Archives de catégorie : dîners ou repas privés

Déjeuner au restaurant Pages vendredi, 6 novembre 2015

Déjeuner au restaurant Pages. Le menu découverte est ainsi composé : chips, ceviche de dorade royale, bonite / bœuf Ozaki / bar de ligne fumé / ormeau / lotte croustillante, citron caviar / canard de Challans façon Apicius / bœuf de Simmenthal 45 jours, Galice 140 jours, bœuf Ozaki, sur le Binco / coriandre, citron / Mont Blanc au Mikan.

C’est un festival de délicatesse et d’élégance. La présentation des plats est jolie et raffinée, la vaisselle est assortie à l’esprit des plats. Tous les plats méritent des félicitations. Trois plats émergent pour mon goût, l’ormeau exceptionnel, le canard divin et les trois viandes dont la Galice est le point culminant. Il fait bon manger au Pages, avec la vue sur une cuisine animée et silencieuse, de grande efficacité dans une ambiance souriante.

L’Hermitage Les Bessards Delas 1990 à l’ouverture a un parfum de vin tout jeune, presque de l’année, porté par une acidité juvénile. Lorsqu’il s’étend dans le verre on mesure à quel point son quart de siècle lui fait du bien. Le vin est riche, cohérent, ramassé, c’est une bombe de velours qui atteindra son acmé avec la sauce du canard de Challans. La prolongation de l’un par l’autre est spectaculaire. Le vin est riche, avec un velours qui est lourd comme du charbon. Son message est clair et direct et sa longueur est encourageante. C’est un vin de plaisir.

Un déjeuner au restaurant Pages, même de travail, est un grand moment de plaisir dans une ambiance chaleureuse de grand confort.

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L’inépuisable générosité de Tomo vendredi, 6 novembre 2015

Il est assez difficile d’imaginer jusqu’où ira la générosité de Tomo. A l’occasion de concerts à la Philharmonie de Paris, deux violonistes de l’orchestre philharmonique de Berlin sont présents dans notre capitale. Tomo les a invités à donner un petit récital dans son appartement. J’avais eu l’occasion d’écouter l’un d’entre eux ici même lors de la célébration du premier anniversaire de la fille de Tomo. Il a réuni ses voisins d’immeubles et quelques amis. J’avais prévenu que je ne pourrais pas assister au concert privé qui se tenait à 17 heures et je rejoins les personnes présentes vers 18h15. Après avoir salué tout le monde et m’être excusé auprès de Wolfgang et Romano les deux violonistes, nanti d’une coupe de Champagne Krug Grande Cuvée, classique et fringant, je vais en cuisine ouvrir le vin que j’ai apporté pour le dîner.

L’assemblée s’éclaircit au point que nous ne serons que six pour le dîner, six hommes puisque la femme de Tomo se préoccupe de sa fille qui accapare tous ses instants. Il y a les deux violonistes, un vigneron bourguignon, le directeur du mécénat de l’Opéra de Paris, Tomo et moi. Wolfgang a souhaité que la dégustation se fasse à l’aveugle.

Tomo ouvre une grande boîte de caviar Huso-Huso Beluga de Pétrossian, qui est la qualité supérieure du Beluga. Ce caviar est d’un équilibre incroyable. Il a à la fois des notes iodées mais contrôlées et un joli gras qui évoque subtilement la noisette. Le Champagne Krug Clos du Mesnil 2003 est très floral, entêtant comme du lilas et tout en subtilité. Sa complexité est parfaite. Il n’est pas très large et opulent, il est tendu et vif. C’est un vin très romantique qui montrera dans une heure, plus chaud, qu’il a une matière d’extrême noblesse.

