Après ce petit encas, départ pour Bordeaux où se tient un colloque sous l’égide de la Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine dont le sujet est : « le verre et le vin de la cave à la table du 17ème siècle à nos jours ». Après une nuit champêtre à l’hôtel du Château d’Arche, c’est un brouillard fort sympathique qui nous tend ses bras, lui qui va contribuer à créer la magie du vin de sauternes. J’arrive au château d’Yquem, pour déposer les vins d’un futur dîner qui aura lieu dans ce lieu si cher à mon cœur qu’il figure sur la première photo de mon blog. Avec Sandrine Garbay, maître de chais, je vérifie que le voyage n’a pas endommagé ces vins d’âge canonique puisque cinq d’entre eux sont d’avant la fin de la première guerre mondiale.
J’arrive dans le campus universitaire de Pessac. Les vignes ne sont pas bien loin. Après un repas symbolique dans une cafétéria universitaire, je fais un exposé sur le patrimoine des vins anciens et sa mise en valeur par la gastronomie. Cet exposé s’inscrit dans un programme où la part belle est faite aux universitaires, hommes de thèses, au grand savoir. Mais le savoir encyclopédique, aidé de plus en plus par les bases de données internet, manque parfois de vécu. Les sujets sont passionnants, et j’apprends beaucoup sur l’histoire des contenants et contenus. Nous nous rendons au Comité Interprofessionnel des Vins de Bordeaux (CIVB) et son Bar à Vin où l’on peut goûter, sur de goûteux canapés un vin blanc d’André Lurton 2003, un Château Poujeaux 2002 et un Château Berliquet Saint-émilion 2002. Le blanc est fort goûteux et très scolaire, les rouges sont encore trop jeunes et non encore assemblés à mon goût. Au sein de notre groupe, un anglais négociant de vins rares se présente. Nous avons souvent échangé sur la « toile ». Il a réservé à La Tupi?a, restaurant célèbre de Bordeaux. Je suis tenté. Nous sommes trois autour d’une table de ce restaurant dans un quartier enchanteur du vieux Bordeaux. Le style brasserie est efficace, avec ses stéréotypes tels ce serveur pressé qui virevolte et vous rabroue si vous avez le malheur d’interférer dans son ballet par une question forcément inutile. La cuisine est roborative. Mes cèpes sont un peu trop cuits. La pièce de bœuf est magistrale. Les frites cuites dans la graisse d’oie participent à l’extension du domaine de la lutte entre mon abdomen et les vêtements qui sont sensés le contenir.
La carte des vins est fort mince. Nous choisissons Grand Puy Lacoste 1995 et Pape Clément 1988. Le Pape Clément me paraît plat, sans imagination, ce qui par différence fait apparaître le Grand Puy Lacoste plus frais et expressif, même si sa jeunesse l’a empêché d’être expansif.
(photo : collection Pichon Longueville Comtesse de Lalande)