Archives de catégorie : vins et vignerons

Dîner au restaurant de l’hôtel Shangri-La avec des vins de la famille Hugel mardi, 8 septembre 2015

(lire le récit du déjeuner ci-dessous)

J’arrive vers vingt heures au restaurant chinois de l’hôtel Shangri-La qui a organisé un menu dégustation à six ou huit plats agrémentés de vins de la famille Hugel. Les inscrits ne se mélangent pas et sont répartis à des tables en fonction de leurs réservations. Les représentants de la famille Hugel, Etienne, son fils et son neveu, passeront de table en table pour commenter tel ou tel vin. Serge Dubs fera de même et j’irai aussi saluer ceux qui se sont inscrits à la suite de mon mail annonçant ce dîner. Avant cela, l’apéritif se prend debout avec le Gentil Hugel 2014 qui confirme mon impression du midi, d’un vin franc, simple, frais et de belle soif.

Le dîner dégustation autour des vins de la famille Hugel est ainsi conçu : effiloché de poulet en salade, sauce façon sichuanaise / Ha Kao Siu Mai (qui comprend des beignets de crevette, du crabe et du porc) / ravioli de crabe au bouillon / langouste croustillante aux flocons d’avoine / porc à la sauce aigre-douce / riz sauté à la façon du chef / lait de coco aux céréales, boules moelleuses à la crème montée et fruits frais.

Le Gewurztraminer Estate Hugel 2012 a un petit côté déstructuré que je n’aime pas beaucoup dans les jeunes gewurztraminers. Son alcool est fort, presque trop fort. C’est un chien fou talentueux qui se domestiquera avec l’âge, ce que le plat de poulet réussit dans l’instant, révélant café, caramel mais aussi son caractère floral. Le vin est très à l’aise avec ce plat épicé, mais il serait sage d’attendre encore avant d’en profiter.

Le Riesling Grossi Laüe Hugel 2010 et le Rieling Jubilee Hugel 2009 sont les mêmes que ce midi. Je retrouve les mêmes impressions mais les plats épicés n’arrangent pas tellement ces vins.

Le Pinot Gris Jubilee Hugel 2009 est d’une rare élégance. Il est magnifique, magique et je suis conquis par ce vin.

Le Riesling Classic Hugel 2014 est peut-être grand, mais il est trop jeune pour mon palais. Le Riesling Schoelhammer Hugel 2007 est magnifique, d’une grande perfection comme ce midi. Il vibre, il est généreux. C’est un très grand vin.

Le Pinot Gris Vendanges Tardives Hugel 2008 est sublime, magique sur le porc aigre-doux, dans une association diabolique de plaisir. Il révèle de l’ananas.

Le Pinot Noir Jubilee Hugel 2013 est trop jeune pour moi, montrant trop son acidité et son amertume.

Le Gewurztraminer Sélection de Grains Nobles « S » Hugel 2007 est magnifiquement confortable. Il a la pourpre cardinalice, l’aisance et la facilité des seigneurs.

L’esprit est à la joie et surtout à la générosité. La cuisine chinoise est de grande qualité. Certains plats sont déroutants, comme les desserts, d’autres sont d’un charme rare comme le porc aigre-doux qui a créé un accord de première grandeur. L’hôtel est luxueux, le service est très attentif et efficace, dont Cédric, sommelier très à l’aise au milieu de cette débauche de grands vins.

La famille Hugel fait des vins de haute qualité, dont certains me sont apparus de très haut niveau, couronnés qu’ils sont par les meilleures notes dans les guides. Ce fut un plaisir de rencontrer trois générations d’Hugel. Les alsaciens savent recevoir. Je suis sûr que Jean Hugel, avec qui je fus d’une grande complicité, doit être fier, là-haut, du travail effectué par sa famille.

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Etienne Hugel m’a photographié avec Cédric qui avait aligné les bouteilles de tous les vins bus ce soir

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Déjeuner au restaurant Macéo avec les vins de la Famille Hugel mardi, 8 septembre 2015

Alors que j’étais encore dans le sud, Etienne Hugel, qui m’avait invité à la présentation des vins de la famille Hugel dont notamment de nouveaux rieslings secs, m’appelle et me demande : pourrais-tu faire du tamtam auprès de tes amis car nous avons prévu un dîner au Shangri-La et la participation à ce dîner n’est pas à la hauteur de nos espérances. Aussitôt dit, aussitôt fait, j’envoie un message aux lecteurs de mon bulletin et la réaction ne se fait pas attendre, quelques heures plus tard j’apprends que toutes les tables sont complètes. Bravo cher lecteurs pour votre réactivité.

La « journée Hugel » commence au premier étage du restaurant Macéo par un déjeuner de presse. Il se trouve que c’est en cet endroit que se tiennent le plus souvent les séances de l’académie des vins anciens dont le regretté Jean Hugel était l’un des plus fidèles participants. Je suis sensible à cette concordance de lieu.

La maison Hugel fait partie des Hénokiens, ces sociétés dont le capital est détenu par une même famille depuis plus de deux siècles. Elle est aussi membre de l’association Primum Familiæ Vini qui regroupe des vignobles prestigieux toujours dirigés par la même famille. Dans le cas de la maison Hugel, on est aujourd’hui à la treizième génération. On a fêté en 1989 les 350 ans de la maison Hugel.

