Archives de catégorie : dîners ou repas privés

Dîner avec deux superbes champagnes samedi, 4 février 2017

Le rite est toujours le même. Lorsque mon fils vient gérer chaque mois la société industrielle que je possède, le dîner procède du même rituel : jambon Pata Negra, œuf en gelée, foie gras, rillettes, fromage et boule de meringue aux pépites de chocolat. Il y a parfois des variantes, mais c’est un peu notre façon de mettre la baguette sous le bras et le béret basque pour faire chanter la France et donner des regrets à notre fils. Il ne manque plus que la Marseillaise. J’ouvre un Champagne Heidsieck Monopole cuvée Diamant Bleu 1964. La bouteille est belle, en forme de quille ventrue, l’étiquette est bleue, noire et or. Le bouchon vient assez facilement mais le pétillant est là. La couleur est ambrée et ce qui est très curieux, c’est que cette couleur va s’éclaircir de plus en plus au long du repas. Il faudrait qu’un maître de chai m’explique ce phénomène. La bulle est discrète, petite et vive. Le nez est raffiné. Le vin est d’une grâce faite de jolis fruits jaunes, et tout est équilibre, grâce et justesse de ton. Ce qui me fascine, c’est que ce champagne n’a absolument aucun signe de vieillissement. Il n’a pas d’âge, pas une ride, pas un défaut, et si l’on disait qu’il est de 1985, on n’aurait pas tort de le dire. Le champagne est un peu doucereux mais à peine et il évoque pour moi la carte du Tendre et l’amour courtois. Tout en lui est gracieux. L’image finale qui s’impose est cette faculté à ne pas avoir d’âge. C’est une magnifique surprise.

J’ouvre ensuite un Champagne Veuve Clicquot brut sans année qui doit dater du début des années 70 car son bouchon se présente avec le même aspect que celui du Diamant Bleu 1964. Je m’attendais à un témoignage marqué par l’âge mais là aussi, quelle surprise. La bulle est très active et plus grosse que celle du Heidsieck. La couleur est plus claire, joliment jeune et le nez est aussi expressif et de grande pureté, comme pour le 1964. En bouche le vin est plus vif, plus tranchant que le 1964 mais je ne l’attendais pas du tout à ce niveau de noblesse. Bien malin celui qui pourrait lequel est le meilleur. Je trouve la vivacité du Veuve Clicquot très entraînante, avec une belle expression. J’aime la grâce du Diamant Bleu, très Audrey Hepburn. S’il faut choisir, ce sera le Veuve Clicquot brut sans année à cause de son extrêmement vive jeunesse.

Pour ce repas, deux champagnes se sont montrés au sommet de leur art et la remarque que j’avais faite sur les Krug Grande Cuvée qui s’expriment quand ils ont plus de vingt ans vaut aussi pour le champagne à l’étiquette jaune : aucun Veuve Clicquot brut de moins de dix ans n’approcherait de près ou de loin la sérénité glorieuse de ce champagne de quarante ans.

Dîner de la Fédération française pour la recherche sur l’épilepsie mercredi, 1 février 2017

La Fédération française pour la recherche sur l’épilepsie (FFRE) organise chaque année un dîner caritatif avec une vente aux enchères. Le dîner se tient dans un grand salon de l’hôtel Hilton Paris Opéra où je me rends pour la première fois. Les salles sont belles, hautes de plafond et le Grand Salon qui sert de bar a des décorations magnifiques avec des fresques qui sont classées. Ayant livré les lots que j’offre avec beaucoup d’avance, j’ai le temps de prendre un apéritif au bar.

L’accueil des invités se fait avec une coupe de Champagne Ayala. J’avoue que je suis plutôt déçu par ce champagne trop classique qui dégage peu d’émotion. On discute longuement avec des convives de tous horizons, médecine, recherche, sport, affaires et des donateurs.

