Archives de catégorie : vins et vignerons

3e Journées Internationales des Amateurs Éclairés de Vin mercredi, 15 juin 2016

Les  3e Journées Internationales des Amateurs Éclairés de Vin vont se tenir à l’hôtel «Val-Vignes» à  Saint-Hippolyte, Alsace les 2 et 3 juillet 2016.

Le programme donne toutes les informations utiles :

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(lorsque vous êtes sur ce document, si vous voulez revenir sur le blog, appuyer sur la flèche « page précédente »)

La qualité des intervenants est un puissant motif pour s’inscrire.

Découverte du Salon 2004 au siège des champagnes Salon et Delamotte lundi, 13 juin 2016

La maison de champagne Salon sort en 2016 son millésime 2004. Souvent, j’ai été invité aux manifestations de lancement du nouveau millésime qui peuvent prendre des formes diverses. Pour le 2002, j’avais été invité à un déjeuner au restaurant El Celler de Can Roca qui venait d’être nommé premier restaurant du monde par un panel de dégustateurs qui avaient couronné El Bulli et Noma avant lui. Cette fois-ci je suis invité à un déjeuner au siège de Salon avec des sommeliers de restaurants prestigieux.

Après une courte présentation de l’histoire particulière de cette maison et de son fondateur, on commence par une visite des caves et nous nous retrouvons dans la jolie salle de dégustation. Le Champagne Delamotte Blanc de Blancs magnum Brut sans année est certainement la plus belle carte de visite de la maison Delamotte. Car ce champagne droit, franc, est un vrai champagne de soif, fluide, qui se boit avec un infini plaisir. On pourrait en boire sans fin.

Nous buvons le second vin dans le jardin d’Aimé Salon, première vigne historique de son domaine. Il s’agit du Champagne Delamotte Blanc de Blancs magnum 2007. Certains remarquent le caractère mentholé de ce champagne alors que je le trouve plutôt sur des notes lactées. C’est un champagne bien construit mais on perd un peu de la spontanéité et de la fraîcheur du brut sans année.

Nous passons dans la belle salle à manger et selon la tradition, tous les champagnes se boiront à l’aveugle, et Didier Depond président de Salon et Delamotte est passé maître dans l’art de nous tendre des pièges amicaux.

Le menu est : marmite rochelaise « homard, langoustines, coquillages et bar », cuite à l’étouffée sous une croûte dorée / poularde de Bresse au champagne madérisé et dernières morilles / assiette de fromages / soupe de fraises du pays frappée au champagne rosé.

Le premier champagne n’est pas bu à l’aveugle, c’est le Champagne Salon 2004 qui est servi dans trois verres de formes différentes et nous pouvons mesurer l’influence très forte que donne le verre qui change la personnalité du vin. Le Salon 2004 est fluide, aimable, et fait partie des Salon qui deviendront plus romantiques que puissants. On le sent promis à un bel avenir. Alors que l’année 2004 a eu généralement une production abondante, Salon n’a produit que 42.000 bouteilles contre 60.000 en année normale, en procédant à une sélection rigoureuse pour préserver la qualité. Ce qu’on boit nous montre de belles promesses.

Sur la délicieuse marmite lutée marquée sur la pâte feuilletée d’un « S » très Salon mais aussi sommelier, nous buvons un Champagne Delamotte Blanc de Blancs Collection 2000 et un Champagne Salon 1999. Le plus généreux, le plus riche et le plus construit est le Delamotte, qui est une belle réussite. Le Salon est plus racé, plus ;long en bouche et un peu comme le 2004 joue sur un registre romantique plus que vineux. Le 1999 a un bel avenir et à mon goût il faut encore l’attendre.

Les deux champagnes qui accompagnent la poularde sont le Champagne Delamotte Blanc de Blancs Collection 1985 et le Champagne Salon 1988. Nous nous trouvons face à deux seigneurs. Après les vins aériens viennent les vins puissants. Le Delamotte 1985 est d’un charme extrême, racé et de forte personnalité. Il est très au-dessus de celui que j’ai bu récemment de ma cave, nettement moins brillant. Le Salon 1988 est une des plus belles réussites de Salon. Il a de la force, de la profondeur et une trace quasi indélébile. Malgré sa puissance je lui trouve plus de grâce que les précédents 1988 que j’ai bus. Cette série est passionnante les vins étant très différents, le Salon ayant beaucoup plus de longueur et le Delamotte plus de charme immédiat. L’accord avec la poularde est parfait, les morilles et la sauce au champagne créant une belle vibration.

Pour le fromage deux champagnes encore, le Champagne Salon 1976 et le Champagne Delamotte Brut Collection 1970. Ce 1970 est le seul du repas qui ne soit pas blanc de blancs. Le 1976 est un Salon de grande classe, qui est intermédiaire entre les très vineux comme 1988 ou les romantiques comme 1982. Il est très agréable, de belle maturité sans qu’on ne sente le moindre effet de l’âge. Le Delamotte 1970 est solide mais a moins de vigueur que le 1985. Nous naviguons à des niveaux qualitatifs élevés.

Lorsqu’on me sert l’assiette de fraises, je me demande comment un champagne peut se marier à l’acidité du fruit mais l’astuce est le champagne rosé qui adoucit le dessert et permet au Champagne Salon 1966 de ne pas dévier de son chemin. 1966 est une année exceptionnelle pour tous les grands champagnes et ce Salon confirme l’excellence. Il y a un supplément d’âme dans ce champagne élégant, fin, subtil. C’est un magnifique point final à une dégustation particulièrement riche.

