Un ami m’invite au restaurant Le Quinzième du chef Cyril Lignac. Il est implanté dans une partie du quinzième arrondissement assez impersonnelle, mais les abords sont soignés. Le lieu est cossu, au plafond un peu bas, mais l’espace pour les tables est très vaste. La décoration est froide et stricte, compensée par un accueil chaleureux, surtout de la part du sommelier qui m’a reconnu, ce qui crée des relations plus personnelles.
La carte des vins est astucieuse et certains prix sont très attractifs. Mon ami me demande choisir le vin et je suggère un Pouilly Fumé Silex fait par Louis-Benjamin Dagueneau 2011.
Nous choisissons le menu « Découverte au printemps », avec : œuf bio de Plouisy moelleux, girolles cuisinées au jus, émulsion noisettes du Piémont / turbot de Plouguerneau cuisiné à l’huile d’olive, crème safran anis vert, asperges blanches de Soustons fondantes / ris de veau de Corrèze rôti au beurre noisette, jus acidulé aux piquillos, purée de pomme de terre ratte / rhubarbe de Saint Riquier, crémeux chocolat ivoire, sablé beurré, marmelade et sorbet à la rhubarbe.
Le chef fait une cuisine rassurante, traditionnelle et bien exécutée. Les amuse-bouche sont un peu prudents en saveurs, l’œuf est magnifique et gourmand, le turbot aux asperges est classique, le ris de veau est très bon mais un gramme trop cuit, la purée est gourmande. Les desserts sont légers et goûteux. C’est donc rassurant, agréable et facilement lisible.
A la première gorgée, le Pouilly Fumé Silex fait par Louis-Benjamin Dagueneau 2011 est vraiment très vert, une bombe de minéralité. Il ne fait rien pour charmer. Lorsque le vin s’assied dans le verre, et sur les plats, toute la race vive de ce vin apparaît. Fluide, frais, profond, intense, il me plait beaucoup dans une expression assez sauvage. Je pense quand même, comme le sommelier, qu’il faudrait lui laisser quelques années de plus pour le silex lisse ses arêtes tranchantes et devienne presque un galet.