André Hugel, frère cadet de Jean, né en 1929, père d’Etienne, est un historien auteur de nombreux ouvrages. Il retrace l’histoire de la famille Hugel dans le contexte de l’histoire de l’Alsace et des guerres qui ont affecté la citoyenneté des membres de la famille. Et ce long préambule est l’occasion de présenter le nouveau nom qui figure sur les étiquettes : « Famille Hugel » au lieu d’Hugel et Fils. Un autre changement est celui des appellations des vins, qui s’inspirent des racines alsaciennes de la famille. Etienne parle de cette petite révolution qui tient compte des changements familiaux avec l’apparition d’une nouvelle génération aux commandes de cet antique et solide vaisseau.

L’accueil se fait avec un Gentil Hugel 2014. Le Gentil est un vin blanc sec fait de l’assemblage de vins de multiples parcelles, un peu à la façon de l’Edelzwicker que l’on trouvait dans tous les Weinstübe alsaciens. Ce qui est sympathique, c’est que l’acidité est franche, aigrelette bien sûr mais très douce. Ce vin léger se boit bien, simple, frais, de belle minéralité. Je l’aime volontiers pour sa pureté.

Le menu composé par le Macéo selon les indications de Mark Williamson est : tempura de langoustines bretonnes et pointe de curry, chips d’aubergine et houmous vert-pré / Céviche de daurade de ligne, mangue verte et ponzu / loup sauvage simplement braisé et beurre oncle Johnny, gnocchi maison porcini / Stilton Colston Basset, pain aux figues et noix.

Le Riesling Classic Hugel 2013 est plus fruité et floral que le Gentil. Il est frais et fluide, un peu jeune et pas assez structuré. Il a un beau fruit de groseilles blanches et se montre pénétrant.

Le Riesling Estate Hugel 2012 a un peu de perlant mais il est très agréable, surtout dans le finale. Le perlant sensible ne nuit pas au finale très fruité. J’aime beaucoup le 2013 malgré sa jeunesse et le 2012 est plus fort et plus long. C’est d’ailleurs lui qui convient le mieux à la daurade.

Le Riesling Jubilee Hugel 2009 (dont le nom Jubilee s’écrit sans accent) a un nez très gracieux. Il a un aspect beaucoup plus doux. C’est vin de noblesse et de netteté avec une grande persistance aromatique.

Le Riesling Grossi Laüe Hugel 2010 a aussi un côté perlant. Il est de belle acidité avec beaucoup de fruits.

Le Riesling Schoelhammer Hugel 2007 est très gracieux, pur, éthéré et romantique. C’est un vin magique qui a tout pour lui. Il montre un peu de sucrosité et se révèle gastronomique. Je l’adore.

Le 2009 convient bien au loup, plus que le 2010 du fait de l’impression de perlant. Le 2007 est superbe et gastronomique et c’est le plus sucré des trois. Le plus orthodoxe et le plus représentatif du riesling est le 2009 mais le 2007 est plus charmeur et séducteur même s’il représente un peu moins l’image de netteté du riesling.

Serge Dubs, meilleur sommelier du monde en 1989, sommelier de l’Auberge de l’Ill, commente les vins et quand il évoque la truffe blanche pour le 2007, cela me saute aux yeux. La sauce du loup, baptisée « beurre oncle Johnny » en hommage à Jean Hugel, a été faite avec un riesling Hugel et c’est un bijou.

Le stilton du Macéo est une merveille. Le Pinot Gris Vendanges Tardives Hugel 2008 est très riche, lacté et gras.

Le Gewurztraminer Vendanges Tardives Hugel 2007 est beaucoup plus floral et gracieux que le pinot gris, mais il a un finale moins précis. Le 2008 est plus adapté au stilton, car plus « nature ». Le 2007 est plus gracile mais très joli dans sa subtilité. Pour ce vin il faudrait autre chose que le stilton. Ce vin superbe aimerait un plat plus cuisiné. Le 2008 est plus riche.

La salle où nous déjeunons se remplit car il est prévu entre 15 heures et 18 heures une présentation des rieslings Hugel et les premiers arrivés viennent saluer ceux qui déjeunent. Je quitte cette belle assemblée dont je retrouverai certains au dîner du Shangri-La.

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Trois générations de Hugel

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de gauche à droite André Hugel assis, Mark Williamson, Serge Dubs, Etienne Hugel et son épouse

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Un vigneron espagnol cherche du crowdfunding jeudi, 16 juillet 2015

Voici le message que j’ai reçu de ce vigneron qui cherche du financement de particuliers et des blogueurs qui relaient l’information :

 

 

De : Ruben Gago <jrubengago@hotmail.com> +34633152239 Site :

[text your-site]

Sujet : Opening a new small winery with soul in Spain

 

Corps du message :

Bonjour,

 

My name’s Ruben Gago, from Spain, and I am contacting after learning of your site because I am opening a small winery in Spain and you might be able to help:

 

Let me explain: Our winery is located in Riofrio de Aliste (A small village in the North-West of Spain, close to the border with Portugal, in the province of Zamora). There we have a family vineyard of 1.5 ha of mencía vines planted back in the 40’s by my grandparents. That’s the one and only grapes we will use to produce our wines.

 

Recently I found the crowdfunding website www.fundovino.com and thought it would be really interesting for me to launch a campaign there (It would allow me to get some funds for the opening of the winery and also I would get a big public exposure right from the beginning).

 

So right now I’m in the middle of preparing this crowdfunding campaign. To make it the most successful possible, I am trying to contact wine bloggers who are interested in sharing small projects with soul like mine.

 

I am also interested in finding distributors who can do a tasting of my wines once the campaign is live (September this year).

 

So, if you are interested in sharing a note of the project in your blog or somewhere, it would be great! (I’m not quite sure if your any comment would fit in your site…) Either way, if know anybody who could be interested, that would be great if you can let me know. Any help will be very welcomed!

 

Thank you so much for reading.