Tomo m’avait adressé des photos de quelques éléments du dîner, dont la truffe blanche qui avait orienté le choix de mon vin et un crabe géant dont nous allons manger les pattes en deux services : une patte à peine cuite, à la japonaise et une patte un peu plus cuite. Sur le crabe nous avons deux vins blancs. Le Chablis Premier Cru Butteaux Jean-Marie Raveneau 1990 a un nez splendide et très expressif, intense et profond. En bouche, c’est la minéralité qui s’impose mais aussi un fruit superbe. Ce vin est d’une grande pureté. C’est un vin de noblesse et élégance avec un peu de fumé et de citron. Son équilibre impressionne.

Le Montrachet Domaine des Comtes Lafon 1994 n’est pas très opulent, et cela tient au millésime. Ce qui me plait, c’est son finale éthéré et très long. Il a le corps d’un montrachet avec du gras et du fumé, mais il est très sec. C’est surtout le finale qui m’attire. Les vins ont été servis très froids et c’est le montrachet qui en souffre le plus. Il est minéral et un peu strict. Plus chaud, il gagne du gras et du salin, mais le millésime limite son ampleur.

Les pattes de crabe, cuites juste à l’huile d’olive sont d’un goût délicat et étrange par leur gracilité. Je préfère la patte la moins cuite. Le crabe s’accorde plus avec le montrachet qu’avec le chablis. Tomo pose sur la table une petite assiette avec plusieurs truffes blanches qui embaument et donnent un incroyable coup de fouet aux deux blancs, surtout le montrachet.

Cette truffe entêtante va évidemment aussi influencer les parfums des rouges. Le Bonnes-Mares Domaine Georges Roumier 1977 est tout en dentelle. Il est très bourguignon et salin. Nous mangeons un plat original : du bœuf bourguignon avec une sauce lourde et inondé de lamelles de truffe blanche que Tomo découpe sur nos assiettes sans compter. La sauce au vin est un peu trop forte pour ce vin, alors que le suivant ne cillera même pas tant il est puissant. Mais le 1977 va s’accommoder dignement du plat car il est subtil.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1999 est un vin immense fort de fruits rouges explosifs. Il est tellement puissant que Wolfgang qui avait brillé lors de la reconnaissance à l’aveugle des vins précédents et le vigneron bourguignon situent ce vin dans le Rhône. C’est vrai que l’on n’est pas sur le registre habituel de vins du Domaine qui suggèrent plus qu’ils n’imposent. Cette Tâche s’affirme avec fulgurance. Sa palette de goûts est infinie. Elle a du velours, mais d’une densité extrême. J’adore le fruit aigrelet comme la groseille rouge qui surgit dans son discours. Le vin fascine car il combine grâce, velours, générosité et joie avec une persuasion percutante.

Le palais est très marqué par le vin et surtout la sauce au vin, aussi avant que l’on ne passe au vin que j’ai apporté, je suggère que l’on ait un intermède. Tomo, qui n’est jamais pris de court, ouvre un Brie fourré à la truffe avec un Champagne Pommery 1947 qui mêle avec élégance acidité, douceur et de beau fruits jaunes comme des coings. Sa couleur d’un or très clair m’a induit en erreur car j’ai proposé 1973, ce qui est une erreur qui tient aussi au fait que ce Pommery est très vif avec une jolie amertume.

Le Blanc Vieux d’Arlay Jean Bourdy 1929 est logé dans une bouteille soufflée extrêmement épaisse et lourde. Le nez est pur, clair, direct. En bouche le vin a une acidité et une richesse aromatique qui surprennent pour un vin de 86 ans. Il évoque bien le Jura mais se démarque du vin jaune. Oxydé, sans l’être autant qu’un vin jaune, il brille sur ce que j’avais suggéré : des petits toasts à la truffe blanche. L’accord est un régal.

Une divine glace à la truffe blanche cohabite poliment avec un Château d’Yquem 1985 agréable mais d’un trop grand classicisme, ce qui est logique pour ce millésime discret.