Le menu du repas est : œuf parfait, fricassée de champignons, émulsion de parmesan / quasi de veau, jus court, légumes acidulés / Panacotta aux fruits de la passion. Le repas m’a agréablement surpris par sa qualité. Les serveurs proposent un vin blanc ou un vin rouge du même domaine. J’ai pris le vin rouge, Mas de la Tour Languedoc Roussillon 2015. Comme pour le repas j’ai eu une bonne surprise avec ce vin du Pays d’Oc bien équilibré qui ne surjoue pas et se montre très agréable dans sa simplicité.

Les conversations allaient bon train, la vente caritative fut animée, ce qui m’a fait retrouver mon lit bien tard dans la nuit. Mais c’était pour une bonne cause.

le plafond de la salle du Hilton en Baccarat

Dîner impromptu à la maison samedi, 28 janvier 2017

Dîner impromptu avec ma fille cadette et trois de nos petits-enfants. Le plat sera simple, pâtes avec un fromage à la truffe. L’apéritif commence avec un Pata Negra très frais sur un Champagne Charles Heidsieck Brut 1985. Le bouchon vient facilement mais la bulle est active. La couleur est très ambrée, d’un bel or. Le nez est expressif. Et la première gorgée est une explosion de blé doré, de fruits gorgés de soleil. Ce champagne est doté d’une maturité de rêve. C’est le fruit qui s’impose. Décidément 1985 est une année au sommet de son art en ce moment, toutes régions confondues. Il y a un confort et une sérénité dans ce champagne qui me fait penser à la Cuvée des Enchanteleurs d’Henriot.

Le champagne est d’un grand plaisir et se montre très gastronomique. Sur des fromages dont un camembert un peu trop fermier, il réagit bien. Le dessert est au chocolat aussi ai-je l’idée d’extirper de l’armoire aux alcools un Saint-Raphaël Quinquina de 18° qui doit être des années 50. La bouteille a dû être ouverte il y a plus de dix ans et intouchée depuis. J’ai peur que le vin ne se soit évaporé mais en fait ce rancio est expressif sur le chocolat. Il est doux et joyeux. Continuant mon exploration dans cette armoire que j’ouvre peu, je verse une Bénédictine D.O.M. qui doit être elle aussi des années 50. Mais son niveau très bas a provoqué une évaporation qui a tué cette liqueur. Elle a fait son temps, tant pis.

dîner au restaurant l’Ecu de France vendredi, 27 janvier 2017

Nous sommes cinq à dîner au restaurant l’Ecu de France à Chennevières dont seulement deux buveurs et demi. Nous sommes invités. Le parking du restaurant est rempli de voitures ce qui est un bon signe. Mon menu sera : noix de Saint-Jacques rôties, velouté de potimarron et de poissons de roche, émulsion de parmesan et de roquette / suprêmes de pigeon aux petits légumes et purée / Cantal affiné aux oignons frits, figues, vinaigrette dissociée à l’huile de truffe.

Le chef Peter Delaboss est haïtien et exubérant. Chaque plat est comme une explosion. On pense aux tableaux de Basquiat qui débordent d’énergie. On pense aussi à la phrase culte des Tontons Flingueurs : « c’est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases », en la transformant en : « c’est curieux cette manie qu’ont les chefs d’ajouter des saveurs qui ne sont pas nécessaires ». Mais c’est la nature du chef d’être exubérant et joyeux et de ce fait, comme les produits sont de belle qualité, on s’adapte à sa générosité.

Le Champagne Initial Brut Blanc de Blancs Jacques Selosse dégorgé en novembre 2013 est vif, typé, sauvage. Il est très intéressant et de belle personnalité. Il sait aussi accompagner les plats avec justesse. On a dans ce champagne tout le talent du vigneron.

Le Château Rayas Châteauneuf-du-Pape 2005 est assez étonnant car ce qui se montre surtout c’est la râpe et l’astringence. Il est un peu amer, et il faut vraiment la force du pigeon pour que le vin devienne sociable et agréable. J’attendais beaucoup plus de joie de vivre de ce vin qui est strict et peu amène. Il est toutefois très intéressant car il est sauvage comme le champagne Initial.

Du fait de la forte assistance, la cuisine a tardé à délivrer les plats mais globalement le service attentif nous a choyés. L’Ecu de France est une étape gourmande et chaleureuse dont la carte des vins est l’un des atouts.

