Déjeuner dominical avec mon fils de passage en France et ma fille cadette. Les vins sont choisis au dernier moment, à l’impulsion. Quand je descends dans la cave, une bouteille de vin rouge me donne envie de l’essayer. Pour le champagne le choix se fait sur ce qui est au frais.
L’apéritif permet de comparer un Pata Negra avec de fines tranches de black Angus. C’est l’espagnol qui gagne par un supplément de charme. Le repas commence par deux harengs de la Baltique, l’un mariné, l’autre avec une sauce lourde au curry. Il se poursuit par un poulet rôti, du fromage et une reine de Saba, véritable institution familiale pour les fêtes et anniversaires. Dans notre calendrier familial, il y a toujours quelque chose à fêter.
Le Champagne Laurent Perrier Cuvée Grand Siècle
est très probablement des années 70. Le bouchon est très serré et tourne difficilement sans remonter. Lorsqu’après bien des efforts il sort, le pschitt paraît faible. Mais en versant le champagne on constate la force de la bulle. Le couleur est d’un or clair. Le parfum du champagne est d’un charme incroyable. Il joue sur l’élégance. Je sens des zestes d’agrumes, mais suggérés, ainsi que des noisettes discrètes. En bouche, ce qui frappe, c’est la fluidité et l’envie de l’avaler goulûment. C’est un champagne de divine soif. Il évoque des fleurs comme le lilas, des fruits frais de printemps, mais il est en même temps vineux, incisif, claquant en bouche. C’est un très grand champagne qui réagit bien aux deux charcuteries. Pour le hareng mariné, il est exclu, mais se rattrape sur le curry du deuxième hareng. Par certains aspects, il est très proche du Salon 1964 bu il y a deux jours, dans les évocations de fleurs roses.
Le Château Haut-Brion 1981
m’a donné envie de l’essayer pour voir ce que donne cette année 1981 qui n’a pas été encensée par la critique vinique, mais qui s’est révélée gratifiante lors des essais récents de vins de Bordeaux. Le parfum à l’ouverture est d’une richesse surprenante. Ce parfum est pénétrant. En bouche ce qui frappe immédiatement c’est la lourdeur de plomb des saveurs. Comme le nez, la bouche est pénétrante, riche, envahissante. Qui dirait qu’il s’agit d’un 1981 ? Ce que je ressens, c’est la truffe, le charbon, et la pesanteur du grain très fin et très dense de ce vin. Il n’a plus de fruit, il a de la truffe et du cigare. Nous nous régalons avec ce vin qui n’a peut-être pas le flamboyant d’une plus grande année, mais a une charpente et une densité imposantes. Comme quoi, même ouvert au dernier moment, un vin de 33 ans peut briller.
le haut du bouchon du 1981 est particulièrement propre. Mais le bouchon s’est brisé et il a fallu deux tirebouchons pour tirer la totalité