Ce soir, le programme prévoit un couscous qui sera préparé par l’ami de notre fille. Dès potron-minet les légumes sont coupés, taillés, épluchés et plongés dans une immense cocotte. Les cuissons et mijotages sont programmés de façon militaire. Il faut que je trouve des vins qui puissent s’accorder.
Nous commencerons, avant le couscous, par une tchoutchouka et des carottes présentées en dés avec un léger jus de citron. J’ouvre un Côtes du Rhône rosé Domaine des Julliandes 2014 cadeau d’un voisin à qui j’avais rendu service. La première bouteille que j’avais ouverte était bouchonnée. Celle-ci ne l’est pas. La couleur est d’un rose très foncé fort avenant. En bouche, quelle surprise ! Le vin fait beaucoup plus vieux que ses six ans, il serait plus proche de quinze à vingt ans, riche, complexe et profond. Jamais je n’aurais imaginé qu’il puisse y avoir autant de présence dans ce vin. L’accord avec la tchoutchouka se trouve idéalement, alors qu’avec les carottes, l’accord est impossible.
Pour le copieux et délicieux couscous préparé selon les règles de l’art, j’ai ouvert six heures avant le repas un Vin de F. Sénéclauze Saint-Eugène Oran 1953. A l’ouverture son parfum me paraissait extrêmement engageant, prometteur de belles complexités. Servi maintenant il est merveilleux. J’ai bu de nombreuses fois des vins d’Algérie de Sénéclauze en différents millésimes et je pense que jamais je n’ai été autant impressionné que par celui-ci. Je considérais que Sénéclauze ne pouvait pas faire d’ombre aux vins de Frédéric Lung dont le fameux Royal Kebir, mais avec ce 1953, on joue dans la cour des grands. Ce vin rouge est riche, puissant, complexe, large et il a cette caractéristique des vins algériens, d’offrir des accents discrets de café et de liqueur de café. C’est un très grand vin et l’accord avec le couscous se trouve idéalement. Le couscous et le vin se rendent leurs politesses. C’est sur la semoule et sur le poulet que l’accord se trouve le mieux, mais aussi sur l’ensemble.
En pensant au dîner, j’avais envisagé de servir avant le rouge d’Algérie un rosé de Clos Cibonne, le Tibouren. J’avais repéré en cave une caisse de ce domaine. Mais j’avais mal vu, le carton comportait des vins rouges. Et ma réflexion fut : pourquoi pas ? Le Côtes de Provence Clos Cibonne Tibouren rouge 2015, s’il avait été servi avant le Sénéclauze, nous aurait ravis. Mais passant derrière le 1953, c’est mission quasiment impossible. C’est dommage, car ce vin simple et puissant est franc et frais, direct et droit, vif mais pas très complexe. Nous l’avons bu avec plaisir et il en restera pour la suite du couscous, car le plat avait été prévu pour des Grandgousier.
L’accord du vin algérien avec un couscous authentique et l’accord du rosé du Rhône avec la tchoutchouka sont les deux moments forts de ce beau dîner conclu par des arlettes gourmandes préparées par mon épouse.
les préparatifs du matin
les entrées
le couscous généreux