Déjeuner au restaurant du George V mardi, 24 janvier 2017

Déjeuner au restaurant du George V avec un ami journaliste qui m’invite. Lorsqu’on entre au George V, on a une bouffée de richesse, de luxe, et il faut bien reconnaître que dans la foule qui hante ces lieux, le cosmopolitisme est majeur. Tout ici est raffinement. Tout respire la recherche de l’excellence.

Mon menu sera : jardin marin, iodé, pour accompagner la pièce de foie gras au pressé de caviar / jambon, truffe noire, champignons, en timbale de spaghetti / riz noir légèrement fumé enrichi d’un crémeux de boudin noir, jus passion café / anguille de la Somme à peine fumée, pain brulé, réduction de jus de raisin.

J’ai, par expérience, une grande admiration pour le talent de Christian Le Squer. Je suis donc a priori conquis. La petite gelée fondante d’accueil qui de plus se voit propulsée par le Champagne Comtes de Champagne Taittinger 2006 ne va pas contrarier mes préjugés. Les amuse-bouche sont bons et ne cherchent pas à en imposer et c’est une bonne chose. Thierry le chef sommelier qui nous a versé ce champagne a bien fait car le champagne est pur, précis et en plus il est de belle ampleur en bouche. Il va d’ailleurs se révéler extrêmement gastronomique.

L’avocat et l’oursin se combinent de bien belle façon. Avec le jardin marin et le riz noir, je veux explorer de nouvelles tendances du chef. Le « terre et mer » est une tendance qui perdure et dont je ne suis pas un adepte convaincu. Si cela a bien fonctionné pour l’avocat, je suis plus sur la réserve pour l’entrée. Le foie gras poché est divin et tout ce qui est marin et qui l’entoure ne me convainc pas outre mesure. De plus le caviar est à peine lisible. Le foie gras seul m’eût enthousiasmé.

Le Meursault Les Narvaux domaine Ballot Millot et Fils 2014 est un vin fort agréable et on ne sent pas particulièrement de manque lié à sa jeunesse. Il a un beau fruit, une belle droiture, et même s’il n’apporte pas de vibration particulière, il fait le job comme on dit aujourd’hui.

La timbale de spaghetti est une merveille de précision. C’est un plat abouti, où tout est dosé avec une précision millimétrique. C’est une merveille. Le Château Saint-Pierre Saint-Julien domaine Martin 2007 est une mauvaise pioche. Rien dans ce vin n’est excitant. Il a une râpe intéressante mais qui ne sous-tend aucune vibration. Il est vite remplacé par un Château Le Gay Pomerol 2011 qui est mis en valeur par le précédent. Car ce vin est vibrant, vif, actif, avec la belle saveur de truffe des pomerols qui colle bien au spaghetti.

Le riz noir est intéressant mais mes amours se concentreront sur l’anguille, plat emblématique du chef, qui profite du pomerol mais aurait sans doute préféré un riche vin du Rhône.

Je ne suis pas très convaincu par l’interprétation qui est faite du roquefort mais j’applaudis à deux mains la merveilleuse omelette norvégienne interprétée de façon originale, d’une exécution digne d’éloges. Il est intéressant de constater qu’il y a des plats d’une réelle perfection où chaque composante semble pesée au trébuchet. Tout est assemblé comme s’il était impossible de concevoir le plat autrement. C’est le cas de la timbale de spaghetti, de l’anguille et de l’omelette norvégienne. Les autres plats semblent être en phase de maturation comme le jardin marin et le riz noir. Mais globalement on se trouve transporté par cette cuisine de très haut niveau. Le cadre est beau, le service est impeccable. Il y a en ce lieu une atmosphère de haute gastronomie.

