Archives de catégorie : dîners ou repas privés

Couscous et Ridge samedi, 26 août 2023

Avec mon frère nous allons partager un couscous. Il avait, dans une récente discussion critiqué les vins californiens. Je n’avais pas répondu à sa réflexion et l’idée m’est venue de servir à l’aveugle un vin californien. Le Ridge Monte Bello 1994 a été ouvert quatre heures avant le dîner. Le bouchon au liège très peu dense est collé au goulot. Quand je plante le tirebouchon, il déchire le bouchon. Quelle que soit l’inclinaison du tirebouchon ou de la longue mèche, le bouchon reste collé et je retire des miettes. Alors la seule solution est de déchirer des petits morceaux de liège. Si j’avais eu le tirebouchon Durand, qui combine un tirebouchon et un bilame, il aurait été l’outil idéal. J’ai déchiré et déchiré et fort heureusement aucun morceau de liège n’est tombé dans le vin. Je sens et l’odeur est peu avenante, marquée par des signes d’acidité. Nous verrons.

Fort heureusement au moment de servir, l’acidité a disparu et le vin a un joli parfum, riche et conquérant. Je verse le vin. Avec l’agneau du couscous l’accord est parfait. Le vin est plein, riche. Mon frère dit que ce n’est ni un bordeaux ni un Bourgogne et s’oriente vers les vins de Provence. Quand je lui dis qu’il s’agit d’un vin californien, il convient sans hésiter que ses propos récents n’étaient pas adaptés à un vin de cette qualité. Plus le temps passait et plus des notes de garrigues apparaissaient, suggérées aussi par les épices du couscous, ce qui rendait pertinente la piste que mon frère avait avancée. Ce Ridge Monte Bello 1994 est un grand vin américain, peut-être pas le plus complexe, mais franc, joyeux et puissant.

Nous l’avons essayé sur un camembert Jort et l’accord fut pertinent. Une belle expérience

Apéritif avec des amis mercredi, 23 août 2023

Les ingrédients sont habituels, sauf une caillette d’une qualité exceptionnelle.

Le Champagne Veuve Clicquot La Grande Dame magnum 2008 est le même que celui du repas d 15 août. Il est grand, mais n’a pas le charme que j’avais adoré lors de ce repas.

La raison pourrait être que le précédent avait été ouvert 15 heures avant alors que celui-ci a été ouvert seulement une heure avant. Des champagnes aussi jeunes et d’un format magnum demanderaient une ouverture très en amont du service.

Le grand repas du 15 août vendredi, 18 août 2023

Le grand repas du 15 août est un moment extrêmement important de notre vie dans le sud. Nous sommes dans un lieu paradisiaque au bord de la mer et nous recevons des amis fidèles. Nous serons neuf car ma fille aînée vient juste d’arriver pour ce déjeuner. Ma femme mijote des plats dont elle a le secret, je cherche dans ma cave des vins qui composeront un voyage cohérent et nous échangeons mille fois nos idées pour composer le programme final.

La veille du déjeuner, vers 21 h, j’ouvre les deux magnums de champagne pour qu’ils aient le temps de s’élargir, ainsi que le jeune Clos de Tart pour la même raison.

Le lendemain matin, jour de l’événement, j’ouvre dès 9 h les autres vins. Tous les bouchons viennent entiers, il faut dire qu’il s’agit de vins jeunes, et les parfums semblent prometteurs. Les vins seront servis en groupes de deux, sauf le dernier vin liquoreux.

L’apéritif consiste en des brioches toastées revêtues de filets d’anchois, en jambon ibérique, lomo et saucisson bien français. S’ajoutent de la poutargue, du gouda au pesto, et mille autres choses. Le Champagne Veuve-Clicquot la Grande Dame magnum 2008 a un parfum particulièrement entraînant et en bouche c’est une merveille d’élégance et de subtilité. Quel beau champagne.

