Nous nous sommes revus quelques jours plus tard au Carré des Feuillants. Est-ce l’effet « Guy Savoy », mais j’ai trouvé qu’il y avait du trois étoiles dans le Carré de ce soir là. Des plats qui sont de vraies œuvres d’art, et des saveurs raffinées et rassurantes. Un champagne Pol Roger Winston Churchill 1986. Grand champagne, avec un début de madérisation que j’adore, un peu dosé à mon goût. Un Meursault les Genévrières Michelot 1992 avait ce nez caractéristique des Meursault : brutal, métallique, minéral. Un bon Meursault. Le Pommard Rugiens Battoult Rieusset 1964 n’avait pas le moindre défaut. Impossible de lui donner un âge, ou de dire quand il commencera à en montrer un. Grand vin très généreux et de belle longueur. J’ai toujours une petite hésitation à acheter des Bourgognes rouges des années après 1961 et avant 1980 (pour fixer les idées). Ce Pommard 1964 a prouvé qu’il y a des vins qui se tiennent merveilleusement sur cette période. Le magique repas s’est terminé sur un Anjou 1928 « Maison Prunier ». C’est sans doute un simple Anjou choisi par le restaurant Prunier du temps de sa splendeur (nous devons être nombreux à souhaiter son retour en gloire, comme nous avons attendu avec patience pour Ledoyen). Belle couleur ambrée légèrement orangée. Un goût très aérien, voire faiblement aqueux. Mais un tel plaisir sur un dessert aux agrumes. Deux grands dîners partagés avec des amateurs esthètes.