Le déjeuner traditionnel de conscrits, tous de mon année de naissance sauf un, pour que toute règle ait une exception, se passe dans la bibliothèque du Yacht Club de France qui nous est réservée pour ce repas. Le thème du déjeuner est « menu cèpes et girolles » organisé par le plus jeune d’entre nous avec Thierry Le Luc, le directeur de la restauration du club.
Les amuse-bouche sont toujours copieux et délicieux car Thierry a la passion des bons produits et les trouve : petites aumônières au saumon et Saint-Jacques / magret de canard fumé au bois de hêtre, gésiers de canard confits aux cèpes / huîtres plates Prat-Ar-Coum de Carantec nature ou gratinées.
Le menu est : brouillade d’œufs fermiers et homard breton / coquilles Saint-Jacques et cèpes, charlotte en salade / filet de bœuf irlandais et ris de veau rôti, pommes duchesses et girolles, sauce poivre / fromages d’Éric Lefebvre MOF / Saint-Honoré maison.
La cuisine fondée sur de beaux produits est toujours de grande qualité. Le plus abouti est celui des coquilles. La viande est goûteuse mais le plat est très poivré. La brouillade n’apporte pas grand-chose au homard remarquablement cuit qui se suffirait à lui-même. Le Saint-Honoré est superbe et l’ajoute de girolles est non seulement amusante mais goûteuse.
Le Champagne Pol Roger réserve magnum sans année est très agréable et fluide. C’est le champagne de soif dont on se ressert sans compter aussi faut-il ouvrir un Champagne Taittinger Brut sans année un peu moins vif puis en fin de repas un Champagne Charles Heidsieck sans année qui me plait beaucoup par sa vigueur.
Le Chassagne-Montrachet Abbaye de Morgeot 1er Cru Louis Jadot 2004 est d’une folle puissance pour son année. Je le trouve « bodybuildé ». Sa puissance me gêne. Le Puligny-Montrachet Champ-Canet 1er cru 2002 est lui aussi très puissant mais son équilibre est beaucoup plus plaisant et ce vin se boit beaucoup mieux sur le homard que le 2004.
Le Château la Nerthe Châteauneuf-du-Pape magnum 2006 est un vin extrêmement plaisant, riche, profond, mais qui se caractérise surtout par un velours d’un rare confort. Il est très convaincant sur la belle viande un peu alourdie par le poivre de la forte sauce.
Le Château Carbonnieux rouge 2010 contraste évidemment avec le Châteauneuf et ce qui est intéressant c’est que son nez est discret, son attaque est discrète, comme effacée, et tout se passe dans le finale qui est glorieux de fruits rouges, allumant des lumières de bonheur. Ce vin riche de truffe en milieu de bouche deviendra très grand dans trente ans.
Mon classement des vins du repas serait : 1 : Château la Nerthe Châteauneuf-du-Pape magnum 2006, 2 – Château Carbonnieux rouge 2010, 3 – Champagne Pol Roger réserve magnum sans année. Pour les plats ce sont d’abord les cèpes l’un des thèmes du repas, les coquilles Saint-Jacques et la belle viande irlandaise.
Dans une ambiance toujours sympathique entre amis et avec la recherche d’excellence de l’équipe du Yacht Club de France, nous avons passé un très bon déjeuner.