Nous allons recevoir des amis demain. La préparation du programme des vins est toujours un grand plaisir. J’ai envie d’ouvrir un magnum de Laurent-Perrier Grand Siècle. Hélas en rangeant la cave je n’ai pas fait assez attention aux dates de dégorgement aussi ce sera une surprise.
Le même problème se pose pour un Château Lafite-Rothschild qui est enveloppé dans un papier rose extrêmement fin qui colle au verre de la bouteille mais aussi à l’étiquette. Il serait impossible de décoller le papier de l’étiquette. La solution qui me permettrait de lire le millésime est d’enlever la totalité de la capsule et de voir l’année à travers le verre, car j’ai peur qu’en retirant le bouchon celui-ci soit opaque en se déchirant. La capsule étant totalement enlevée, il me faut laver le verre qui est recouvert d’une sorte de colle. Ouf, je peux lire distinctement 1981.
L’idée me vient d’ouvrir le champagne pour qu’il profite d’une aération dès maintenant. Le pschitt est extrêmement fort. Le champagne sent divinement bon. Je pose un bouchon en cristal au-dessus du goulot. La suite sera le lendemain.
Dès 9 heures je commence par l’ouverture du Lafite 1981 et s’il se brise un peu, on reconnaît clairement 1981 inscrit sur le bouchon. Le parfum est très discret mais j’ai confiance en ce grand vin. J’ouvre ensuite un Côtes de Provence Rimauresq 1983 (je croyais avoir pris un 1993). Le parfum est riche, joyeux.
Ma femme a prévu une tarte au citron meringuée. L’essai avec un champagne n’ayant pas été convainquant, j’ouvre un Vouvray Clos Naudin Demi-Sec Philippe Foreau 1997. Le nez est plaisant.
Les amis arrivent à 12 heures. L’apéritif sera d’un jambon ibérique Belota Belota absolument parfait intense, qui exsude la noix, et de gougères. Dès la première gorgée, je suis assailli par l’intensité et l’énergie du Champagne Laurent-Perrier Grand Siècle dont le bouchon indique qu’il a été dégorgé en 2016. Le champagne a donc une douzaine d’années. Il est merveilleux, noble, puissant, percutant tout en gardant un grand raffinement. C’est un magnifique champagne et le jambon cohabite divinement.
A table, nous mangeons du poulet et un pressé de pommes de terre. Le Château Lafite-Rothschild 1981 a un nez épanoui qui exprime du velours, et en bouche ce vin est tout velours. Il est grand, joyeux, raffiné. Un Lafite particulièrement accessible et généreux, sans complexité, pure expression de velours.
Pour le fromage, je sers le Côtes de Provence Rimauresq 1983. Il est garigue, 100% garigue, et mes amis qui ont proposé Châteauneuf ou Côte Rôtie ont fait fausse route. Ce vin est d’un plaisir fou, si équilibré. Le fait qu’il ne titre que de 12,5° explique son élégance.
Pour la tarte, le Vouvray Clos Naudin Demi-Sec Foreau 1997 me comble de joie. Car le vin respire le citron meringué. Il est citron meringué et développe le goût de la tarte. Et ce qui m’étonne, c’est que le goût de citron du vin est comme une barre horizontale dans mon palais. Je suis fier d’avoir ‘tapé’ juste pour un accord idéal. Le Vouvray est gracile, délicat, sans puissance qui n’aurait pas lieu d’être. Une belle conclusion d’un repas d’amis joyeux et enrichissant.
Un bonheur.
la photo ci-dessous a donné lieu à une énigme sur Instagram : quel nom et quelle année. Il y a eu un gagnant