J’arrive à mon hôtel
Le Relais de Margaux est un gigantesque domaine pour golfeurs. C’est particulièrement impersonnel. Le quart de bouteille d’eau (demie de demie) à 4 euros va-t-il me faire aimer le vin ?
Accueil chaleureux à Château Palmer par le jeune et dynamique directeur général Thomas Duroux dont la forte expérience s’est bâtie chez Mondavi et Ornellaia. Son discours dans les chais est brillant, d’une grande clarté justifiant les choix et les options que prennent les vignerons. Ayant en main une coupe de Bollinger spéciale cuvée, nous arpentons les vignes pour admirer le château, maison d’apparat, vu du cœur du terroir.
Dans une salle des innombrables annexes du château nous partageons le dernier dîner officiel de notre groupe d’amoureux du vin. Le repas est fort intelligent. La lamproie met en valeur l’Alter Ego de Palmer 1999 qui montre une structure fort agréable. On se dit alors qu’il vaut plus que d’être un second vin, mais le Palmer 1996 explique pourquoi. Vin opulent, à la texture d’une finesse raffinée, ce vin à la jeunesse folle est éblouissant. Il est magnifique comme il est là. Il se bonifiera bien sûr. Mais à ce stade on le goûte bien. Le Palmer 1989 qui avait été peu aéré m’apparaît plus vieux que son âge. Il a des caractéristiques de vin âgé, alors que le Palmer 1981 est impérial de sérénité. C’est le joli vin épanoui. Mes amis américains n’ont pas du tout le même jugement sur la fatigue du 1989 et je comprends volontiers que pour eux, admettre que le 1981 puisse être au dessus du 1989 demande peut-être trop d’effort.
Mes amis américains et européens se souviendront de l’accueil de Bernard Hervet à Beaune avec des vins vénérables, de la gentillesse de Jean-Jacques Bonnie à Malartic-Lagravière, du sourire et de l’immense réception de Corinne Mentzelopoulos à Margaux, de la simplicité chaleureuse de Jean Guyon à Rollan de By, de l’accueil d’Alexandre de Lur Saluces et de toutes ces uniques occasions de partager des vins de légende. Cette semaine comptera éternellement pour tous les membres de notre groupe. Je ne fus pas le dernier à être émerveillé. Quels vins retenir de tout cet invraisemblable parcours ? Le Beaune Bouchard 1906, le Montrachet Bouchard 1961, le Haut-Brion blanc 1999, le Chypre Commandaria 1909, château Margaux 1995 (plus que le 1961 évidemment bon), Palmer 1981, Pavie 1964, le Pommard Rugiens Bouchard 1929, château de Fargues 1988, Haut-Brion 1990, Haut-Brion 1970 en magnum, Harlan Estate 1994, Laville Haut-Brion 1988, Ducru Beaucaillou 1959, Canon La Gaffelière 1950 forment un programme à faire rêver tous les amateurs de vins.