Dans cette dégustation, j’ai adoré le brut blanc de blancs sans année de Delamotte, premier à être bu, puis le 1985 absolument gourmand. Pour les Salon, le 1966 et le 1988 sont exceptionnels. Le 2004 a tout pour devenir un grand Salon et on pourra en profiter, même jeune. Les discussions furent passionnantes. La générosité de notre hôte a fait de ce déjeuner un moment rare de convivialité et d’excellence.

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bu dans la salle de dégustation

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bu dans le jardin Salon

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les vins du déjeuner

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à l’aveugle

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en « clair »

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dégustation de champagnes Jacques Selosse en présence de Guillaume Selosse mercredi, 1 juin 2016

Les Caves Legrand Filles & Fils organisent une dégustation de champagnes Jacques Selosse en présence de Guillaume Selosse, fils d’Anselme. C’est la première fois que Guillaume fait cette présentation. Il travaille au domaine depuis quatre ans mais avait suivi son père bien avant. Il est maintenant pleinement en charge du domaine qui est passé depuis 1975 de quatre hectares à neuf aujourd’hui, représentant cinquante parcelles environ, mais qui ne donnent pas toutes des champagnes parcellaires.

Les dégustations du mardi sont de plus en plus gastronomiques et le menu élaboré par Lucie Boursier-Mougenot est : carpaccio de daurade, poudre de mandarine / tartare de bœuf, caviar er jus de viande corsé / turbot poêlé, condiment cédrat / soupe de fraises et poivrons rouges, biscuits roses de Reims. Ce menu remarquablement exécuté s’est montré d’une pertinence à signaler.

Le premier champagne est une curiosité absolue. Pour ses 18 ans, Guillaume a reçu en cadeau de sa grand-mère une parcelle de 7,6 ares. Les vignes de Cramant datent d’avant 1950. La première vendange est de 2008 et n’a pas été mise en bouteilles mais en réserve. Le vin que nous allons boire, le Champagne Guillaume Selosse « au-dessus du gros mont » est fait de 2009 plus du 2008 de réserve. Il a été dégorgé en juillet 2015. Il y a eu 648 bouteilles au total. Le nez est très pur, intense. L’attaque est très florale de fruits roses. La bouche est douce et veloutée. Toute est doux et subtil. L’accord avec le carpaccio de daurade est parfait. Le caractère floral est génial. Le nez est incroyable. Le vin est un parfum et ceci est sans doute dû au fait que Guillaume a utilisé des fûts qui avaient déjà fait cinq vinifications. Ce vin me conquiert. Il est romantique, une surprise absolue. On pense tout de suite au Cid : « Mes pareils à deux fois ne se font point connaître, et pour leurs coups d’essais, veulent des coups de maîtres ». Guillaume, pour ce premier vin, a réussi.

Le Champagne Jacques Selosse Grand Cru Blanc de Blancs 2005 a un nez plus vineux que le précédent. L’attaque est multiforme. Il y a des milliers de goûts, caramel, du végétal, de la rhubarbe, des fruits de type groseilles et des pâtes de fruits. Guillaume confirme mon impression en disant que c’est un vin difficile à appréhender. Avec le tartare de bœuf, ce sont le floral et les jeunes fruits qui dominent. C’est un vin délicat qu’on cerne mal. Racé, noble avec un beau finale, assez doux, il est sans agressivité ni folie.

Le Champagne Jacques Selosse Le Mesnil-sur-Oger « les Carelles » 2006 à 100% chardonnay est de couleur déjà dorée. Le nez est assez discret. L’intensité du fruit vient probablement du dosage. Il est vineux, mais c’est le fruit rose qui domine. C’est un champagne très civilisé et facile à vivre tout en étant vif et noble. Le final est marqué par la pâte de fruits. Il est plus fruité que le Cramant qui va suivre.

Le Champagne Jacques Selosse Cramant « Chemin de Chalons » 2006 est aussi à 100% chardonnay. Le nez vineux est précis et direct. L’attaque est belle, franche et directe. Il n’y a pas du tout les fruits roses que l’on ressentait dans les vins précédents. Il est plus facile à appréhender, au caractère franc. Il y a un peu de pâtisserie dans le finale. Avec le temps il devient de plus en plus charmeur.

Le Champagne Jacques Selosse Avize « Les Chantereines » 2006, aussi à 100% chardonnay, a un nez discret. Pour la première fois je ressens une attaque crayeuse. Il est riche, avec un peu de pâtisserie et c’est dans le final que des fruits apparaissent. Ce vin opulent devient de plus en plus délicat et doux lorsqu’il prend sa place dans le verre.

Le Champagne Jacques Selosse Ambonnay « le bout du clos » 2006 est en 100% pinot noir. Le nez est très charmeur et me rappelle celui du premier champagne de Guillaume. La bouche est gourmande, poivre et sel, et le finale est de très beau fruit et de grande fraîcheur. C’est un vin intéressant et gourmand que j’adore. Son charme est sans limite.

Le Champagne Jacques Selosse Ay « la Côte Faron » 2006 a un nez superbe de fruit. Le vin est fluide, coule de source, élégant. C’est un très grand vin, magique. Il y a un peu de lacté dans le finale quand le vin est plus chaud. Il y a un contraste entre le nez et la bouche. J’adore les vins d’Ay et d’Ambonnay, très différents l’un de l’autre.