 

 

Ruben

 

Bonne chance à ce vigneron

 

deux-centième anniversaire du domaine Comte Liger-Belair, concert et dîner vendredi, 12 juin 2015

La journée de célébration du deux-centième anniversaire du domaine Comte Liger-Belair avait débuté par une dégustation de 72 vins produits par Louis-Michel Liger Belair et ses équipes. L’intérêt de ce voyage sur les quatorze dernières années est de montrer l’évolution de la précision des vins et le travail fait sur toutes les phases de la maturation de la vigne et des vins.

Elle se poursuit par un concert donné dans la cave de la salle des fêtes de Vosne-Romanée. Quatre artistes avec un violon, une guitare, une contrebasse et un piano vont interpréter un programme éclectique qui va de Haendel, Saint-Saëns et Fauré à Django Reinhardt et Astor Piazzolla. Le contrebassiste norvégien rigole tout le temps, le violoniste qui joue sur un Stradivarius, excusez du peu, plaisante gaiement. Le guitariste est d’une force musicale extrême, avec un sens aigu de l’improvisation et le pianiste japonais est discret et efficace. Dans cette atmosphère amicale ils nous ont régalés, finissant par un morceau composé spécialement pour Constance et Louis-Michel Liger Belair. Du grand art, de l’élégance et de la joie de vivre comme le joli couple qui nous reçoit.

Il suffit de traverser la rue pour prendre l’apéritif dans la cour du château de Vosne-Romanée. Le Champagne Delamotte brut magnum sans année est toujours aussi joyeux, facile à vivre, avec un délicieux goût de revenez-y. Les petits grignotages d’apéritif ont été préparés par Pascal Barbot et son équipe.

Louis-Michel nous convie à passer à table pour un dîner placé, d’environ cent personnes, dans la grande salle ouverte où se tenait le matin même la grande dégustation des vins récents. Le menu du bicentenaire a été mis au point par Louis-Michel et Pascal Barbot : foie gras mi- cuit, champignons de Paris et pomme verte / poisson de Léman « cru-chaud », consommé fenouil, gelée d’anis vert / œuf meurette « Astrance », lies du château, pâte d’oignon, speck / agneau de lait, betterave rouge et framboise, capucine / canard rôti aux baies de genièvre, cerises farcies dattes origan / fromage de Bourgogne, rose, hibiscus / tartelette rhubarbe, sureau, fleur d’acacia / lait de poule au jasmin.

Le Champagne Salon magnum 2002 est un grand champagne, mais il est plus une promesse qu’une fleur épanouie, car il est encore fermé. Bon sang ne peut mentir car malgré sa folle jeunesse il est très gastronomique.

Le Nuits Saint Georges 1er cru Clos des Grandes Vignes Monopole blanc Domaine Comte Liger-Belair jéroboam 2012 a beaucoup de charme, de fluidité, et se marie bien avec le poisson, mais je trouve qu’il manque un peu de complexité.

Le Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair jéroboam 2008 a un côté sauvage que je trouve totalement fou. Ce vin, immensément servi par les lies de la sauce de l’œuf meurette est très sensuel. Je le trouve fabuleux.

Le Vosne Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair jéroboam 2007  est plus confortable que le vin précédent mais je n’ai pas la même vibration, car il est plus conventionnel. L’agneau est sublime et lui convient bien. La viande est d’une tendreté exceptionnelle. Le 2007 est très bon mais le 2008 est beaucoup plus pinot. Le 2007 est gourmand avec un niveau de maturité excellent. C’est un régal de voir Pascal Barbot montrant à un commis comment découper les côtes d’agneau : le chef toujours souriant dirige dans le calme et joue son rôle de pédagogue.

L’Echézeaux Grand Cru Domaine Comte Liger-Belair magnum 2006 a un parfum fabuleux. La chair du canard est de la folie. Cette chair est incroyablement goûteuse. Le 2006 est généreux, gourmand. C’est un grand bourgogne que le canard rend opulent. C’est avec le toast d’abats que le vin s’envole dans la stratosphère. La chair plus la sauce constituent un coup de génie pour le vin. Ce vin est un bonheur parfait à ce stade de sa vie. On sent la qualité de son fruit. Ce vin est velours. Il y a une touche de fraîcheur dans le toast, probablement grâce à la baie de genièvre, qui donne un coup de fouet au vin. Nous baignons dans l’euphorie gastronomique.

La Romanée Grand Cru Monopole Domaine Comte Liger-Belair magnum 2006 a un nez subtil. Tout en ce vin est lié à la densité. L’associer à un fromage à pâte persillée est particulièrement osé et les petits à-côtés sont provoquants et ne servent pas le vin. Ce vin à une belle râpe et la plénitude d’un grand vin. Mais il manque une petite pointe d’exotisme à ce vin un peu trop civilisé. Je préfère presque le côté brutal de l’Echézeaux au caractère civilisé de la Romanée.

En fait, j’aime chaque vin et lorsque je reviens sur chaque vin, je rabaisse un peu mon enthousiasme pour le 2008 et la Romanée montre que ce vin est très au-dessus des autres du fait de sa structure, même au-dessus de l’Echézeaux que j’adore, mais qu’il lui manque le petit plus de la complexité.

Le Scharzhofberger Riesling Auslese Egon Müller 1997 est tout en kiwi. Il est perlant, un peu trop jeune mais très bon. L’accord du vin et du dessert est agréable, mais n’est pas parfait car il n’y a pas de réelle propulsion pour le plat et pour le vin. Le vin servi très froid n’est pas assez ouvert.

