Archives de catégorie : dîners ou repas privés

Dîner au restaurant Pradeau Plage mardi, 26 juillet 2016

Dîner au restaurant Pradeau Plage au sud de la Presqu’île de Giens. Le cadre est sauvage et beau, directement sur l’eau, dans un esprit rustique. Le service est sympathique et professionnel. La nourriture est convenable. Nous choisissons avec mes amis de partager des tapas et je prends ensuite un chapon. La carte des vins est plus que succincte. Nous commençons par un Côtes de Provence Commanderie de Peyrassol rouge 2012 qui est servi très frais. Le froid rend le vin plus acide, et sa jeunesse est difficile pour mon palais. On sent une belle matière qui s’épanouirait mieux avec quelques années de plus.

Nous essayons ensuite un Première de Figuière Côtes de Provence rouge 2013. Le vin est aussi frais que le précédent, un peu plus ample mais souffrant aussi d’une excessive jeunesse. Quand on sait ce que peuvent devenir les Côtes de Provence avec l’âge, on devrait s’abstenir de les boire quand ils en sont encore au stade de jus de cassis. Patience et longueur de temps conviennent plus que partout ailleurs aux vins de cette belle région de Provence.

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Champagne Salon 1996 dimanche, 17 juillet 2016

Les jours qui côtoient le 15 août sont l’occasion de dîners de grands vins. Mon ami Tomo sera de la partie. Devant retrouver des amis sur la Côte d’Azur, il fait un crochet, un mois avant nos futures agapes, pour me confier les vins qu’il a prévus. Il est descendu en avion avec sa femme, sa fille et la nounou. Il a loué une voiture pour se rendre chez ses amis. Nous n’allons pas le laisser repartir sans avoir trinqué. J’ouvre une bouteille de Champagne Salon 1996, dont le bouchon me résiste, comme cela arrive souvent avec les champagnes de cette prestigieuse maison.

La couleur est encore d’un jaune clair, mais apparaissent déjà de fines touches dorées. La bulle est très active. Tomo et moi sommes étonnés, car l’image que nous avons de ce 1996 est d’une énergie extrême. Or cette bouteille nous présente un champagne vineux, mais plus romantique que guerrier. Le vin est très agréable avec des notes dorées, de fruits assez doux. Tout est en charme plus qu’en affirmation. Le soir je finirai le champagne qui aura pris plus de volume, un beau fruit serein et beaucoup de charme, avec plus de calme que d’énergie. Les Salon romantiques me plaisent aussi.

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Dîner chez des amis mercredi, 13 juillet 2016

Par une soirée très venteuse nous allons dîner chez des amis. Au soleil couchant, le ciel nettoyé par le vent donne aux côtes varoises des îles et presqu’île des couleurs d’une grande beauté. Le Champagne Bollinger Spécial Cuvée Brut sans année donne l’impression d’être particulièrement dosé et cela gêne le plaisir, même si sa belle structure lui permet d’accompagner deux délicieux jambons ibériques et des cochonnailles de la même région. Nous poursuivons par un Champagne Egly-Ouriet Brut rosé grand cru qui a passé 52 mois en cave et a été dégorgé en novembre 2014. C’est un agréable rosé, très consensuel mais qui lui aussi souffre d’un petit manque de vibration. Une tapenade marquée d’un ail insistant tire de belle notes de ce champagne.

Nous passons à table pour une entrée d’asperges vertes et tranches de truffe d’été puis une dorade avec des pommes de terre magiquement goûteuses. Trois vins vont accompagner le repas, deux blancs pour les asperges et le poisson, rejoints par un rouge pour la dorade. Le Domaine de Trévallon blanc 2012 a un nez d’une finesse, d’une complexité et d’un charme qui m’émeuvent au plus haut point. Ce parfum montre un saut qualitatif par rapport aux deux champagnes précédents. Le vin est beau, riche, intense, profond, noble et raffiné. On est aux anges avec un tel vin gourmand et complet. Je pourrais me contenter de m’enivrer de son parfum.

