Le lendemain du dîner d’anniversaire au restaurant Laurent, je m’envole vers le sud. Des amis m’ont invité dans leur jolie maison offrant une vue splendide sur la baie de Hyères et de Giens. Le Champagne Bollinger Grande Année magnum 1999 est un grand champagne. Strict, droit, il a un côté bon élève rassurant. Sur du jambon espagnol bien gras, il est à son aise.
Le Champagne Laurent Perrier Grand Siècle magnum sans année que j’ai apporté est l’opposé complet de ce vin. D’un côté l’élève au carnet de notes idéal. De l’autre la jeune fille romantique batifolant dans les prés. Car le côté floral du Grand Siècle est porteur d’une forte émotion. Le cœur penche vers celui qui vibre plus tout en reconnaissant la précision du Bollinger. Sur un foie gras poêlé, le Grand Siècle s’exprime bien.
Le Chateauneuf-du-Pape Clos des Papes 1999 a malheureusement un défaut qui ressemble à un goût de bouchon, sans affecter le nez. Il se réveillera à un moment, mais replongera dans son aigreur. Il est remplacé par un Chateauneuf-du-Pape Château La Nerthe rouge 2004 qui est agréable, mais sans réelle vibration non plus. C’est comme si ces deux vins du Rhône étaient effrayés d’être suivis pas le monstre sacré que j’ai apporté, Côte Rôtie La Turque, Guigal 2000. Quelle démonstration de talent. C’est un aimable compromis entre Fred Astaire et Mohamed Ali. Car il y a la grâce, la facilité du danseur de talent, mais aussi le punch qui frappe au bon moment. Ce vin velouté, équilibré et serein malgré sa puissance est une leçon de vin moderne. Si un vin est moderne, il doit être cela.
La maîtresse de maison est une grande cuisinière, aussi les légumes ont autant brillé que la viande sur ce vin parfait. Ce délicieux repas a un avant-goût des folies de l’été qui vient.