Nous voulions le lendemain faire une pause, car les événements se succèdent très vite. Un mail me prévient que le personnel naviguant d’Air France fera grève au moment de notre vol de retour. Qu’à cela ne tienne, comme il fait un froid terrifiant en France, nous resterons quelques jours de plus. Mais aucune réservation n’est possible avant longtemps. La solution est donc inverse, d’écourter de deux jours notre séjour. La pause n’a plus la même acuité aussi nous retrouvons-nous au domicile de mon fils qui a – oh surprise – décidé d’ouvrir un grand vin. C’est lui qui cuisine des queues de langouste et du bison.
Boire un Château Cheval Blanc 1996 en mangeant du bison, cela a un petit côté Far West qui n’est pas déplaisant. Le parfum du vin est extrêmement raffiné, capiteux élégant. En bouche, la première gorgée délivre un velouté assez exceptionnel. C’est le Vert Galant, ce qui pousserait à un jeu de mots facile mais adapté, c’est le verre galant. Et les vins de Bordeaux entraînant tant de polémiques du fait de leurs prix, on se demande si on aime celui-ci vraiment pour lui-même ou pour le symbole. Le velouté raffiné me séduit énormément. Mon fils entre deux allers et retours en cuisine me dit que pour lui, le verdict est simple : le Penfolds Grange et le Rayas sont nettement au dessus. Il faut dire que dans la moiteur du soir qui doit nous mettre à plus de trente degrés d’écart de température avec Paris, le vin un peu chaud perd de son velouté pour être un peu épais. Je classerais différemment, pour autant que hiérarchiser des vins si différents ait un sens, en mettant aussi en tête le Penfolds Grange 1989, suivi du Cheval Blanc, puis du Rayas encore un peu jeune. Car le velouté du début du Cheval Blanc est d’une race extrême.
Ce qui compte, c’est que ce vin très tramé et très élégant nous a donné du plaisir.