Archives de catégorie : dîners ou repas privés

Dîner avec sept vins de Rimauresq vendredi, 11 août 2023

C’est un dîner impromptu qui s’est organisé après la visite au domaine Rimauresq. Nous avions dégusté plusieurs vins de 2020 à 1985 et le régisseur, Pierre Duffort, nous avait donné les bouteilles pour notre dîner. Nous sommes allés chez notre boucher pour prendre quelques fromages pour le dîner.

J’ouvre un Champagne Delamotte 2004 qui fait un très beau pschitt. La bulle est très active et le champagne est clair, signe de jeunesse. On n’est pas au niveau de Salon bien sûr mais ce champagne a atteint une belle maturité et se montre très agréable.

Sur une andouille de Guémené, plutôt douce, le champagne se montre agile et pointu. Sur un camembert Jort, il devient encore plus vif. C’est un champagne de belle réussite.

La dégustation se fera entre : Rimauresq 2016, R. de Rimauresq 2001, Rimauresq 2017, Rimauresq 1990, 1988, 1986 et 1985. Je ne prendrai pas de notes mais nous voterons tous en fin de repas.

Les vins sont beaucoup plus épanouis que lors de la dégustation car ils ont bénéficié d’une aération salutaire. Et le fait de les boire à table les met nettement plus en valeur.

Nous mangerons des caillettes, des pommes de terre à la truffe et à la crème et des fromages, dont un Epoisses tellement maturé qu’il réveillerait un mort.

Le 2017 et le 2001 se montrent extrêmement brillants dans leur état de vins jeunes. Le plus faible des anciens est le 1986. Les trois autres sont très grands.

Quatre vins se distinguent des autres très nettement. Le vote du consensus sera : 1 – 1985, 2 – 2001, 3 – 1990, 4 – 2017. Mon vote diffère à peine. J’ai juste mis le 2017 devant le 1990 car la jeunesse brillante de ce 2017 méritait mes encouragements.

Au domaine, 1990 était préféré. A ce dîner, le 1985 plus solide et plus adapté aux saveurs des fromages et plats passe devant le 1990. L’accord le plus magique est celui de l’époisses avec le 1985.

Les Rimauresq de plus de trente ans sont remarquables, mais le 2001 et le 2017 montrent que ce vin est capable de briller dans sa jeunesse.

Ce dîner improvisé a été joyeux et amusant tant on passait d’un vin à l’autre. Nous avions tous en mémoire un moment de grand bonheur passé au domaine, avec la gentillesse de ceux qui nous ont reçus.

Troisième déjeuner au restaurant Alexandre Mazzia à Marseille samedi, 5 août 2023

Pour la troisième fois cet été nous allons déjeuner au restaurant Alexandre Mazzia à Marseille. Nous avons invité notre fille aînée et ses deux filles. L’une d’entre elles suivait depuis longtemps Alexandre Mazzia, avec une admiration et une vénération certaines, mais elle n’était jamais venue en ce lieu.

Nous sommes reçus comme des amis par l’ensemble du personnel, dont Jean-Philippe, Kevin le sommelier et Margot. Nous choisissons le « Premier Voyage » car les deux dernières fois, les voyages plus généreux en plats étaient en fait trop généreux.

Le choix des vins avec Kevin est très agréable, car il est de bon conseil et pertinent. Pour commencer nous aurons un Champagne Jacques Lassaigne Blanc de Blancs 2013. Ce champagne est magique. Dès la première gorgée on ressent à quel point il est grand, racé, élégant et débordant de subtilités. C’est vraiment le champagne idéal. Quel bonheur.

Pour la suite du repas, j’aimerais un champagne qui ait du pinot noir. Comme le Champagne Marguet Verzenay 2016 100% pinot noir m’avait plu, Kevin me suggère de prendre le Champagne Les Beurys Marguet Grand Cru 2016 qui a 71% de chardonnay et 29% de pinot noir, dégorgé en mai 2021 comme le Verzenay précédent.

