works wonderfully.

But on the grilled mango, it is to die. The mango just grilled is like a sweet which disappears in the mouth. And the Yquem gets a taste of tea.
I adore this combination.
What strikes us is the solidity of Yquem, which is perfect at any moment.

What can be said ?
Yquem is the absolute solidity; Romanée Conti is the pure dream.
As Lise did not want that the star would be the wine, she begged for milk for a long time.
But as we were enjoying a rare night, we were ready to accept any attempt of Lise to let us know that the real star is Lise.

Romanée Conti et Yquem pour Lise mardi, 3 juillet 2007

Je remonte à Paris pour aller voir la petite Lise, nouveau membre de la famille. L’avion a une heure de retard, la circulation parisienne est bloquée et la température quasi polaire quand on la compare à l’éden du Sud. Mon gendre a ouvert Château Laville Haut-Brion 1979 pour trinquer à la beauté de Lise, mais ce vin est extrêmement sensible à la température de service. C’est lorsqu’il fut bien froid que sa grâce se révéla, les trois quarts de la bouteille ne nous ayant montré qu’une pâle image de ce vin que j’adore. Un Riesling Domaine Weinbach, Faller frères 1979 ouvert pour se consoler des prémices du Laville, lorsqu’il fut bien froid lui aussi, révéla un talent alsacien très sympathique, sans trace d’âge et un beau fruit. La vedette est évidemment la petite Lise, qui connaîtra le 22ème siècle, si les errements de l’espèce humaine ne conduisent pas à des dérèglements irrémédiablement mortels.

Le lendemain, je reviens chez ma fille, avec des munitions cette fois. On ne dira jamais assez à quel point les tirebouchons sont cruciaux. N’ayant pas mes instruments, j’ouvre le Château d’Yquem 1976 avec un limonadier à un seul levier. Le bouchon de très grande qualité se brise net et je vois le reste du bouchon jouer les grands jaunes et non pas les grands bleus, succombant à l’appel des abysses, et j’assiste impuissant à cette plongée. Lorsque je découpe la capsule de la Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1980, il y a très peu de poussière noire sur le bouchon. L’odeur est terreuse, comme d’habitude, mais discrète cette fois. Ayant réussi à trouver un autre ustensile, je lutte avec le magnifique bouchon sans pouvoir trouver de prise, car il est fort serré dans sa gaine, mais au bout de vingt minutes je réussis à extraire un beau bouchon entier, qui libère l’odeur du vin la plus romantiquement bourguignonne qui soit. Il reste environ quatre heures avant que je ne puisse mettre mes lèvres à ce grand vin, mais j’ai le sourire, car je sais qu’il sera grand.

Entre temps, passant à ma cave pour préparer les vins d’un futur dîner, je repère un Château L’Evangile 1964 qui a perdu du volume. Je le prends avec moi pour ce soir, pensant que démarrer le dîner sur la Romanée Conti serait brutal, mais mon raisonnement est idiot, car lorsque j’ai ouvert le vin à l’odeur fort désagréable, j’ai compris que le vin ne renaîtrait qu’après plusieurs heures, ce qui rendait illusoire qu’il serve de mise en bouche. Il fut donc laissé sur la touche. Je ne connaîtrai pas son retour à la vie. Ce fut donc un champagne Dom Pérignon 1998 qui débuta la célébration de Lise. Pas assez froid, il ne déploya son charme qu’en fin de bouteille, lorsqu’il fut suffisamment frappé.

Sur un gigot d’agneau du pays d’Oc et des pommes de terre en robes des champs, la Romanée Conti DRC 1980 nous transporte sur des territoires émotionnels infinis. Elle décide de parler la langue de l’agneau. Quand la viande montre une trace d’amertume, le vin prend la même. Quand la viande suggère un goût salin, le vin fait de même. Ce mimétisme est passionnant, mais le vin vaut plus que cela. Son parfum est austère, subtil, ascétique puis se fait matois, enjôleur, cajoleur. En bouche, c’est une montée au ciel. C’est la Bourgogne telle que je l’aime, terrienne, travailleuse, qui expose les souffrances du travail bien fait.  On n’est pas du tout sur le terrain de la séduction mais sur un exposé de toutes les facettes de la grandeur du vin de Bourgogne. On boit ce vin comme on visite un musée de la perfection vinicole. Je suis aux anges, cherchant à capter à chaque gorgée de nouvelles subtilités. Les premières gouttes versées étaient plus claires, les dernières plus foncées, et en mangeant la lie dont la mâche est la même que celle d’une myriade de pastilles de zan, je croque un morceau de bonheur. Ce vin est-il à mon goût ? Assurément et je me complais de ses complexités bourguignonnes. Suis-je influencé par le nom du vin pour le trouver bon ? Assurément aussi, et alors ! Le plaisir d’ouvrir ce vin devenu quasiment inaccessible participe au panorama général. Quand la bouteille est finie, c’est un vide qui se fait tant on est triste que ce moment soit terminé. Mon gendre est subjugué, tétanisé et sans voix par la découverte de sa deuxième Romanée Conti.

