Le dîner de ma promotion se tient à l’hôtel de Poulpry. Le budget de la soirée est particulièrement léger et c’est naturellement le vin qui trinque. Je peine à approcher mon nez et mes lèvres du blanc et du rouge qui pour moi sont imbuvables. Ma surprise est de voir que mes camarades peuvent boire ces vins du sud-ouest ou de Bergerac sans ciller. Boit-t-on pour avoir les papilles qui se titillent et s’émoustillent ou pour appréhender un vrai goût ? Parmi les souvenirs les plus évoqués, c’est la conférence que fit Salvador Dali aux élèves en grand uniforme qui a marqué nos esprits. Un camarade que j’admirais en Math-élém pour ses notes brillantes et avec lequel j’ai suivi les mêmes classes de Math sup et Math spé, que je n’avais pas revu depuis trente ans me lance : « quand j’ai vu comment tu travaillais, je n’ai jamais compris comment tu as pu intégrer notre école ». Malgré nos âges avancés, on se chambre toujours entre labadens.