Que retenir de ce dîner ? L’extraordinaire aventure engagée par Pascal Barbot pour faire un dîner exceptionnel lors d’une occasion exceptionnelle, celle d’un bicentenaire. Une cuisine parfaite avec surtout les chairs de l’agneau et du canard d’un niveau exceptionnel. Les vins qui réagissent parfaitement à la gastronomie servis en grands formats et un Echézeaux très enthousiasmant. Mais c’est surtout l’atmosphère qui est unique. Toute la brigade de l’Astrance qui a fait un service parfait est illuminée par la motivation de réussir cet évènement. Louis-Michel a fait un discours émouvant, chaleureux, affectueux, porté par le poids de l’histoire de huit générations. On se sentait en famille, partageant avec Constance et Louis-Michel un grand moment d’affection.

En quittant sous la pluie nos hôtes, on a remis à chacun un livre sur la Romanée Liger-Belair, livre magnifique de densité humaine et de chaleur vigneronne. Les photos magnifient le caractère humain de ce domaine. J’ai eu la surprise de voir que le menu de ce dîner est imprimé dans le livre. Il faut impérativement acquérir ce livre. Longue vie à ce prestigieux domaine qui est en de bonnes mains pour produire des vins qui comptent parmi les plus beaux de la Bourgogne.

le concert :

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à l’apéritif, un ami découpe le jambon

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la salle du dîner

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le livre du 200è anniversaire est exposé

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en salle de cuisine, le chef Pascal Barbot en plein travail motivant ses troupes

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la complicité du chef avec Constance et Louis-Michel Liger-Belair

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les vins du dîner

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Dégustation de 72 vins du domaine Liger-Belair vendredi, 12 juin 2015

Le lendemain, Louis-Michel Liger-Belair accueille des amateurs, collectionneurs et experts internationaux pour une dégustation exhaustive de tous ses crus pour un nombre important de millésimes récents consécutifs. Le vin le plus représenté offre quatorze millésimes à goûter. Je reconnais beaucoup de célébrités du monde du vin, de tous pays, les Etats-Unis ayant un fort contingent. S’agissant de jeunes vins, c’est un travail de dégustation de professionnel, aussi dois-je le faire ? La curiosité me prend de tout goûter et ce n’est pas une mince affaire car il y a 72 vins !

Pendant ce temps, l’équipe de l’Astrance, dirigée par Pascal Barbot tout souriant, prépare le dîner de ce jour mémorable. Ils sont dix-huit, ont déserté le restaurant fermé pour la circonstance. Pascal, qui gère un restaurant de 25 couverts peut-être, va nourrir quatre fois plus de monde. C’est une logistique particulière.

Bien que le jugement de vins très jeunes ne soit pas un domaine de compétence particulière de ma part, je me suis livré à l’exercice, avec mon palais plus sensible que d’autres aux charmes de vins anciens. On lira donc ce compte-rendu comme un exercice de style, sans volonté de décrire une vérité. Ce sont des sentiments dans l’instant, dans le contact immédiat et rapide avec chacun des vins. Voici les notes que j’ai prises.

Sur la première table, il y a neuf vins différents sur deux années, 2013 et 2012. Alors que les deux années sont séparées dans l’alignement sur la table, j’ai goûté en suivant les deux années pour chaque vin.

Nuits Saint Georges 1er cru Clos des Grandes Vignes Monopole blanc Domaine Comte Liger-Belair 2013 : belle matière, caramel, bien gras, final café.

Nuits Saint Georges 1er cru Clos des Grandes Vignes Monopole blanc Domaine Comte Liger-Belair 2012 : plus frais que le 2013, moins caramel, plus fluide, final café et pâte de fruit.

Nuits Saint Georges Les Lavières Domaine Comte Liger-Belair 2013 : beau fruit très pur, prune.

Nuits Saint Georges Les Lavières Domaine Comte Liger-Belair 2012 : plus fin, plus large que le 2013, beau fruit plus épanoui.

Vosne Romanée Domaine Comte Liger-Belair 2013 : belle épaisseur, gourmand, bel équilibre.

Vosne Romanée Domaine Comte Liger-Belair 2012 : plus chaud, plus large, moins d’équilibre, beau final

Vosne Romanée La Colombière Domaine Comte Liger-Belair 2013 : plus difficile à saisir, je cale sur ce vin.

Vosne Romanée La Colombière Domaine Comte Liger-Belair 2012 : plus torréfié, belle matière, joli vin.

Vosne Romanée 1er Cru Les Chaumes Domaine Comte Liger-Belair 2013 : vin agréable, beau fruit, belles épices.

Vosne Romanée 1er Cru Les Chaumes Domaine Comte Liger-Belair 2012 : bien assis, carré, belles épices.

Vosne Romanée 1er Cru Les Suchots Domaine Comte Liger-Belair 2013 : belle fluidité, profond.

Vosne Romanée 1er Cru Les Suchots Domaine Comte Liger-Belair 2012 : gourmand, belle profondeur.

Vosne Romanée 1er Cru Les Petits Monts Domaine Comte Liger-Belair 2013 : vin chaleureux et charmeur, beau final.

Vosne Romanée 1er Cru Les Petits Monts Domaine Comte Liger-Belair 2012 : très beau nez, beaucoup de charme.

Nuits Saint Georges 1er cru aux Cras Domaine Comte Liger-Belair 2013 : même style que les Petits Monts – il faut dire que le palais sature – belle matière.

Nuits Saint Georges 1er cru aux Cras Domaine Comte Liger-Belair 2012 : plus strict, bien construit, précis et plus minéral.

Nuits Saint Georges 1er cru Clos des Grandes Vignes Monopole rouge Domaine Comte Liger-Belair 2013 : vin joyeux, bien plein, joli, au superbe final.