J’attendais que le Champagne Dom Pérignon magnum 2008 marque un saut gustatif du fait de sa personnalité, mais pas du tout. Il paraît plus massif et plus rustre que le Veuve-Clicquot. Cela m’étonne. Mais un bout de longues minutes, et surtout sur le Pata Negra bien gras, le Dom Pérignon va se réveiller en un temps record et redevenir ce que j’attendais. Finalement on peut les mettre au même niveau l’un élégant, subtil et délicat, l’autre puissant incisif et conquérant.

Mais j’ai quand même été frappé par la délicatesse du Veuve Clicquot. Les deux champagnes gagneront en vieillissant.

Le Château Haut-Brion blanc 1978 est associé à des coquilles Saint-Jacques marinées au saké et c’est une merveille. Je crois que j’ai rarement bu un Haut-Brion blanc aussi grand que celui-ci. Il a tout pour lui, racé, brillant, noble, vif et expressif. Une merveille. C’est un ‘PAME’ comme je disais il y a bien longtemps (performed above my expectation).

Le Montrachet Louis Jadot 1979 est un vin parfait. Il impressionne par sa complétude (mot que je trouve assez laid alors que plénitude est beau). Il forme avec les pommes de terre à la crème et truffe d’été un accord purement fusionnel. On boit et on mange deux saveurs imbriquées. C’est magique. Nous sommes tous subjugués que les deux vins blancs soient aussi parfaits et que les accords soient aussi pertinents.

Les deux blancs sont si disparates qu’il est difficile de les hiérarchiser. Nous le ferons en fin de repas au classement final la balance penchant mais de très peu du côté du bourguignon. J’ai classé le Montrachet devant le Haut-Brion mais la plus belle surprise pour moi est ce diabolique Haut-Brion.

Un quasi de veau accueille deux vins rouges. Le Clos de Tart 2008, que j’ai choisi pour sa jeunesse est une bombe de fruit. Quel vin énergique fou de fraîcheur. C’est un cheval sauvage, fou et indomptable.

Le Clos de Vougeot Méo-Camuzet 2001 est une pure merveille, dans un état de complétude (décidément) aussi brillant que le Montrachet. Il est riche, complet, plein en bouche et brillant. Il sera le vainqueur.

Pour les fromages, j’ai choisi deux vins du Rhône. Le Châteauneuf-du-Pape Domaine du Pégau 2007 est archétypal. C’est la garrigue la plus pure. Le vin est accueillant, sympathique et presque romantique. L’année est belle pour le Rhône et ce vin de Laurence Féraud, joyeux, séduit nos cœurs.

La Côte Rôtie La Turque Guigal 2007 est une bombe explosive. Quelle richesse ! Mais cette surpuissance nuit un peu à l’émotion. On préfère le plus champêtre des deux. Bien sûr il s’agit de deux grands vins, mais le Pégau parle plus à nos cœurs.

En trinquant avec le Château d’Yquem 1990 nous avons une pensée émue pour Alexandre de Lur Saluces qui vient de nous quitter il y a peu de jours. Ce grand homme raffiné, visionnaire, a fait beaucoup pour la renommée d’Yquem, de Fargues, des sauternes et des vins de Bordeaux, ainsi que des produits de la terre de sa belle région.

Le 1990 est dans un état d’équilibre absolu. Les sauternes quand ils sont grands, n’ont pas le moindre défaut. Sur une tarte aux mirabelles, l’accord s’est trouvé en grâce et délicatesse.

Il y avait de telles merveilles que des amis nous ont demandé que l’on vote. Nous sommes huit votants. Quatre vins ont eu des votes de premier, et chacun en a eu deux : Château Haut-Brion blanc 1978, Montrachet Louis Jadot 1979, Clos de Vougeot Méo Camuzet 2001, Château d’Yquem 1990.

Le Clos de Vougeot Méo Camuzet 2001 est le seul qui a eu des votes des huit convives votant, ce qui lui permet de terminer premier.

