Nos enfants nous rejoignent dans le sud. C’est d’abord ma fille cadette qui vient par le train. La SNCF était réputée pour son exactitude et semble renier son passé, aussi faute de correspondance, le voyage de ma fille s’est terminé en taxi. A peine arrivée, elle me dit : « bon, on ne va pas se laisser abattre ». L’appel du pied est discret. J’y réponds par un Champagne Dom Pérignon 1998. Ce champagne ne cesse de progresser. Il a atteint une sérénité et une rondeur qui font plaisir à boire. Il y a un joli fruit, une belle mâche. C’est un champagne de satisfaction tant il réjouit le palais. Ma fille m’ayant offert un Pata Negra bien gras, c’est un régal sur le Dom Pérignon.
Le lendemain son frère arrive aussi par le train et aussi en retard. Le dîner s’organise autour de petits sandwiches variés de la maison Matyasy d’Hyères ainsi qu’autour de mini desserts variés de la même maison. Le champagne s’impose. Le Champagne Philipponnat Clos des Goisses 2002 fait un fort contraste avec le champagne de la veille. C’est le janséniste face au rabelaisien. Ce Clos des Goisses est strict, droit, précis, sans aucune recherche de séduction. Quand il s’anime sur la nourriture il montre combien il sait être complexe, mais ne veut pas charmer. Je l’aime bien pour la pureté de son goût, fluide et convaincant.
Le Champagne Salon 1996 met un sourire sur nos lèvres, car celui-ci a tout pour lui. Il a la grandeur, la complexité mais aussi le charme. C’est un grand champagne dont je pense qu’il va encore s’améliorer avec quelques années de plus. Sa longueur est infinie. C’est particulièrement intéressant d’avoir pu goûter ces trois champagnes presque à la suite, si différents mais tous dotés de fortes personnalités. Le Dom Pérignon est charme et sérénité, Le Clos des Goisses est précision et rigueur et le Salon est grandeur et majesté. Il faut de chacun pour faire un monde.