Après ce week-end mémorable, il me faut retrouver la forme et continuer le programme d’amaigrissement qui produit des effets malgré tous les coups de canif. Je fais du sport, je jeûne, et seulement deux jours plus tard, après une solide journée de sport, je décide de prendre un apéritif impromptu avec ma fille cadette. Le déclencheur avait été : « tu sais, je vous ai apporté des tapenades à tartiner, qu’en fait-on ». Comme la cigale qui a chanté tout l’été, chantant et dansant à tout venant, j’ouvre un Champagne Dom Pérignon 1973. Le bouchon se brise et la lunule basse vient avec un tirebouchon. Le pschitt est faible mais le pétillant est là. La couleur est ambrée, un peu comme celle du 1964 récent. Le nez est de fruit, charmeur et opulent.
En bouche ce champagne est un miracle. 1973 est une année moins prestigieuse que 1964 mais le 1964 que nous avons bu il y a deux jours n’était pas le meilleur de ceux que j’ai bus. Ce 1973 est éblouissant. Il est tout velours. Il a des évocations de fruits rouges gourmands qui lui donnent une mâche joyeuse. Chaque gorgée est un pur bonheur. Bien sûr il est vineux, mais ce qui force mon admiration est la puissance et la clarté des fruits rouges qui jutent dans le palais.
Nous l’avons essayé avec mille choses, poutargue, trois préparations au piment d’Espelette, une au jambon de Bayonne, une à l’olive verte, une à l’olive noire. Nous avons poursuivi avec une mimolette, quêtant un accord couleur sur couleur qui s’est trouvé, et même avec un reste de camembert Jort. Les plats préparés pour un dîner sans vin n’ont accompagné que pour mémoire, nouilles épicées, omelette aux lardons et salade roquette.
C’est probablement l’un des plus grands champagnes de cet été. Etre cigale, ce n’est pas bien, mais qu’est-ce que c’est bon !