L’ami qui nous reçoit m’avait dit qu’il ouvrirait un Beaucastel blanc vieilles vignes, mais en fait c’est un Château de Beaucastel Châteauneuf-du-Pape blanc 2012. Le nez n’est pas aussi impressionnant que celui du Trévallon mais pour mon grand plaisir, le Beaucastel tient parfaitement sa place à côté du Trévallon. Plus simple, mais droit, généreux, franc, il est aussi goûteux que le précédent. Des petites notes fumées cohabitent bien avec des copeaux de truffe.

Le vin que j’ai apporté est un Rimauresq Côtes de Provence 1992. C’est un splendide vin d’un épanouissement parfait. Il est garrigue ! tout en lui évoque garrigue, olive noire et romarin. C’est le sud comme je l’aime. C’est un grand vin qui est totalement intégré, accompli et montre que les Côtes de Provence de ce niveau vieillissent bien. Il n’est pas apprécié par l’un des amis qui préfère les vins blancs sur le poisson mais je trouve qu’il est remarquable avec la dorade, les pommes de terre dorées au four et un fromage de brebis affiné à la truffe. Sur le bouchon d’une très grande qualité, il y a une scène de vendange assez joyeuse mêlant hommes et femmes, possiblement dénudés. Est-ce justifié d’y voir des allusions érotiques ? Je ne sais pas.

Le dessert est un Megève, dessert au chocolat et à la meringue qui rappelle la meringue chocolatée dont la bienpensante police du langage a imposé un autre nom, le Merveilleux. Nous buvons un Champagne Bérêche & Fils Extra Brut rosé Campania Remensis dégorgé en mars 2015. Précis, net et agréable à boire, je l’apprécie pour sa netteté et une belle longueur.

Ce soir, une fois n’est pas coutume, les trois vins ont surclassé les trois champagnes, le gagnant étant le magnifique Trévallon blanc 2012.

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déjeuner au restaurant BOR à Hyères mardi, 12 juillet 2016

Nous retournons déjeuner au restaurant BOR par une chaleur orageuse et caniculaire. Notre table est proche de l’eau et selon l’orientation des parasols, on peut souffrir d’un soleil de plomb. La saison est lancée et le restaurant emploie de jeunes étudiants pour des jobs d’été et si, comme aujourd’hui, le propriétaire des lieux n’est pas là, le service s’en ressent. J’ai commandé un Champagne Cristal Roederer 2006 qui m’a fait meilleure impression que la dernière fois, sur des camerones accompagnés d’un risotto. Le champagne a de l’opulence et une belle profondeur. Il lui manque juste une petite étincelle de génie. Viendra-t-elle avec l’âge ? Pourquoi pas ?

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Anniversaires et trois champagnes dimanche, 10 juillet 2016

En été les anniversaires se succèdent, ce qui est le prétexte à ouvrir des champagnes. Le repas sera préparé par un traiteur, avec abondance de petits canapés. Le Champagne Dom Pérignon 1998 est manifestement agréable à boire, mais il n’a pas le pouvoir d’émotion et le romantisme que j’aime dans ce champagne que je chéris. S’il ne les a pas à dix-huit ans, j’ai bien peur qu’il ne les trouve pas de sitôt. Le repas, avec un filet de bar accompagné d’un risotto et d’asperges me pousse à ouvrir un Champagne Charles Heidsieck mis en cave en 1997, notamment parce que c’est l’année de l’aînée de mes petits-enfants, dont nous fêtons l’anniversaire. La trace de goût de bouchon est suffisamment faible pour que je fusse le seul à l’avoir remarquée. C’est un étonnement car pour de grandes fêtes, j’ai ouvert des dizaines et des dizaines de fois ce champagne, sans jamais rencontrer une bouteille bouchonnée.

Nous changeons donc de direction avec un Champagne Salon 1999. C’est aussi un changement de registre car même si ce n’est pas le plus complexe des Salon, son caractère vineux et sa franchise, sur une matière de grande qualité en font un vin de grand plaisir.

Comme il en est resté le lendemain, je l’ai encore plus apprécié après cette aération qui a donné de la rondeur et de la profondeur à ce beau champagne vineux combinant profondeur, charme et douceur.

