Ma femme et moi sommes invités chez mon fils et ma bru. Un champagne Charles Heidsieck Blanc des Millénaires 1995 est plaisant à boire. Mon fils est plus sévère que moi sur ce champagne dont il attendait plus du fait de la spécificité de sa cuvée. Il manque un peu de longueur mais se boit bien quand on est en famille, sur un Pata Negra, exhausteur des talents les plus cachés des champagnes.
Le Gevrey Chambertin premier cru Clos Saint-Jacques domaine Armand Rousseau 2001 est un bourgogne aérien, fluide, primesautier, qui chante en bouche des balades régionales. On est loin de la puissance des chambertins d’Armand Rousseau, mais cette églogue printanière est délicieusement bucolique. Et c’est amusant de voir que le contraste avec le vin que j’ai apporté ne nuit à aucun des deux.
La Côte Rôtie La Landonne Guigal 1993 me fait penser à cet énervement qui vous prend et que vous avez sans doute connu. Vous chaussez vos patins pour aller sur la glace. Les deux premiers pas sont hésitants. Et soudain vous entendez « pftt ». Et un insolent patineur passe devant vous avec une grâce certaine et une efficacité agaçante, car il donne l’impression de ne fournir aucun effort pour atteindre cette fluidité dont vous rêvez. La Landonne, c’est ça. C’est le vin parfait sans aucun effort apparent. Je connais les goûts de ma bru et cette Landonne est exactement cela. Un vin qui s’installe en bouche comme un passager prioritaire, qui s’y sent bien et donne un bonheur sans mélange, sans histoire. C’est un plaisir premier. Sur la cuisine réussie de ma bru, un gigot d’agneau et pommes de terre rissolées, on se dit que la vie est belle.