Kevin me le fait goûter, mais après le Lassaigne, ce n’est pas possible. Il est strict, puissant, mais n’a aucune émotion comparable à celle du blanc de blancs. Kevin, fort gentiment, me propose de changer de choix. J’apprécie ce geste mais la bouteille est ouverte. Je ne veux pas donner suite à son offre généreuse.

Le moment venu, nous dégustons une série de plats différents, et la distance temporelle avec le Lassaigne est suffisante pour que l’on puisse profiter du Marguet qui offre une belle structure complexe, faite pour la gastronomie. Il n’y a pas l’émotion gracile du 2013 mais il y a un solide champagne qui a sa place dans ce repas.

J’avais tellement aimé le Volnay les Caillerets, ancienne Cuvée Carnot, Bouchard Père & Fils 1999 dès le premier repas de juin que je l’avais commandé à nouveau au déjeuner suivant et j’avais une fois de plus considéré que ce Premier Cru joue dans la cour des Grands Crus. J’ai demandé alors à Kevin s’il en restait en cave et il en restait une que j’ai réservée pour ce repas. Comme les fois précédentes, j’ai demandé que le vin soit ouvert au dernier moment. Au nez, il me semble que ce n’est pas ce que j’attendais, mais Kevin a dû vérifier. Assez rapidement il m’apparaît que ce vin n’est qu’une pâle copie de ce que nous avions bu les deux fois précédentes. Kevin a pu confirmer ce que j’ai ressenti.

C’est curieux que lors des trois repas nous avons pu remarquer des différences de prestations très importantes pour trois vins : le Champagne Billecart-Salmon Cuvée Nicolas François 2002 dont une bouteille était moins bonne, les champagnes Marguet dont une est moins brillante, et le Volnay dont une n’a pas le niveau. Est-ce une coïncidence ou un problème de cave, je ne saurais le dire mais cette conjonction est inhabituelle.

Mes petites-filles ont adoré le repas, allant d’émerveillement en émerveillement. Pour ma femme et moi qui avons mangé des plats quasiment identiques sur les trois repas, aucune lassitude, aucune sensation de « déjà vu », car nous sommes enthousiastes du génie du chef et de sa créativité incroyable.

La présentation des plats par Jean-Philippe est remarquable. Le travail de sommellerie de Kevin, fait avec le sourire, est d’un grand professionnalisme. Une fois de plus nous avons vécu un repas mémorable.

Déjeuner d’amis dans le sud mardi, 1 août 2023

Nous allons recevoir des amis demain. La préparation du programme des vins est toujours un grand plaisir. J’ai envie d’ouvrir un magnum de Laurent-Perrier Grand Siècle. Hélas en rangeant la cave je n’ai pas fait assez attention aux dates de dégorgement aussi ce sera une surprise.

Le même problème se pose pour un Château Lafite-Rothschild qui est enveloppé dans un papier rose extrêmement fin qui colle au verre de la bouteille mais aussi à l’étiquette. Il serait impossible de décoller le papier de l’étiquette. La solution qui me permettrait de lire le millésime est d’enlever la totalité de la capsule et de voir l’année à travers le verre, car j’ai peur qu’en retirant le bouchon celui-ci soit opaque en se déchirant. La capsule étant totalement enlevée, il me faut laver le verre qui est recouvert d’une sorte de colle. Ouf, je peux lire distinctement 1981.

L’idée me vient d’ouvrir le champagne pour qu’il profite d’une aération dès maintenant. Le pschitt est extrêmement fort. Le champagne sent divinement bon. Je pose un bouchon en cristal au-dessus du goulot. La suite sera le lendemain.