Le Champagne Jacques Selosse Mareuil-sur-Ay « sous le mont » 2006 a un nez discret et une bouche très belle. Il y a un bel équilibre entre le vineux et le floral. Bien que grand vin, il donne moins d’émotion que les deux précédents. Sur le turbot délicieusement cuit il devient plus séduisant. Le nez devient plus floral quand le vin est plus chaud, car la température monte vite.

On ajoute un Champagne Jacques Selosse Version Originale dégorgé en décembre 2014 pour pallier la défection d’une des bouteilles servie à une autre table. On est étonné de voir le contraste entre les vins parcellaires et cette approche d’assemblage. Ce champagne est plus vineux, plus râpeux et plus gastronomique. Mais surtout, il est très différent dans sa philosophie.

Nous passons maintenant au dessert et nous allons avoir deux exercices de style de deux vins non commercialisés, des « lubies », exécutées par Anselme le père puis par le fils Guillaume.

Le Champagne Anselme Selosse « Lubie » 2015 est un vin d’impulsion, vin rouge tranquille, sans aucun perlant. Le nez est de rose et de fraise, la rose étant incroyablement imprégnante. Le goût est spécial, plus proche d’un jus de fruit alcoolisé que d’un vin. Il est fait pas macération intracellulaire. Il colle au dessert où se marient fraises et poivrons et épouse les deux. Il évoque l’amertume de la rhubarbe. Pour mon goût c’est un exercice de style dans une direction qui n’est pas la mienne.

Le Champagne Anselme Selosse « Lubie » 2004 est un champagne rosé, un rosé d’infusion selon les termes de Guillaume. Il va aussi très bien avec le dessert mais ne me séduit pas vraiment. Il est meilleur quand on s’habitue.

Guillaume est chaleureux, modeste mais affirmé dans ses choix. J’ai trouvé les vins parcellaires beaucoup plus consensuels que les cuvées construites selon le principe de la solera. Les vins de Selosse sont de grands vins complexes qui demandent à ce qu’on les écoute et les découvre. C’est à table qu’il faut en jouir. Cette dégustation est une réussite.

photo floue de la salle

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Guillaume Selosse

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dégustation de vins de la Bodega Vega Sicilia mardi, 26 avril 2016

Une dégustation est organisée des vins de la Bodega Vega Sicilia en présence de son président Pablo Alvarez au restaurant Les 110 du Taillevent. Nous goûterons les vins des différentes propriétés du domaine qui compte 650 hectares de vignes.

Oremus Dry Mandolas Hongrie 2013 provient d’une propriété achetée en 1995. Du fait du travail à faire à la vigne, le premier millésime a été 1999. Le vin a un nez assez doux de vin jeune. On sent l’amande. La bouche est fraîche avec aussi de l’amande et des branches de rhubarbe. Le final est frais et assez court. C’est un vin sec, asséchant la bouche et rêche qu’il faudra attendre avant de le boire.

Alion Ribera del Duero 2012 a un nez mêlant l’alcool et la douceur. Il a une belle attaque de vin plaisant. Le grain est un peu imprécis mais c’est un vin de plaisir au fort alcool. Il est assez rustique. Il a du charme mais trop simple. Ce vin lourd serait plus plaisant sur un plat.

Pintia Ribera del Duero 2011 a un nez plus fin, plus racé et plus vif. L’attaque est doucereuse. Le vin est plus vif avec un grain beaucoup plus beau. L’alcool est un peu présent mais la vivacité est belle. C’est un vin de plaisir fort en alcool. Je sens de la peau de fruit de cassis. Le final est un peu rêche et assez court.

Macan Clasico Rioja 2011 est le second vin de Macan que l’on va boire ensuite. La propriété a été achetée en 2002 en partenariat avec Benjamin de Rothschild. Le nez est profond et l’attaque est très séduisante. Le fruit rouge et noir est lourd. Il a une belle mâche. C’est un vin gourmand très plaisant même si assez simple. J’aime ce vin gourmand et bon.

Macan Rioja 2011 a un nez délicat et une bouche plus fine, plus vive. Le final est plus âpre. On gagne en distinction mais on perd en gourmandise. Le vin est très différent du Clasico. Ce vin direct est plus fluide avec un joli fruit.

Valbuena 5° Ribera del Duero 2011 : ce vin a 90% de Tinto Fino. Le nez est intense de fruits noirs. L’attaque est franche et gourmande. Le finale est beaucoup plus long que les précédents. Le vin est épicé, fin, racé et agréable. Je sens un peu de prune. On retrouve encore un finale qui assèche.

Valbuena 5° Ribera del Duero 2010 le nez est délicat. L’attaque est beaucoup plus ronde et flatteuse. Le finale est plus rond. C’est un vin plus agréable et plus fruité de belle longueur. Il se boit avec beaucoup de plaisir. Pablo Alvarez voit plus de futur au 2011 qu’au 2010 alors que ceux qui goûtent préfèrent comme moi en cet instant le 2010.

Valbuena 5° Ribera del Duero 2009 a un nez élégant, une attaque gourmande et joyeuse. Le fruit est beaucoup plus élégant. Le finale est vineux. Il y a beaucoup de charme dans ce vin qui s »est déjà plus arrondi que les plus jeunes et ça se sent. Un vin fort en alcool mais de grande élégance et fraîcheur.

Valbuena 5° Ribera del Duero 2008 a un nez puissant et précis. L’attaque est douce. Le vin est plus calme. Il manque un peu de matière par rapport aux autres. Le finale est fluide. Malgré moins de force, c’est un vin agréable.

Valbuena 5° Ribera del Duero 2007 : j’aime son nez de cassis frais. Il a une belle attaque fruitée. Le finale est élégant. C’est un vin qui n’est pas très puissant mais d’une rare finesse, presque féminin à côté des autres.