J’ai rendez-vous ensuite au bar de l’hôtel George V avec un organisateur de grands dîners. Le bar est fréquenté par une population très bigarrée de toutes origines. La décoration est riche et les fleurs sont belles. On nous propose un Champagne Amour de Deutz 2006 qui manque d’équilibre et n’a pas atteint la sérénité du Comtes de Champagne de la même année. Le George V a probablement l’atmosphère luxueuse la plus sympathique de tous les palaces parisiens.

le bar

Déjeuner au restaurant du Plaza Athénée vendredi, 20 janvier 2017

Au restaurant du Plaza Athénée je rejoins pour déjeuner l’un des dirigeants du groupe Dorchester qui possède le Meurice, le Plaza et le Dorchester de Londres. Nous visitons la superbe cave du restaurant et notamment le coffre-fort qui contient quelques bouteilles de 1911 date de la création de l’hôtel Plaza. Je suis étonné de ne pas trouver la bouteille de Moët 1911 qui avait été donnée avec solennité par la maison Moët à l’occasion d’une vente exceptionnelle de bouteilles de Moët 1911 dans onze capitales mondiales le 11 novembre 2011. Mon hôte m’indique que cette bouteille a été placée avec quelques autres dans un sarcophage de survie scellé qui ne sera ouvert que lorsque beaucoup d’entre nous serons morts.

La salle à manger est claire et raffinée, avec des tons d’or et de blanc, ce qui convient parfaitement au petit toast de bienvenue léché d’un miel de la même couleur. La bienvenue est aussi marquée par un jus aux légumes verts, qui se veut provocant et y réussit, car l’algue mêlée aux légumes verts a une petite saveur de franchement rebutante.

Le menu que me suggère Denis Courtiade le directeur du restaurant est : lentilles vertes du Puy et caviar, délicate gelée d’anguille / Saint-Jacques de Chausey, chou-fleur, vieux Comté, truffe noire / turbot du Golfe de Gascogne, choux de Milan, barbes à peine fumées / fromages / chocolat et café de notre manufacture, badiane, praliné / citron niçois, algues kombu à l’estragon / baba au rhum à la crème.

C’est Laurent Roucayrol, le chef sommelier qui va guider le parcours des vins. Nous commençons par un Champagne Henri Giraud Blanc de Craie Aÿ sans année dont l’attaque est belle, fraîche et franche, mais qui manque un peu de longueur et d’ampleur. C’est un bon champagne d’accueil et lorsque j’y reviendrai plus tard mon avis sera plus ouvert. Les amuse-bouche sont variés et délicats, de grande dextérité, sur des textures variées. Ils sont intelligemment distribués.

Les lentilles mêlées au caviar constituent un plat de très grande qualité. Il est indispensable de goûter ensemble les cinq éléments, lentilles, caviar, gelée, crème et crêpe. Car lentilles et caviar seuls, délicieux, sont orphelins sans les trois autres. La gelée est exceptionnelle. Le plat est grand. Le Champagne Avizoise Grand Cru Extra Brut Blanc de Blancs Agrapart & Fils 2007 est beaucoup plus large et complexe que le précédent et convient merveilleusement à ce plat. Sa vivacité de chardonnay excite le caviar gris à gros grains. Malgré son dosage d’extra-brut, ce champagne est gourmand.

Les Saint-Jacques sont excellentes et la tourte au chou-fleur est appétissante. Le Vouvray Le Haut-Lieu demi-sec Domaine Huet 2008 est légèrement fumé, très bien dosé, sans douceur excessive. Il est très agréable. Il a suffisamment de vivacité pour accompagner le plat mais ne crée pas un réel accord. Le plat et le vin se côtoient poliment sans se féconder l’un l’autre. C’est le comté qui crée le pont entre le vin et le plat.

Le turbot est de belle mâche et le chou appelle un vin rouge. L’ Hermitage rouge Domaine Jean-Louis Chave 2000 combine un fruit puissant, une jeunesse extrême et en même temps la douceur d’un beau début de maturité. L’accord est superbe et les barbes légèrement fumées sont comme des bonbons. Le vin se continue avec de bons fromages. C’est son fruit rouge juteux qui me fascine.

Le dessert au chocolat a des goûts assez complexes, difficiles pour mon palais même si j’aime l’amertume du chocolat. Tandis que le dessert au citron et l’excellent baba au rhum glissent en bouche avec bonheur.

Après le déjeuner je vais féliciter en cuisine le chef Romain Meder qui m’explique élégamment les choix qui sont faits pour réaliser les plats dans la philosophie d’Alain Ducasse qui est de s’appuyer sur des produits de qualité et de ne pas hésiter à dérouter. La cuisine ne doit pas être convenue ou conventionnelle et provoquer des réactions.

