Nous sommes seize à dîner chez des amis sur un menu créole. Les épices sont à l’honneur. Un Champagne Ruinart rosé me fait une belle impression. Franc, droit, c’est un beau rosé épanoui qui réagit bien aux acras épicés.
Le Champagne Deutz brut magnum sans année m’impressionne aussi très agréablement. L’attaque florale est très agréable et l’effet magnum joue pour donner de l’ampleur et de la plénitude à ce beau champagne. J’étais en de bonnes dispositions car j’ai apprécié aussi le Champagne Laurent Perrier brut sans année simple mais sans défaut.
Mon palais est plus rebuté par les vins rouges trop jeunes. Je suis un grand fan du Bandol Terrebrune mais le Terrebrune Bandol 2012, même s’il a un potentiel énorme, est plus jus de cassis que garrigue. Il se boit mais il y a une râpe un peu amère liée à sa jeunesse.
J’ai apporté deux Châteauneuf-du-Pape aux bouteilles sans collerette d’année, qui doivent être des années 70 ou 80. Le Châteauneuf-du-Pape Jean Avril La Font du Pape vers 1980 avait le parfum le plus amer des deux à l’ouverture. En bouche il est toute douceur. Il n’est pas parfait mais cette douceur émouvante emporte les cœurs par contraste avec le 2012 rugueux.
Le Châteauneuf-du-Pape Yves Chastan vers 1980 a un nez de grande race. Comme son frère, sa matière manque un peu de noblesse, mais sa douceur compense et rend le vin très plaisant.
Mon ami nous sert ensuite un Châteauneuf-du-Pape Château de Beaucastel magnum 1996
et les deux précédents lui font de l’ombre, car lui aussi, malgré ses vingt ans, souffre de sa jeunesse. Le vin est d’une autre race, riche et prometteur, mais curieusement c’est encore un bébé non formé.
L’après-midi avait été orageux, la douceur idéale du soir face à la mer nous a permis de passer une agréable soirée, où les conversations animées ont donné du rythme aux vins.