Dès 9 heures je commence par l’ouverture du Lafite 1981 et s’il se brise un peu, on reconnaît clairement 1981 inscrit sur le bouchon. Le parfum est très discret mais j’ai confiance en ce grand vin. J’ouvre ensuite un Côtes de Provence Rimauresq 1983 (je croyais avoir pris un 1993). Le parfum est riche, joyeux.

Ma femme a prévu une tarte au citron meringuée. L’essai avec un champagne n’ayant pas été convainquant, j’ouvre un Vouvray Clos Naudin Demi-Sec Philippe Foreau 1997. Le nez est plaisant.

Les amis arrivent à 12 heures. L’apéritif sera d’un jambon ibérique Belota Belota absolument parfait intense, qui exsude la noix, et de gougères. Dès la première gorgée, je suis assailli par l’intensité et l’énergie du Champagne Laurent-Perrier Grand Siècle dont le bouchon indique qu’il a été dégorgé en 2016. Le champagne a donc une douzaine d’années. Il est merveilleux, noble, puissant, percutant tout en gardant un grand raffinement. C’est un magnifique champagne et le jambon cohabite divinement.

A table, nous mangeons du poulet et un pressé de pommes de terre. Le Château Lafite-Rothschild 1981 a un nez épanoui qui exprime du velours, et en bouche ce vin est tout velours. Il est grand, joyeux, raffiné. Un Lafite particulièrement accessible et généreux, sans complexité, pure expression de velours.

Pour le fromage, je sers le Côtes de Provence Rimauresq 1983. Il est garigue, 100% garigue, et mes amis qui ont proposé Châteauneuf ou Côte Rôtie ont fait fausse route. Ce vin est d’un plaisir fou, si équilibré. Le fait qu’il ne titre que de 12,5° explique son élégance.

Pour la tarte, le Vouvray Clos Naudin Demi-Sec Foreau 1997 me comble de joie. Car le vin respire le citron meringué. Il est citron meringué et développe le goût de la tarte. Et ce qui m’étonne, c’est que le goût de citron du vin est comme une barre horizontale dans mon palais. Je suis fier d’avoir ‘tapé’ juste pour un accord idéal. Le Vouvray est gracile, délicat, sans puissance qui n’aurait pas lieu d’être. Une belle conclusion d’un repas d’amis joyeux et enrichissant.

Un bonheur.

la photo ci-dessous a donné lieu à une énigme sur Instagram : quel nom et quelle année. Il y a eu un gagnant

Citron et champagne vendredi, 21 juillet 2023

Ma fille a préparé des morceaux de poulets marinés dans une concoction originale et aventureuse aussi est-ce l’occasion d’ouvrir un vin qui m’est totalement inconnu, au point que je ne sais même pas s’il s’agit d’un blanc ou d’un rouge, tant le verre de la bouteille est opaque. Qui m’a offert ce vin, je ne le sais pas car je ne note pas immédiatement le nom de l’ami qui me l’a donné. C’est un Marselan Vin du Vaucluse 2015 sélectionné par Edouard Loubet, un chef deux étoiles du Vaucluse. Il titre 14,5°. Le bouchon est tellement serré que je ne peux le soulever avec le limonadier. J’arrache des miettes de liège puis je peux enfin lever le bouchon dont le bas de couleur foncée indique un vin rouge.

Sur le poulet et des pommes de terre cuites au citron, le vin se comporte très bien. Il est noir, il a un parfum simple mais conquérant et en bouche il est juteux, joyeux sans être complexe. La chance des vins du sud, c’est qu’ils sont simples et ne cherchent pas à offrir plus qu’ils ne peuvent. Alors ils sont généreux du fait du degré d’alcool, et cohérents, et on ne leur demande pas plus. Ce vin est une heureuse surprise car il a été fait intelligemment.

Ma fille et un ami ont réalisé une tarte au citron meringuée avec les citrons du jardin. Cette tarte mérite tous les compliments, car elle joue dans la cour des grands pâtissiers. Je pense que le champagne que serait adapté est un Champagne Gosset Grand Millésime 1989 à la très jolie bouteille et une étiquette vert et or.