Dans cette jolie salle avec un service attentif, ce fut un très agréable déjeuner dont les gagnants sont pour le plat, lentilles et caviar et le Chave pour le vin.

centre de table et le miel du toast de bienvenue avec son jus

Déjeuner au Yacht Club de France mardi, 17 janvier 2017

Une fois de plus notre groupe de conscrits se retrouve au Yacht Club de France où nous sommes choyés par Thierry Le Luc, directeur de la restauration et son équipe. L’ami qui nous invite a apporté des vins de sa cave. L’apéritif commence par un Champagne Pol Roger Extra cuvée de réserve magnum sans année qu’il avait depuis sept ans en cave et ça se remarque car le champagne a un équilibre et une présence que seul l’âge peut donner. Les amuse-bouche sont l’occasion de montrer la dextérité du chef. Cela commence par des petits toasts de flétan fumé sur une rondelle de radis, puis des coquilles Saint-Jacques enroulées de bacon, et des mini-langoustines habillées de pâte et shiso, le tout dans des sauces adorablement parfumées. Le champagne est à son aise, joyeux et facile à vivre, grâce à son plaisant début de maturité. Il est suivi d’un Champagne Louis Roederer Brut Premier très différent, plus énigmatique et un peu moins charmant.

Nous passons à table. Le menu est prévu sans viande : carpaccio de daurade royale et jus de fruit de la passion, sardine à la marocaine / médaillons des queues de langouste rôtie, boules de betterave zébrées et mini-légumes, jus de crustacés / turbot entier, pommes frites et béarnaise / fromages d’Éric Lefebvre MOF / croustillant chocolat noisette et ananas.

Thierry voudrait que nous mettions le jus de fruit de la passion sur la daurade mais je demande qu’on ne le fasse pas pour que l’on goûte la daurade crue avec le Meursault Cuvée Maurice Chevalier Remoissenet Père & Fils 2009. L’accord est sublime. Le meursault a une belle acidité franche et s’adoucit avec le gras du carpaccio. Si l’on veut ensuite associer la daurade avec le jus, c’est non seulement possible mais agréable car le fruit de la passion excite bien la chair mais il faut alors abandonner toute idée de meursault.

Je suggère pour la sardine que l’on essaie le Côtes du Rhône Villages Grangeneuve Domaine Saint Amant magnum 2003, car cette sardine me semble appeler un rouge. Et ce vin que Thierry m’avait fait goûter à mon arrivée et qui semblait poussiéreux s’anime de façon remarquable et crée un accord superbe. Il y a dans ce vin des Beaumes de Venise de fortes évocations de café qui s’accordent à merveille avec les sardines au goût fort et imprégnant.

Pour la langouste, le Puligny-Montrachet Champ-Canet Louis Jadot 2002 est parfaitement adapté. Il est beaucoup plus ambré que le meursault et a aussi une assise plus large. Il est moins racé mais plus voluptueux. Jusqu’à présent les accords sont remarquables.

Pour le turbot nous buvons un Hermitage Chante-Alouette M. Chapoutier 2012 qui est franc, plein, opulent et droit. Il forme un accord plus convenu, plus classique que les précédents mais il est agréable. Le vin est gourmand.

Sur les fromages nous buvons un Sanctus Saint-Emilion 2002 solide avec ses 14° qui du fait de sa jeunesse a relativement peu de vibration. Peut-être est-ce moi qui ne lui ai pas prêté assez d’attention.

Le dessert appelle un Champagne Veuve Clicquot La Grande Dame 1995, très beau champagne noble et accompli, fruité et conquérant. Comme si la fête ne pouvait pas avoir de fin notre ami nous a fait verser un Bas-Armagnac Lacourtoisie Domaine de la Coste 1984 superbe de définition, un grand armagnac.

Notre ami généreux a voulu créer de beaux accords et ce fut réussi. La cuisine du Yacht Club de France est toujours attentionnée et fondée sur de beaux produits. En ce lieu nous passons de beaux moments gastronomiques.