Le vote du groupe est : 1 – Clos de Vougeot Méo Camuzet 2001, 2 – Montrachet Louis Jadot 1979, 3 – Château Haut-Brion blanc 1978, 4 – Château d’Yquem 1990, 5 – Clos de Tart 2008, 6 – Châteauneuf du Pape Domaine du Pégau 2007.

Mon vote est : 1 – Clos de Vougeot Méo Camuzet 2001, 2 – Montrachet Louis Jadot 1979, 3 – Château Haut-Brion blanc 1978, 4 – Châteauneuf du Pape Domaine du Pégau 2007, 5 – Château d’Yquem 1990.

Le choix des vins a été apprécié de tous. Les accords mets et vins ont été réussis. What Else ! Que demander de plus ? Ce repas que nous faisons depuis près de quinze ans est un des moments forts de notre vie dans le sud.


la veille avec un ami, tri des verres pour le repas

un insecte amateur de Dom Pérignon

Veille de 15 août chez des amis vendredi, 18 août 2023

À J-1 du 15 août, nous allons déjeuner chez des amis fidèles de ces festivités depuis de longues années. Les téléphones ont fonctionné, notre amie discutant de ses recettes avec ma femme et notre ami discutant avec moi de ses choix de vins. Nous sommes face à la baie de Hyères par un temps splendide.

Un ami fidèle qui boit des vins introuvables pouvait se trouver dans la région en ce jour. Mes amis qui l’ont rencontré au dîner de mon anniversaire l’invitent volontiers. Florent vient avec de jolies pépites.

Les apéritifs de Muriel sont des œuvres d’art culinaire et d’une générosité sans borne. Le Champagne Billecart-Salmon rosé magnum sans année est très agréable, franc, simple et convient parfaitement. Il joue bien son rôle.

Un des amuse-bouche appelant un vin rouge, il me semble que le Château Certan 1918 pourrait entrer en scène. Florent l’avait ouvert vers 10 h et comme il n’avait pas ses outils là où il séjournait, de nombreux débris de liège flottaient dans le liquide. Florent étant venu chez moi, j’ai vite extirpé les débris, avant que nous n’allions chez nos hôtes. J’avais senti un parfum envoûtant, riche et vif. Le voyage de 50 kilomètres avec des débris de liège n’a aucune influence sur le vin.

On le sert maintenant et nous sommes tous conquis par ce vin merveilleux. Un vin de 105 ans aussi brillant confirme ma théorie selon laquelle un grand vin ne décline pas mais s’installe sur un nouveau palier, correspondant à l’âge atteint. Il n’est donc pas question de se demander si ce vin décline mais de profiter de son palier de 105 ans. Force est de constater que c’est une réussite absolue. Ce vin a un fruit inimaginable. Il est rond, truffé, et s’exprime avec une élégance unique.

Le Clos de la Coulée de Serrant Mme A. Joly 1976 est servi de nouveau aujourd’hui avec une crème de céleri aux truffes. Je le trouve brillantissime et très au-dessus de ce qu’il offrait hier. Il faudrait sans doute ouvrir de tels vins la veille. L’intensité du vin est remarquable. Il est tranchant et complexe comme hier. Son caractère énigmatique fait que je l’adore.

Le Château Lynch Bages 1981 est intense, solide, truffé et se montre à un niveau supérieur à ce que j’attendais. C’est un grand vin.

Le Château Vannières Bandol 1976 apporté par Florent est très rare car il y a très peu de bandols qui existent de cette époque. Le vin est très garrigue, profond et solide. Il a tellement de caractère que je l’ai adoré sur un Epoisses puissant. J’ai mis ce vin quatrième de mon vote mais il aurait pu être troisième.

Le Champagne Comtes de Champagne 2006 quand il avait été mis sur le marché, m’avait séduit par sa force de persuasion. Il a beaucoup plus de mal à m’impressionner aujourd’hui car il est encore trop ‘brut de coffrage’. Il serait sage de le garder encore une vingtaine d’années car il a un potentiel de vieillissement certain.