Etant assis à côté de Tomo, je lui montre mon classement : 1 – La Tâche 1999, 2 – Clos du Mesnil 2003, 3 – Chablis Butteaux Raveneau 1990, 4 – Pommery 1947, 5 – Blanc Vieux d’Arlay 1929. Tomo me regarde tout étonné et ne comprend pas la place que j’alloue au 1929. Pour lui, il y a deux vins ex-aequo, La Tâche et le Vin d’Arlay. Je lui ai dit qu’il est normal que l’on classe moins bien les vins que l’on connaît ou que l’on a apporté. Tomo va moins bien classer son Krug et je vais moins bien classer le Bourdy 1929.

Tomo est insatiable et voudrait que l’on boive d’autres vins ou des alcools. Je quitte cette docte assemblée, les yeux brillant encore de ces magnifiques flacons et de la générosité inépuisable de Tomo.

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Blanc Vieux d’Arlay Jean Bourdy 1929 (millésime gravé dans la cire couvrant le bouchon)

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la vue de chez Tomo

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les vins selon deux perspectives

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Dîners de famille mercredi, 28 octobre 2015

Une cousine vient résider quelques jours à la maison. Il y a au programme du dîner des pâtes linguinis avec des dés de saumon à peine cuits. Je choisis un « Y » d’Yquem Bordeaux Supérieur blanc 1988. La couleur est très claire, le nez est intense et profond. En bouche, il y a des notes fumées et des fruits oranges comme des abricots qui seraient délicatement passés à la plancha. Ce n’est pas caramélisé, c’est juste saisi. Le vin est assez simple et je m’aperçois qu’il est assez difficile pour moi de l’apprécier à sa juste valeur après une dégustation cet après-midi de dix madères riches et titrant 20°.

Mais le palais s’habitue et je retrouve ce que j’aime d’Y qui m’évoque parfois des notes d’Yquem. Malgré tout, ce 1988 ne me donne pas toutes les émotions que j’attendais. Une découverte est intéressante : il y a du camembert au programme. L’erreur serait de boire le vin juste après avoir mangé . Il faut laisser s’apaiser un peu le palais et boire l’Y. Et l’amertume du camembert donne au vin un rayon de soleil plus intense qu’il n’en avait sur le plat qui théoriquement lui convient mieux.

Le lendemain, nous finissons l’Y qui a légèrement accentué son caractère fumé et s’est musclé. Il est toujours agréable sans avoir une complexité qui en ferait un grand vin. Le Champagne Comtes de Champagne Taittinger 1994 est un solide champagne. Il est comme un roc, suffisamment rond en bouche, et il est normal que son année en limite un peu la vibration. C’est un champagne rassurant et très agréable qui se boit avec plaisir.

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Déjeuner au restaurant Guy Savoy mercredi, 14 octobre 2015

Trois fois par an, ma sœur, mon frère et moi invitons à tour de rôle les autres à déjeuner. Mon frère nous invite avec le mari de ma sœur au restaurant de Guy Savoy dans l’hôtel de la Monnaie. J’étais venu deux fois avant l’ouverture officielle du lieu. C’est la première fois que je déjeune « en vrai » dans ce magnifique endroit. Au premier étage, le même que celui du restaurant, il y a une exposition et dans une salle, trois amoncellements de vêtements sont appelés à disparaître, les visiteurs étant invités à se servir.

Nous avons une belle table avec vue sur la Seine à travers les feuilles des platanes. La carte des vins est imposante, avec des coefficients multiplicateurs qui poussent à se tourner vers des vins qui ne sont pas sur la route des spéculateurs. Le menu affiche des prix extrêmement élevés et là, pas question de prendre des chemins de traverse, car on veut expérimenter cette cuisine qui m’a toujours enchanté. Nos choix sont différents. Le mien sera : soupe d’artichaut à la truffe noire, brioche feuilletée aux champignons et truffes / « bœuf-carotte » en deux cuissons.

La cuisine de Guy Savoy est classique mais sophistiquée, ingénieuse et goûteuse. La soupe est un plat iconique. Le bœuf carotte revisité est un régal.