L’ouverture offre un pschitt actif, des bulles discrètes mais présentes et une couleur d’un or plus foncé que celui du Dom Pérignon 1962 récemment bu. Ce champagne est de grande subtilité mais je le trouve sec. Il ne réjouit pas le palais, il le restreint. Cela m’étonne car j’aime les champagnes Gosset et je pense que le citron de la tarte est responsable de ce sentiment de limitation du goût.

Aussi, pour en être sûr, j’ai gardé dans la bouteille l’équivalent d’un verre. Le lendemain je me suis trouvé face à un champagne plus large, complexe et subtil qui montre une longueur qu’il n’avait pas. Le coupable est donc le citron meringué. J’ai retrouvé la grandeur de ce beau champagne.

Sublime Krug jeudi, 13 juillet 2023

Mon fils va partir demain aussi j’ai décidé d’ouvrir un champagne que j’adore au plus haut point. C’est un Champagne Krug Grande Cuvée à l’étiquette olive, qui est la première apparition de la Grande Cuvée qui remplaçait la Private Cuvée. Il a été mis sur le marché au début des années 80 et comporte des vins des années 70.

Le bouchon vient entier ce qui est très appréciable, et la grande surprise, c’est que le pschitt est d’une belle énergie. A cet âge, c’est rare.

L’apéritif consiste en des chips à la truffe d’été, des olives superbes, et d’autres gourmandises. Le premier contact avec le champagne est fascinant. Il offre la douceur, le fruit, l’élégance et ce qui s’impose, c’est le raffinement. On est au sommet de ce qu’un champagne peut offrir pour nous éblouir. Un champagne au sommet de sa maturité. Quel bonheur.

Pour des bars cuits divinement, c’est-à-dire peu, et un écrasé de pommes de terre, je sers le Blanc Fumé de Pouilly Silex Domaine Dagueneau 2012 fait par Louis-Benjamin Dagueneau. A l’ouverture, le parfum de ce vin est apparu doucereux et rond, ce qui n’est pas ce que nous attendions.

Au service, le vin est rond et agréable, juteux, mais on n’a pas du tout la tension et l’énergie que l’on attendrait de ce vin. Il est devenu plus banal que grandiose, comme nous l’aimions. On le boira bien sûr, mais il a changé d’orientation.

Nous avons fini vin et champagne sur d’originaux gâteaux d’un pâtissier nouvellement installé qui semble très doué mais peut-être un peu complexe. Le séjour de mon fils se finit sur un Krug exceptionnel. Il le méritait.

Dîner au restaurant Tom Cariano jeudi, 13 juillet 2023

Nous allons au restaurant Tom Cariano à deux pas de l’aéroport de Hyères. L’accueil est sympathique. On dîne dehors et l’espace est large et agréable. Nous sommes quatre, ma femme, mon fils et ma fille cadette. Je commande un Champagne Dom Pérignon 2010 pour fêter la présence de nos deux enfants.

Je prendrai des huîtres Marennes Oléron fines de claires n° 3 qui me semblent un compagnon idéal du champagne.

Il me semble qu’un carré d’agneau au romarin pourra accompagner un vin qui me fait envie, un Clos Vougeot Grand Cru Domaine Louis Latour 2015.

L’apéritif commence, on nous sert le Champagne Dom Pérignon 2010 à la belle bulle et au parfum engageant. Ce champagne est la définition de ce que Dom Pérignon doit être, charmant, bien construit et de belle ampleur en bouche. Les huîtres l’excitent avec bonheur. Je pense que ce champagne vieillira avec bonheur, sans limite de vie. Il n’a pas le prestige du 2008 mais il est dans la ligne historique de Dom Pérignon.

Le chef, heureux de voir que des amateurs choisissent de grands vins nous offre des toasts au carpaccio de thon rouge de Méditerranée. Un régal pour le Dom Pérignon.