Nuits Saint Georges 1er cru Clos des Grandes Vignes Monopole rouge Domaine Comte Liger-Belair 2012 : je préfère le 2013. Ce 2012 est un beau vin de belle matière mais le 2013 est plus grand.

Les tables suivantes présentent des vins sur un plus grand nombre de millésimes. Voici la table 2.

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2013 : très bon et généreux, superbe

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2012 : léger et aérien mais typé, très bon.

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2011 : plus fluide, vin profond.

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2010 : vin très typé, plus classique.

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2009 : très beau vin un peu fumé, joli.

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2008 : plus assis, plus carré

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2007 : agréable, fluide, j’aime beaucoup de vin en suggestions

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2006 : vin gourmand et rond.

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2005 : vin très élégant

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2004 : vin un peu plus plat mais bon

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2003 : joli, on sent un peu l’alcool – il faut dire que les températures montaient assez vite. J’ai moins accroché avec ce vin.

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2002 : j’aime ce vin gourmand même s’il n’est pas très orthodoxe.

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2001 : agréable à boire, plus rustique.

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2000 : vin gourmand que j’aime beaucoup.

La trilogie 2011, 2012, 2013 me paraît excellente et de grande qualité.

La table 3 comporte deux vins. Pour le premier, il y a des magnums. Ce sera le seul vin servi en magnum.

Vosne Romanée 1er Cru Aux Brûlées Domaine Comte Liger-Belair 2013 : belle fluidité, superbe.

Vosne Romanée 1er Cru Aux Brûlées Domaine Comte Liger-Belair 2012 : grand vin, café, brillant et romantique.

Vosne Romanée 1er Cru Aux Brûlées Domaine Comte Liger-Belair 2011 : plus calme que les 2012 et 2013, très beau.

Vosne Romanée 1er Cru Aux Brûlées Domaine Comte Liger-Belair 2010 : grand vin

Vosne Romanée 1er Cru Aux Brûlées Domaine Comte Liger-Belair 2009 : grand vin mais qui a moins de vigueur et de rythme. Quand même joli, au finale très impressionnant.

Vosne Romanée 1er Cru Aux Brûlées Domaine Comte Liger-Belair 2008 : agréable mais n’a pas le niveau des précédents.

Vosne Romanée 1er Cru Aux Brûlées Domaine Comte Liger-Belair 2007 : agréable, fluide, joli à boire.

Vosne Romanée 1er Cru Aux Brûlées Domaine Comte Liger-Belair 2006 : vin gourmand et rond.

Les vins que je goûte maintenant sont un peu trop chauds.

Echézeaux Grand Cru Domaine Comte Liger-Belair 2013 : belle structure, noisette.

Echézeaux Grand Cru Domaine Comte Liger-Belair 2012 : beau, rond.

Echézeaux Grand Cru Domaine Comte Liger-Belair 2011 : beaucoup de fruit généreux, final âpre, joli

Echézeaux Grand Cru Domaine Comte Liger-Belair 2010 : ensoleillé, joli

Echézeaux Grand Cru Domaine Comte Liger-Belair 2009 : magnifique de profondeur

Echézeaux Grand Cru Domaine Comte Liger-Belair 2008 : très agréable, gourmand, joyeux

Echézeaux Grand Cru Domaine Comte Liger-Belair 2007 : plus fluide, agréable, tabac

Echézeaux Grand Cru Domaine Comte Liger-Belair 2006 : rond, agréable, poivré

La table quatre :

Vosne Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair 2013 : gourmand, très bon, magnifique.

Vosne Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair 2012 : plus de soufre, plus minéral, moins épanoui

Vosne Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair 2011 : plus proche du 2013

Vosne Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair 2010 : beaucoup plus vaste, large, magnifique, chaleureux/

Vosne Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair 2009 : chaleureux comme le 2010 mais il y a plus de vibration dans le 2010.

Vosne Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair 2008 : prêt à boire, confortable.

Vosne Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair 2007 : proche du 2008, facile et agréable.

Vosne Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair 2006 : beaucoup de charme, beau final

Vosne Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair 2005 : chaleureux, charme, plus fumé.

Vosne Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair 2004 : facile à vivre, nature, final plus rêche

Vosne Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair 2003 : un peu fermé mais agréable et intense.

Vosne Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair 2002 : beau nez, vin agréable grand vin.

La table 5 est un feu d’artifice.

La Romanée Grand Cru Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2013 : matière lourde et dense, un peu de café.

La Romanée Grand Cru Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2012 : vin lourd, café moins de final que le 2013.

La Romanée Grand Cru Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2011 : limpide, plus grand que les deux précédents à ce stade de leurs vies, beau et gourmand.

La Romanée Grand Cru Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2010 : beau, équilibré, limpide, serein.

La Romanée Grand Cru Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2009 : fluide, agréable, romantique, j’aime.

La Romanée Grand Cru Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2008 : plus fruité, gourmand, plus fumé.

La Romanée Grand Cru Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2007 : moins de matière, fait plus vin ancien, fumé, agréable.

La Romanée Grand Cru Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2006 : plus conventionnel, plus classique. Je préfère le 2007 plus atypique. Beau final de ce 2006.

La Romanée Grand Cru Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2005 : solide, carré, joli, grand

La Romanée Grand Cru Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2004 : dans le style du 2007 mais plus effacé et plus éteint.

La Romanée Grand Cru Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2003 : très joli fruit compoté, moins complexe.

La Romanée Grand Cru Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2002 : vin très agréable sans chichi, pas très complexe mais se boit bien.

Tous ces vins sont bons et bien faits. Il m’apparaît que malgré leur jeunesse, les quatre années de 2010 à 2013 sont les plus vives, les plus vivantes et complexes. Louis-Michel Liger-Belair peut être fier de ce qu’il fait avec son équipe.