Le Champagne Guy Savoy est un blanc de blancs fait par les champagnes Legras à Chouilly. Il est franc, nature, simple à comprendre et de structure suffisante pour apporter du plaisir. Il a une belle longueur expressive. C’est un bon choix pour un champagne maison.

Le Château des Tours Vacqueyras E. Reynaud 2006 offre un nez d’une richesse rare. Je suis étonné qu’il puisse être aussi expressif et soyeux, ce qui montre que la température de service et le carafage sont idéaux. La bouche est belle, n’a pas la profondeur des Rayas faits par Emmanuel Reynaud, mais on ressent les mêmes accents bourguignons. Le vin est fluide, avec de petites notes fumées, il est frais et accompagne bien les plats. Il est bon au point que nous avons doublé la bouteille sans besoin de changer de vin.

Sylvain Nicolas, le sommelier dont les explications sont d’une grande pertinence, nous a offert des verres de Château Suduiraut 2006 à la couleur très prononcée, déjà très mature, d’un beau botrytis associé à une belle élégance. Je ne pensais pas qu’un sauternes si jeune se positionnerait aussi bien.

Comme toujours, même si on ne prend pas de dessert, le chariot des mignardises emporte nos résistances.

Le service est attentionné, chaleureux sans être envahissant. Guy Savoy est venu deux fois à notre table, lui aussi très chaleureux avec des mots aimables. Dans un cadre prestigieux, sa cuisine solide trouve un écrin qui doit faire de sa maison une figure de proue de la gastronomie « à la française ».

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Déjeuner d’anniversaire dimanche, 11 octobre 2015

Le lendemain, c’est un autre anniversaire, celui de ma fille cadette. Ce sera beaucoup plus modeste que la veille au Shangri-La, un déjeuner à la maison.

Le Champagne Dom Pérignon 1990 me surprend tant il est bon, au-dessus de l’image que j’ai en mémoire. La couleur est à peine ambrée. On est à fond dans les fleurs et les fruits, roses et blancs, signes d’un beau romantisme. Il a déjà des signes d’un début de maturité qui lui donnent un supplément de charme. C’est un très grand champagne avec une séduction exceptionnelle. Je le mets haut dans la hiérarchie des millésimes de Dom Pérignon et il vient de gagner aujourd’hui plusieurs places ! Ma femme a fait une terrine de foies de volailles qui réagit bien sur le champagne ainsi que des tranches de Pata Negra bien gras.

Le menu du repas est : carpaccio de coquilles Saint-Jacques / poulets cuits à basse température, purée de pomme de terre et de céleri / Reine de Saba. Le dessert est une tradition familiale, bien commode pour porter les bougies que l’on souffle.

La Côte Rôtie La Landonne Guigal 1984 est un bon vin, mais un peu en sourdine. Il est trop discret. Son fruit est encore vivant mais le vin apparaît poussiéreux, comme s’il avait vécu dans une vieille armoire. Tout cela n’empêche pas de le boire. L’image qui le caractérise est celle d’une Landonne en sourdine.

Cela n’empêchera pas ce déjeuner familial d’être chaudement réconfortant.

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Générosité exceptionnelle lors d’un dîner au restaurant Shang Palace dimanche, 11 octobre 2015

Tomo, mon compagnon d’aventures folles autour du vin fête ses quarante ans. Il a loué pour lui, son épouse, sa toute petite fille et des accompagnants la suite la plus belle de l’hôtel Shangri La dont on me dit qu’elle fut la demeure d’un neveu de Napoléon grand amateur d’herboristerie. La suite dispose d’une immense terrasse d’où la vue est à couper le souffle. On peut voir la Seine en amont et en aval avec une succession de ponts historiques. La Tour Eiffel s’impose dans le paysage. Nous la verrons changer de couleur avant le dîner et d’illuminations après le dîner. Cette vue est un spectacle impressionnant. L’apéritif se prend sur cette terrasse avec un Champagne Krug Grande Cuvée en jéroboam. Alors que les jeunes Grande Cuvée sont souvent tout fous, verts, sauvages, l’effet du format de la bouteille est impressionnant. Le champagne est très facile à boire, donne en permanence envie d’y revenir et frappe par sa sérénité. C’est un régal de champagne noble, vif et très rassurant.

