Des amis du sud nous proposent d’aller dîner au restaurant de l’hôtel Plaza Athénée que nous avions découvert il y a quelques semaines dans sa nouvelle configuration avec le chef Jean Imbert. Nous nous retrouvons d’abord au bar qui comprend deux espaces : un vrai bar où la musique forte rebute nos amis et une grande allée où des clients de l’hôtel ou des visiteurs de passage peuvent prendre le thé ou l’apéritif. On nous prépare une table et nous commandons une bouteille de Champagne Dom Pérignon 2012. Je connais ce champagne depuis sa mise sur le marché. Je l’avais bu au château de Saran. Il est maintenant dans un état de grâce absolu, au nez expressif et intense et une bouche suave, gourmande et convaincante. Un très grand champagne.
Nous nous rendons dans la belle salle à manger où nous dînerons à la très grande table en marbre qui fait toute la longueur de la pièce. Nous sommes huit et la judicieuse largeur de la table permet que chacun parle avec tous. Cette table est très agréable. La vaisselle est de toute beauté.
Le menu commun a été mis au point entre nous par des échanges de mails. Il est ainsi rédigé : hors d’œuvre / la brioche Marie-Antoinette au caviar / le turbot et sa garniture dieppoise / la poularde à l’étouffée sauce Albufera / les fromages frais et affinés / le grand dessert.
Laurent Roucayrol, le très compétent sommelier que je connais depuis des lustres (moins nombreux que les lustres du restaurant) nous a fait des propositions qui ont été acceptées.
Nous avons commencé par un Champagne Billecart-Salmon magnum 2009. La tâche n’est pas facile pour ce champagne qui arrive après le Dom Pérignon, mais il prend sa place. Il s’ébroue avec les amuse-bouches et présente une belle acidité et se marie bien avec la délicieuse huître.
Pour la brioche au caviar, nous pouvons essayer simultanément le champagne ou le Chablis Grand Cru Clos François Raveneau magnum 2003. Le vin est agréable, de belle fluidité mais manque un peu de puissance, même s’il est agréable. Le caviar manque lui aussi d’un peu de présence. Il s’efface derrière la sauce divine qui propulse le chablis a des belles altitudes.
La présentation du turbot est spectaculaire car il est niché dans une croûte parsemée de nombreux coquillages et couteaux. La cuisson du turbot est absolument parfaite et la sauce aussi divine. Le Chablis s’en accommode bien.
Pour la poularde j’aurais volontiers choisi un vin rouge mais Laurent a eu raison de m’orienter vers L’Hermitage Jean-Louis Chave blanc 2010. La couleur de ce vin est beaucoup plus foncée que celle du chablis et en bouche ce vin est d’une extrême puissance, chaleureux, expressif et racé. Son nez est percutant. C’est un très grand vin dans un état d’accomplissement parfait. La chair de la poularde est d’une tendreté rare et la sauce encore une fois fait le lien avec le vin. Les petites pommes de terre sont de vrais bonbons.
Je ne sais si c’est à ce moment du repas mais nous sommes invités à visiter la cuisine pour une photo souvenir avec le chef souriant. Cet intermède est sympathique.
Nous avions prévu le Gevrey-Chambertin Jean & Jean-Louis Trapet magnum 2013 pour les fromages mais on nous sert un brie truffé recouvert de salades. C’est avec le plateau de fromages que nous aurions satisfait le vin qui brille moins sur le brie.
Le vin a toute l’élégance et la discrétion de Jean-Louis Trapet. C’est un vin subtil, judicieux, élégant d’une belle Bourgogne raffinée. J’aime les vins qui ont cette délicatesse.
Une souriante pâtissière avait levé un store pour que l’on puisse voir, dans l’axe de notre grande table un sapin de Noël fait de fruits confits de toutes les couleurs. On nous sert le grand dessert qui offre une profusion de saveurs. J’avais déjà estimé être arrivé au-delà de mes limites lors du premier dîner. Je pense que le grand dessert va un peu trop loin même si l’intention est louable. Quand on est gourmand, on mange tout, mais ce n’est pas raisonnable.
Nous avons voté pour les vins et sommes tombés d’accord pour ce classement : 1 – Hermitage Chave blanc 2010, 2 – Gevrey-Chambertin Trapet magnum 2013, 3 – Dom Pérignon 2012, 4 – Chablis Clos Raveneau 2003, 5 – Billecart-Salmon 2009.
Le sommelier-chef Laurent nous a proposé des vins de haut niveau avec une délicatesse qui mérite des compliments. La cuisine de Jean Imbert est de grande qualité avec des cuissons précises et des sauces délicieuses. Dans un cadre raffiné nous avons passé une agréable soirée. Trouver un taxi ne fut pas facile tant la liesse de la victoire du Maroc sur le Portugal au championnat du monde de football était tombée dans l’excès.
visite en cuisine
le sapin en fruits confits