Avec un ami, nous allons déjeuner au restaurant Alain Senderens. La décoration du rez-de-chaussée est très réussie, avec des éclairages froids et chauds qui rajeunissent les lambris classés de Majorelle. Etant en avance, j’ai le temps de consulter les cartes des menus et des vins. Je tirerai un grand coup de chapeau à la carte des vins intelligente et aux prix incitatifs. Mon doigt pointe Château Rayas Chateauneuf-du-Pape 2001 qui va conditionner le choix des plats dans une carte proposant des associations mets et vins raffinées. Ce sera foie gras et pigeon.
Le vin arrive froid. Je demande à le goûter avant qu’on ne le carafe et, dans sa fraîcheur, celle d’une ondine émergeant d’une chantante cascade de montagne, le vin est soyeux, pur, regardant droit dans les yeux. Il est direct et me le fait savoir.
Le foie gras est aussi un peu frais et l’accord est plus anecdotique que constructif. Le vin montre qu’il est froid, ce qui devient un peu gênant. Curieusement, on ne nous a pas demandé la cuisson du pigeon aussi le mien me semble plus cuit que ce que j’aime, tout en ayant un goût très plaisant. Le vin s’anime et il me conquiert. Il joue sur le registre de la pureté. En le buvant, je pense à sa grâce, fluide, élégante et délicate. Ce vin joue sur le registre de la délicatesse, mais il faut être réceptif pour bien la saisir. Il a encore une jeunesse folle qu’exacerbe sa fraîcheur. Je me sens bien.
Il reste peu de gouttes de vin mais assez pour un fromage. Nous le commandons, et lorsqu’on nous sert deux belles tranches de fourme d’Ambert, nous les renvoyons, car nul ne nous avait dit que fromage voulait dire fourme.
Je succombe au millefeuille, gourmandise assumée. Un ami nous rejoint après notre café. Personne ne demande à aucun de nous s’il veut de l’eau ou du café.
Nous avons très bien déjeuné, mais c’est la première fois que je constate un peu de flottement dans le service. Avec les grands professionnels de l’équipe d’Alain Senderens ça se corrige très vite.