Des amis, un beau couscous et des vins algérienssamedi, 1 mars 2025

Un camarade de promotion de mon école envoie à un groupe d’amis un message dans lequel il dit qu’a été créé le groupe X-Couscous « dont la seule activité est d’en partager périodiquement un « bon comme là-bas » dans certainement l’un des meilleurs de la région parisienne ! ».

J’ai immédiatement eu envie de vérifier si ce restaurant vaut ce compliment, mais aussi de revoir des camarades d’école. Je leur propose de venir au déjeuner de leur groupe et de leur faire connaître les vins d’Algérie, si méconnus. La date est trouvée. Nous aurons l’apéritif chez un des membres qui habite à courte distance du restaurant, avant le déjeuner.

Comme je vais apporter des vins en un restaurant inconnu, je demande à cet ami de régler le problème des droits de bouchon. Il est facilement réglé.

Le choix des vins est toujours une opération excitante. Comment doser ce qui va plaire à mes amis. Je choisis un champagne, deux vins d’Algérie dont un rosé et un rouge et je joins le Mary 1925 dont j’avais bu une petite quantité avec ma fille.

Lorsque j’arrive au restaurant L’Harissa pour ouvrir mes vins, le propriétaire et son fils me reçoivent avec le sourire car ils sont prévenus de ma venue.

Le Rosé Royal Kebir probable 1947 a un beau bouchon et un parfum intéressant. Le Ali Djara Vin fin Parlier & Fermaud Alger sans année vers 1960 a un bouchon aussi difficile que celui du Maury ouvert récemment : c’est un liège léger qui est collé au goulot et se déchirerait facilement, mais fort heureusement, j’ai apporté le tirebouchon Durand qui me permet de l’extraire entier. Le nez est riche et parfait. Je laisse aussi sur place le Maury la Coume du Roy Domaine de Volontat 1925 déjà ouvert, car je vais rejoindre mes amis à la maison de l’un d’entre eux.

Je croyais que mon champagne suivrait l’apéritif prévu par cet ami mais en fait il n’a rien prévu puisque j’avais annoncé que j’apporterais quelque chose. Il a eu raison, car notre programme est copieux.

Le Champagne Dom Pérignon 1993 a un bouchon qui vient entier. Il est de bonne qualité. Le nez est intense et en bouche, c’est du plaisir pur. Mes camarades, qui ne sont pas réellement amateurs de vins anciens sont conquis par la qualité de ce champagne. Il est rond, joyeux, expressif et de grand plaisir. Il est très long en bouche. Je constate à chaque fois que les années de Dom Pérignon, 1992 et 1993, volontiers ignorées par la critique, sont absolument brillants aujourd’hui.

Nous nous rendons au restaurant et je vois que le propriétaire connait mes amis et les accueille avec le sourire, ayant avec eux de beaux souvenirs. Nous sommes six. Cinq vont prendre couscous mouton ou agneau et le sixième prend un couscous merguez.

C’est l’organisateur de ce repas qui me sert. La semoule est très bonne et je peux dire objectivement que l’agneau est cuit à merveille. Je ne sais pas si c’est le meilleur couscous du monde, mais c’est un très excellent couscous.

Le Rosé Royal Kebir Frédéric Lung probable 1947 est un vin totalement inconnu de mes convives et c’est très normal. Je suis aux anges car ce rosé a une forte personnalité et une longueur impressionnante. Il est riche, énigmatique, profond, avec de belles amertumes et donne un plaisir aussi bien avec les légumes et la semoule qu’avec la viande. Mes amis sont un peu intrigués car ils sont dans un monde inconnu, mais aiment ce vin qui marque les esprits.

Vient maintenant le moment du vin rouge dont je ne connais pas du tout l’histoire et dont je n’ai qu’une seule bouteille. Le Ali Djara Vin Fin Parlier & Fermaud Alger sans année vers 1960 a un nez très puissant et envahissant les narines tant il est riche.

En bouche, il est d’une richesse extrême. Les 12° annoncés sur l’étiquette sont timides. Je dirais plutôt 14°. J’avais expliqué à mes amis que mon amour pour les vins algériens était venu il y a près de cinquante ans quand je participais à des dîners où les vins étaient dégustés à l’aveugle. Les vins algériens étaient confrontés à des bourgognes et pouvaient parfois les surpasser. Aujourd’hui, ce vin se montre au-dessus de ce que je pouvais imaginer, riche, long et puissamment expressif, d’une belle noblesse. Beaucoup d’amateurs diraient volontiers qu’il s’agit d’un grand Rhône. Ce vin est de grande qualité.

Pour le dessert, forcément et fortement sucré, je sers le Maury la Coume du Roy Domaine de Volontat 1925. Je vois les visages de mes amis qui n’auraient jamais imaginé qu’un vin doux de cent ans puisse être aussi jeune et brillant. Il est riche, long et joyeusement gourmand.

Nos discussions sur nos parcours très différents ont permis d’échanger de belles anecdotes. J’ai permis à mes amis d’entrer dans le monde des vins anciens. Ils ont été surpris et heureux de cette expérience. J’ai compris qu’ils ne demandent qu’une chose, c’est de recommencer.