Mon fils revient en France pour sa visite mensuelle des sociétés familiales. Sa maman veut qu’il se sente bien en famille pour son premier dîner et son papa a envie qu’il boive bien.
Le Champagne Charles Heidsieck 1952 a un bouchon qui se casse à mi-hauteur. Le bas est sorti au tirebouchon. La bulle est quasi inexistante. La couleur est belle, celle de pailles d’un chaud été. Le nez est agréable, vineux. En bouche, le vin est d’une grande fraîcheur évoquant les fruits jaunes d’été. Une légère amertume est liée au vieillissement du champagne, mais elle disparaît presque complètement sur un délicieux jambon Pata Negra puis sur de goûteux fromages, camembert et Brie. Le plateau de fromages est une attention de ma femme, ainsi que la baguette, pour que notre fils américain se sente revenu au pays. Il ne manque que le béret ! Malgré une petite fatigue, le champagne est joyeux, racé, d’une belle vinosité.
Le Champagne Dom Ruinart 1973 a un pschitt un peu faible mais réel. La bulle est fine, discrète mais présente. La couleur, très proche de celle du 1952, est d’un bel or clair. Le nez est intense et vineux. Ce qui frappe, c’est la complexité de ce champagne. Je ressens du cuir mais aussi de la réglisse. Et mille saveurs complexes qui font voyager le palais. Le Champagne Dom Ruinart 1973 est un très grand champagne d’une année qui n’est pas assez mise en valeur alors que c’est une grande.
Pour faire plaisir à mon fils, ma femme a acheté un dessert sphérique meringué coupé en deux hémisphères, dont la surface de l’écorce est saupoudrée de fines poussières rectangulaires de chocolat. Ça, c’est la définition selon la novlangue de l’Education Nationale. Il fut un temps où l’on appelait ce dessert tête de nègre. Le politiquement correct a bien fait de supprimer ce vocable qui est un obstacle à la repentance. Par une chance qui n’est pas une surprise, nous aimons tous les trois ce dessert sucré qui ponctue ce moment de chaude intimité familiale.