Lorsque le Château d’Yquem 1976 est servi, il remet toutes les pendules à l’heure. Yquem, c’est le David de Michel-Ange. On peut le regarder sous tous les angles, l’aborder sous tous les aspects, il est toujours parfait. Ce vin a la couleur d’un abricot doré, et en bouche, il est abricot. Ne cherchons pas ailleurs, il est abricot. Avec un stilton bien mûri, l’Yquem révèle toutes les facettes de son charme, la suavité étant exacerbée par la salinité du Stilton. Nous allons nous livrer à une expérience passionnante. Sur des tranches de mangue crues, l’Yquem est un fruit. La continuité est spectaculaire. Il renie à peine son abricot pour devenir lentement mangue. Et avec des tranches de mangue juste poêlées, qui fondent dans la bouche avec une incroyable douceur, l’Yquem devient thé, Yquem sec, et l’accord est diabolique. C’est ce deuxième accord que je préfère.

Alors, que conclure ? L’Yquem, c’est la solidité la plus affirmée, la plénitude du charme assumé. La Romanée Conti, c’est la folie du charme énigmatique et romantique, qui requiert une attention de chaque instant pour ne rien perdre du drame qu’elle nous joue. Mais Lise s’adresse à nous, en quête de lait maternel. Son insistance nous rappelle que la vraie vedette de cette émouvante soirée, c’est bien elle.

de nouveau des cigales, mais à l’hôtel des Roches mercredi, 27 juin 2007

Ma femme est restée près de ma fille qui va accoucher sous peu. Le sport, c’est bien, mais il y a aussi des moments d’ennui. Je décide d’inviter des amis au restaurant de l’hôtel des Roches.

Sur la belle terrasse au dessus du restaurant, un trio joue des chants brésiliens aux accents joyeux et entraînants. Il est tentant de prendre à l’apéritif un champagne Krug Grande Cuvée particulièrement arrondi et chantant comme ces airs gracieux.

Nous passons à table et le bon plan semble être de prendre artichauts et truffes d’été en entrée, puis des belles et grosses cigales. Je choisis un Domaine d’Ott blanc Clos Mireille 2004 qui est un vin fort agréable, riant d’un fruit complexe, qui déride l’artichaut et se love à la truffe. Un mariage fort agréable et un vin de belle longueur fruitée.

Pour les cigales, je n’avais pas envie de recommencer l’accord brillant avec Yquem tenté aussi bien sur la cuisine de Matthias Dandine que sur celle d’Yvan Roux. J’ai cédé à une envie en commandant un Richebourg Anne Gros 1997.

Ce vin est un pur bonheur. Dès la première gorgée, on est bien, ravi de retrouver le charme bourguignon interprété sur un instrument bien accordé. Car chaque note de ce vin est d’une justesse rare. On se sent bien, rassuré de constater qu’Anne Gros travaille si bien. J’avais aimé son 1996 plus tonitruant, mais j’aime la finesse qu’offre en ce moment l’année 1997.

La cigale de Matthias est évidemment goûteuse, mais je lui préfère la tendreté de celle d’Yvan Roux. C’est évidemment une remarque à la marge, car la cuisine de Matthias est d’un raffinement qui se mûrit chaque jour.

Dans le cadre à la décoration motivante, avec le sourire de Sébastien de plus en plus à son aise dans son rôle de sommelier, avec toute une équipe dynamique et attentionnée, nous avons passé une excellente soirée.

Le trio continuant d’égrener ses mélopées il fallait un armagnac pour les écouter. Ce fut un Bas-Armagnac La Fontaine de Coincy 1973 d’une pureté exemplaire. L’armagnac, quand il est de cette sincérité, rend la nuit lumineuse. Une halte chez Matthias Dandine est un grand moment de bonheur.

 

un chapon chez Yvan Roux samedi, 23 juin 2007

Quittant la fête de la fleur, je tourne ma route vers ma maison du Sud. L’ordre du jour est au sport. Leçon de gymnastique, marche sur une colline qui fait pousser les pulsations, cinquante longueurs de piscine le tout finissant sur une table pour un massage tonique, tout était sérieux jusqu’alors. Le mistral pousse des moutons sur une mer agitée. C’est trop tentant. Je prends mon jet ski et je vais faire des montagnes russes à des vitesses insensées. Je reviens cassé et trempé mais ivre de ma folie. Le programme n’allait pas s’arrêter là, car je vais chez Yvan Roux.

