Le restaurant l’Ecu de France est l’un des plus anciens que je connaisse. Nous nous y rendons, ma femme et moi, avec des amis du sud de la France. Il fait beau et nous serions tentés de déjeuner sur la terrasse le long de la Marne, mais en cette fin mars, ce serait un peu audacieux.
Le menu que nous avons choisi, créé par un tout nouveau chef est : pesto de basilic sur un lit de betteraves, œuf de truite / macaronis farcis au foie gras, gratinés au parmesan / bar sur un risotto de coquillages, sauce bourguignonne / pigeon en croûte de céréales au foie gras, panais onctueux /millefeuille à la vanille de Madagascar, caramel fondant.
Le Champagne Dom Pérignon 2008 est vraiment un grand champagne. Il me semble qu’il deviendra un Dom Pérignon historique. Pour l’instant c’est un très bon champagne, mais après le Dom Pérignon 1943 que j’ai bu hier, on peut comprendre qu’il ait encore besoin de s’affirmer.
Le Château Rayas blanc 2007 est un très grand vin blanc. Servi froid il a besoin de temps pour délivrer son charme et sa largeur. Quand je bois le champagne juste après le Rayas, le Dom Pérignon devient beaucoup plus complexe, et j’ai très souvent vérifié qu’il existe une fécondation réciproque entre champagne et vin blanc, chacun améliorant le goût de l’autre.
J’ai demandé que le Bonnes Mares Domaine G. Roumier 2014 soit ouvert au dernier moment, juste quand le plat est servi, car j’aime l’émotion qu’apporte « l’éclosion » d’un vin jeune délicat. J’avais imaginé que le vin bourguignon serait servi au moment du pigeon mais comme nous avons fait honneur aux vins précédents, il faut s’intéresser au vin rouge. Je demande à Hervé, le sympathique directeur, que la préparation du poisson soit faite pour accompagner un vin rouge et la réponse est immédiate, la sauce étant faite sur l’instant au vin rouge. Félicitations au chef. L’accord du Bonnes Mares et du bar est divin. Le vin est particulièrement délicat et raffiné.
Pour le pigeon beaucoup trop cuit (étonnant), l’Hermitage Chave rouge 2014 est un seigneur. Mieux, c’est un empereur. Il est d’un équilibre parfait, pur, amical. Il représente une expression de l’Hermitage sans âge, éternelle, et c’est un compliment de ma part car face à un 2014, je devrais dire « trop jeune ». Mais ce n’est pas le cas, ce vin est parfait.
Lorsque j’ai eu à boire la première gorgée du Chave pour valider la commande de la bouteille, j’ai eu une remarque a priori surprenante. Je sens le vin et je dis : « oh, belle cave ». Je ne jugeais pas le vin, je sentais qu’un tel parfum ne pouvait provenir que d’un vin stocké dans une cave parfaite. Ai-je le nez assez fin pour émettre une telle hypothèse, je ne sais pas, mais c’est venu spontanément.
Le dessert a été accompagné par un Champagne Comtes de Champagne Taittinger 2007. Il est jeune mais il a bien joué son rôle en accompagnant le millefeuille.
J’ai suggéré un classement des vins que nous avons bus : 1 – Hermitage Chave 2014, 2 – Bonnes Mares Roumier 2014, 3 – Dom Pérignon 2008, 4 – Rayas blanc 2007, 5 – Taittinger 2007. Il a été approuvé par tous. Ce fut un grand moment d’amitié.