C’est le dernier soir de mon fils en France aussi j’ouvre un Champagne Dom Pérignon 1993 dont l’étiquette très abîmée n’indique pas le millésime que l’on peut lire sur la contre-étiquette placée à l’arrière de la bouteille. La cape du bouchon est anormalement déchirée et le muselet est fortement rouillé. Cette bouteille a subi des outrages qui ne devraient pas exister à cet âge. Je le savais lorsque je l’ai achetée. J’enlève les déchirures de la cape et quand le muselet s’élargit, à peine ai-je amorcé une rotation que le bouchon vient sans effort, encore coiffé du muselet. Il n’y a pas de pschitt et je constate que le bouchon est très chevillé.
Que va-t-on boire ? La couleur est très claire ce qui est un bon signe. La bulle est quasiment inexistante. Le premier contact est excellent. Il s’agit d’un beau champagne rond, au fruit doré, plein de grâce. C’est un champagne encore très jeune et très expressif mais qui a perdu sa bulle, ce qui ne gêne en rien. Sur d’excellentes rillettes et sur du foie gras, on se régale.
Ma femme a préparé un curry de crevettes et légumes divers qui est délicieux mais le curry n’est pas le bon compagnon du champagne qui trouvera de meilleures alliances avec le camembert et le chaource bien affinés.
J’ouvre un Champagne Krug Grande Cuvée étiquette crème dont les vins qui le composent ont probablement plus de trente ans. Il est beaucoup plus foncé que le Dom Pérignon. Il est noble et montre une acidité un peu marquée. C’est étonnant de voir à quel point ces deux champagnes sont dissemblables. Le Krug joue sur sa noblesse et de sa rectitude. Il a mis les habits de sa noble condition, alors que le Dom Pérignon est tout en charme et en rondeur. Ce soir, dans le contexte de ce repas, c’est le Dom Pérignon 1993 que je préfère, ce qui est propre à ce repas et n’a pas valeur de référence tant ils sont différents. Les deux champagnes sont des seigneurs dans leur monde. Ma femme les a accompagnés par des pains perdus réussis et gourmands.
Ce fut une bonne façon de finir la semaine du séjour parisien de mon fils. Il a préféré cette semaine le Champagne Veuve Clicquot Carte Or 1982 et le Vieux Château Certan 1967. Je le rejoins bien volontiers dans ce choix.