Le repas a été exceptionnel. Mon classement des vins serait : 1 – Château Certan 1918, 2 – Clos de la Coulée de Serrant Mme A. Joly 1976, 3 – Lynch Bages 1981, 4 – Vannières Bandol 1976. La plus belle surprise au-delà de l’exceptionnel Certan 1918, c’est la Coulée de Serrant, transcendée par rapport à la veille.

Au cours du repas nous avons proposé à Florent de faire partie du noyau dur des festivités du 15 août. Il sera avec nous l’an prochain si Dieu le veut.

Un grand événement, celui du 15 août, nous attend demain.

Plateau de fruits de mer jeudi, 17 août 2023

Le lendemain, à J-2 du 15 août, le repas est un plateau de fruits de mer qui comprend des huîtres Gillardeau numéro trois, des huîtres normandes bien grasses, des bulots, de gigantesques crevettes d’un format proche des camerones et des langoustes.

Pour ce plateau, j’ai choisi trois acteurs très différents. Le Champagne Substance Selosse dégorgé en juillet 2018 a un parfum d’une complexité infinie. Le goût est lui aussi kaléidoscopique. C’est un magnifique voyage dans l’univers génial de la famille Selosse. C’est avec les huîtres, plutôt les plus grasses, et avec le corail des langoustes que le champagne s’exprime le mieux.

On est aux antipodes du Salon 1999 qui est direct et glorieux, alors que le Substance est un Fregoli aux multiples expressions toutes subtiles et déroutantes.

Le Chevalier-Montrachet Bouchard Père & Fils 2007 est un vin large et épais, joyeux et entraînant. Il est glorieux, serein, parfait. Les bulots à la mayonnaise de grande qualité s’associent bien au vin de Bourgogne. Les camerones aussi.

Le Clos de la Coulée de Serrant Mme A. Joly 1976 est un vin puissant au goût intense et original. On pense immédiatement qu’on aimerait l’associer à un Château Chalon pour confronter leurs goûts si particuliers. Ce vin presque énigmatique est idéal pour les langoustes. Sa qualité est telle qu’on comprend pourquoi Curnonsky a classé ce vin parmi les cinq plus grands vins blancs de France (et donc bien évidemment du Monde, dans son esprit).

J’aime beaucoup les Coulée de Serrant de la période de Mme Joly, une des raisons étant que ce vin demande à être bu lorsqu’il a plus de trente ans, comme les Château Chalon.

Je suis content d’avoir choisi des vins aussi disparates pour accompagner le plateau de fruits de mer. Le Chevalier-Montrachet est le vainqueur, suivi du champagne et du vin de Loire.

Nous avons fini les vins sur la terrasse dans le noir, pour essayer de voir le train de satellites dont le passage à la minute près est annoncé sur un site Internet. Nous l’avons vu, impressionnant et d’un aspect différent de la veille. Maintenant nous savons ce qu’est ce train, mais c’est toujours aussi fascinant.

Début des festivités du 15 août jeudi, 17 août 2023

Lorsque des amis viennent pour les événements autour du 15 août, il est d’usage que je les accueille en ouvrant un magnum de champagne Salon. Cette année, ce sera un Champagne Salon magnum 1999. D’emblée le nez est impressionnant tant il est riche et pointu. Il annonce la grandeur du vin.

En bouche, c’est un seigneur, au message tranchant, comme projeté par une catapulte. Ce champagne a la jeunesse, le charme et l’élégance d’un très grand champagne. Nous avons grignoté de façon apéritive, sans faire un vrai menu. De toutes les saveurs que nous avons rencontrées, c’est le camembert Jort qui a excité le plus intimement le Salon, lui donnant une vivacité plus marquée.

Ce Salon 1999 ne cesse de s’épanouir au fil des ans. Il m’émeut plus que des millésimes plus sacralisés.

Le soir, voulant guetter les étoiles filantes dans un ciel étoilé, nous avons vu passer un train de satellites qui ont été lancés en milliers par une fusée de SpaceX, et quand on ne sait pas ce que c’est, on est pris d’une vraie stupeur.