Valbuena 5° Ribera del Duero 2006 a un très joli nez de cassis. Il est agréable mais très court. Il est de belle fraîcheur, assez charmeur.

Si les 2009, 2010 et 2011 ont une forte puissance, les 2008 et 2007 plus légers sont plus agréables à boire car c’est la finesse qui ressort. L’appréciation changera si les vins ont vingt ans de plus.

Vega Sicilia Unico Ribera del Duero 2008 a un nez superbe et riche, une attaque fraîche et doucereuse. Il est charmeur avec une belle trame et un beau grain. Si le cassis est marqué, il est subtil. C’est un vin gourmand qui marque une différence sensible avec les précédents et deviendra encore meilleur avec des années de plus.

Vega Sicilia Unico Reserva Especial (1996, 1998, 2002) Ribera del Duero mis sur marché en 2016. Le nez est plus tendu. Il y a moins de fruit car le vin est plus vineux. Il a de la truffe. Il est très élégant et je retrouve pour la première fois le café que j’aime dans Vega Sicilia Unico. C’est un vin gourmand fait pour la gastronomie. Il y a du cacao et du chocolat. C’est un vin de grande élégance que je préfère au millésimé parce qu’il a près de dix ans d’écart.

Oremus Late Harvest Hongrie 2012. Ce vin a un nez incroyable, comme une bombe d’arômes. Il fait très bonbon acidulé au nez et en bouche. C’est du hors-piste. Il y a tous les fruits du monde sur un fond de menthe. C’est comme si l’on suçait un sorbet ou comme une glace à lécher. C’est en fait sous la complexité apparente un vin très simple de bonbon acidulé.

Oremus Tokaji 3 Puttonyos 2009 a un nez calme et frais. Il est sucré. On est envahi par le sucre et l’acidulé. Il n’y a pas beaucoup de complexité. Il y a du fruit de la passion mais le vin trop sucré indispose un peu.

Oremus Tokaji 5 Puttonyos 2006 a un nez frais de thé. Le vin est très délicat. Les notes de thé frais et de bergamote sont plaisantes. Le vin a une belle longueur.

On nous a donné les prix que pratique l’importateur en France du groupe Vega Sicilia. Si l’on met de côté les Unico qui sont très au-dessus des autres, celui qui me paraît donner beaucoup de plaisir pour un prix très bas est le Macan Clasico que j’ai beaucoup aimé.

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Maisons Familiales de Tradition de Bourgogne mercredi, 6 avril 2016

Les Maisons Familiales de Tradition de Bourgogne font chaque année la présentation de leurs récemment mis en bouteilles. On présente ainsi les 2013. Boire ces vins juste après un séjour en Châteauneuf-du-Pape, c’est un peu comme si l’on devait goûter des rieslings alsaciens après un voyage au Portugal. C’est le jour et la nuit et c’est très intéressant de remettre ainsi en perspective les deux régions. Les Châteauneuf-du-Pape ont beaucoup d’alcool, sont riches, joyeux et déjà prêts à déguster de façon gourmande. Alors que les 2013 de Bourgogne ont un alcool très mesuré, sont frêles, d’autant moins prêts à boire qu’il sont de plus noble naissance. Les « Villages » sont déjà goûteux, beaucoup plus que les Premiers Crus, eux-mêmes plus ouverts que les Grands Crus.

Ce qui m’a frappé, c’est l’impression que je me trouve face à des vins « à l’ancienne », peu riches en alcool, assez fermés et construits pour la garde. Je les imagine vraiment comme des vins des années trente, à attendre longtemps et prometteurs de grandes merveilles. Je n’ai pas pris de notes, préférant m’imprégner de ce millésime qui me donne la conviction de devenir dans vingt ans un millésime historiquement bourguignon.

Atelier des accords mets et vins au printemps de Châteauneuf-du-Pape mardi, 5 avril 2016

Le lendemain, j’assiste à la septième édition de l’atelier des accords mets et vins, « inspirations culinaires d’un grand chef sur une déclinaison de vins de Châteauneuf-du-Pape ». Le chef est Olivier Scola, chef du restaurant « Ze Bistro » à Aix-en-Provence et c’est Dominique Laporte, sommelier très titré et qui tentera pour la France en 2019 de devenir meilleur sommelier du monde, qui a conçu avec le chef les accords. Ses explications ont enthousiasmé les présents.

Châteauneuf-du-Pape Clos de l’Oratoire des Papes blanc 2015 est associé à une huître de Cancale n° 3 en gelée de pamplemousse, crème de petits pois mentholée et une n° 2 en crépinette, fricassée de petits pois, beurre monté en pamplemousse. Le vin très jeune a le nez et le goût de tous les vins trop jeunes dans toutes les régions. Mais il va s’animer sur l’huître chaude en crépinette qui crée un bel accord que je n’aurais jamais imaginé alors que l’huître froide souffre du pamplemousse qui ajoute son acidité à celle du vin jeune. La crépinette est une bonne surprise.

Châteauneuf-du-Pape Domaine du Pégau Réserve rouge jéroboam 2008 cohabite avec un cabillaud mi- fumé, betterave aux appétits (garniture au poivre et échalotes), jus de viande. Le vin est lourd, vif, doucereux et lascif avec des airelles et des épices. L’accord de texture est brillant, le jus contribue et donne au vin des tons de chocolat.

Châteauneuf-du-Pape domaine Saint-Préfert rouge 2005 sur un croustillant de rouget de Méditerranée aux merguez, jus aux épices, patate douce. Le vin est raffiné, noble, élégant, de fraîcheur et de garrigue.