Le Clos Vougeot Grand Cru Domaine Louis Latour 2015 est d’une vivacité puissante et d’une forte personnalité bourguignonne. Il est fait pour la gastronomie. Nous nous régalons avec ce vin vif et intense, mais je ne peux m’empêcher de penser au Volnay Caillerets 1999 que nous avons bu deux fois au restaurant d’Alexandre Mazzia, qui, bien que Premier Cru, surpasse en émotion ce beau Grand Cru.

Le chef Tom Cariano fait une cuisine simple sur des produits de qualité. Le service a été excellent. Nous avons passé un excellent dîner.


Au déjeuner, un anniversaire

Au restaurant

Escargots et Tokaji Dry lundi, 10 juillet 2023

Dans le sud, nous profitons de la visite de notre fils. Il a apporté des truffes d’été que ma femme va utiliser pour faire des œufs brouillés aux truffes. En se promenant dans la région, notre fils a trouvé un éleveur d’escargots et a acheté deux pots où les escargots ont deux présentations différentes.

Il me semble qu’un Dom Pérignon conviendrait à ce programme. Je vais chercher un 1978. Le bouchon se cisaille et j’extirpe difficilement la lunule inférieure. Le nez du champagne est de belle expression.

Au moment de l’apéritif, je sers le Champagne Dom Pérignon 1978 qui n’offre aucune bulle. Sa couleur est d’un or orangé. En bouche, ce sont des évocations d’abricot et de mangue. C’est un peu comme un sauternes pétillant. Nous sommes donc en face d’un champagne dont l’expression est celle d’un champagne ancien. On a perdu la vivacité des champagnes jeunes, mais cette version du champagne offre d’autres plaisirs. Les escargots à l’ail et au pesto sont délicieux et forts. Le champagne s’accommode mieux des œufs brouillés à la truffe d’été.

J’ai l’idée de servir le Tokaji Szamorodni Dry Hongrie 1947 qui avait été ouvert il y a cinq mois et sommeillait dans le réfrigérateur. Il est vraiment sec mais avec des accents doucereux, ce qui est idéal pour les escargots dans leur présentation.

Le Tokaji accompagnera aussi des petits gâteaux secs.

Le lendemain ma femme prépare la truffe d’été avec des pommes de terre à la crème. C’est de loin la meilleure association pour une truffe beaucoup plus discrète que la melanosporum.

Déjeuner au restaurant A.M. d’Alexandre Mazzia dimanche, 9 juillet 2023

Pour déjeuner avec notre fils, nous revenons au restaurant A.M. d’Alexandre Mazzia. L’accueil est toujours aussi chaleureux. Nous avions trouvé le plus grand menu très riche mais presque trop, aussi nous commandons le menu avec un plat de moins. Mais comme il y a une option caviar, nous ne voulons pas la rater.

J’avais tellement aimé les vins du récent repas que je les commande à nouveau. Le Champagne Billecart-Salmon Cuvée Nicolas François 2002 dégorgé en avril 2019 est absolument superbe, équilibré, généreux et très gastronomique. On est très à l’aise avec un champagne aussi franc. Lors de notre récent repas nous avions bu deux bouteilles de ce vin, l’une absolument exceptionnelle et l’autre paraissant moins vibrante. Celle d’aujourd’hui est entre les deux, mais proche de la meilleure. Ce champagne est un grand bonheur.

Plus qu’en d’autres occasions, j’ai été enthousiasmé par l’apparition des goûts en saveurs successives, composant des progressions gustatives passionnantes. Il n’y a jamais un goût synthétique mais des successions de variations. C’est un vrai enchantement et ce qui me fascine, c’est la créativité du chef.