Comme l’habitué du café qui reçoit sans l’avoir demandé son ballon de Muscadet ou son petit crème sans sucre, c’est Laurent Perrier Grand Siècle / Pata Negra qui est mon badge d’accès. Ce Pata Negra est un peu plus sec, filandreux et salé que le précédent, mais quelques morceaux du cœur ont un gras moelleux qui fait sourire le champagne.

(la photo est prise alors que j’avais déjà largement entamé ma portion).

Les anémones de mer frites sont les plus réussies depuis que je viens en ce lieu.

Ce qui est hallucinant, c’est qu’en mangeant ces lamelles panées, j’ai la représentation visuelle des anémones, sortes de cannelés tentateurs prêts à user de leurs tentacules. Il n’est pas interdit au lecteur de tenter des anagrammes, voire des contrepèteries dans cette phrase.

Les anémones accueilleraient volontiers un rouge ou un liquoreux tant on peut exciter la saveur dans le sens de son iode ou de son sucre.

Un chapon se présente sur une assiette où sa tête semble prête à faire douter de qui mangera l’autre. Yvan Roux a traité la chair du chapon d’une façon brillante au point que je me plais à penser que c’est le meilleur chapon que j’aie jamais mangé. Là aussi, un rouge serait à son aise, mais le grand Siècle, imperturbable, a pris la devise de Pierre Dac et Francis Blanche dans le sketch du sar Rabindranath Duval : « vous pouvez le faire ? Mesdames et messieurs, il peut le faire ». Oui, le champagne est ici à son aise comme je le suis.

Une glace à la vanille et mascarpone est devenue un rituel comme la câpre avec la raie ou le cumin avec le munster. Il me la faut. La bouche apaisée, le champagne Laurent Perrier Grand Siècle délivre des notes florales qui démontrent sa justesse jusqu’au bout du repas.

déjeuner chez ma fille cadette avec un bien curieux 1947 samedi, 9 juin 2007

Déjeuner chez ma fille cadette pour l’anniversaire de mon gendre. Sur de belles et rondes gougères, nous buvons un Château Laville Haut-Brion 1982. La couleur dorée est engageante. Le nez est serein, et en bouche, c’est une apothéose. Tout est parfait dans ce vin équilibré, mesuré mais profond, au charme insolent. On sent que c’est un vin de pure gastronomie. Je l’ai nettement préféré au récent Haut-Brion blanc 1992, peut-être un peu plus complexe mais nettement moins chaleureux et joyeux.

Mon gendre a déniché quelques vins anciens et c’est sans a priori qu’il nous soumet un vin qu’il a ouvert à 8h30 ce matin. La bouteille est de forme bourguignonne, bouteille soufflée à la main et au cul profond comme on en trouve pour les flacons du 19ème siècle. Or que dit l’étiquette : Château Laborde, Lalande Pomerol, Henri Lichtwitz jeune, négociant 1947. A  cette époque, on embouteillait dans les flacons qui passaient à portée de main. Cette bouteille a certainement connu des dizaines de vins différents depuis son premier usage. Il est à noter que l’étiquette dit « Lalande Pomerol » et non pas « Lalande de Pomerol » comme on dit aujourd’hui. Le vin a fortement imprégné le verre qui est devenu opaque. Le nez est immédiatement charmant. Légèrement torréfié avec des notes de truffe, ce qui convient aux œufs brouillés à la truffe. En bouche, c’est charmant. N’attendons pas un ténor. Mais ça chante bien et le plaisir que nous avons de cette découverte est un plaisir franc, sincère, car le vin est bon. Nous remarquons qu’il s’affadit dans le verre alors qu’il ne s’affadit pas en bouteille. Il faut donc se servir très peu.

Sur de délicieux filets de rougets, la première gorgée de Château de Léoville las Cases 1970 est immédiatement décevante. Ce vin n’a rien, rien à dire, rien à chanter, il est d’une platitude gustative rare, or rien ne permet de penser qu’il s’agit d’une faiblesse de la bouteille. C’est le vin qui n’a aucun message à faire passer. On revient donc au 1947 qui devait être l’outsider et se retrouve en position de leader. Le grand Saint-Julien compte suffisamment d’autres belles années où il a excellé pour que nous gardions notre estime pour Léoville. De ce beau repas familial je retiens la perfection de ce Laville 1982 magistral.

déjeuner avec Jacques Le Divellec vendredi, 8 juin 2007

Jacques Le Divellec me fait parfois l’honneur de me consulter sur divers sujets de son choix. C’est le prétexte à se retrouver à sa table pour déjeuner. Mes petites manies sont déjà connues aussi, dès que je m’assois, une assiette de crevettes grises m’est apportée. La dextérité de Jacques pour les décortiquer me fait apparaître bien gourd. Ce sont ensuite des bulots délicieux qui ont une trace de poivre qui convient à merveille au Châteauneuf-du-Pape Château de Beaucastel blanc Vieilles Vignes 2004 dont le fumé est légendaire et dont la petite pointe poivrée copule avec les bulots.