Châteauneuf-du-Pape Château Mont-Redon rouge 1998 est associé au même plat. Le vin, un peu tuilé est assagi et c’est lui qui va le mieux avec le plat qui pourrait se passer des merguez trop fortes. Le rouget n’est pas assez sauvage et la patate douce adoucit trop.

Châteauneuf-du-Pape Le Vieux Donjon rouge 2010 avec un porc noir de Bigorre en saupiquet, lardons et champignons. Le vin est puissant, aux tannins expressifs. Le plat est parfait et l’accord est merveilleux. Les lardons secs ne se justifient pas. Le vin gourmand et élégant est bien mis en valeur par le plat.

Châteauneuf-du-Pape Domaine de la Barroche rouge 2012 et agneau Comte de Provence, gigot confit aux épices, aubergine au cumin. Le vin est très Châteauneuf-du-Pape avec une belle râpe qui se combine à de la douceur. Il est fort et aérien. Les vieilles vignes développent le côté floral. Le vin est transcendé par le plat et devient gourmand.

Châteauneuf-du-Pape Le Cellier des Princes blanc 2014 et bœuf du limousin en ravioli, bouillon katshuaubushi aux amandes. Le nez du vin est de cirage et de cataplasme. Il est bizarre au point que je ne reconnais pas un Châteauneuf-du-Pape. La soupe est aussi bizarre avec des goûts de poisson. Mon cher cousin, sur cet accord vous avez dit bizarre, comme c’est bizarre. Les suggestions de poisson sur du bœuf ne me conviennent pas.

Châteauneuf-du-Pape domaine des trois Cellier, réserve blanc 2013 et salers en capuccino, crème de marrons, croûtons de pain. Le vin a un nez floral très jeune. L’accord existe mais je suis mal à l’aise avec cette interprétation du salers. C’est un accord intellectuel. Les Cellier n’ont pas d’s, car c’est le nom de famille des propriétaires.

Dans cet exercice talentueux, on est à l’opposé de mes recherches. Pour les vins anciens, je ne recherche pas des plats, mais des goûts cohérents qui conviennent au vin. La multiplicité des saveurs ne m’intéresse pas. Ici à l’inverse on essaie de nombreuses pistes, dont Dominique Laporte donne des explications brillantes ainsi que le chef qui explique bien les voies explorées. Cette vision a tout son intérêt et c’est une bonne chose de l’avoir faite avec un chef de grand talent.

Paradoxalement cette expérience me renforce dans la voie que je suis, de lisibilité absolue des recettes pour un seul but, rendre cohérente la dégustation des vins anciens. Le dessert qui a suivi est de talent, associé à un délicieux café.

Il me faudrait une chute pour ce bulletin consacré au Printemps de Châteauneuf-du-Pape. Il y en a une qui s’impose : « tout finit par l’Echanson ».

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la sympathique équipe qui a fait le service des vins

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visite du domaine de la Barroche et soirée de vignerons sur une péniche mardi, 5 avril 2016

Ma voisine de table lors du dîner au Palais des Papes, qui possède des chambres d’hôtes en centre-ville de Châteauneuf-du-Pape, m’avait proposé de me joindre à un groupe de huit suédois qu’elle loge et d’aller visiter le domaine de la Barroche. C’est Julien Barrot, cousin de la vigneronne qui me loge, qui fait faire la visite. Il a investi dans des cuves en béton aux formes d’amphores qui sont de grande beauté. Il nous fait déguster une verticale de ses vins de 2013 jusqu’en 2006 année par année. La différence entre les millésimes est spectaculaire avec des écarts de degrés d’alcool significatifs.

J’ai pris des notes à la volée car j’étais fatigué. Les voici en style télégraphique.

Châteauneuf-du-Pape domaine de la Barroche 2014 Pure d’une parcelle près de Rayas. Attaque joyeuse, poivre, vin riche très prometteur et très pur !

Châteauneuf-du-Pape domaine de la Barroche 2013 Signature beau fruit, fraîcheur, bel équilibre, acidité, râpe, fruit et beau finale.

Châteauneuf-du-Pape domaine de la Barroche 2012 Signature très belle bouteille. Grâce et élégance.

Châteauneuf-du-Pape domaine de la Barroche 2011 Signature nez de barbe d’artichaut, rond, lourd, finale de chocolat et de café. Vin très fort avec du velours malgré la force  mais quand même lourd.

Châteauneuf-du-Pape domaine de la Barroche 2010 beaucoup de cassis, plus strict. Vin très précis, bien fait, âpre, serré, notes de café.

Châteauneuf-du-Pape domaine de la Barroche 2009 gourmand. C’est un vin qui se goûte bien. Notes de café. Bel équilibre, coordonné, vin puissant.

Châteauneuf-du-Pape domaine de la Barroche 2008 plus calme et plus agréable car beaucoup plus tempéré. Très équilibré et joyeux.

Châteauneuf-du-Pape domaine de la Barroche 2005 bel équilibre, moins racé que 2008 mais de très bel équilibre, café, élégant et gastronomique.

Enfin voici celui ce qui a retenu mon attention c’est le Châteauneuf-du-Pape domaine de la Barroche 1980 au nez de joli fruit, distingué. Vin délicieux au fruit rouge génial. Quelle grâce. Il est magnifique de douceur, de grâce. Un pur bonheur. Fait par le père de Julien, il est d’une fraîcheur et d’une explosion de fruit gourmand qui est la preuve irréfutable de la capacité des Châteauneuf-du-Pape à vieillir. Quel grand vin.