Pour les plats qui mettent en valeur un caviar Pétrossian Daurenki je souhaite un champagne 100% pinot noir, pour avoir une vivacité tranchante. Dans la carte des vins, je choisis le Champagne Verzenay Grand Cru Marguet 2016 dégorgé en mai 2021. Ce champagne correspond exactement à ce que je souhaitais. Il est vif, tranchant, imposant. Et l’accord se trouve idéalement. C’est un champagne de grande personnalité et grand. La langoustine ‘plancton’ est un des plats les plus merveilleux du repas. Je suis content d’avoir découvert ce champagne.

Pour la suite du repas qui appelle des vins rouges, le Volnay les Caillerets, ancienne Cuvée Carnot, Bouchard Père & Fils 1999 apparaît. Il est aussi brillant que la dernière fois et a tout d’un Grand Cru, alors qu’il est Premier Cru. Nous avions bu il y a deux jours un Chambertin Clos de Bèze Domaine Armand Rousseau 2001. Nous convenons volontiers que ce Volnay est au niveau du chambertin. Quel régal. Son acidité est charmante et son élégance est impressionnante. J’ai bu une trentaine de millésimes de ce vin que j’adore, le plus vieux étant de 1929, dont j’ai signalé sa ‘pétulance endiablée’. Celui-ci pourra vieillir cent ans sans problème.

Nous sommes revenus vers les deux champagnes avec les desserts, le 2002 apportant son charme et sa joie toute en douceur et le 2016 apportant son tranchant et son énergie.

Une fois de plus le service a été parfait, le sommelier Kevin faisant un service parfait. Margot souriait discrètement de nos plaisanteries, Jean-Philippe nous fournissait des explications pertinentes. Tout en ce lieu ne fut que bonheur.

Avant de reprendre l’autoroute pour aller vers Toulon, nous sommes passés par le Prado, la Corniche, le port, constatant que Marseille est beau et mériterait une vie paisible.

Quel beau repas !

Dîner avec mon fils dans le sud jeudi, 6 juillet 2023

Il y a quelques semaines, j’ai acheté quelques bouteilles d’un champagne que je n’ai jamais bu, le Champagne Réserve Grand Trianon A. Rothschild & Cie Brut Spécial 1964. La bouteille est d’une rare beauté, avec une présentation riche et qui se veut noble. Je voudrais ouvrir ce champagne avec mon fils. Vers 16 heures j’ouvre la bouteille. Le bouchon se cisaille et le bas du bouchon reste collé au goulot. Il sort avec un tirebouchon. Surprise, la capsule est très banale, avec le mot champagne en relief, comme pour des champagnes ordinaires. Le nez est engageant.

J’ouvre aussi un Chambertin Clos de Bèze Domaine Armand Rousseau 2001 au niveau absolument impeccable, au bouchon parfait, qui libère un parfum d’une richesse prometteuse.

Comme il restait du Salon 1997 nous commençons l’apéritif avec ce champagne qui est devenu plus large et plus calme que la veille. Nous voulons vérifier si la fraise ou la cerise conviennent mieux au Salon. La fraise Mara des bois, si gourmande, est de loin la gagnante, car la cerise, acceptable, ne fait pas vibrer le Salon.

Nous continuons avec une rillette fondante et exquise qui est divine pour le grandiose Salon.

Il est temps de servir le Champagne Réserve Grand Trianon A. Rothschild & Cie Brut Spécial 1964. Sa couleur est d’un or orangé et le parfum est doux et charmant. En bouche, on sent immédiatement que l’on a changé de monde. On est dans les monde des champagnes anciens, qui n’a rien à voir avec le monde des champagnes jeunes. Certains pourraient dire que le champagne est madérisé, vocable utilisé le plus souvent à mauvais escient et ce serait une erreur. Le champagne est rond, doucereux, offrant des goûts de fruits chauds et exotiques. Le champagne est assez lourd mais attrayant.

