Pour un anniversaire, j’ouvre un Champagne Dry Monopole Heidsieck & Co 1955. Le haut du bouchon a une cape déchirée très sale qu’il faut nettoyer avant de tirer le bouchon. Le bouchon parfaitement cylindrique vient facilement, d’un liège de grande qualité. Il n’y a pas de pschitt, pas de bulles, mais le pétillant est sensible en bouche. La couleur est ambrée et belle. Ce champagne est large, plein en bouche et extrêmement rassurant. Il met des sourires sur nos visages. Il a acquis une maturité sereine et n’offre que du plaisir. Sur des tempuras de fleurs de courgettes, c’est un régal.
Nous retournons au restaurant l’Aventure pour manger de beaux poissons. Il n’y a plus de Champagne Ruinart, car nous avions pris la dernière bouteille. Le Champagne Piper-Heidsieck cuvée brut sans année est moins enthousiasmant que le Ruinart. Mais au bord de l’eau, on le boit avec plaisir. On est en vacances !
L’allocution du Président de la République le 12 juillet m’a pris de court comme un passing-shot. Entendre un tel aplomb pour dire que tout était sous contrôle, que la terre entière nous envie et que nous avons fait mieux que les autres pays dans les domaines, ça m’a laissé sans voix. Je n’ai pas écouté la fin de son allocution car elle faisait un peu trop campagne électorale. Alors, il fallait quelque chose pour me remonter. J’ai choisi un Domaine de Terrebrune Bandol 1997. Quel bonheur, quelle fraîcheur. Le nez est un rêve de garrigue. En bouche le vin est frais et velours. Après le discours présidentiel, je l’ai trouvé charmant, typique de son terroir, mais il y a quand même un manque de profondeur et de richesse. Il est aérien et c’est ainsi qu’il faut le lire.
Le lendemain, pour un autre anniversaire, j’ouvre un Vega Sicilia Unico 1998. Depuis quelques années, j’ouvre les vins jeunes et riches de fruits au dernier moment, au plus près de leur service, afin que les premières gorgées offrent l’éclosion de ces vins. Et l’effet sur moi est spectaculaire. Car la première gorgée est un feu d’artifice de fruits noirs qui part dans toutes les directions de saveurs. Ça virevolte dans ma tête. Le vin est riche, fruité, gouleyant et sa jeunesse est bien structurée. C’est un vin de pur plaisir. Lorsqu’on dépasse la moitié de la bouteille, le vin est toujours aussi jeune et entreprenant mais sa démarche est plus ordonnée. Il n’est plus le feu follet qui m’enthousiasme. Ce Vega Sicilia Unico est un vin puissant que j’apprécie au plus haut point, et ses premiers moments débridés me ravissent.
Avec ma fille cadette une envie d’apéritif se fait sentir. C’est le moment d’ouvrir un champagne que je chéris, un Champagne Krug Grande Cuvée étiquette crème qui doit dater de la fin des années 80 et début des années 90. Le bouchon vient entier, parfaitement cylindrique mais très court. Ce Krug me gratifie d’un pschitt vigoureux, ce que je n’attendais pas. La robe est belle, d’un léger ambre tendant vers le rose. La bulle est bien présente.
Le nez est agréable et subtil. En bouche ce qui me frappe c’est une acidité supérieure à ce qu’elle devrait être. De ce fait le vin est resserré et n’a pas l’opulence et la largeur qui font son charme. Nous l’aimons, car il est noble et subtil, mais il n’atteint pas le charme qu’il est capable d’offrir. Il faudra vérifier sur une autre bouteille de ce grand champagne.