Ma fille aînée vient avec ses filles déjeuner à la maison. J’ai envie d’ouvrir une belle bouteille. Vers 9 heures, j’ouvre une bouteille de Romanée Saint-Vivant Marey-Monge Domaine de la Romanée Conti 1988 qui a un beau niveau de 3 centimètres sous le bouchon. Le bouchon sous la capsule est blanc. Il vient entier, d’un liège de grande qualité. Le premier nez, timide est un peu lacté, comme si les exsudations du haut de bouchon étaient du lait. Mystère.
Une heure avant l’arrivée des invitées, j’ouvre un Champagne Pommery Cuvée Louise 1989. Le beau bouchon est lui aussi de belle qualité. Le pschitt est marqué même s’il n’est pas explosif. La couleur du champagne est d’un jaune d’or de blés d’été. Le nez du champagne à l’ouverture est vif et fort.
L’apéritif consiste en des quiches lorraines passées au four, en une terrine très expressive et en des tranches de rosette de Lyon. C’est la terrine qui met en valeur le beau Champagne Pommery Cuvée Louise 1989 vif, expressif et généreux, meilleur que ce que j’avais imaginé. Le message n’est pas extrêmement complexe, mais c’est un beau champagne de gastronomie.
Sur des œufs brouillés aux cèpes et à l’ail, je peux servir la Romanée Saint-Vivant Marey-Monge Domaine de la Romanée Conti 1988 car le cèpe à l’ail est dominant par rapport aux œufs discrets. Le vin à la couleur claire a maintenant un parfum idéal, élégant et raffiné. En bouche le vin racé est exactement ce que doit être la Romanée Saint-Vivant quand elle a 33 ans. Le vin précis est tout en finesse. Sur un veau Orloff aux pommes de terre grenailles, le vin montre qu’il peut aussi être large et incisif. J’aime ce vin à cette maturité. Ses accents sont si subtils et suggérés.
Un fromage de chèvre particulièrement brillant s’accorde bien avec le vin qui montre sa flexibilité gastronomique.
Les grands esprits se rencontrent en un hasard savoureux. Je n’avais pas demandé à ma femme ce qu’elle avait prévu et je vois qu’elle apporte des poires Belle-Hélène. Or j’avais déjà mis sur table des petits verres pour que l’on goûte un Porto Nectar do Douro J. A. Simoès 1872 que j’avais ouvert il y a quatre mois et qui était resté sagement avec un bouchon dans la porte d’un réfrigérateur. Mes petites-filles sont subjuguées qu’un vin de 149 ans puisse offrir une telle douceur avec des accents forts de pruneau, de café et de réglisse. Ce fut le point d’orgue d’un bien agréable repas marqué par la noblesse du vin de Bourgogne.