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tous les vins sauf le magnum de Pol Roger

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Galette des rois et Salon 1995 lundi, 16 janvier 2017

De retour à Paris après plus de quinze jours dans le sud nous recevons notre fille cadette et ses deux enfants pour partager de bons moments mais aussi la galette des rois. J’ouvre un Champagne Salon magnum 1995. Ce qui frappe tout de suite c’est le beau fruit de ce vin racé et vif. L’on est aussi étonné de la fraîcheur et de la jeunesse de ce grand champagne. Ma femme a préparé du chou avec des saucisses de Morteau, plat pour lequel j’accepterais de me damner. Le Salon 1995 est très à l’aise sur ce plat aussi bien que sur un camembert et sur la galette confectionnée par mes petits-enfants qui avaient savamment calculé où poser les deux fèves pour les avoir eux-mêmes. Ce fut réussi une fois sur deux.

Le lendemain, le Salon 1995 donne une toute autre image. Le vin a gagné en maturité, il n’est plus le jeune fou mais un beau jeune homme séducteur. Et au lieu du fruit, c’est le caractère vineux qui s’exprime. J’avais été frappé dès son lancement par la prestance du Salon 1995 lorsqu’il est en magnum. A 21 ans, il est extrêmement brillant dans ce format.

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Dîner avec un Dom Pérignon 1964 jeudi, 5 janvier 2017

Un ami vient dîner à la maison. J’ai envie de voir ce que devient le Champagne Dom Pérignon 1998. Ce champagne avait eu des périodes d’incertitudes. Qu’en est-il aujourd’hui ? Bonne nouvelle, ce champagne a pris de l’ampleur et se montre excellent. Il est plein, charmant, peut-être pas aussi romantique que sur d’autres millésimes, mais c’est un beau compagnon de gastronomie. Alors que le Pata Negra est bien gras et vif, c’est avec un saucisson que le Dom Pérignon vibre le mieux. Le saucisson est d’ailleurs l’ami aussi bien des champagnes que des vins blancs et des vins rouges car selon le partenaire il fera apparaître certaines de ses facettes. Ici, c’est sur le poivre et le gras que l’accord se trouve.

Sur un risotto à la truffe noire, le Dom Pérignon est aussi présent, surtout sur le parmesan car la truffe noire est plutôt discrète.

Un poulet cuit à basse température accueille une Côte Rôtie La Mouline Guigal 1996. C’est toujours un régal de boire les Côtes Rôties de Guigal mais je m’attendais à plus de vivacité de la part de ce 1996. Il est paradoxal que La Landonne 1987 ait été plus riche et plus vive que cette Mouline. Le vin est évidemment agréable mais je suis un peu sur ma faim. Il suggère les pins plus que la garrigue, avec un joli parfum et une longueur peu affirmée.

Notre ami est esthète et adore les bons produits. Il dirige deux boucheries et épiceries fines et prend un soin particulier dans le choix des produits qu’il vend. Il va visiter ses producteurs pour réserver les plus belles pièces, un peu comme le font les grands restaurateurs aujourd’hui. Aussi est-ce avec joie que j’ouvre pour lui un champagne que j’adore, le Champagne Dom Pérignon 1964. Le bouchon vient de deux fois car la rondelle de liège du bas de bouchon est restée en place sans suivre le bouchon. Le pschitt n’est pas là mais le pétillant du champagne est intact. La couleur est joliment ambrée mais très claire. Dès la première gorgée, ce champagne est un voyage vers l’infini. On sait que pour aller trouver la première planète qui pourrait être habitable et propice à la vie, il faudrait quelques milliers d’années avec les techniques actuelles. Eh bien, ce champagne c’est ça. Il nous propulse vers un autre monde de saveurs. S’il y a des évocations citronnées gracieuses, il aussi des kakis, des fruits compotés, des grâces vineuses. Il est impossible de faire le tour des complexités de ce vin. Si on lui disait : « dessine-moi un mouton », il le ferait. Il arrive même à évoquer de frêles fruits rouges. Son vineux est fort. Ce voyage hors du temps est irréel. C’est un grand champagne hors-piste.

