Longtemps j’ai été un fidèle des dîners « des livres et des vins » organisés et animés par Olivier Barrot au restaurant le Cinq du George V. Ces dîners ont cessé lors d’un changement de politique de l’hôtel. Ils se tiennent maintenant à l’hôtel Bristol
et lorsque j’ai reçu un mail annonçant la présence d’Alain Rey, l’homme qui fait le Petit Robert, il était exclu que je ne m’inscrive pas. Le message annonçait aussi la présence du Léoville-Poyferré ce qui était un encouragement de plus.
La réunion se tient dans la magnifique salle à manger lambrissée de forme ovale. L’apéritif permet de converser avec des personnes présentes en buvant un champagne fort agréable dont je n’ai pas mémorisé le nom.
Le menu préparé par Eric Fréchon est : artichaut de Provence, anchoïade aux brisures de truffe noire, poudre d’œuf haché et chips d’artichaut aux noisettes / morilles blondes farcies de ris de veau et jambon de pays, jus parfumé au vin jaune, mousse de cresson / agneau de lait, selle rôtie, côtelette et saucisse grillées à la harissa, semoule de courgette violon à l’olive noire / Fontainebleau égoutté par nos soins, fraises des bois et sorbet Mara des Bois.
Olivier Barrot présente le nouveau livre d’Alain Rey « 200 drôles d’expressions » et bavarde avec cet homme truculent, pince-sans-rire, bourré d’humour et érudit de la langue et des expressions. C’est un bonheur d’écouter ce savant qui parle si simplement et donne des perspectives sur notre langue et son histoire. J’adore son rire retenu et ses yeux malicieux.
Le Château Léoville-Poyferré Saint-Julien 2008 est un vin solide carré, très consensuel avec les deux premiers plats, surtout avec la morille fourrée. C’est un vin dont la personnalité s’affirmera avec une ou deux décennies de plus.
Le Château Léoville-Poyferré Saint-Julien 2005 est beaucoup plus charmeur et expressif. Il se justifie pleinement à cet âge et on peut dire que c’est un grand vin. Mais comme beaucoup de Bordeaux, l’âge les sublime. Les 1929 et 1959 de Léoville-Poyferré que j’ai bus sont de sublimes vins.
Le dessert est prévu sur un vin Les Cyprès de Climens Barsac 2011. Ce n’est pas du snobisme, mais j’ai une telle admiration pour le Château Climens que j’ai préféré ne pas goûter ce vin plus léger et peut-être bon.
La cuisine très classique et solide d’Eric Fréchon a parfaitement convenu à ce bel événement. J’ai bu chaque parole et chaque anecdote d’Alain Rey avec la même attention que j’aurais pour un très grand vin. Défendre notre langue et la faire vivre est l’un des plus beaux combats pour notre pays et son Histoire.