Une amie américaine qui avait participé il y a deux jours au 269ème dîner vient déjeuner à la maison, « en famille ». Il y aura ma fille cadette, son compagnon, ses deux enfants et le fils de mon fils. Pour le choix des vins, je n’avais pas utilisé l’inventaire, mais c’est en me promenant dans la cave que mon regard a été attiré par un Richebourg Charles Noellat 1971. La bouteille est belle, fermée par de la cire et son niveau est superbe, à trois centimètres sous le bouchon.
Pour faire un programme sympathique je choisis un Krug Grande Cuvée à l’étiquette crème ce qui le situe dans les années 80, et un Krug Rosé à l’étiquette ancienne qui est, à mon avis, la plus belle bouteille de champagne qui existe, car le col est élancé et le vieux rose entouré d’argent de l’étiquette est d’une grande élégance.
J’ai rapporté les bouteilles choisies à la maison et dans ma cave mes yeux croisent une bouteille de Chambertin Clos de Bèze Charles Viénot 1961. Il se trouve que Charles Viénot et Charles Noellat sont deux vignerons dont j’ai aimé les vins. Les associer serait intéressant. Hélas, le bouchon de la bouteille de Chambertin est tombé dans le vin. Il n’y aura sans doute pas de comparaison possible.
Le dimanche matin vers 9 heures, je décapsule la bouteille de Chambertin, je nettoie le goulot et je verse le vin dans une carafe. Le parfum du vin est à peine dévié. Il n’y a aucun goût de bouchon. Seul un sentiment de vieillissement existe.
La bouteille du Richebourg est fermée par de la cire rose qui est marquée du nom de Noellat. Le bouchon de très bonne qualité vient entier. Le parfum du vin est enthousiasmant.
A la suite j’ouvre les deux champagnes Krug dont les bouchons sont similaires indiquant des âges très proches, de plus de trente ans. Le Grande Cuvée n’a eu aucun pschitt alors que le rosé en a un, de discrète énergie.
Pendant ce temps, ma femme s’affaire pour préparer des plats déjà mis en œuvre la veille.
Nous sommes huit dont seulement trois buveurs du fait de la présence de petits-enfants. Le Krug Grande Cuvée à l’étiquette crème est un grand champagne, noble, complexe, d’une grande qualité. On le boit en grignotant de la poutargue, de la tête de moine, des gougères, des chips à la truffe et une tapenade originale à la réglisse. Le Krug est idéal avec les gougères et la tête de moine.
J’ai annoncé que le Chambertin Clos de Bèze Charles Viénot 1961 avait son bouchon tombé dans le vin aussi la tentation est de ne pas l’aimer alors que je suis surpris de le voir presque parfait. Le nez est acceptable et le parcours en bouche n’est pas rebutant. Mais à l’impossible nul n’est tenu. Nous le laissons de côté. Il aura ainsi mis en valeur le vin qui suit.
Le Richebourg Charles Noellat 1971 est un vin immense. D’une extrême vivacité, il combine élégance et richesse. Très différent d’un Richebourg du Domaine de la Romanée Conti qui est plus délicat malgré sa force, ce vin est très puissant et a un finale de grande longueur. Il est parfait sur un Parmentier de canard, et très réactif sur un époisses. C’est un vin de haut niveau. Un abonné de mon compte Instagram m’a indiqué que ce vin fait maintenant partie du domaine Leroy, ce qui en fait un vin financièrement intouchable. Il est heureux que nous l’ayons trouvé divin.
Le Krug Rosé probablement des années 90 est un rosé élégant. Le bouchon suggère qu’il a cet âge. Il se boit avec une très belle crème au chocolat, plus noble qu’une mousse au chocolat, accompagnée de mangue et d’ananas. C’est un champagne noble.
Ce repas de famille avec notre amie américaine fut un moment de bonheur.