Ce qui nous attend maintenant, c’est un concert dans la cave de la salle des fêtes de Vosne-Romanée, puis un dîner préparé par Pascal Barbot au château de Vosne-Romanée, demeure du Comte Liger-Belair.

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j’ai réussi à saisir l’instant magique où l’un des collaborateurs du domaine s’est anobli lui-même !!!

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dîner au restaurant Le Richebourg à Vosne-Romanée jeudi, 11 juin 2015

Louis-Michel Liger-Belair a lancé une invitation pour les deux cents ans du domaine Comte Liger-Belair dont l’exploitation a connu de nombreuses péripéties, le vin ayant été fait en fermage par diverses maisons. Aujourd’hui Louis-Michel a le contrôle complet des vins du domaine.

J’arrive la veille et je loge à l’hôtel Le Richebourg à Vosne-Romanée. Mon dîner se fera sur place. La carte des vins est essentiellement bourguignonne, majoritairement de la Côte de Nuits, et les domaines les plus représentés sont ceux de Vosne-Romanée. Pour une fois, le cordonnier est bien chaussé. Malgré cette orientation mon œil est attiré par un vin que je chéris, de la Côte de Beaune.

Le menu sera : croustade aux escargots à la moutarde à l’ancienne maison Fallot, pulpe de fenouil à l’huile d’olive / quasi de veau confit au jus, écrasé de pommes de terre et champignons.

Le Beaune Grèves Vigne de l’Enfant Jésus Bouchard Père & Fils 2005 a un nez très engageant. On sent la pureté et la distinction se profiler. En bouche, le vin servi à température idéale est d’une fraîcheur inégalable. Il est fruité, tendance cerise noire aigrelette, il a une belle râpe et l’absence de concession du pinot noir. Il est très représentatif des vins de la Côte de Beaune, beaucoup moins flatteurs et charmeurs que ceux de la Côte de Nuits. Celui-ci est tout en délicatesse, en raffinement, avec un côté très juteux qui emplit le palais de bonheur. Je suis aux anges.

Mon grand-père avait l’habitude de dire d’un vin qu’il aimait : « c’est le petit Jésus qui descend dans le gosier en culotte de velours ». A onze ans, je trouvais qu’affubler Jésus d’une culotte de velours était assez irrévérencieux. Mais ce vin de la vigne de l’Enfant Jésus illustre parfaitement l’image de velours contenue dans l’expression. C’est un vin magnifique, doux, aimable, mais aussi rebelle et sauvage. Sur les escargot, il brille à la perfection. L’accord se crée.

Le quasi de veau est immangeable. Le maître d’hôtel a eu une réaction particulièrement appréciable. Ce plat a été remplacé par un filet de bœuf façon Rossini, pommes de terre rattes à l’ail et aux aromates. Ce plat est excellent mais l’accord eût été plus pertinent avec le veau car la force de la sauce truffée du Rossini écrase le vin.

Le brillat-savarin s’accorde beaucoup mieux avec le Beaune que le Cîteaux qui saponifie un peu le vin. Le service du maître d’hôtel passionné de vin est remarquable d’attention. La cuisine, à part un petit couac est très convenable. Par un soir d’une belle journée, ce Beaune Grèves a illuminé mon dîner.

Demain, nous redeviendrons aux vins de la Côte de Nuits.

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Visite au Clos des Lambrays et déjeuner au Castel de Très Girard mercredi, 3 juin 2015

Devant faire un dîner de wine-dinners au restaurant Bernard Loiseau à Saulieu, je livre les vins du dîner la veille de celui-ci, aux aurores, et je poursuis ma route vers Morey-Saint-Denis pour répondre à une invitation qui m’a été faite de visiter le Clos des Lambrays.

Arrivé en avance, je fais un crochet par le Clos de Tart pour saluer Jacques Devauges, successeur de Sylvain Pitiot, qui a géré ce clos pendant vingt ans. Dans la cour intérieur, des rosiers majestueux sont dans leur plus bel épanouissement.

Au Clos des Lambrays, je suis accueilli par Bernard Dumort, un ami de ce domaine qui par ailleurs est mon conscrit, et par Thierry Brouin, gérant et œnologue du domaine repris depuis peu par le groupe LVMH. Dans la cour du joli château, de jeunes Hongkongais et un couple d’italiens viennent goûter les vins récents. Je me joins à eux.

Dans les magnifiques caves ancestrales, chefs d’œuvres de construction, nous goûtons les 2014 sur fût et les autres vins mis en bouteilles.

Le Morey-Saint-Denis Villages Domaine des Lambrays 2014 a un joli nez velouté et une bouche gourmande, de velours. Il n’est pas très complexe mais il est agréable, se boit bien, avec un finale un peu sucré.

Le Clos des Lambrays 2014 a un nez fermé. La bouche est noble mais un peu fermée. Il y a une belle matière, tension et salinité. Le vin est de grande fraîcheur. C’est assez normal pour des vins aussi jeunes que le moins complexe soit plus facilement buvable.

Le Clos des Lambrays 2013 a été mis en bouteille en mars 2015. Le nez pinote, titillant par ses amertumes. C’est un superbe vin bourguignon à la belle salinité, opulent malgré un certain ascétisme.

Le Clos des Lambrays 2012 est d’une année très faible en volume. Le nez est très profond, marqué par le poivre. La bouche est beaucoup plus ronde, charmante, au contraire du 2013. Le vin est charmeur, riche et épicé.