Rimauresq chapitre 3 samedi, 12 août 2023

On pourrait croire que ces dégustations de Rimauresq ont une fin, mais pas du tout, il y a un chapitre 3. Nous approchons du 15 août et dans le sud c’est un moment privilégié pour recevoir des amis et ouvrir de grandes bouteilles.

Des amis arrivent chez nous deux jours après notre visite au Domaine Rimauresq. J’ai gardé les vins qui restaient dans notre salon dont la température est assez fraîche mais non climatisée. Nous allons goûter ce qui reste sur une caillette et une terrine briochée.

Le 1985 a gardé de sa majesté. Il est solide et gaillard. A côté de lui, le 1990 est tout en élégance. Son parfum de garrigue est délicat et son parcours en bouche un délice. Le 1990 avait terminé premier au domaine, seulement troisième au dîner. Le voilà en passe de redevenir premier.

Le 2017 est devenu plus discret, moins tonitruant et c’est le 2001 qui va créer une immense surprise. Son nez de cassis est explosif. Le vin puissant est généreux et le finale de menthe évoque tout ce que j’aime en Vega Sicilia Unico. Quelle belle surprise.

Les 1998 et 1986 sont toujours typés, garrigue et plénitude, mais ils attirent moins notre attention que précédemment.

Les trois qui se montrent exceptionnels sont 1990, 2001 et 1985. La logique serait de classer 1990, 1985 et 2001. Mais j’ai été tellement surpris par ce 2001 que je le mettrais volontiers premier.

Ces trois expériences avec les mêmes vins montrent que selon les circonstances les vins pourront offrir des fulgurances différentes. Mais la grande leçon c’est que les Côtes de Provence de plus de trente ans sont d’une dimension nettement plus riche.

Et fort heureusement les 2017 et 2001 ont montré que les jeunes aussi ont des choses à dire. Bravo Rimauresq.

Dîner avec sept vins de Rimauresq vendredi, 11 août 2023

C’est un dîner impromptu qui s’est organisé après la visite au domaine Rimauresq. Nous avions dégusté plusieurs vins de 2020 à 1985 et le régisseur, Pierre Duffort, nous avait donné les bouteilles pour notre dîner. Nous sommes allés chez notre boucher pour prendre quelques fromages pour le dîner.

J’ouvre un Champagne Delamotte 2004 qui fait un très beau pschitt. La bulle est très active et le champagne est clair, signe de jeunesse. On n’est pas au niveau de Salon bien sûr mais ce champagne a atteint une belle maturité et se montre très agréable.

Sur une andouille de Guémené, plutôt douce, le champagne se montre agile et pointu. Sur un camembert Jort, il devient encore plus vif. C’est un champagne de belle réussite.

La dégustation se fera entre : Rimauresq 2016, R. de Rimauresq 2001, Rimauresq 2017, Rimauresq 1990, 1988, 1986 et 1985. Je ne prendrai pas de notes mais nous voterons tous en fin de repas.

Les vins sont beaucoup plus épanouis que lors de la dégustation car ils ont bénéficié d’une aération salutaire. Et le fait de les boire à table les met nettement plus en valeur.

Nous mangerons des caillettes, des pommes de terre à la truffe et à la crème et des fromages, dont un Epoisses tellement maturé qu’il réveillerait un mort.

Le 2017 et le 2001 se montrent extrêmement brillants dans leur état de vins jeunes. Le plus faible des anciens est le 1986. Les trois autres sont très grands.

Quatre vins se distinguent des autres très nettement. Le vote du consensus sera : 1 – 1985, 2 – 2001, 3 – 1990, 4 – 2017. Mon vote diffère à peine. J’ai juste mis le 2017 devant le 1990 car la jeunesse brillante de ce 2017 méritait mes encouragements.

Au domaine, 1990 était préféré. A ce dîner, le 1985 plus solide et plus adapté aux saveurs des fromages et plats passe devant le 1990. L’accord le plus magique est celui de l’époisses avec le 1985.

