Un jeune ami m’avait proposé de déjeuner avec un Moët & Chandon 1880 que nous avions apprécié. Nous nous retrouvons à nouveau pour déjeuner au restaurant Pages. Je n’ai pas pu arriver en avance aussi les vins sont ouverts au moment où nous entrons dans le restaurant.
J’ouvre mon vin, un Hermitage La Sizeranne Chapoutier 1949 au niveau parfait et à la couleur idéale. La capsule est en plastique et sur le haut du bouchon il y a une espèce de glu que je dois essuyer. Et l’odeur du haut du bouchon est très désagréable, combinant du caoutchouc et un fort vinaigre. Le bouchon vient en mille morceaux car le haut du goulot a un pincement qui empêche le bouchon de monter. A noter que le bouchon était fortement imbibé de vin.
Il est urgent d’attendre et je regrette de ne pas être venu deux heures plus tôt car ces odeurs auraient disparu plus vite. Mon ami ouvre la bouteille de Champagne Dom Pérignon 1982 à l’étiquette abîmée mais au millésime lisible. Le beau bouchon vient entier et sans pschitt, mais on voit que la bulle est abondante quand on verse dans les verres. La couleur est un peu plus ambrée que celle du Dom Pérignon 1982 que j’avais bu récemment.
Le champagne est un peu plus chaud qu’il ne devrait et tant mieux car cela lui donne une énergie et une largeur de toute beauté. Ce champagne est de belle maturité, vaste et complexe, entraînant. C’est certainement un des plus grands Dom Pérignon 1982 que j’ai bus.
Le menu est d’amuse-bouches puis de l’encornet avec une sauce crémée / lotte et coques et sauce umami / joue de bœuf, sauce au vin et carottes / wagyu et sa gaufre et Lucas a fait à ma demande un dessert très simple et parfait.
Le champagne prend de l’énergie sur les coques seules et brille sur la sauce umami.
L’Hermitage La Sizeranne Chapoutier 1949 m’enchante dès la première gorgée. Il n’a aucun défaut olfactif et ce qui frappe, c’est la fraîcheur et la jeunesse de ce vin délicat qui ne joue en aucun cas de sa puissance alors qu’il en a. Une merveille.
Il y avait à une table voisine un américain, une italienne et une française qui déjeunaient calmement, mais l’américain m’avait reconnu car il me suit sur Instagram. Je leur ai apporté un verre de chaque vin. Ils étaient aux anges.
La joue de bœuf est idéale pour l’Hermitage. Je n’ai pas le souvenir d’en avoir bu de si gracieux, et de si belle fraîcheur. Si on disait que ce vin est de 1990, ce ne serait pas choquant alors que le vin a quarante ans de plus.
L’Hermitage est aussi très bon sur le wagyu, mais le gras de la joue est plus pertinent sur le vin que le gras du wagyu.
Nous avons fini le champagne sur le dessert. Il avait gardé de sa fraîcheur et s’était encore élargi. Quel grand 1982.
Pierre Alexandre le directeur attentionné nous a fait goûter un Cognac X.O. Jean Doussoux Héritage très plaisant et peu pesant qui a mis un joli point final à ce beau déjeuner où les deux vins ont été au sommet de leur art.