Je suis retourné très vite à ma chambre pour une sieste impérative. Le soir, je suis invité à une soirée qui se tient sur une péniche qui nous mènera sur le Rhône de Châteauneuf-du-Pape à Avignon et retour. Quand il fait nuit et quand il pleut, un tel périple perd un peu de son sens. La nourriture sur la péniche mérite tous les compliments, des ratatouilles et des poissons sont cuits exactement. Ce fut un régal, au goût d’inattendu. Comme en Avignon, la générosité des vignerons est extrême. Laurence Féraud est venue avec deux jéroboams de Pégau Cuvée réserve 2008. Les autres vignerons ont fait preuve de la même générosité. On sait vivre à Châteauneuf-du-Pape.

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Atelier Déclinaison de vieux millésimes de Châteauneuf-du-Pape au fil des âges mardi, 5 avril 2016

Le lendemain matin, à 9h30 je me présente au réfectoire de l’école maternelle du village où des vignerons et des sommeliers ouvrent et préparent les bouteilles qui seront dégustées à partir de 11 heures à l’atelier « déclinaison de vieux millésimes de Châteauneuf-du-Pape au fil des âges ». C’est Kelly Mac Auliffe, un sommelier américain à la carrure de rugbyman qui mène les opérations. Il décante les vins deux fois, une première fois dans une carafe à décantation pour écarter la lie, et une deuxième fois en remettant le vin dans sa bouteille. On est très loin de la « méthode Audouze », mais cela n’a pas une importance déterminante puisque les vieux millésimes sont encore de jeunes vieux.

La salle se remplit et aucune place n’est disponible, cet atelier ayant attiré beaucoup de monde au point qu’il faut six bouteilles ou trois magnums par vin. Ce qui indique une assistance d’environ 90 personnes. A côté de moi Philippe Cambie, œnologue conseil de beaucoup de propriétés de Châteauneuf-du-Pape fera des commentaires, comme les vignerons présents.

Le Châteauneuf-du-Pape Château de la Nerthe rouge 1998 a une couleur qui n’est pas très nette. Le nez est celui d’un vin déjà évolué. Il a une belle attaque généreuse avec une belle minéralité. Dans le final il y a un petit côté tisane et fumé qui signe un vin qui commence à évoluer.

Le Châteauneuf-du-Pape Boisrenard domaine de Beaurenard rouge 1995 a une couleur plus jeune que celle de la Nerthe et le nez est aussi plus jeune. Le vin est rêche, le final est très précis et de belle fraîcheur. Le vin provient de vieilles vignes qui ont entre 60 et plus de cent ans.

Le Châteauneuf-du-Pape Clos de Montolivet rouge 1989 a une couleur un peu tuilée. Le nez est un peu fatigué. Il y a beaucoup de matière, le vin est riche aux tannins très présents. C’est une cuvée tradition.

Comme j’anime la dégustation, je suis obligé de me faire une idée assez vite sur chaque vin sans y revenir comme je le ferais en ayant le temps. Or les premières gorgées sont plus brutes que lorsque le vin s’est assis dans le verre.

Le Châteauneuf-du-Pape domaine de Nalys rouge 1983 a un nez fabuleux. Le vin est brillantissime et surprend même les vignerons qui constatent qu’une petite année, avec le temps peut devenir brillante. Il y a un très joli fruit et du menthol dans le finale, signe d’un grand vin.

Le Châteauneuf-du-Pape Château des Fines Roches rouge 1981 a un nez un peu viandeux, sa couleur est à peine tuilée. L’attaque est fluide et le finale manque un peu de précision. Il y a des notes de moka.

Le Châteauneuf-du-Pape Château de Beaucastel rouge 1980 a une belle couleur. Le vin sent la fraîcheur. Il a une belle attaque et le finale qui manque d’ampleur et dévie un peu. Mais comme souvent il s’améliore car sa matière est ample et très précise. Comme je l’ai suggéré il ne faut pas juger un vin trop vite.

Le Châteauneuf-du-Pape domaine de la Solitude rouge 1978 a une belle couleur. Le nez est un peu acide. C’est un très beau vin, magnifique, qui a tout pour lui et profite de cette année exceptionnelle.

Le Châteauneuf-du-Pape Clos Saint-Jean rouge 1974 a une couleur assez sombre. Le nez est incertain, un peu médicinal. C’est un vin non éraflé. Il est très riche. Au début il n’est pas très agréable, et offre des notes de chocolat. Alors que j’aurais tendance à critiquer ce vin j’ai été surpris de constater à quel point il plait aux participants, ce qui est une bonne chose, car cela veut dire que les présents ont accepté d’intégrer les signes d’évolution.

Tous les participants ont été heureux de cette dégustation convaincante qui montre la capacité de vieillissement des Châteauneuf-du-Pape. En parlant avec les uns et les autres les préférences varient mais il y a une constante : 1 – Châteauneuf-du-Pape domaine de Nalys rouge 1983, 2 – Châteauneuf-du-Pape domaine de la Solitude rouge 1978. C’est après que les classements différent. Pour mon goût, c’est : 3 – Châteauneuf-du-Pape Boisrenard domaine de Beaurenard rouge 1995, 4 – Châteauneuf-du-Pape Château de Beaucastel rouge 1980.

Les échos qui me sont revenus de diverses sources montrent à quel point les amateurs sont désireux d’approcher des vins plus anciens que ceux qu’ils ont pu déguster aux stands des vignerons. Cet atelier a donc sa pleine justification.

