Nos mouvements familiaux sont comme ceux d’une pièce de vaudeville : je reviens du sud et nous le fêtons, mon fils venu de Miami et moi. Le lendemain, c’est le dernier soir de mon fils à Paris et nous le fêtons. Nous allons solder les emplettes de mon fils : cœur de saumon, tranches de saumon fumé, anguilles fumées grasses et presque sucrées, camembert et reblochon, macarons de Pierre Hermé et une mousse au chocolat à se damner.
Le vin du repas est un Champagne Comtes de Champagne Taittinger 1986. Il a trente ans, mais qui oserait dire qu’il est âgé. C’est assez fascinant qu’on ait pu laisser prospérer l’idée que les champagnes devaient se boire dans les dix ans, alors que ce trentenaire est un jeune premier. La couleur est claire, la bulle est très active, et ce qui me frappe instantanément c’est le fruité de ce champagne, avec des fruits jaunes bien sûr mais aussi des fruits rouges. C’est un champagne de plaisir. Il manque un peu de longueur et de finale, mais c’est un champagne qui crée une bonne surprise.
La mousse au chocolat est l’excuse de tous les excès. Je sers un Cognac Gourry de Chadeville Grande Fine Champagne GDC-1914-003 qui provient d’alcools d’avant 1914, mis en fût en 1914, transférés en dame-jeanne en 1946 et mis en bouteilles en 2001. La légèreté de cet alcool qui titre 41,2° d’alcool est stupéfiante. L’accord est superbe et le cognac est immense de fraîcheur et de grâce. Cette entorse à tous les régimes, péché mortel, est une ouverture sur le paradis. Mon fils et moi faisons serment de diète pour les prochains jours.
Mais quel bonheur d’avoir péché.