Les Rimauresq de plus de trente ans sont remarquables, mais le 2001 et le 2017 montrent que ce vin est capable de briller dans sa jeunesse.

Ce dîner improvisé a été joyeux et amusant tant on passait d’un vin à l’autre. Nous avions tous en mémoire un moment de grand bonheur passé au domaine, avec la gentillesse de ceux qui nous ont reçus.

Troisième déjeuner au restaurant Alexandre Mazzia à Marseille samedi, 5 août 2023

Pour la troisième fois cet été nous allons déjeuner au restaurant Alexandre Mazzia à Marseille. Nous avons invité notre fille aînée et ses deux filles. L’une d’entre elles suivait depuis longtemps Alexandre Mazzia, avec une admiration et une vénération certaines, mais elle n’était jamais venue en ce lieu.

Nous sommes reçus comme des amis par l’ensemble du personnel, dont Jean-Philippe, Kevin le sommelier et Margot. Nous choisissons le « Premier Voyage » car les deux dernières fois, les voyages plus généreux en plats étaient en fait trop généreux.

Le choix des vins avec Kevin est très agréable, car il est de bon conseil et pertinent. Pour commencer nous aurons un Champagne Jacques Lassaigne Blanc de Blancs 2013. Ce champagne est magique. Dès la première gorgée on ressent à quel point il est grand, racé, élégant et débordant de subtilités. C’est vraiment le champagne idéal. Quel bonheur.

Pour la suite du repas, j’aimerais un champagne qui ait du pinot noir. Comme le Champagne Marguet Verzenay 2016 100% pinot noir m’avait plu, Kevin me suggère de prendre le Champagne Les Beurys Marguet Grand Cru 2016 qui a 71% de chardonnay et 29% de pinot noir, dégorgé en mai 2021 comme le Verzenay précédent.

Kevin me le fait goûter, mais après le Lassaigne, ce n’est pas possible. Il est strict, puissant, mais n’a aucune émotion comparable à celle du blanc de blancs. Kevin, fort gentiment, me propose de changer de choix. J’apprécie ce geste mais la bouteille est ouverte. Je ne veux pas donner suite à son offre généreuse.

Le moment venu, nous dégustons une série de plats différents, et la distance temporelle avec le Lassaigne est suffisante pour que l’on puisse profiter du Marguet qui offre une belle structure complexe, faite pour la gastronomie. Il n’y a pas l’émotion gracile du 2013 mais il y a un solide champagne qui a sa place dans ce repas.

J’avais tellement aimé le Volnay les Caillerets, ancienne Cuvée Carnot, Bouchard Père & Fils 1999 dès le premier repas de juin que je l’avais commandé à nouveau au déjeuner suivant et j’avais une fois de plus considéré que ce Premier Cru joue dans la cour des Grands Crus. J’ai demandé alors à Kevin s’il en restait en cave et il en restait une que j’ai réservée pour ce repas. Comme les fois précédentes, j’ai demandé que le vin soit ouvert au dernier moment. Au nez, il me semble que ce n’est pas ce que j’attendais, mais Kevin a dû vérifier. Assez rapidement il m’apparaît que ce vin n’est qu’une pâle copie de ce que nous avions bu les deux fois précédentes. Kevin a pu confirmer ce que j’ai ressenti.

C’est curieux que lors des trois repas nous avons pu remarquer des différences de prestations très importantes pour trois vins : le Champagne Billecart-Salmon Cuvée Nicolas François 2002 dont une bouteille était moins bonne, les champagnes Marguet dont une est moins brillante, et le Volnay dont une n’a pas le niveau. Est-ce une coïncidence ou un problème de cave, je ne saurais le dire mais cette conjonction est inhabituelle.

Mes petites-filles ont adoré le repas, allant d’émerveillement en émerveillement. Pour ma femme et moi qui avons mangé des plats quasiment identiques sur les trois repas, aucune lassitude, aucune sensation de « déjà vu », car nous sommes enthousiastes du génie du chef et de sa créativité incroyable.

