Il y a longtemps que nous n’avons pas vu les enfants de ma fille cadette. Je retiens une table pour cinq au restaurant L’Ecu de France. C’est un dimanche midi. Le restaurant est plein ce qui est une bonne nouvelle. On nous demande nos passes sanitaires, procédure qui se généralise de bon gré.
Ma femme et ma fille ont souhaité que le menu soit le plus simple possible car elles savent que le chef Peter Delaboss est d’une générosité difficile à réfréner. Lorsque je vais le saluer en cuisine, je sais que je n’aurai pas mon mot à dire, car il a déjà préparé ce qu’il nous offrirait. Je ne peux qu’écouter et j’aurai besoin de l’aide d’Hervé Brousse, qui dirige avec ses parents ce sympathique restaurant pour que nous déjeunions avec un programme raisonnable. Voilà ce que nous avons mangé : fricassée de poissons aux oignons confits / géode de langoustines et seiches au cœur coulant, jus de bouillabaisse, émulsion parmesan / baronnade de pigeonneau, jus Suzette, farandole de légumes et banane pésée / cantal affiné, vinaigrette dissociée à l’huile de truffe / gâteau vapeur, crème de yuzu, gelée vodka, glace verveine, cheveux d’ange au caramel.
Même quand il veut faire simple, le chef est exubérant, et son sourire emporte notre adhésion.
Le Champagne Dom Pérignon 2008 a un parfum raffiné et discret évoquant de l’eau qui coule et rebondit sur des galets de montagne. C’est un plaisir certain de boire ce champagne d’une des années les plus réussies qui soient. Nous en profitons avec joie sur un délicieux plat de langoustines crues associées à du poulpe et un œuf mollet. Je sens cependant que ce Dom Pérignon 2008 est dans une phase de repli avant de trouver une nouvelle plénitude. Mais son charme est toujours présent.
J’ai commandé un Chambertin Clos de Bèze Domaine Armand Rousseau 2009 qui n’a été ouvert, à ma demande, qu’au moment où le plat de pigeon est servi. Tout en ce vin est d’une grâce infinie. Le nez est délicat et subtil. En bouche c’est une réussite absolue, de finesse, de délicatesse, accompagnée par une puissance étonnante. Je suis sous le charme de cette expressions d’une Bourgogne raffinée. Il a la précision d’un tableau de Vermeer.
Alors que je trouve dans les vins anciens des charmes inégalables, ce vin au seuil de sa vie me semble parfait, d’une noblesse subtile et d’un charme velouté rare.
L’agréable dessert au citron a accompagné le champagne. La glace passée au chalumeau a des traces de fumé trop fortes pour notre goût.
Le restaurant l’Ecu de France que je connais depuis plus de soixante ans offre une atmosphère familiale agréable. Les vins proposés sont parmi les plus grands du fait d’une politique d’achats fidèle à de grands domaines. On se sent heureux en ce lieu, où l’on mange et boit bien.
la magnifique couleur du Chambertin