Lorsque l’on m’apporte des huîtres d’une provenance nouvelle choisie par Jacques, je suis surpris par l’intensité du goût d’une profondeur rare. J’ai une idée folle, d’associer ce goût nouveau pour moi avec de la Chartreuse. Mais ça ne va pas du tout car la Chartreuse verte, même sifflotée, est beaucoup trop tenace pour accepter l’huître. On ne progresse pas sans essais, même s’ils sont vains.

La langoustine à la truffe est aussi très prononcée. C’est la sauce joyeuse qui se marie avec le puissant blanc typé du Rhône. En ce temple de la cuisine traditionnelle, et avec le sourire de Jacques, je me sens bien.

dîner chez mon fils, sa femme et mes petits enfants jeudi, 7 juin 2007

Ma femme et moi sommes invités chez mon fils et ma bru. Un champagne Charles Heidsieck Blanc des Millénaires 1995 est plaisant à boire. Mon fils est plus sévère que moi sur ce champagne dont il attendait plus du fait de la spécificité de sa cuvée. Il manque un peu de longueur mais se boit bien quand on est en famille, sur un Pata Negra, exhausteur des talents les plus cachés des champagnes.

Le Gevrey Chambertin premier cru Clos Saint-Jacques domaine Armand Rousseau 2001 est un bourgogne aérien, fluide, primesautier, qui chante en bouche des balades régionales. On est loin de la puissance des chambertins d’Armand Rousseau, mais cette églogue printanière est délicieusement bucolique. Et c’est amusant de voir que le contraste avec le vin que j’ai apporté ne nuit à aucun des deux.

La Côte Rôtie La Landonne Guigal 1993 me fait penser à cet énervement qui vous prend et que vous avez sans doute connu. Vous chaussez vos patins pour aller sur la glace. Les deux premiers pas sont hésitants. Et soudain vous entendez « pftt ». Et un insolent patineur passe devant vous avec une grâce certaine et une efficacité agaçante, car il donne l’impression de ne fournir aucun effort pour atteindre cette fluidité dont vous rêvez. La Landonne, c’est ça. C’est le vin parfait sans aucun effort apparent. Je connais les goûts de ma bru et cette Landonne est exactement cela. Un vin qui s’installe en bouche comme un passager prioritaire, qui s’y sent bien et donne un bonheur sans mélange, sans histoire. C’est un plaisir premier. Sur la cuisine réussie de ma bru, un gigot d’agneau et pommes de terre rissolées, on se dit que la vie est belle.

déjeuner au restaurant d’Alain Senderens mercredi, 6 juin 2007

La plus fidèle participante des dîners de wine-dinners se faisait muette depuis plusieurs mois. Avais-je commis un impair justifiant ce silence ? Tous les messages que j’envoyais n’avaient pas de réponse, ce qui confortait ma crainte. Je lance un nouvel appel et surprise, elle répond. J’apprends avec plaisir qu’il n’y a aucun problème entre nous, et nous décidons instantanément que je la rejoindrai au déjeuner qu’elle a prévu avec son fils et un ami au restaurant Alain Senderens. J’arrive en avance ce qui me permet de bavarder avec Alain Senderens des aventures à El Bulli, et quand mes amis arrivent, je décide de prendre en charge  les vins. Sur la suggestion du sommelier nous commençons par Château Haut-Brion blanc 1992. Le liquide est d’un or cuivré léger, le nez est subtil comme un parfum et en bouche, c’est un vin dense d’une grande complexité. Ce vin a besoin d’un plat pour s’exprimer totalement et la cuisine délicieuse de ce restaurant est idéale. J’ai pris un plat à base de crabe qui rebondit sur le vin. Ce Haut-Brion, comme me l’avait suggéré le sommelier, est beaucoup plus généreux que ce que son millésime suggérerait. C’est un grand vin de gastronomie. L’Hermitage Chave rouge 1996 est séduisant à souhait. Contrairement au blanc, tout en lui est simple, facile à comprendre. Tout est proportionné, sans une once d’excès. Ce vin rend joyeux. Sur un agneau goûteux à souhait et généreux, le vin est délectable. S’il est un restaurant où il faut courir, c’est celui-là.

El Bulli – l’arrivée samedi, 2 juin 2007

Après un parcours sinueux dans des paysages lunaires cette crique donne envie d’arriver par bateau

 

une jolie villa toute simple

 

C’est bien ici !

 

Nous longeons les cuisines où le maître pense ou donne ses consignes.

 

des sofas confortables pour l’arès-dîner sans doute

L’aspect rustique de la grande salle est assez reposant

Le Christ va veiller sur notre repas mais n’empêchera pas de vilaines bactéries ou bacilles…