La présentation des plats par Jean-Philippe est remarquable. Le travail de sommellerie de Kevin, fait avec le sourire, est d’un grand professionnalisme. Une fois de plus nous avons vécu un repas mémorable.

Déjeuner d’amis dans le sud mardi, 1 août 2023

Nous allons recevoir des amis demain. La préparation du programme des vins est toujours un grand plaisir. J’ai envie d’ouvrir un magnum de Laurent-Perrier Grand Siècle. Hélas en rangeant la cave je n’ai pas fait assez attention aux dates de dégorgement aussi ce sera une surprise.

Le même problème se pose pour un Château Lafite-Rothschild qui est enveloppé dans un papier rose extrêmement fin qui colle au verre de la bouteille mais aussi à l’étiquette. Il serait impossible de décoller le papier de l’étiquette. La solution qui me permettrait de lire le millésime est d’enlever la totalité de la capsule et de voir l’année à travers le verre, car j’ai peur qu’en retirant le bouchon celui-ci soit opaque en se déchirant. La capsule étant totalement enlevée, il me faut laver le verre qui est recouvert d’une sorte de colle. Ouf, je peux lire distinctement 1981.

L’idée me vient d’ouvrir le champagne pour qu’il profite d’une aération dès maintenant. Le pschitt est extrêmement fort. Le champagne sent divinement bon. Je pose un bouchon en cristal au-dessus du goulot. La suite sera le lendemain.

Dès 9 heures je commence par l’ouverture du Lafite 1981 et s’il se brise un peu, on reconnaît clairement 1981 inscrit sur le bouchon. Le parfum est très discret mais j’ai confiance en ce grand vin. J’ouvre ensuite un Côtes de Provence Rimauresq 1983 (je croyais avoir pris un 1993). Le parfum est riche, joyeux.

Ma femme a prévu une tarte au citron meringuée. L’essai avec un champagne n’ayant pas été convainquant, j’ouvre un Vouvray Clos Naudin Demi-Sec Philippe Foreau 1997. Le nez est plaisant.

Les amis arrivent à 12 heures. L’apéritif sera d’un jambon ibérique Belota Belota absolument parfait intense, qui exsude la noix, et de gougères. Dès la première gorgée, je suis assailli par l’intensité et l’énergie du Champagne Laurent-Perrier Grand Siècle dont le bouchon indique qu’il a été dégorgé en 2016. Le champagne a donc une douzaine d’années. Il est merveilleux, noble, puissant, percutant tout en gardant un grand raffinement. C’est un magnifique champagne et le jambon cohabite divinement.

A table, nous mangeons du poulet et un pressé de pommes de terre. Le Château Lafite-Rothschild 1981 a un nez épanoui qui exprime du velours, et en bouche ce vin est tout velours. Il est grand, joyeux, raffiné. Un Lafite particulièrement accessible et généreux, sans complexité, pure expression de velours.

Pour le fromage, je sers le Côtes de Provence Rimauresq 1983. Il est garigue, 100% garigue, et mes amis qui ont proposé Châteauneuf ou Côte Rôtie ont fait fausse route. Ce vin est d’un plaisir fou, si équilibré. Le fait qu’il ne titre que de 12,5° explique son élégance.

Pour la tarte, le Vouvray Clos Naudin Demi-Sec Foreau 1997 me comble de joie. Car le vin respire le citron meringué. Il est citron meringué et développe le goût de la tarte. Et ce qui m’étonne, c’est que le goût de citron du vin est comme une barre horizontale dans mon palais. Je suis fier d’avoir ‘tapé’ juste pour un accord idéal. Le Vouvray est gracile, délicat, sans puissance qui n’aurait pas lieu d’être. Une belle conclusion d’un repas d’amis joyeux et enrichissant.

Un bonheur.

la photo ci-dessous a donné lieu à une énigme sur Instagram : quel nom et quelle année. Il y a eu un gagnant