Les petits canapés d’apéritif sont agréables dont un jambon très doux et peu salé. A un moment, sur un écran géant, défilent des photos de Tomo à tous les âges de sa vie. C’est un montage sympathique. Lorsque la séquence s’arrête on peut voir Tomo et son épouse en pleurs. La charge émotionnelle était trop forte pour eux.

Nous quittons cette suite qui surplombe Paris pour aller dans les entrailles de l’hôtel Shangri La au restaurant Shang Palace où j’avais dîné il y a un mois pour la présentation des vins de Hugel. Deux grandes tables d’au moins douze personnes chacune ont été dressées et il y a au centre de chaque table un immense plateau tournant permettant à chacun de se servir des plats du menu qui est ainsi rédigé : duo de spécialités rôties façon cantonaise / soupe de fruits de mer « hot and sour » façon cantonaise / langouste sautée à la sauce aux haricots noirs / bœuf sauté aux champignons et céleri, sauce au poivre noir / aubergine braisée en cocotte, poulet et poisson séché / riz Shang Palace en feuille de lotus / crème de mangue pomelos et perles de sagou.

La nourriture est excellente, les goûts sont superbes. Cette cuisine est de belle qualité. Langouste, bœuf et riz sont magnifiques. Je préfère lorsque les plats sont servis à l’assiette plutôt que de devoir se servir sur le plateau tournant. Tomo a choisi des vins impressionnants.

Le Champagne Krug magnum 1982 est d’une année que je chéris particulièrement. Le saut gustatif par rapport au Grande Cuvée est spectaculaire. Car au raffinement s’ajoute une complexité extrême. C’est un champagne de noblesse pure, très romantique, car tout est suggéré plus qu’imposé. Boire ce champagne est un honneur qui nous est fait. Ce Krug est conforme à l’image que j’en avais.

Le Champagne Dom Pérignon rosé magnum 1988 est lui aussi d’un romantisme extraordinaire. Tout est suggéré, délicat, raffiné. C’est un très beau champagne rosé, de grande élégance. On est dans le pointillisme ou dans la calligraphie chinoise. J’adore comme il tintinnabule en bouche. Sa couleur est belle, d’un rose prononcé mais sans excès. Si mon cœur va naturellement vers le champagne Krug, qui est blanc, j’ai un penchant marqué pour ce superbe rosé car il est plus énigmatique, sortant des sentiers battus. La soupe ne l’avantage pas, mais on arrive à le boire en laissant s’apaiser son palais.

Le Meursault Perrières Domaine Coche Dury 2009 est très étonnant. Alors que d’habitude les vins de ce domaine sont d’une richesse conquérante, je trouve celui-ci jouant sur l’élégance et la subtilité. Et je m’interroge sur la façon dont j’aborde les vins ce soir car je trouve en chacun finesse, élégance et doigté. Est-ce moi, est-ce eux, sans doute un peu des deux, comme le montreront les vins suivants. Ce vin subtil et raffiné est d’un charme particulier.

La Romanée-Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti magnum 1989 a un nez assez discret. Le vin a beaucoup des caractéristiques des vins du domaine, mais un peu en sourdine. Le vin est bon, mais il lui manque la petite étincelle de génie. Tomo est un peu plus sévère que moi pour ce vin qui a quand même beaucoup de finesse et respire comme un vin du domaine. Il est vineux, au boisé bien dosé. Mais c’est vrai qu’on aurait aimé un peu plus de vibration.

Le Château Fihot 1891 a une belle couleur ambrée. Le vin est sec, il a mangé son sucre. Son nez est subtil, complexe et la bouche est adorable. On est dans les agrumes roses et le kaki. J’ai un amour particulier pour les sauternes devenus secs et celui-ci est ravissant, d’une belle acidité. C’est un régal.

