dîner à Yquem : J – 1mardi, 1 juin 2010

L’histoire du 135ème dîner de wine-dinners débute il y a quelques mois. Le club d’œnologie de Sciences Po m’avait demandé d’animer une dégustation de vins en même temps que Pierre Lurton qui présentait les vins d’Yquem. Après d’affectueuses embrassades nous avons regretté avec Pierre que nos emplois du temps – surtout le sien – ne nous permettent pas de nous voir autant que nous l’aimerions. Pierre m’invita pour la première présentation officielle d’Yquem 2009, mais je ne pus m’y rendre, et il nous apparut urgent de refaire un dîner au château d’Yquem.

Pierre est très occupé, tenu par un emploi du temps dévorant, et les relations qu’il entretient avec ceux qu’il appelle plaisamment ses deux tontons, Bernard Arnault et Albert Frère, le conduisent à devoir changer tous ses plans si l’un d’eux le réclame. Il me fallait donc déterminer avec Valérie, l’efficace gardienne de ses agendas, une date qui ne soit pas susceptible de changer. Nous en prîmes une, croisant les doigts.

Un mois avant, mes vins sont apportés au château d’Yquem, où ils reposeront dans la petite cave du château. Les vins que j’ai choisis sont prestigieux, aussi la demande pour ce dîner, dont personne ne connaît encore le lieu, est très forte. L’amitié me commande de le réserver aux plus fidèles des habitués de mes dîners, amis amoureux des grands vins.

La table se constitue très vite. Le repas est échafaudé avec Marc Demund, traiteur attitré d’Yquem qui connaît bien mes souhaits pour les vins anciens. Tout semble au point. Le séjour de mes convives est organisé. J’ai invité pour le déjeuner du jour même Francis Mayeur, directeur d’exploitation, Sandrine Garbay, maître de chai et Valérie Lailheugue, la fidèle collaboratrice de Pierre. Alors que des bouteilles de sécurité sont déjà présentes au château, j’en prends dans ma cave une de plus la veille, par peur de manquer, et je me rends à Sauternes, tout fébrile, excité de faire pour la troisième fois un de mes dîners dans le plus bel endroit du monde lorsqu’il s’agit de vin : Yquem.

Lorsque j’arrive, le ciel est gris, mais prometteur d’un lendemain qui chante. Dans la petite cour intérieure du château, les rosiers grimpant le long des murs sont couverts de fleurs qui embaument de parfums lourds. Que c’est beau ! Dans la cave, je redresse mes vins, et tous les détails sont réglés avec Valérie et la fidèle Christiane qui nous préparera le déjeuner de demain et servira le dîner prévu pour mes vins.

Ma chambre est réservée au relais du château d’Arche, au milieu des vignes. Par la fenêtre je vois les rangées de vignes qui se terminent sur des rosiers de roses rouge sang, dont la couleur fait écho à celle de coquelicots qui apparaissent au hasard dans les allées des vignes. Je prends un rapide dîner à l’eau au restaurant le Saprien à Sauternes, avec des coquilles Saint-Jacques au bacon et une lamproie cuite au sauternes aux poireaux fondants. C’est une bonne cuisine goûteuse qui mérite qu’on s’y arrête si l’on n’a pas d’autre point de chute dans la région.

Il fait encore jour quand je rentre dans ma chambre. Je sais que je dormirai mal, car demain est un grand jour.