Les côtelettes d’agneau arrivant plus vite que prévu, nous mettons le champagne de côté pour accueillir le Chambertin Clos de Bèze Domaine Armand Rousseau 2001. Quel grand vin, quelle joie de vivre. Il est authentiquement bourguignon. C’est un vin de vigneron, qui exprime son terroir sans fioriture, tout en générosité. Quel bonheur. Il est noble, subtil et souriant. La viande et des pommes de terre le mettent en valeur. Je ressens la personnalité d’Éric Rousseau dans son message, comme il m’arrive parfois de sentir la personnalité du vigneron dans des vins bourguignons.

Il arrive alors quelque chose de totalement inattendu. Il restait du Clos de Tart 2003 de la veille et il était temps de le finir. Je le sers et je ressens comme un choc. C’est comme si Louis XIV arrivait auprès de nous, on se lève et on se courbe en signe de respect.

Le Clos de Tart montre sa grandeur et sa gloire, avec une dimension qui le porte au-dessus du Chambertin, qui est plaisir et générosité. Le Clos de Tart m’impressionne dix fois plus que la veille.

J’adore quand se produisent des surprises de ce niveau, que je n’aurais pas imaginées.

Nous avons fini le Grand Trianon 1964 le lendemain. Sa couleur est devenue plus foncée mais cela pourrait venir de la couleur du ciel plus nuageux. Le vin est beaucoup plus accompli et cohérent que la veille, offrant un plaisir plus accompli. Décidément, les lendemains sourient aux vins.

Premier dîner dans le sud mardi, 4 juillet 2023

Mon fils vient nous rendre visite dans le sud. C’est le premier invité de notre été. J’ai ouvert deux vins vers 15 heures pour le dîner. Le bouchon du champagne Salon 1997 en magnum vient facilement avec un joli pschitt, ce qui m’étonne car avec des bouteilles de Salon 1997 j’ai souvent dû lutter contre des bouchons trop serrés.

Le bouchon du Clos de Tart 2003 est tellement serré qu’après avoir utilisé le limonadier classique j’ai voulu utiliser une mèche que je n’ai pas réussi à enfoncer dans le liège anormalement comprimé. Je suis quand même arrivé à sortir le bouchon et le parfum du vin m’est apparu fermé, trop discret.

Pour l’apéritif je sers le Champagne Salon magnum 1997 au parfum intense et à la jolie couleur d’un or citronné. Ce champagne impose le respect. Il est noble, large, d’une grande intensité. Nous le buvons en goûtant des rillettes et du pâté de canard. C’est avec les rillettes que l’accord est magistral. Je savais déjà que ce Salon se marie avec les fraises aussi des Mara des bois créent un accord divin. Ce champagne est d’une longueur impressionnante.

Le Clos de Tart 2003 a maintenant un parfum aimable mais que l’on sent encore contraint. Le vin est impressionnant, d’une incroyable énergie. Mon fils l’adore. L’intensité conquérante de ce vin évoque pour mon fils un grand bordeaux alors que je compare plutôt à un Vega Sicilia Unico. Nous le buvons sur un saint-nectaire et l’accord est idéal. Il se trouve que Vega Sicilia Unico est un partenaire idéal pour le camembert Jort. Je décide d’essayer le vin bourguignon avec ce camembert et je ressens le même comportement du vin avec le fromage. Le cousinage entre le vin espagnol et le vin bourguignon est étonnant.

Mon fils est enthousiaste pour ce Clos de Tart. Je le suis un peu moins, même si je suis très satisfait de ce beau vin.

Au mois de janvier j’avais reçu dans le sud un américain qui voulait partager avec moi une Petite Liqueur Pétillante de Moët & Chandon. Le reste était gardé dans le réfrigérateur et il est servi pour accompagner un Kouign Amann. L’accord est magique. La liqueur a perdu son pétillant mais elle a gardé la douceur de son élégant goût liquoreux. Je pense que Moët devrait produire à nouveau cette petite liqueur, d’autant que la jolie petite bouteille est d’un charme tentant.