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Champagne Substance vendredi, 8 juillet 2016

Ma fille cadette vient retrouver ses enfants dans notre maison du sud. Après une belle journée et après la victoire en demi-finale des bleus, elle me lance : « qu’est-ce que l’on boit ? ». Au vu des mets préparés pour le dîner, c’est un champagne qui ira le mieux. Je saisis un Champagne Substance Jacques Selosse dégorgé en mars 2007. J’ai tendance à penser que Substance demande quelques années après dégorgement mais pas trop. Nous allons voir ce qu’il en est. Au lever du bouchon le pschitt est avenant. La couleur dans le verre est intense. C’est une couleur pêche, d’une grande beauté. Le nez du champagne est racé, noble et ces deux caractéristiques se retrouvent en bouche. On est immédiatement ravi. Je suis frappé que ce champagne évoque aussi élégamment une liqueur de fruits rouges, comme si la liqueur d’expédition était mariée à un coulis de fruits rouges. Mais assez rapidement ce qui apparaît c’est le caractère vineux du vin combiné à un charme extrême. Les mots qui viennent sont vineux, noble, racé, charmeur. Il a une grande persistance en bouche, sa bulle fine est insistante. C’est un grand champagne fortement typé. Une grande réussite. Un Substance qui a cette durée après dégorgement devient plus civilisé, plus accessible et plus charmeur. On peut donc garder en cave ce champagne près de dix ans après dégorgement.

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l’heure était à la couleur en cuisine !

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Apéritif dans le sud vendredi, 1 juillet 2016

Des amis viennent pour un apéritif. J’ai envie de vérifier comment se comporte le Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1998 car les deux dernières expériences ne m’ont pas séduit. La vie n’est pas linéaire car immédiatement je suis séduit par ce champagne large, vineux, de belle matière. Je sens un peu de noisettes dans le finale, surtout avec des petites viennoiseries chaudes concoctées par ma femme. C’est un champagne confortable, bien lisible avec une belle palette aromatique.

Il restait un peu du Champagne Cristal Roederer 2006, assez pour en verser à tous ceux qui boivent. La bulle est moins active mais on sent bien une plus grande complexité et un parcours plus long en bouche. Le Henriot est vif et vineux alors que le Cristal assagi joue sur son charme.

Le champagne qui suit est un Champagne Krug Grande Cuvée que je dois avoir depuis quelques années en cave. On est dans le confort et la noblesse. La gamme de saveurs est large, le vin est vif, racé, noble. C’est un grand champagne qui n’atteint cependant pas le niveau du Krug 1996 qui m’a tant impressionné. Nous avons grignoté les viennoiseries de mon épouse, des petites tranches de jambon roulées autour d’un fromage de chèvre, une délicieuse poutargue de Sète, des olives. Le Krug est divin sur la poutargue bien moelleuse. Mes amis ont préféré la lisibilité de l’Enchanteleur alors que j’ai été plus sensible au Krug, champagne de haute race.

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le Cristal de la veille

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déjeuner au restaurant hôtel BOR près du port d’Hyères mercredi, 29 juin 2016

Nous allons déjeuner au restaurant hôtel BOR près du port d’Hyères. Les tables prolongent l’étroite plage de sable fin. La décoration et l’agencement sont agréables. La carte des vins me permet de choisir un Champagne Cristal Roederer 2006. L’offre de poisson est limitée car des jours de mistral ont empêché les pêcheurs de sortir, mais, comme dans une pièce de théâtre bien construite, l’aimable directeur de salle revient peu de minutes après avec un plateau qui comporte un beau mérou, un chapon de belle taille et deux langoustes bien vivantes. Un pêcheur venait de passer. Ayant les yeux plus gros que le ventre je choisis la plus grosse des langoustes. Le Champagne Cristal Roederer 2006 est un bon et grand champagne mais je crois qu’il faudrait l’attendre encore quelques années, car il est encore trop politiquement correct. Il lui manque de s’encanailler. Sa grandeur, son expressivité ne font pas de doute, mais il n’a pas la petite étincelle de génie qui devrait venir avec quelques années de plus. Inutile de dire que c’est quand même un grand plaisir.

Le service du lieu est attentif et de qualité. Les plats sont copieux et bien exécutés. C’est une table qu’on peut recommander, dont on profite mieux quand le temps est beau. Mais il l’est toujours dans le sud. Le directeur m’a apporté un verre de rhum du Guatemala dont le parfum a une palette aromatique un peu trop large. Il est meilleur en bouche mais n’atteint pas la noblesse des grands rhums martiniquais. Une présence de café dans le goût n’est pas ce que j’aime. Ce fut un beau déjeuner.