Le Porto Ferreira 1847 accompagne un dessert d’anniversaire au chocolat. Le nez est superbe évoquant pruneaux et fruits noirs. La bouche est faite de mûre et de cassis, mais la force alcoolique est extrême, voire gênante. Elle est même troublante pour un vin de cet âge. Le plaisir est un peu entravé par la charge alcoolique mais l’on sent bien qu’il s’agit d’un grand porto.

Nous remontons au dernier étage de l’hôtel dans la suite louée par Tomo. La Tour Eiffel est splendide, beau symbole de Paris et de la France. La générosité de Tomo est époustouflante. Pour me faire plaisir, mais aussi à quelques-uns de ses amis, il commande sur la carte du restaurant un Ermitage Cuvée Cathelin Jean Louis Chave 1990. Il fait frais sur la terrasse aussi l’Ermitage est-il un peu fermé. Il n’expose pas tout ce qui fait de lui une légende. Le vin est manifestement grand, riche de fruits noirs épais, mais comme pour la Romanée Saint-Vivant, la vibration n’est pas au niveau espéré.

Insatiable, Tomo commande un Champagne Krug Clos-du-Mesnil magnum 2000 qui est, lui, à la hauteur de sa réputation, vin qui conquiert toujours par le niveau incomparable de sa complexité. L’acidité est belle. Malgré sa jeunesse le vin vif est de belle ampleur avec des fruits jaunes et blancs.

C’est le point final d’un anniversaire marqué par l’inégalable générosité de Tomo et de son épouse.

la terrasse

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la vue

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la tour Eiffel de jour et de nuit

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les vins

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la bouteille en chocolat de l’année de Tomo

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dîner au restaurant Bel Canto jeudi, 8 octobre 2015

Ayant dû transférer ma cave pour cause d’expropriation du site où elle se trouvait, j’ai profité de l’aide de quelques amis amateurs de vins avec qui j’ouvrais une bouteille prise in situ lors des piqueniques organisé en cave à la pause déjeuner, jusqu’à ce que je bénéficie de l’aide d’une collaboratrice à mi-temps qui a fait un travail considérable pour ranger la nouvelle cave. Elle ne connaissait rien au vin mais à force de manipuler et inventorier les bouteilles, de sentir celles pour lesquelles mon regard se porte avec amour, et d’assister aux séances de l’académie des vins anciens, elle s’est forgé sa propre image de certains vins. Vivant à moitié à Londres où se trouve son fiancé et à Paris où se trouvent ses parents, Maria a décidé de ne plus couper sa vie en deux et m’annonça son départ. Elle était devenue assez proche de mon épouse et moi, aussi pour le soir de son départ, ma femme, Maria et moi allons dîner au restaurant Bel Canto où le service des plats est assuré par des chanteurs professionnels. Le niveau des chanteurs est particulièrement remarquable ainsi que celui du pianiste. Etre servi par de ravissantes chanteuses est très agréable.

Maria en rangeant la cave passait en permanence devant une décoration murale où j’ai rangé les plus emblématiques bouteilles de Dom Pérignon que j’ai bues. Je commande donc ce champagne qu’elle va boire pour la première fois. Le menu consiste en un foie gras aux oignons confits, des côtes d’agneau et un éclair au café. La nourriture est simple, bonne et goûteuse.

Le Champagne Dom Pérignon 2004 est toujours aussi rassurant, avec des évocations de noisettes, de lait qui s’ajoutent en fines suggestions à une belle trame vineuse. Il est confortable, serein, équilibré. Entre les morceaux chantés, nous avons le temps de bavarder et il fait rapidement soif car le Dom Pérignon se boit avec une rare facilité.