Après l’atelier, je suis allé visiter les stands dans le grand hall où se tient le Printemps de Châteauneuf-du-Pape. En dehors de l’immense bâtiment des stands de victuailles offrent des produits de grande qualité qui permettent de se restaurer.

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Je suis nommé Echanson des Papes de Châteauneuf au Palais des Papes en Avignon mardi, 5 avril 2016

Chaque année, la fédération des producteurs de Châteauneuf-du-Pape organise pour le premier week-end d’avril « le Printemps de Châteauneuf-du-Pape ». J’y suis venu plusieurs fois et j’ai même animé un atelier consacré aux vieux millésimes. Les organisateurs m’ayant demandé d’animer à nouveau cet atelier, j’ai accepté bien volontiers. Ils poussent la gentillesse au point de me demander d’accepter l’honneur d’être nommé échanson dans l’ordre de « l’Echansonnerie des Papes ». La cérémonie d’intronisation a lieu dans la grande salle du conseil du Palais des Papes en Avignon. Elle est suivie d’un repas dans le grand réfectoire du Palais des Papes.

Au moment d’entrer dans la salle du conseil, longue salle où les sièges sont étagés en gradins se faisant vis-à-vis de part et d’autre de l’allée centrale, les huit impétrants sont installés sur les sièges du bas, le long de l’allée. La mise en place est longue car la présence du Prince Albert de Monaco parmi les huit impose des formalités protocolaires et de sécurité. Je me trouve donc condisciple et camarade de promotion du Prince Albert, du préfet du Vaucluse, d’un pilote de Formule 1, d’un restaurateur, d’un sommelier au lourd pedigree, et de deux journalistes.

Chaque impétrant est présenté à la salle d’environ trois cents personnes par un des maîtres de l’ordre qui tient un discours personnalisé et flatteur sur le futur échanson qui doit répondre à une question. La mienne fut de reconnaître du même vin un verre de 1999 et un autre de 2012 et de dire celui que je préfère. Apparemment, j’ai eu bon. La question pour le Prince fut de reconnaître de deux verres celui qui a du vin blanc et celui qui a du vin rouge. Le Prince après avoir goûté dit qu’il aime les deux et fut applaudi. Lorsque nous avons trinqué à l’apéritif entre intronisés j’ai demandé au Prince : « une question me taraude, avez-vous réellement trouvé lequel était le vin blanc ? ». Le Prince a eu la gentillesse de sourire.

La salle du réfectoire est toute en longueur et ogivale. L’arête centrale doit bien être à quinze mètres de hauteur ou plus. Ce palais est gigantesque. La salle est extrêmement bruyante. Le menu mis au point par le chef Laurent Deconinck de l’Oustalet de Gigondas est : tartare de maigre aux noisettes et citron sur une émulsion de racines / poitrine de veau à la sarriette, tomates confites et rave de céleri doré / voyage fromager sur le chemin des Papes : le brie des bois, le rove du Ventoux et le persillé du Venaissin, affinés par Claudine Vigier, MOF / sphère de chocolat pur cacao et quelques Amarena.

L’entrée est délicieuse et le plat principal a souffert de cuissons imprécises. Mais qui s’en soucie car la parole est aux vins. Les sommeliers arrivent avec des magnums ou des jéroboams, et l’on n’a pas le temps de finir son verre qu’un nouveau vin arrive. Les vignerons sont tellement généreux qu’ils ont apporté des quantités excessives de vins. J’ai su le lendemain qu’ils étaient étonnés eux-mêmes que l’on ait fait un sort à tous leurs apports. A Châteauneuf, on est généreux mais on boit bien et beaucoup. Dans ce contexte il serait impossible de citer les vins servis et c’est dommage car ils furent fort bons. Un jéroboam de Domaine du Pégau 2008 m’a fait forte impression comme les vins du domaine de la Barroche, de Saint-Préfert, d’années déjà mûres.

Un aide de camp du Prince veille à ce qu’il ne soit pas assailli par des convives et puisse profiter de cette soirée. Tout le monde a remarqué son aisance et sa gentillesse. J’ai eu la chance qu’il me consacre beaucoup de temps et nous avons évoqué l’idée de partager des vins prestigieux de nos deux caves lors d’un dîner à élaborer. Le Prince se souviendra-t-il de ces échanges, l’avenir le dira. Il avait le souvenir du dîner que j’avais organisé au Yacht Club de Monaco en 2010 dont ses amis lui avaient fait le récit.

C’est bien tard dans la nuit que j’ai rejoint la maison de deux jeunes vignerons située au centre de Châteauneuf-du-Pape pour un repos bien nécessaire.

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le Prince Albert boit le vin qu’il doit reconnaître. Est-il blanc ou rouge ?

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la salle du réfectoire

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on me voit dans le groupe des nouveaux échansons

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les nouveaux échansons

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le cadeau

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Dégustations du mardi des Caves Legrand domaine Marcel Deiss mercredi, 30 mars 2016

Les Dégustations du mardi des Caves Legrand donnent l’occasion de rencontrer des vignerons qui parlent avec cœur de leurs vins. Ce sont des rencontres inoubliables. Ce soir c’est Jean-Michel Deiss qui parle de ses vins et pour rien au monde je n’aurais manqué cette occasion de l’entendre.

