Mon fils arrive de Miami et vient loger chez ses parents. Au dîner j’ai prévu que nous finissions le Champagne Substance Jacques Selosse dégorgé en juillet 2013 que j’avais bu et non fini au restaurant l’Ecu de France. Le champagne a gardé toute la force de sa bulle. Il montre sa noblesse à l’attaque mais en milieu de bouche, une amertume et une sécheresse en font un champagne sans véritable émotion. Or c’est un champagne que j’adore. J’imagine volontiers un problème de bouteille.
L’écart va être significatif avec le champagne que j’ouvre maintenant, un Champagne Krug Private Cuvée Brut Réserve probablement des années 50, mais le bouchon est tellement petit et rétréci que je penserais plutôt aux années 40, voire plus vieux si cela s’accorde avec la période de validité de ces étiquettes. Le bouchon vient sans aucun pschitt. Il se prend en main et sort sans aucun effort car il ne collait plus au goulot, ce qui explique la baisse de niveau. La couleur dans le verre est d’un ambre plutôt gris, à peine.
Le premier contact en bouche est extrêmement gratifiant. Immédiatement ce champagne se montre plaisant, beaucoup plus intéressant que le Selosse. Son nez est agréable, pur, ne montrant aucun défaut. Le champagne montre des signes d’âge, non déplaisants, mais une délicieuse acidité bien contrôlée lui donne du volume et du charme. C’est réellement un champagne de plaisir.
Nous mangeons une viande de porc de haute qualité traitée comme un beefsteak, avec un gratin de pomme de terre revisité pour obtenir une certaine légèreté. Le champagne vineux se comporte bien.
Pour les traditionnelles meringues en tête chocolatée, mon fils goûte le reste d’un Château Filhot Sauternes 1976 et d’un Tokaji Aszu Eszencia Hongrie 1988 qui restaient de la dernière séance de l’académie des vins anciens tandis que je continue à boire le Krug complexe et de grande personnalité. Ces champagnes anciens, même blessés sont d’une grande noblesse.