Le prochain dîner de wine-dinners se tiendra à l’hôtel du Marc à Reims, propriété de la maison de champagne Veuve Clicquot. Je vais livrer les vins du dîner pour qu’ils reposent calmement dans la cave de cet hôtel. Avec le chef Christophe Pannetier nous révisons le menu que nous avions déjà mis sur pied et avec le maître d’hôtel Nicolas Saunier nous choisissons les verres et nous révisons les règles de service. La décoration de l’hôtel du Marc est toujours aussi belle, avant-gardiste comme la création de l’étiquette du champagne La Grande Dame 2012 par l’artiste japonaise Yayoi Kusama. La cave aussi est superbe et mes vins vont y dormir pendant presque un mois.
Je profite de ce voyage pour aller déjeuner avec ma femme au restaurant de l’hôtel les Crayères. Nous aimons ce lieu où tout respire la quiétude et où le temps semble s’arrêter. Nous y sommes connus ce qui facilite beaucoup de choses et nous vaut quelques attentions. Nous allons au bar et l’on m’apporte une lettre signée du directeur de l’hôtel qui, éloigné de l’hôtel aujourd’hui, me présente ses excuses et ses amabilités. Ensuite le sommelier me propose une coupe de Champagne Bollinger La Grande Année 2012 offerte par la maison. Ce champagne m’étonne par son ampleur et sa maturité. Il est excellent et gourmand. Le sommelier me dit qu’il a été dégorgé en 2020 ce qui est récent. Il est réussi.
On peut charger sur son smartphone le menu et la carte des vins mais nous préférons lire les imposants livres de cave et les menus. Ma femme prendra une entrée à base de langoustines et nous prendrons le même plat de résistance. Les plats que j’ai choisis sont : couteaux de plongée et sucs de chardonnay, choux fleurs fumés aux sarments de vigne, craie de noisette, bulles de champagne / cochon rôti doucement sur le grill de sarments, navets et choux nourris d’un sabayon à la lie de vin, pomme de terre en croûte de sel noircie dans la braise.
Il se trouve que demain nous recevrons notre fils venu de Miami et j’ai prévu d’ouvrir un Châteauneuf-du-Pape Henri Bonneau Réserve des Célestins 1981. Ce serait intéressant que je prenne une version plus jeune de ce vin. Je choisis le 2007 sur l’excellent conseil du sommelier.
Nous passons à table. La salle à manger est une invitation au plaisir de la table et le service particulièrement compétent et efficace participera à notre bonheur. Les amuse-bouches plantent le décor : le talent du chef Philippe Mille est de plus en plus affirmé. Il y a le goût, le raffinement et la prouesse technique. Je commande une demi-bouteille de Champagne Krug Grande Cuvée et après la douceur et le charme du Bollinger je suis un peu décontenancé. Il y a du lacté dans ce champagne et un manque de cohérence qui fort heureusement disparaîtra lorsqu’il sera bu avec les plats.
L’entrée me dérange un peu, car la mâche du chou-fleur cru étouffe la saveur du couteau. Le plat de porc est absolument parfait. J’ai demandé au sommelier qu’on ouvre la bouteille du Châteauneuf-du-Pape Henri Bonneau Réserve des Célestins 2007 au moment où le plat est servi, pour que je profite de son éclosion en mangeant le plat. Ce vin est une pure merveille. Tout en lui est bonheur pur. Quelle prestance, quelle gourmandise. Le vin est extrêmement lisible, facile à vivre, juteux, plein de vie. Je vis un moment unique car en buvant je le trouve parfait. Rien ne pourrait être mieux dans ce que je ressens. Un bonheur absolu. Des fromages sont nécessaires pour continuer cet instant de grâce pure.
Je suis allé féliciter Philippe Mille en cuisine car sa cuisine combine talent, dextérité et créativité au profit du goût. Je lui ai signalé mon impression sur l’entrée. Nous sommes suffisamment complices pour que ces remarques soient accueillies avec le meilleur esprit. La cuisine de Philippe Mille est brillante.
Le café est accompagné de mignardises aussi épatantes que le reste. On se sent bien aux Crayères.