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Courts moments avec mon fils dans le sud mardi, 21 juin 2016

Le lendemain du 202ème dîner, je m’envole vers le sud, pour retrouver femme, fils et petits-enfants. Mon fils sera là pendant peu de jours. Comment donner le coup d’envoi de la longue pause d’été ? Ma femme a prévu un gigot et c’est tentant de prendre un vin qui va évoquer le sud et les vacances. J’ouvre un Château de Pibarnon Bandol rouge 2001 et immédiatement le parfum vif évoque toutes les odeurs des paysages de Provence. Ce qui me frappe, c’est l’incroyable jeunesse de ce vin vif. Ayant en mémoire le Châteauneuf-du-Pape Pégau 1985 je suis frappé par la vivacité de ce vin beaucoup moins complexe et charmeur mais cinglant et profond, au beau discours naturel. Il est facile à vivre comme un vin de Provence mais avec beaucoup de noblesse.

Le lendemain, c’est le dernier jour de mon fils, alors, il faut boire grand. Nous commençons par un Champagne Krug 1996 et dès la première gorgée nous savons que nous avons le même sentiment. Ce champagne est la pure définition du champagne parfait. Ce 1996 a bien mûri, ce qui n’est pas le cas de tous les 1996. Il est maintenant d’un équilibre total et d’une complexité inégalable. C’est un plaisir et on le verrait bien comme l’étalon des poids et mesures du champagne idéal.

Après lui, il faut prendre un champagne qui ne s’inscrive pas sur les mêmes sentiers. Aussi, le choix est d’un Champagne Initial Jacques Selosse Blanc de Blancs dégorgé en mai 2012. J’ai une tendresse particulière pour le champagne Initial. Le Substance est évidemment le grand seigneur, la signature du talent d’Anselme Selosse, mais l’Initial a beaucoup de qualités et parle un discours qui me convient, surtout s’il a quelques années après son dégorgement, ce qui est le cas. Vif, plus typé, moins consensuel que le Krug, il passe très bien après lui, sur des notes tranchées et vineuses. Si mon fils nous quitte, nous laissant son fils, le séjour dans le sud est lancé.

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Noces d’or au chalet de la Porte Jaune dimanche, 12 juin 2016

La fête de famille pour l’anniversaire des 50 ans de mariage de ma femme et moi se tient au Chalet de la Porte Jaune, dans le bois de Vincennes, au bord du lac des Minimes. Le choix de cet endroit s’est fait en se souvenant des repas de communion privée et communion solennelle que mes parents avaient organisés en ce lieu pour leurs enfants, il y a plus de 60 ans. A l’époque c’était un restaurant gastronomique, aujourd’hui c’est un ensemble de bâtiments et de salles qui se louent pour des mariages ou grands repas, avec un traiteur qui propose des menus aux plats dont les recettes ne se discutent pas. Il est permis d’apporter ses propres vins, ce qui fut un critère déterminant de choix.

Nous avons invité 50 adultes et une dizaine d’enfants et du fait des aléas divers, nous serons 44 adultes et 12 enfants. Nous voulions la présence d’enfants ce qui nous a poussés à choisir un déjeuner pour cette fête. Tout le monde est convié pour midi. Nous occupons le rez-de-chaussée du chalet originel, le plus ancien.

A 9 heures du matin, je viens livrer mes vins pour les ouvrir et douze douzaines de verres car le traiteur n’a pas des verres qui me conviennent. Je sens tout de suite qu’Ibrahim, le responsable qui me reçoit, est un homme d’initiative et de décision. Je sais à l’avance qu’il résoudra les éventuels problèmes. Pendant que j’ouvre les bouteilles dans l’office, je prends conscience que l’organisation de tels événements met en jeu une myriade de petites entreprises. Il y en a une qui apporte les housses de chaises, une autre les fleurs que ma femme a choisies pour la décoration et les centres de table. Une autre apporte les desserts. Tout se passe dans une atmosphère huilée. A l’ouverture, tous les vins me semblent offrir de beaux parfums sauf une bouteille de Châteauneuf-du-Pape qui est bouchonnée, du moins, c’est ce que je crois. Attendant les invités, je me promène autour du lac. Il y a un grand attroupement de bernaches du Canada, dont par un hasard à signaler trois d’entre elles s’étaient posées sur notre étang il y a trois jours, alors que nous n’en avions jamais vues en plus de trente ans. Avaient-elle lu dans nos pensées ? En cherchant de quels oiseaux il s’agissait j’ai appris leur nom. Ces grosses oies envahissent l’espace et le salissent ce qui oblige des employés à nettoyer les abords, mais les contours du lac sont sales.

