Déjeuner au restaurant Le Petit Sommelier. Cette adresse m’a été conseillée par un vigneron ami. L’ambiance est du genre bistrot, avec ce que cela comporte de compétence de service. La carte des vins est impressionnante. On a envie de tout prendre, tant les prix sont doux. Il y a de très prestigieuses étiquettes et quasiment toutes avec des prix tentants. Alors dans ce cas-là, j’aime encourager les efforts de constituer une cave attractive en prenant un grand vin. Je jette mon dévolu sur une Côte Rôtie La Turque Guigal 2006.
Il me semble que je connais le jeune sommelier qui vient prendre commande et effectivement Pierre Vila Palleja, le patron du bistrot, me dit qu’il a servi les vins lors de certains de mes dîners au Crillon. Pour le vin, je choisis un pâté en croûte et un turbot dont Pierre fera aménager la sauce.
Le vin de Guigal ouvert sur l’instant et non carafé impose sa joie de vivre et sa générosité. Qu’y a-t-il de plus franc que ce vin ? Il est chaud, joyeux, au fruit noir expressif. On se régale avec un tel vin et on ne se pose pas de question car tout lui sourit. Au début de mes explorations des vins de Guigal, c’est la Mouline qui était ma préférée. Aujourd’hui c’est plutôt la Turque. Celle-ci est un peu entre deux âges. Elle n’a plus la folie du fruit qui envahit le palais et n’a pas encore la sérénité des vins assis. Elle est très plaisante mais je ne trouve pas la fraîcheur mentholée qui me plaît tant dans les Côtes Rôties plus jeunes. L’accord s’est bien trouvé sur les deux plats. Voilà une table où l’on peut aller sans hésiter pour boire de bons vins.