Ray Walker est un jeune américain issu de la finance qui a décidé de faire du vin en Bourgogne. Hasard et chance se sont conjugués pour qu’il réussisse à obtenir des grappes de grands crus qu’il vinifie lui-même sous le nom « maison Ilan« , nom qui provient de morceaux du prénom de sa fille. La maison est au cœur de Nuits-Saint-Georges. Cette aventure est si extraordinaire que Ray a écrit un livre qui la raconte « the road to Burgundy » qui rencontre à ce jour un très grand succès.
Nous avions conversé sur un forum de vin et une sympathie est née qui a conduit au désir de se rencontrer. L’horaire de la dégustation est très dépendant des contraintes de repas et d’école de ses enfants, car Ray est un père attentionné.
Passant le porche qui ouvre sur une petite cour assez désordonnée, il faut écarquiller ses yeux pour comprendre que la minuscule salle dont le portes sont entrouvertes est la salle de vinification. Ray me donne un verre et nous descendons en cave de vieillissement pour déguster un panel de ses vins. Les 2010 seront bus de bouteilles et les 2011 de fûts. Avant cela, je fais goûter à Ray le reste du Musigny Comte de Vogüé 1989 de la veille. Même si le vin a été chahuté et en a souffert ce qui reste est la signature d’un vin d’exception.
C’est le tour des vins de Maison Ilan. Le Morey-Saint-Denis Les Monts Luisants 1er cru 2010 a une belle attaque généreuse et fruitée de fruits rouges et noirs. Le final est assez court. On sent qu’il faut que le vin s’assemble. C’est une promesse de grand vin.
Le Morey-Saint-Denis 1er cru les Chaffots 2010 me plait beaucoup plus car ce vin est typiquement l’expression de la Bourgogne comme je l’aime, mêlant des aspects énigmatiques et stricts sur un fond très cohérent. Je préfère les Chaffots
Le Morey-Saint-Denis Les Monts Luisants 1er cru 2011 est beaucoup plus charmeur et structuré que le 2010, alors que le Morey-Saint-Denis 1er cru les Chaffots 2011 est moins assemblé que le 2010. Pour ce millésime, je préfère les Luisants. N’ayant pas pris de notes, j’écris ce texte de mémoire. Ce qui m’a frappé à ce stade, c’est la cohérence de la vinification, même si les résultats varient d’une année sur l’autre.
Le Volnay 1er les Robardelles 2011 est d’une très jolie expression. C’est un vin précis qui raconte beaucoup de choses.
Nous passons maintenant aux grands crus. Le Mazoyères-Chambertin Grand Cru 2011 se caractérise par un seul mot : la générosité. Il brille comme le soleil à ce stade de sa vie. Pour tous ces grands crus, je goûterai de deux fûts différents, généralement du premier et du dernier tiré et les écarts sont sensibles. Ce qui me fait plaisir c’est que nos préférences sont presque toujours les mêmes.
Le Charmes-Chambertin Grand Cru 2011 qui provient d’une parcelle de Charmes Haut a, comme son nom l’indique, beaucoup de charme. J’ai toutefois un penchant pour le Mazoyères.
Ray intercale un vin qu’il ne commercialise pas, un Gevrey-Chambertin les Feusselottes 2011 dont le passage est très difficile après le Charmes.
Le Chambertin Grand Cru 2011 a le velours caractéristique des chambertins, mais il faudra attendre avant de l’apprécier car il est très fermé.
Ray me fait goûter un Mazoyères-Chambertin Grand Cru 2012 qui a un improbable goût de café. Il est trop jeune pour moi.
Un blanc m’est servi maintenant, un Mazoyères blanc 2011 très curieux, car je n’ai aucun repère. Ray a voulu que nous finissions par un marc de Bourgogne fait uniquement avec des grands crus. Alors que je suis un fan du marc, celui-ci est trop jeune pour moi.
Ce qui est intéressant, c’est que les vins de Maison Ilan sont d’une grande pureté et d’une grande précision. Et ceci concerne tous ses vins. Les Grands Crus sont très grands. Ray s’efface volontiers, par une humilité qui paraît sincère, minimisant son travail, puisqu’il estime que de terroir est le seul acteur dans cette affaire. Il a bien tort, car sa volonté de faire les vins de façon artisanale et traditionnelle est couronnée de succès.
Longue vie à cette jeune maison atypique promise à un bel avenir.