Le Champagne Cristal Roederer 2006 a aussi beaucoup de charme, plus fluide, plus romantique et très réussi. Ayant conservé des deux champagnes dans deux verres, j’ai pu constater que si j’aime les deux, la matière vineuse du Dom Pérignon me paraît plus gourmande que celle du Cristal. Comme les deux sont dissemblables, il faut aimer les deux.

C’est sur ces deux beaux champagnes et des airs magnifiques de grands opéras que se finit une belle collaboration. Maria reviendra à l’académie des vins anciens, j’en suis sûr, car elle en a pris le virus des vins anciens.

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les chanteurs d’Opéra

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Dîner de mariage au château de la Marquetterie dimanche, 4 octobre 2015

Une jeune journaliste du vin, spécialiste du champagne, se marie en Champagne. Les deux fiancés sont chinois et leur union est consacrée par l’un des plus grands producteurs de champagne où Lei, la jeune mariée, a travaillé pendant quelque temps.

Je rejoins les festivités au moment du dîner dans une immense salle annexe du château de la Marquetterie qui appartient aux champagnes Taittinger. Une vingtaine de tables sont dressées aux couleurs rouge et blanc, pour accueillir environ 160 convives dont une majorité de chinois dont certains très jeunes, contemporains des jeunes mariés. A ma table, il y a un cadre de Taittinger, deux vignerons champenois dont l’un avec son épouse, un photographe, une femme membre de la direction d’un grand hôtel parisien et une journaliste finlandaise spécialisée dans le champagne.

Le menu est : crémeux de tomates au pistou et sa brunoise de homard / escalope de foie gras de canard poêlée au vinaigre balsamique, minestrone de fruits aigres-doux / suprême de pintadeau en croûte truffée sur son lit de légumes de saison en fricassée / vieux comté et Brie de Meaux, pain aux noix et son mesclun/ nage de fruits frais au coulis de fruits rouges et champagne, glace vanille et madeleine tiède. A la lecture de ce menu, on prend conscience que l’on a voulu faire plaisir sans compter à tous les invités. L’intention est remarquable.

Le Champagne Taittinger Prestige rosé sans année est d’une couleur rose très prononcée. Le champagne s’est animé sur la brunoise de homard mais je ne l’ai pas trouvé d’une grande vibration.

En contradiction avec le programme qui prévoyait un ordre différent, nous avons été tout de suite servis du Champagne Taittinger Comtes de Champagne 2006 qui devait être le clou des vins présentés. L’évocation de noisettes est très forte et je suis probablement passé à côté de ce champagne qui ne m’a pas fait l’impression qu’il devrait. Il est à goûter de nouveau.

Le Champagne Taittinger Folie de la Marquetterie me plait beaucoup plus. C’est une cuvée très confidentielle, peu diffusée, que je découvre. Elle est d’une belle vibration gourmande et réagit bien sur la truffe qui recouvre le pintadeau.

Les deux vignerons de la table avaient eu l’autorisation de pouvoir apporter une bouteille chacun. Nous commençons par le Champagne Marguet 2009 d’Ambonnay. Il a un très joli bouquet aromatique où figurent de fins fruits rouges. Mais c’est un champagne au final un peu court.

Le Champagne Ulysse Collin Les Maillons 2008 est lui aussi un blanc de noirs. Je suis un peu troublé par une palette aromatique très forte, avec des accents de bonbon anglais. Cette impression s’estompera lorsque le champagne s’aérera. Apparemment, je n’avais pas ce soir le palais très réceptif aux champagnes.

La mariée ravissante, apparue dans une belle robe blanche en début de repas est réapparue deux fois ensuite dans deux magnifiques robes rouges dont la couleur est celle des décorations de table. Les inévitables discours et souvenirs se sont succédé en chinois et en français. Toutes ces festivités et attentions préparées de longue date dans une atmosphère amicale seront un souvenir éternel pour les jeunes époux.