A l’arrivée des parents et amis, nous commençons par un Champagne de Venoge Cordon Bleu magnum Brut sans année qui est une très belle surprise. Il est franc, direct, un peu doux mais se boit avec plaisir.

Le Champagne Deutz Blanc de Blancs magnum 1993 a un parfum inoubliable, d’une intensité rare. On franchit une étape, le vin étant plus vif et racé. Les petits fours salés sont délicieux.

Ibrahim m’appelle car le bouchon du Mathusalem que je lui ai demandé d’ouvrir s’est brisé. Au moment où je veux pointer mon tirebouchon le bouchon s’abaisse. Il me faut donc des trésors de dextérité pour le faire sortir. Le champagne sera servi après un Champagne Pommery Cuvée Louise magnum 1999 qui nous fait monter d’un cran supplémentaire dans l’excellence. Ce vin est encore plus vif et vibrant. Nous sommes dans la gamme des grands champagnes.

J’avais acheté le Champagne Perrier Jouët Mathusalem 1966 en vue de cette fête puisqu’il est de la même année que celle de notre mariage. La beauté de ce flacon qui contient huit bouteilles est photographiée par tous. Dans le verre le champagne est brun, et dès que la moitié du champagne est versée, les verres se remplissent de paillettes de poussières noires. Le champagne n’est pas inintéressant et se boit, mais il montre des signes de fatigue et une amertume qui limite le plaisir de sa douceur. Il aura quand même suffisamment d’énergie pour accompagner à table le foie gras.

Nous passons à table et selon la tradition je prononce un discours dont la durée n’atteint pas encore celle des speechs de Fidel Castro, car je n’ose pas abuser de la patience de mes invités.

Le menu composé en choisissant parmi les plats proposés par le traiteur est : Amuse-bouche en petits canapés / Pressé de foie gras aux fruits secs et son chutney de saison / Filet de dorade, pointe d’asperges / Filet de bœuf, pomme Anna et fagot d’haricots verts / Trilogie du maître fromager / Assortiment d’entremets.

Le Chevalier Montrachet La Cabotte Bouchard Père & Fils 2008 est un vin qui a atteint une sérénité remarquable. Il y a une belle acidité mais aussi des notes de noix. C’est un vin ciselé et précis mais aussi gourmand. Il est parmi mes préférés de ce repas. La dorade est excellente et lui convient parfaitement.

Le Château Lynch-Bages magnum 1989 surprend tout le monde par sa plénitude veloutée. Ce vin riche qui a dominé sa modernité offre un velours rare. C’est un conquérant. Sa profondeur de plomb s’impose dans le palais. Le filet de bœuf le met en valeur.

Des quatre bouteilles de Château de Montredon Châteauneuf du Pape 1979, trois avaient un parfum d’une rare séduction et l’une était bouchonnée. Mais lorsqu’un sommelier me fait goûter les quatre bouteilles, je suis bien en peine de trouver laquelle a ce défaut, qui semble avoir disparu. Le vin est en charme. Il n’a pas la puissance d’affirmation du Pauillac mais il joue sur la douceur. C’est un vin chaleureux qui aura beaucoup de partisans parmi mes amis et parents.

Le Château d’Yquem 1983 a une belle couleur d’abricot gorgé de soleil ou d’acajou clair. Ce vin est une splendeur de sérénité. C’est un Yquem débordant de fruits juteux, plein en bouche et dans la complète force de ses moyens. Il est grand et tellement serein !

Le Maury 1928 est exactement là où on l’attend. Il a du pruneau du tabac et du café, aux goûts adoucis par la patine du temps. Un régal comme un bonbon. Il faut aller se faire servir des cinq entremets que j’avais choisis, trois pour aller avec l’Yquem et deux au chocolat pour le Maury.