Le Clos des Lambrays 2010 a un nez un peu fermé comme le 2014, assez vert, tabac et quelques fruits rouges. En bouche, ce vin est un peu la synthèse des trois précédents. Il est frais, fruité de fruits rouges, viril, tranchant, gourmand tout en étant complexe. C’est un vin magnifique. Il n’y a chaque année que 50% de fûts neufs.

Le domaine fait aussi des blancs et nous buvons maintenant le Puligny-Montrachet Les Folatières Domaine des Lambrays 2008. Le nez est riche et généreux. En bouche il manque un peu d’ampleur, mais ça ne dure pas. Il a un beau finale gourmand. La persistance devient extrême.

Après cette dégustation avec les hongkongais et les italiens, nous les quittons pour aller tous les trois, Thierry, Bernard et moi, visiter les vignes aux pentes séduisantes. Car ce Clos est remarquablement orienté. Par un soleil radieux, les panoramas évoquent la grandeur de la Côte de Nuits. Tout se joue dans les vignes.

Nous allons ensuite déjeuner au Castel de Très Girard. Thierry a pris deux vins, un blanc et un rouge, et j’ai apporté un liquoreux.

Mes convives sont de solides mangeurs car nous commandons homard et côte de bœuf. Les portions sont prévues pour des Gargantuas. Thierry fait ajouter un rouge de la carte des vins du lieu car il l’a bu récemment et apprécié.

Le Puligny-Montrachet Clos du Cailleret Domaine des Lambrays 2004 a une robe dorée. Il est magnifique d’opulence. Il est très généreux, plein et équilibré. Par certains aspects, il a le goût confituré de certains montrachets. Il est comme toasté, avec une belle minéralité. C’est un vin superbe qui colle bien au homard « européen » (donc non breton) traité de belle façon.

Le Morey-Saint-Denis 1er Cru Les Chenevery domaine Alain Jeanniard 2011 a un nez très délicat et subtil. En bouche on sent des petits fruits rouges acides. Le vin est un peu rêche. Il n’est pas mal du tout mais n’a pas la complexité qu’on pourrait attendre d’un vin qui a un si joli parfum.

Le vin qui suit est bu à l’aveugle et je me trompe de près de quarante ans ! C’est un Clos des Lambrays 1937. Son nez n’est pas très flatteur, poussière, punaise, café. Mais la bouche est merveilleuse, avec un peu de grain de café. Il est beau, il a la longueur, la fraîcheur d’un grand vin. Mais je trouve quand même une amertume qui me gêne un peu. Elle disparaît avec la viande qui fouette et excite son goût. Il s’améliore. C’est un beau témoignage de la grandeur de ce Clos dans l’histoire.

Le Château d’Yquem 1994 en demi-bouteille est d’un bel or. C’est un vin bien gras, opulent, riche et joyeux, qui combine mangue et caramel. Il se marie bien avec des pancakes malaisiens.

Le Castel de Très Girard est un endroit très accueillant, hôtel un peu désuet mais charmant, table traditionnelle où l’on est bien traité. Après le déjeuner, j’ai visité le château des Lambrays magnifiquement décoré par les anciens propriétaires, marché dans le parc aux arbres multiséculaires et visité la cave des vieux millésimes dont mon petit doigt m’a dit que le groupe LVMH opère quelques ponctions.

Cette visite m’a remis en mémoire la grandeur de ce vin, dont j’ai surtout bu des millésimes anciens et m’a fait découvrir leurs vins blancs délicieux.

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les roses au Clos de Tart

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le Clos des Lambrays

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le déjeuner

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Présentation de vins conseillés par Hubert de Boüard au restaurant de Guy Savoy dimanche, 24 mai 2015

Lors de la soirée « portes ouvertes » du restaurant Guy Savoy implanté comme par miracle dans l’hôtel de la Monnaie, Hubert de Boüard présent ou plutôt son épouse m’avaient incité à revenir en ce lieu la veille de l’ouverture officielle du restaurant Guy Savoy, pour une présentation des 2014 de nombreuses propriétés bordelaises. Il s’agit des châteaux dont Hubert de Boüard est le consultant, à l’instar des Michel Rolland, Stéphane Derenoncourt, Denis Dubourdieu et quelques autres. La présentation est faite par les propriétaires eux-mêmes. Dans la magie du lieu, l’immense cuisine va restaurer les visiteurs, le plus souvent des amis d’Hubert de Boüard ou de Guy Savoy.

Je n’ai goûté que quelques vins et cela m’a suffi pour me rendre compte de l’avantage historique dont dispose le bordelais par rapport aux pays neufs qui font des vins parfois maladroitement internationaux. Le Château Jean Faure Saint-Emilion 2014 est un petit bijou de finesse, comme le Château de Pressac Saint-Emilion 2014 fringant.

Le Château Branas Grand-Poujeaux, Moulis 2014 est aussi d’un bel intérêt, mais mon cœur succombera, on l’imagine au Château l’Angélus 2014 puis au Château l’Angélus 2010, deux merveilles qui font comprendre que la promotion de l’Angélus dans le plus haut degré des classifications des saint-Emilion est justifiée. Ce vin est riche, puissant, charnu et charpenté, tout en ayant une grâce et une distinction remarquables. C’est un très grand vin. Les petits fours et amuse-bouche vont crescendo en qualité et en saveurs. C’est une invitation à rester en ce lieu, mais je préfère rester raisonnable, ce qui n’est pourtant pas une de mes qualités premières. Demain, c’est le jour officiel d’ouverture du restaurant Guy Savoy mais j’apprends que depuis un mois on ne cesse de festoyer ici. Guy Savoy est généreux. Ce lieu va devenir la coqueluche de la capitale.

présentation des « Vignobles Français de l’Etranger » dimanche, 24 mai 2015

Chaque année, une présentation des « Vignobles Français de l’Etranger » se tient à l’hôtel Saint-James & Albany à Paris. Beaucoup de pays sont représentés et les propriétaires sont souvent présents. N’ayant aucune obligation de résultat, je me limite aux rouges et je butine sur quelques stands. Toutefois, c’est avec un mousseux argentin, le Chandon, que j’ai commencé mon tour de piste, mousseux qui se révèle fort agréable, évoquant dans son vin de base les chardonnays californiens, avec du beurre et du fumé. Il tromperait beaucoup de gens, même si on s’aperçoit vite qu’il ne peut être champenois.