Le suite du repas est faite de fromage puis de mousse au chocolat avec des palmiers. Le champagne se boit pour lui-même, rayon de soleil de ce dîner.

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Sylverter’s dinner in the South lundi, 2 janvier 2017

New Year’s Eve is held in our house in the south. We will be six, including four drinkers. I like coincidences and it always fascinates me. A friend who will attend the dinner calls me at lunchtime and tells me that he intends to bring a wine for the meal and asks me if his input will be consistent with what I have planned. And he announced his contribution: Richebourg Domaine Anne Gros 2003. I had already chosen the wines so that my wife is inspired to compose the menu and among them there is a Richebourg Domaine Gros Frère & Soeur 1987. I obviously agree its contribution which will give rise to a pretty juxtaposition.

At 5 pm my friend delivers his wine and I open all the bottles of the dinner. The friends arrive at 20:30 and we take the aperitif with a Champagne Laurent Perrier Cuvée Grand Siècle magnum non vintage that I have for ten years in cellar. The color is already somewhat amber with a beautiful gold patina, the bubble is very active and the champagne is a rare richness. If the general trend is that of lemony notes, the message of the wine changes constantly, overflowing with complexity. And the finish is inextinguishable as the wine is penetrating. It is a very large champagne with an elusive message as it twirls. With this champagne we nibble thin slices of a Pata Negra well fat and tasty, small tiles with parmesan, small dry salted petits fours and slices of an excellent sausage.

We go to the table. My wife planned: scallops / foie gras lobes fried with truffle slices / low-temperature lamb with pan-fried parsnip / variety of cheeses / supremes (which means without skin) of pink grapefruit with confit kumquat and saffron from our garden / financiers and small dry sweet petits fours.

The Meursault-Charmes 1er Cru Domaine des Comtes Lafon 2003 has a rich wealth opulent smells. He invades the mouth and settles there. It has both beautiful minerality and sensual fat. It is a beautiful white wine merry, perfectly adapted to the shells and a little less to the foie gras even if it suits him.

The gigot welcomes two Richebourg. The Richebourg Domaine Gros Frère & Soeur 1987 has a slightly dusty nose. It is nice but has lost a bit of its vivacity. It highlights the Richebourg domaine Anne Gros 2003 with the live fruit, generous of a very young wine. The fight does not take place because the 1987 is a bit frail but the juxtaposition is possible, both Richebourg being very pleasant. The 2003 is a noble and racy wine.

Our pace of absorption is sustained also is it time to open the wine I had planned before my friend declared his contribution. The Côte Rôtie La Landonne Guigal 1987 is a marvel. It has the youth of the 2003 that we just finished and the legibility of a generous wine and immediate access. And what transcends it is the freshness of its finale. My friend reports his menthol notes which are those of an exquisite freshness. This wine is pure pleasure. The cheeses are so numerous and varied that we must choose those who go with this splendid Landonne. The Laguiole is well suited as well as the Saint-Nectaire, but also the superb blue Termignon, very lively.

For the supreme grapefruit, the Château d’Yquem half-bottle 1990 is the ideal companion. And I did not expect it to go as well with raw, uncooked slices. They give a boost to the wine that is in a glorious state. He is fat, strong, joyous as a golden ingot. It should be noted that the traces of saffron magnificently excite the sauternes, giving it a complement of vigor.
At the request of my friend we vote and if the votes are different an agreement is found to rank first La Landonne Guigal and in second ex-aequo the Grand Siècle and Yquem.

We had been kissing for New year for a long time and thirst is always present, so I open a Champagne Krug Grande Cuvée that I entered in the cellar about four years ago. The champagne is straight, precise, complex but a little unidirectional and far enough from the beautiful complexity of the Grand Siècle by Laurent Perrier. We nibble at sweet little petits fours and delicious financiers from my wife. We are rebuilding the world as one of the guests is overwhelmed by what we have been drinking.

It is three o’clock when begins my first night of 2017.

The next morning, lunch with the cheeses of the day before and the rest of the Krug. It is very much better, wider, fuller. I had probably misunderstood it, at the end of our agape.