Entre les petits crachins les enfants se sont égayés aux abords de l’étang. Nous avons abondamment discuté et profité des vins d’une grande qualité. Je classerais pour une fois ex-aequo, car je refuse les ex-aequo dans mes dîners, le Chevalier Montrachet 2008 et le Lynch Bages 1989 alors que l’Yquem est hors-catégorie tant il est parfait et exceptionnel. Viendrait ensuite la cuvée Louise de Pommery.

Nous n’allions pas en rester là ! Nous invitons ceux qui le veulent à finir la soirée à notre domicile. Nous avons prévu des petits fours salés et sucrés. J’ouvre un Champagne Pierre Péters Blanc de Blancs Jéroboam 1995 et quand je dis j’ouvre, c’est un euphémisme. J’essaie de tourner le bouchon et rien ne bouge. Les gros bras parmi mes amis me disent qu’ils veulent prendre la main mais sont aussi piteux que moi. Avec une pince à champagne nous essayons tout pour lever le bouchon qui ne veut pas venir. Il se cisaille et maintenant on a besoin de moi, car il faut lever le bas du bouchon. Le liège est tellement serré que piquer la pointe risque de faire descendre le bas du bouchon. J’arrive enfin à piquer mais le bas du bouchon ne veut pas remonter car le haut du goulot a une surépaisseur à l’intérieur du sommet. Au moment où j’arrive à surmonter cette difficulté, c’est la puissance du gaz qui expulse le bouchon.

Le champagne est un représentant des blancs de blancs de Mesnil-sur-Oger quasi archétypal. Il est grand mais me plairait plus si l’amertume du champagne vineux était moins vive. C’est incroyable comme un champagne de vingt ans peut être encore un ado frappé d’acné, l’acné étant ici cette amertume de jeunesse.

A côté de moi, les amis et parents se régalent de ce champagne, ignorant ma remarque sur l’amertume aussi est-ce tentant d’ouvrir un Champagne Salon magnum 1995. Ce n’est évidemment pas pour qu’il y ait un gagnant et un perdant mais pour que l’on ait une perspective sur deux vins du Mesnil-sur-Oger de la même année. Le Salon est plus large, plus ouvert, plus souriant. On sent des racines communes dans ces deux blancs de blancs, mais le Salon est plus large, avec la même vinosité que le Péters, et moins d’amertume. Le Salon en magnum est asséché à une vitesse qui montre qu’il a plu.

Les amis repartent mais la maison est encore pleine aussi faut-il organiser un déjeuner, avec un poulet qui accompagne ce qui reste du jéroboam de Péters 1995 qui s’est élargi mais conserve cette petite amertume qui limite beaucoup moins le plaisir.

Le jéroboam trouve sa fin au dîner aussi est-ce intéressant d’ouvrir un Champagne Salon 1990. Devant me rendre demain au siège du champagne Salon, ça me permet de recaler mon palais à la proche dégustation. Le 1990 est meilleur que ce que j’attendais. Il a une joie de vivre, une largeur ensoleillée que je ne voyais pas à ce niveau. Et paradoxalement, il rend justice au champagne Péters dont il fait mieux comprendre l’amertume.

Ce Salon 1990 est à un sommet dont je n’avais pas le souvenir. Il est d’un équilibre raffiné et d’une longueur qui mettent un sourire sur nos lèvres. On est bien. Il a les fruits blancs et d’ormais aussi le miel. Il est vif, cinglant mais aussi civilisé. C’est un grand champagne.

Le week-end se termine après cette grande fête et la chaleur de l’amitié et de l’affection. Un fabuleux Lynch-Bages, un immense Chevalier Montrachet La Cabotte, un impérial Yquem, deux beaux Salon 1995 et 1990. Allons vite vers les noces de diamant !!!


Le chalet de la Porte Jaune

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les bernaches du Canada

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une partie des tables

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les vins dans ma cave

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pour avoir une idée de la taille du Mathusalem

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je n’ai pas chômé pour ouvrir les vins

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petits canapés et repas

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au moment du dessert

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les vins bus

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ça se poursuit dans ma maison

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le bouchon du Salon 1995 magnum

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un nénuphar cueilli par les petits enfants

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