Déjeuner au restaurant Tan Dinh avec des amis américains du forum où j’écris. La carte des vins est à elle seule une récompense. Mais la cuisine vaut l’intérêt car les plats sont traités avec subtilité : ravioli à l’oie fumée, rouleaux froid au bœuf et kumquats, triangles de homard pilé et noix de ginkgo, rouget à la citronnelle, filet de bœuf Tan Dinh, poulet à la cardamome, Thap cam de légumes, riz sauté, beignets de mangues. Mes amis étant surtout fanatiques de Bordeaux, je choisis un Meursault « les Rougeots » Coche-Dury 1997. Un nez de pierre et d’agrumes. En bouche, la délicate combinaison de l’agrume, de la trame végétale et un début de gras, d’oint, de baumes religieux. Pénétrant, mais pas trop, le vin n’est pas opulent, il est profond. Boire un Coche-Dury est toujours un privilège et une rareté. Le vin suivant, un Corton Grand Cru Bonneau du Martray 1999 qui titre 13,5° affirme un nez puissant, sur une couleur d’une densité rare. En bouche, on a tout ce qu’apportent les vins faits avec les techniques modernes mais avec une justesse extrême. Là où d’autres pays s’enlisent dans la rudesse et la rustrerie, ce Corton brille par une exactitude de ton, et une élégance magnifiques. Il montre que vingt ans de plus le rendront éblouissant, car malgré son soyeux et son velouté, c’est quand même un vraiment jeune bambin. Une promesse de sensualité extrême.