Au même stand je goûte le Cheval des Andes 2010 que j’avais bu récemment à l’ambassade d’Argentine. Je le trouve nettement meilleur, et il me plait par sa belle structure.

Le Domaine Drouhin Laurene Pinot Noir, Dundee Hills, USA 2012 est superbe de finesse et de précision. Voilà un vin que l’on doit aimer.

Ayant entendu qu’il y avait une dégustation privée à l’intérieur de de cette présentation, je pousse la curiosité et la porte et je me retrouve à une table de quatre, Sylvain Ouchik, organisateur de cet événement, Gérard Margeon le responsable des vins de la galaxie Ducasse, un tonnelier et moi. L’idée de cette table ronde est de déterminer le meilleur rapport qualité prix des vins présentés. Devant m’éclipser avant la fin, je ne saurai pas quels sont les gagnants mais c’est l’occasion pour moi de confronter mon palais acquis aux vins anciens avec des vins récents et qui plus est internationaux, dont l’alcool n’est pas chiche.

Déguster avec ces professionnels est un plaisir certain. La dégustation tient compte du prix de vente hors taxe, annoncé avant de boire. Quand j’entends Gérard Margeon dire d’un vin vendu 7 € qu’il est trop cher, je me sens Le Petit Prince, perdu sur une planète inconnue !

Le Shiraz Pyrenees Trelato et Chapoutier Australie 2008 est vendu 12€. Il titre 14°. Le nez est très végétal, fruité et poivré. Le final est aussi végétal et un peu déstructuré. On sent l’eucalyptus et les fruits confiturés.

Le Mathilda Tournon Victoria Shiraz Chapoutier Australie 2013 est vendu 7,5€. Nature, simple, il manque de vibration mais je le préfère dans son registre simple au Shiraz Pyrenees qui veut trop en faire.

Le Quite Mencia Vertuille veronica Ortega Espagne 2013 coûte 7,15€. Le nez est assez neutre sur l’alcool. L’acidité est trop forte, signant un vin déstructuré. Il est assez désagréable et ne vieillira probablement pas bien.

Le Fonsclar Priorat Combier Fischer Gérin Espagne 2012 vaut 15€. Tout en ce vin sent la douceur ? Il y a du velours mais aussi un peu de végétal. Il est gourmand et je le vois gastronomique. L’élevage est bien fait, il est très digeste malgré 14,5°. Les tannins sont un peu sec mais je le trouve agréable.

Le Carmenere Anderra barons de Rothschild Chili 2013 est vendu 5,5€ le nez est rebutant, le vin est flatteur, travaillé mais l’effet final est désagréable. On peut supposer qu’il y a des copeaux dans ce vin.

Le Enira Domaine Bessa Valley Bulgarie 2009 vaut 9,80€. Le nez est flatteur, ultra-moderne et le vin titre 14,5° Il est flatteur, trop flatteur, trop international. La finale est asséchante, le toucher est soyeux. Il n’a pas vraiment d’identité.

Le Vranec Tikves Macédoine 2012 est vendu 7€. Il a un joli nez. Le vin de 14° est très doux avec une belle personnalité mais il est handicapé par trop d’astringence.

Après cette dégustation je me suis demandé pourquoi ou fait boire aux consommateurs des vins dont certains sont assez excessifs, simplifiés, et parfois caricaturaux. Comme les producteurs sont français ou associés à des français, les ambitions devraient être plus hautes.

On m’a soufflé que le vin qui a gagné est un vin de la maison Drouhin USA, représentée sur les stands par Véronique Drouhin. J’ai bu ce vin gagnant très agréable en passant sur les stands, mais c’est la cuvée Laurene, de qualité supérieure qui a remporté mes suffrages.

Merci aux organisateurs de permettre ainsi de s’imprégner des tendances internationales initiées par des français. Je vais avoir l’occasion de comparer avec ce que font les bordelais puisqu’il me suffira de traverser la Seine, d’aller au nouveau palais de Guy Savoy pour apprécier une présentation de Bordeaux récents.

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Hommage à Joseph Henriot jeudi, 30 avril 2015

Joseph Henriot est un vigneron visionnaire avec lequel j’ai partagé des moments inoubliables.

Je l’ai connu grâce à Bernard Hervet qui m’a permis de goûter les flacons les plus extraordinaires de la cave de Bouchard Père & Fils.

Grâce à Joseph, nous avons pu organiser un repas d’anthologie où les six derniers vins avaient au moins 140 ans, dont le mythique Beaune Grèves Vigne de l’Enfant Jésus 1865, l’un des fleurons de la maison Bouchard.

Toutes mes condoléances vont à sa femme et ses enfants, aux maisons qu’il dirigeait.

Le texte rédigé par Michel Bettane et Thierry Desseauve rejoint mes propres pensées, aussi je le joins à mon propre texte :

Mille mercis Joseph pour tout ce que vous avez fait et pour l’amitié dont vous m’avez gratifié.