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les mariés venus saluer ma table

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Manu Dibango à la brasserie Le Petit Journal de Montparnasse mercredi, 30 septembre 2015

Les assassins reviennent souvent sur les lieux de leurs crimes. Ayant apprécié la soirée passée à la brasserie Le Petit Journal de Montparnasse, je souhaite que mon épouse en profite aussi. Nous réservons deux places pour un dîner concert avec Manu Dibango. Lorsque nous arrivons, on nous place à une table qui est directement au premier rang, de grand confort. Je n’avais pas prévenu André Robert le propriétaire des lieux de notre venue. Un ange a sans doute donné un coup d’aile pour l’attribution de cette table.

Le menu est : pressé de canard au foie gras, piment d’Espelette, mousseline de petits pois / filet de bar, risotto crémeux, beurre blanc infusé au safran / velours tout chocolat et crème anglaise. On n’est plus dans le registre de la cuisine d’Alain Pégouret, chef venu en ami samedi dernier, mais ce dîner est très convenable avec des saveurs franches. C’est Lydia qui nous sert avec un large sourire. Elle se souvenait que j’avais pris du champagne. Je récidive en commandant une bouteille du Champagne Delamotte Brut sans année, qui est toujours aussi agréable de franchise et se comporte encore mieux sur cette cuisine.

Manu Dibango est accompagné de deux choristes, d’un ou deux guitaristes, d’un pianiste sur synthé et d’un batteur particulièrement talentueux. A 81 ans, Manu est comme un jeune homme, souriant, optimiste, nous entraînant dans un jazz rassurant, facile à vivre, rythmé et efficace. Un de ses amis camerounais probablement de sa génération est venu chanter avec une rare bonhommie, chauffant la salle avec bonheur. André Robert est venu nous rejoindre pour bavarder quelques instants.

Le Petit Journal du Montparnasse diffuse une atmosphère de convivialité, de partage et de bon jazz. Je sens que nous en avons attrapé le virus !

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Déjeuner au restaurant Le Petit Verdot mercredi, 30 septembre 2015

Déjeuner au restaurant Le Petit Verdot. Hidé m’accueille avec le sourire. Il est étonné que je ne sois pas venu avec une belle bouteille, mais j’ai envie de choisir sur la carte des vins.

Le menu est écrit sur une ardoise. Je choisis : thon blanc mi- cuit au sésame, purée de haricots blancs / onglet de bœuf grillé, jus de cuisson / flan de reine-claude, glace pistache. Le prix du menu est à peine plus cher que le tiers du prix d’une entrée au Taillevent.

Le vin choisi est un Chambolle-Musigny 1er Cru Les Amoureuses domaine Robert Groffier P&F 2010. Il est d’une belle grâce bourguignonne avec un fruit un peu acide, comme dans une soupe de fruits au vin. Il est encore très jeune, mais j’aime son goût prononcé qui n’est pas flatteur. On n’est pas dans le charme mais dans la typicité. Il a un côté campagnard qui ne me déplait pas.

A une table voisine déjeunent un représentant en vins de plusieurs domaines du Rhône et parfois ailleurs, et un grand critique de vin dont l’amitié m’honore. Atterrit sur ma table un verre de vin charnu, gourmand et plaisant, un Clos Triguedina les sélections parcellaire « les Galets » Nozières Jean Luc Baldès Cahors 2007. Le vin est riche et tannique et immédiatement ce qui me frappe c’est que l’année 2007 lui va parfaitement car rien n’est surjoué. Il paraît plus gourmand que le bourgogne mais lorsque je reviens au bourgogne, je suis plus convaincu par la richesse vibratoire et la complexité du Chambolle-Musigny. Les deux vins sont très attachants.

La cuisine du Petit Verdot est simple et agréable mais a perdu de la complexité que l’on trouvait avec certains chefs précédents du lieu. La gentillesse d’Hidé est légendaire. On y va beaucoup pour ça. Un détail « qui tue » : la bouteille du 2010 n’était pas finie. Hidé m’a compté 80% du prix du vin sur le livre de cave. Impensable et inimaginable de nos jours.

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