Déjeuner au restaurant l’Ecu de Francevendredi, 2 novembre 2018

Décidément, mes filles aiment peupler ma solitude. Ma femme est toujours dans le sud où les vigilances  »Orange » se succèdent et la veille du 1er novembre, ma fille aînée m’appelle et me demande si j’aimerais déjeuner avec elle et sa fille aînée en ce jour férié. Je propose que nous nous retrouvions au restaurant l’Ecu de France.

J’arrive un peu en avance et avant d’entrer en salle de restaurant je vais saluer en cuisine Peter Delaboss, le délicieux chef d’origine haïtienne. Il me demande si je veux prendre un turbot qu’il considère comme parfait et évidemment je dis oui, en ajoutant :  »simplifiez » ce qui est un code entre nous car ce chef est d’une exubérance rare, chaque plat étant présenté comme un tableau qui mêlerait Modigliani, le douanier Rousseau et Basquiat.

A table j’ai le temps de commander les vins et je me fais servir un Champagne Laurent- Perrier Cuvée Grand Siècle sans année dont M. Brousse me dira qu’il a dix ans de cave. Mes filles arrivent et nous trinquons avec ce beau champagne rapidement rejoint, pour chacun, par un petit pot de rillettes de poissons aux dés de saumon. Cet amuse-bouche est délicieux et avive le champagne racé, très romantique tout en ne cachant pas sa belle vinosité. Ayant l’habitude de boire ce champagne en magnum je ne retrouve pas l’opulence habituelle, mais la noblesse et le romantisme sont présents.

Nous passons commande et pour moi ce sera : fraîcheur de homard en habit rouge, à l’huile de pistache, concassé de tomate, mozzarella di Bufala / turbot simplement cuit / millefeuilles de banane.

Les queues de homard sont un peu fraîches au moment où je plante ma fourchette mais la diversité des goûts est riche et plaisante. Le plat est délicieux et l’ajoute de la betterave sur le homard est un accord valorisant. Le champagne est large et agréable.

Le turbot cuit avec exactitude est particulièrement bon et je peux ne prendre que la chair seule ce qui me plait. Le Chambertin Clos de Bèze Domaine Armand Rousseau 2009 est jeune, mais je ne peux pas laisser passer une telle bouteille figurant sur la très intelligente carte des vins du restaurant. Le parfum du vin est envoûtant. Il promet des merveilles et s’ouvre comme les pages du passeport d’un globetrotter qui aurait voyagé sur tous les continents. En bouche ce qui apparaît en premier, c’est le velouté. Le vin est riche, complexe, d’une belle acidité de jeunesse, commence à être épanoui mais le velours est ce qui me frappe le plus. Ma fille dit qu’il est suave. C’est un très grand vin.

Le dessert est superbe et Monsieur Brousse m’a offert un verre de Rhum Mount Bay des Barbades délicieux. J’ai félicité le chef Peter Delaboss pour la qualité de cet excellent repas en un restaurant que j’adore.


notre table en aplomb de la Marne

la belle cheminée monumentale

toute l’exubérance du chef