Quand il commence son speech en disant que son maître est Jean Hugel, je suis aux anges puisque Jean fut certainement le vigneron avec lequel j’ai partagé la plus forte amitié. Jean-Michel sous la férule de Jean Hugel a fait une étude sur l’opportunité et la date précise de l’arrachage des vignes. Il a considéré cela comme une leçon d’excellence. Ce qui fascine Jean-Michel, c’est la profondeur des racines et la façon de leur apporter l’aération profonde pour que la plante se nourrisse. Il nous dit que les racines progressent de 2,5 cm par jour ce qui est énorme et peuvent atteindre si le sol le permet 70 mètres de profondeur.

Jean-Michel Deiss veut nous entraîner sur le terrain du toucher de bouche et sur celui de la dégustation géo-sensorielle qui permet de relier les sensations avec le terroir. Il parle de la couleur mentale du vin et aurait aimé que nous fassions la dégustation dans des verres noirs pour que cette couleur mentale s’impose à nous. Il philosophe aussi, disant que « la vie, c’est la lutte entre la croissance et la volonté de reproduction ».

Nous allons boire huit de ses vins sur un menu que j’ai trouvé fort bon mais très osé : mozzarella di Buffala, artichauts confits et lamelles de poutargue / marinière de coques aux beurre de soja / blanquette de veau et petits légumes printaniers / les fromages de Bernard Antony. Menu osé, car les feuilles d’artichaut et la sauce sont rudes, la sauce soja très imprégnante, ce qui a effarouché quelques vins.

Alsace domaine Marcel Deiss 2014 ce vin sans appellation est fait de 60 cépages, les 13 autorisés et 47 cépages anciens orphelins pour 2% de la récolte. Le vin est clair, au nez de fruit, d’alcool et de minéral. La bouche est très ronde, de caramel et c’est le final qui est frais, un fruit acide apparaissant en fin de bouche. Le vin devient rond et joyeux. Il ne fait pas Alsace avec le plat et redevient Alsace après, avec une belle amertume. Ce vin de belle minéralité est masculin, au caramel et au beau fruit ample. Jean-Michel parle du chasselas rose auquel il tient.

Cru d’Alsace Engelgarten domaine Marcel Deiss 2013 est clair d’un or léger. Le toucher de bouche est rugueux, ce qui voisine avec un peu de perlant. Il y a aussi un peu de fumé. Le fruit est moins affirmé. Malgré le perlant le vin est gourmand. Je sens de la rose et du fruit rose. La minéralité évoque l’huître. Jean-Michel dit que le vin rugueux est granulé et évoque la pierre.

Le Cru d’Alsace Schoffweg domaine Marcel Deiss 2011 est un vin clair au nez très affirmé. Jean-Michel nous dit qu’il est farineux, vanillé, avec une petite goutte qui ne tombe pas, concept que je n’ai pas compris. Pour moi le vin est très fruité, d’un beau fruit et de caramel. Les coques ont une sauce trop marquée pour ce vin pourtant gastronomique et gourmand. Il a une belle largeur de bouche.

Cru d’Alsace Grasberg domaine Marcel Deiss 2011 provient d’un calcaire jurassique ce qui pour Jean-Michel signifie largeur de bouche. Le nez est très pur, racé et élégant. L’attaque est rugueuse, sucrée et perlante. Le vin est un Fregoli dont le goût change à chaque gorgée, ce que j’adore. Il est sucré, fumé, aromatique et lourd et j’aime son côté atypique. Il a beaucoup de fruits blancs.

Cru d’Alsace Gruenspiel domaine Marcel Deiss 2002 est beaucoup plus ambré. Le nez est racé et pur tout en étant exotique. On sent les épices et les fruits exotiques. Le toucher est de glisse. Le vin est fumé, sans aucun perlant. Il y a beaucoup de fruits chauds et pas une grande longueur. Le vin est assez sucré. Gérard Sibourd-Baudry, maître de cérémonie préfère ce vin alors que je préfère le Grasberg comme Sylvie, la directrice des caves Legrand.

Alsace Premier Cru Burlenberg domaine Marcel Deiss rouge 2004 a un rouge soutenu et très rubis. Le nez est racé et prometteur. J’aime beaucoup ce vin qui est à la fois très fruité et offre de l’amertume. Le finale est rugueux mais noble. Le vin est très long en bouche, et large en milieu de bouche. Ce vin qui n’est pas naturellement gourmand le devient et je l’adore. C’est pour moi le vin de la soirée, qui me rappelle le vin rouge d’Hugel « vin des neveux » 1990, petit chef-d’œuvre. Jean-Michel trouve ce vin rocailleux, plus canaille que noble. Ce n’est pas ma perception, car il m’enthousiasme.

Alsace Grand Cru Mambourg domaine Marcel Deiss  2012. Jean-Michel nous dit qu’en 775 un prêtre ayant fauté avec une moniale allait être excommunié. Sa défense fut de dire : « ce n’est pas ma faute, c’est celle du Mambourg ». Le vin clair a un nez discret. Le vin est très rond, de belle acidité et perlant. Il a une grande vivacité. Noble et complexe il est un peu court en bouche et le perlant me gêne un peu. Il ne va pas avec les fromages.

Alsace Grand Cru Altenberg de Bergheim domaine Marcel Deiss 2005 est plus ambré. Le nez est doux et fumé. La bouche est lourde et sucrée. Le finale est très long en pâte de fruit. Il y a du zeste, du caramel, du miel. Il est agréable et gagnera beaucoup à vieillir.

On écouterait Jean-Michel Deiss pendant des heures tant il est captivant mais parfois abscons tant il pense loin, en visionnaire. Ses vins ont son intelligence et sa recherche d’excellence. Ce vigneron est d’une grande humilité et d’une passion communicative. Ce fut une bien belle soirée.

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